Les insecticides utilisés dans la lutte contre les vecteurs du paludisme

Les insecticides utilisés dans la lutte contre les vecteurs du paludisme

Généralités sur le paludisme

Le paludisme est une maladie parasitaire causée par un protozoaire du genre Plasmodium appartenant à l’embranchement des Apicomplexa, à la classe des Haematozoea, à l’ordre des Haemosporida et à la famille des Plasmodiidae. Cinq espèces plasmodiales sont responsables de l’infection palustre chez l’homme : P. falciparum, P. vivax, P. ovale, P. malariae et P. knowlesi. Ce dernier habituellement retrouvé chez des singes en Asie du Sud-Est est récemment passé chez l’homme (Singh et al., 2004). Cependant, P. falciparum reste le parasite le plus important dans la transmission du paludisme par l’intermédiaire de vecteurs du genre Anopheles et responsable de 99,7% des cas de paludisme en Afrique (OMS, 2018).

Généralités sur les vecteurs du paludisme

Il existe environ 500 espèces d’anophèles dont une cinquantaine est capables de transmettre le Plasmodium à l’homme (Carnevale et Robert al., 2009). Dans la pratique, 20 espèces assurent l’essentiel de la transmission du Plasmodium humain dans le monde. Les autres ne participent pas à la transmission soit parce qu’elles piquent de préférence les animaux, soit parce qu’elles sont réfractaires aux Plasmodium ou à une souche de Plasmodium. Les anophèles appartiennent à l’embranchement des Arthropodes, au sous-embranchement des Antennates, à la super classe des Uniramés (Tracheates), à la classe des Hexapodes, à la sous-classe des Ptérygotes, à l’ordre des Diptères, au sous-ordre des Nématocères, à la famille des Culicidae, à la sous famille des Anophelinae et au genre Anopheles (Knight et Stone, 1977). Celui-ci est subdivisé en 6 sous-genres (Harbach, 2004), dont le sous-genre Cellia qui regroupe l’essentiel des vecteurs de Plasmodium humains.

Les anophèles sont aussi vecteurs de quelques arboviroses et de la filaire de Bancroft (Wuchereria bancrofti). En Afrique subsaharienne, sur les 150 espèces répertoriées, une douzaine présente une compétence vectorielle très variable (Fontenille et al., 2005; Carnevale et Robert, 2009). Au Sénégal, sur la vingtaine d’espèces d’anophèles recensées, quatre sont des vecteurs majeurs et trois des vecteurs secondaires (Diagne et al., 1994 ; Faye et al., 2011). Des quatre vecteurs majeurs, trois appartiennent au complexe d’espèces An. gambiae (il s’agit d’An. gambiae, An. coluzzii et An. arabiensis) et An. funestus étant la quatrième.

Les vecteurs secondaires ou vecteurs d’importance locale sont An. melas, An. pharoensis et An. nili. Ces vecteurs sont les cibles principales des mesures de lutte anti-vectorielle. I-3. La lutte anti-vectorielle Depuis longtemps, l’homme cherche à se protéger contre l’agression des arthropodes vecteurs ou nuisibles. La lutte anti-vectorielle (LAV) consiste à supprimer ou à diminuer le contact 4 homme-vecteur ou à réduire la longévité des vecteurs (Mouchet et al., 2004; Carnevale et Robert, 2009). Cependant, pour qu’une lutte soit efficace, elle doit tenir compte avant tout de la biologie, du comportement des vecteurs cibles et du contexte épidémiologique dans lequel s’effectue la transmission (WHO, 1995). La lutte peut être physique, chimique ou biologique.

La lutte physique

Encore appelée méthode écologique, elle consiste en une modification du milieu par assainissement de l’environnement à grande échelle (travaux de drainage) ou à l’échelle domestique (hygiène péri-domestique) (Pagès et al., 2007). L’assainissement et le drainage des zones marécageuses ont été les principales méthodes de lutte contre les vecteurs avant l’avènement des insecticides chimiques (Mouchet et al., 1991).

