Distribution des populations de la « Teigne » Plutella xylostella (L), du « Borer » Hellula undalis (F) et des auxiliaires dans les cultures de chou
Plutella xylostella (L.) ou la « Teigne » des Brassicacées
Statut du ravageur Systématique
La teigne du chou, Plutella xylostella (Linné, 1758) a acquis son nom actuel (Moriuti 1986), après avoir subi plusieurs changements de nom. Sa position systématique actuelle est : Embranchement : Arthropoda Classe : Insecta Ordre: Lepidoptera Famille : Plutellidae Genre: Plutella Espèce : Plutella xylostella Elle représente actuellement l’espèce la plus connu de son genre à cause de ses dégâts considérables sur les cultures des Brassicacées partout dans le monde. Le genre comprend plus d’une douzaine d’espèces dont la majorité se nourrit d’espèces sauvages (Balachowsky 1966 ; Smith & Sears 1984). Situation géographique et migration Aujourd’hui, l’espèce P. xylostella est répartie partout dans le monde (Chu 1986 ; Talekar & Shelton 1993). C’est un insecte cosmopolite (Kfir 1998 ; Sorribas 1999) répandue dans le monde grâce au développement des cultures de Brassicacées. Cependant la connaissance de son origine exacte a fait l’objet de plusieurs études. En effet selon Hardy (1938), Balachowsky (1966) et Talekar & Shelton (1993), P. xylostella serait originaire de la région méditerranéenne. Dans cette même région serait originaire les principales Brassicacées, mais aussi de nombreuses espèces de parasitoïdes ont été recensées dans cette zone (Pichon 2004). Il faut noter que son origine reste controversée, car Kfir (1998) en s’appuyant sur la présence d’un grand nombre d’espèces de parasitoïdes et de Brassicacées endémiques, situe l’origine de cette espèce en Afrique du sud. (Fig.1) Plutella xylostella (L) (Photo: D. Bordat) 8 Présence annuelle de P. xylostella Présence saisonnière de P. xylostella Figure 1: Carte de répartition de Plutella xylostella Zalucki et Furlong (2011) L’importante répartition de P. xylostella est due à sa grande capacité migratoire. En effet, aidée par les vents, elle est capable de franchir des distances de l’ordre de 3000 km et même à travers les océans (Chu 1986). Cette extraordinaire capacité de migration, fait qu’on la retrouve régulièrement au Canada ou au nord du Japon (Hokkaido), où elle ne peut survivre en hiver, mais où les vents du sud la ramènent chaque printemps (Honda et al. 1992). Sa présence dans une zone ne se résume pas pour autant uniquement à sa migration. Par exemple en Malaisie, la présence de ce ravageur est due à une introduction de variétés de choux originaires de Chine, d’Inde et d’Europe (Ooi 1986). Actuellement l’espèce P. xylostella est présente partout dans le monde grâce à une capacité d’adaptation à une large gamme de températures. D’après Honda (1992), elle peut se développer à des températures allant de 5 à 35 °C et survie à une exposition temporaire entre -9, -14 et -19 °C, respectivement pour les adultes, les chenilles et les nymphes.
Biologie et écologie
Les stades pré-imaginaux Dans la nature la femelle pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles de chou (Robertson 1939 ; Balachowsky 1966) à raison de 150 à 300 œufs (Pichon 1999). Au laboratoire cette ponte se fait le plus souvent sur la face supérieure des feuilles (Chua & Lim 1979). Pondus en P. xylostella 9 petits groupes ou isolement, les œufs de couleurs jaunâtres mesurent environ 500 μ m et sont de formes elliptiques (Fig._2). Cependant sa capacité de ponte est fortement influencée par des facteurs externes notamment la température, la qualité de la nourriture pendant les stades larvaires, la densité des populations etc. Figure 2: P. xylostella : en haut œufs pondus isolément sur navet (x7). En bas à gauche œufs pondus en groupe sur chou (x8). En bas à droite : galeries creusées par des chenilles endophylles de stade L1 (x7) (Photo: B. Labou) . Le développement larvaire passe par quatre stades. Le stade L1 a lieu tout juste après l’apparition des larves néonates issues de l’éclosion. Ces larves se dispersent ensuite et sont identifiées grâce aux galeries sous formes de « virgules » qu’elles creusent dans le parenchyme des feuilles. Elles sont mineuses ou endophylles pendant ce stade qui dure 3 à 4 jours (Birot 1998). 