L’utilisation de moustiquaires de lit et de grillage moustiquaire aux portes et fenêtres des habitations participent également à la lutte physique. I-3-2. La lutte biologique Elle consiste en l’utilisation de prédateurs (poissons larvivores) ou de bactéries entomopathogènes (Pagès et al., 2007). En santé publique, les seuls succès enregistrés par l’utilisation de poissons larvivores culiciphages concernent les zones de paludisme instable où les gites larvaires sont souvent très limités et faciles d’accès (Alio et Delphini , 1985 ; Louis et Albert, 1988). Concernant les bactéries entomopathogènes, Bacillus thuringiensis (Bti), avec ses quatre toxines, est une alternative intéressante aux larvicides chimiques (Mittal, 2003). D’autres organismes (bactéries, champignons) ont également divers niveaux d’effet sur les moustiques.

La lutte chimique

Les méthodes chimiques font intervenir de très nombreux produits qui peuvent être d’origine naturelle ou synthétique. Ces substances sont très variées de par leur mode d’action et leur modalité d’utilisation dans les programmes de lutte. Ce sont soit des répulsifs, des attractifs, des larvicides, des adulticides, des synergistes ou des chimio-stérilisants. Pour la plupart ce sont des produits qui agissent par contact ou par ingestion. L’utilisation des insecticides chimiques dans la lutte contre les arthropodes a commencé avec le DDT puis les organophosphorés et les carbamates, suivis des pyréthrinoïdes. De nouvelles molécules sont actuellement disponibles (néonicotinoïdes, benzyolurées…).

Les insecticides utilisés dans la lutte contre les vecteurs du paludisme

Insecticides et mode d’action Les insecticides synthétiques sont pour la plupart des molécules plus actives et stables que les composés naturels. Les insecticides les plus utilisés tant en agriculture qu’en santé publique appartiennent aux familles chimiques des organochlorés, pyréthrinoïdes, carbamates et organophosphorés.

Les organochlorés (OC)

Les organochlorés sont les premiers insecticides utilisés en santé publique et qui comprennent, entre autres, le Dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), le lindane (HCH) et les cyclodiènes (dieldrine). Le DDT fut synthétisé en 1873 mais ce n’est qu’en 1939 que ses propriétés insecticides puissantes furent découvertes (Darriet et Robert, 2007). Il fut très largement utilisé en agriculture et en santé publique où il contribua à sauver des millions de vies humaines (Mouchet, 1994). Les résultats intéressants qu’il a donnés dès les premiers traitements furent à la base du lancement par l’OMS, du programme mondial d’éradication du paludisme vers le milieu de la décennie 1950.

Le DDT agit sur le système nerveux périphérique et central des insectes (Hassal, 1990). La dieldrine agit sur les sites gammaaminobutyrique (GABA) en inhibant la dynamique du canal chlore qui reste en position ouverte. Ce dysfonctionnement entraine une inactivation de la membrane nerveuse qui se traduit par une paralysie du système nerveux (Darriet et Robert, 2007). L’accumulation du DDT dans l’environnement et les chaines alimentaires ainsi que l’apparition de résistance des vecteurs ont entrainé son interdiction dans de nombreux pays.

Les pyréthrinoïdes (PYR)

Les pyréthrinoïdes sont classés en deux groupes selon qu’ils possèdent un groupement cyané en alpha de la liaison ester (groupe II : deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, alphacyperméthrine….) ou non (groupe I : perméthrine, bifenthrine). Les pyréthrinoïdes sont caractérisés par une toxicité faible vis-à-vis des mammifères et par une action rapide sur les insectes (effet knock-down=KD). Ils agissent sur la même cible que le DDT, en augmentant la fréquence des décharges nerveuses sur les canaux sodiques (Na+) pour les pyréthrinoïdes de (type I) ou le temps d’ouverture des canaux (type II) (Salgado et al., 1983). Ils sont les seuls insecticides utilisables pour l’imprégnation des moustiquaires ou des rideaux. 

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