10 Le stade L2 présente des larves avec une capsule céphalique noirâtre mesurant entre 2 à 3 mm de long. De couleur jaune ivoire, les larves sortent de leurs galeries et se nourrissent de l’épiderme des feuilles formant des «fenêtres» caractéristiques de l’espèce (Chua & Lim1979). A ce stade elles sont très actives et se suspendent automatiquement à un fil de soie dès qu’on les touche. Au stade L3 la capsule noire devient brun clair à brun foncé et la chenille de couleur variable jaune brun à vert foncé parfois, présente une pilosité beaucoup plus visible. Elle cause beaucoup plus de dégâts aux cultures au cours de ce stade. Au dernier stade, les chenilles présentent un dimorphisme sexuel qui s’illustre par une tache blanche sur le cinquième segment abdominal et révèlent la présence de gonades visibles par transparence pour les chenilles qui donneront des mâles (Liu & Tabashnik 1997). Les chenilles d’une couleur vert pale ou vert vif, amincies à leurs extrémités, mesurent 8 à 10 mm de long et présentent une capsule céphalique beige (Fig._3). Le stade L4 dure 3 à 4 jours à 25°C et, à son terme, la chenille tisse un cocon en soie et se nymphose (Talekar & Shelton 1993). Figure 3 : Chenilles de P. xylostella : A gauche, stade L2 (x8) caractérisées par une capsule céphalique noire. A droite, stade L4 (x6) (Photo: L. Arvanitakis) . La nymphe est aérienne et reste fixée sur la face inférieure des feuilles de chou. D’une couleur vert pâle au début de la nymphose, elle devient brune à l’approche de l’émergence (Fig._4). La nymphe est entourée d’un cocon fusiforme en soie étroit à mailles lâches mesurant 5 à 7mm de long. Le stade nymphal dure environ 4 jours à 25°C (Birot 1998). Figure 4: Nymphes de P. xylostella : A gauche, début (x4). A droite, en approche de l’émergence (x8) (Photo: L. Arvanitakis). L’adulte C’est un papillon nectarivore de couleur brun dépassant rarement 10 mm de long, d’une envergure d’environ 15 mm. Il est plus actif en vol au coucher du soleil (Harcourt 1986), il présente des ailes antérieures et postérieures qui diffèrent par la taille, les postérieures étant plus courtes. Les ailes antérieures finement frangées, étroites et allongées sont tachetées d’une couleur jaune-brun. La frange claire le long des ailes antérieures forme une série de 2-3 losanges alignés dorsalement rappelant la forme d’un diamant, qui est à l’origine de son nom anglo-saxon de «Diamondback moth». Ce caractère plus contrasté chez le mâle représente le seul dimorphisme visible de l’espèce (Fig._5). Une observation des valves génitales s’impose parfois pour déterminer le sexe de façon certaine. Il présente des antennes dirigées vers l’avant (Balachowsky 1966) qui se fixent sur une tête plus ou moins rougeâtre. Les mâles, attirés par les femelles grâce aux phéromones sexuelles (Chow et al. 1974 ; Maa 1986) peuvent s’accoupler 1 à 3 fois contrairement aux femelles qui ne s’accouplent qu’une seule fois dès l’émergence (Talekar & Shelton 1993). L’accouplement se fait dos à dos (Fig.6). Au repos, l’adulte conserve les ailes plaquées contre le corps, en forme de toit. Figure 5: Adultes de P. xylostella ; à gauche le mâle (x7) ; à droite la femelle (x6,5) (Photo: D. Bordat) 12 Figure 6: Accouplement de P. xylostella (Photo: D. Bordat) Le développement du ravageur est influencé par certains facteurs climatiques tels que la température, l’humidité relative, la pluviométrie et la photopériode. En effet tous ces facteurs ont un impact majeur sur l’espèce P. xylostella (Tableau 1). Le cycle de développement (Fig.7) de l’espèce très variable, dépend très fortement de la température. Selon Pichon (2004), à 25°C le cycle complet peut durer 16 jours: trois jours pour l’incubation des œufs, neufs jours pour le développement larvaire et quatre jours pour la nymphose. Il est plus rapide dans les pays tropicaux ou la température atteint les 35°C. En effet, la chaleur et l’humidité favorisent une croissance plus rapide de la population de ce lépidoptère (Dommée 1999). Ceci favorise une augmentation du nombre de générations pouvant atteindre plus de 20 dans les pays tropicaux contre 3 en zone tempérée. La durée de vie de l’espèce est variable selon le sexe et est en moyenne de 10,4 jours pour les mâles et de 12,1 jours pour la femelle (Patil & Pokharkar 1971).
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