Les impacts de la micro finance sur la croissance economique de Madagascar et ses faiblesses

Réduction de vulnérabilité

La microfinance contribue également à réduire l’extrême vulnérabilité qui caractérise l’existence quotidienne des ménages pauvres. Les prêts, l’épargne et les assurances contribuent à lisser les fluctuations de revenus et à maintenir le niveau de consommation même en période de pénurie. La possibilité de recourir à des services financiers offre un moyen d’amortir l’impact d’urgences soudaines, de risques commerciaux, de difficultés saisonnières ou d’événements tels que des inondations ou un décès dans la famille, qui peuvent faire tomber une famille pauvre dans le dénuement.
Diverses études, quantitatives et qualitatives, font état de l’augmentation des revenus et des actifs des clients de la microfinance et de la diminution de leur vulnérabilité et cela entraine à la croissance économique d’un pays. Les conclusions de certaines des études les plus fiables sont présentées ci-après :
Les données sont issues de deux phases d’enquêtes, réalisées en 2003 et en 2006 auprès de ménages ruraux de Madagascar, dans le cadre d’une étude d’impact du réseau. Les ménages enquêtés comprennent des sociétaires des Cecam et des non sociétaires. Un questionnaire quantitatif comprenant différents modules relatifs à l’économie du ménage et à sa trajectoire de crédit a été appliqué à un même panel à deux reprises, au printemps 2003 (N= 507) et au printemps 2006 (N = 412). Des entretiens approfondis orientés sur les logiques et les perceptions des ménages ont été conduits auprès de 100 ménages en 2003, 50 en 2006. Dans la mesure où on s’intéresse plus spécifiquement aux caractéristiques de la trajectoire de crédit, les données présentées se concentrent sur les sociétaires (N = 305 en 2006).Afin de restituer la dimension dynamique et de comparer les sociétaires sur une période similaire, les principales variables analysées renvoient aux trajectoires des sociétaires entre 2003 et 2006. La trajectoire de crédit est traitée à travers des indicateurs d’intensité (nombre de crédits sur la période) et de diversité (nombre de produits différents utilisés). La notion de vulnérabilité est abordée à travers un indicateur subjectif qui est l’évaluation par les sociétaires de l’évolution entre2003 et 2006 de leur capacité à faire face aux problèmes.
L’évolution de la vulnérabilité pouvant être imputable à de nombreux facteurs, un indicateur complémentaire porte sur la perception par les sociétaires du rôle des Cecam dans cette évolution. On utilisera une catégorisation des ménages en trois classes : aisés, moyens et pauvres. Cette catégorisation correspond à la situation des ménages au début de la période d’étude, en2003. Elle a été réalisée à partir d’une analyse factorielle des correspondances intégrant différents indicateurs d’activité, de revenu et de patrimoine Les déclarations des sociétaires sur l’utilisation principale des crédits pris entre 2003 et 2006 indiquent que la plupart des crédits sont affectés conformément à la finalité pour laquelle ils ont été conçus : crédit social pour résoudre un problème urgent (88 % des cas), crédit productif et crédit-stockage pour financer des activités productives (87 % et 66 % respectivement), crédit-bail pour financer un investissement (93 %). Celui-ci n’est pas nécessairement d’ordre productif : il concerne un équipement ménager dans 36 % des cas. Les sociétaires avaient la possibilité de déclarer jusqu’à trois utilisations pour chaque crédit.
L’objectif était de mettre en évidence la fongibilité des crédits et l’intérêt que le crédit peut présenter comme source de flexibilité permettant de répondre à la diversité des besoins des ménages dans la gestion de leurs finances. Selon les déclarations des ménages, 13 % seulement des crédits font l’objet d’utilisations multiples. Ce pourcentage s’élève à 22 % pour le crédit-stockage, qui présente un caractère plus polyvalent. La prise en compte des réponses multiples fait augmenter la part des crédits qui sont affectés tout où partie au financement des activités productives, agricoles et non agricoles. Il est possible que les sociétaires aient sousdéclaré les utilisations multiples par manque de confiance dans la confidentialité des réponses vis-à-vis des Cecam. La perception par les sociétaires des Cecam de l’évolution de leur vulnérabilité entre 2003 et 2006 est globalement positive (tab.5) : 63 % indiquent une réduction, 10 % une aggravation. Cette perception est indépendante du niveau de richesse des ménages (Khi2 non significatif), ce qui confirme le postulat du cadre d’analyse sur l’absence de connexion automatique entre pauvreté et vulnérabilité. L’évolution de la vulnérabilité pouvant être imputable à de nombreux facteurs, un indicateur complémentaire porte sur laperception par les sociétaires du rôle des Cecam dans cette évolution. 56 % des sociétaires ayant déclaré une modification (dans le sens d’une réduction ou d’une aggravation) de leur niveau de vulnérabilité considèrent que le fait d’être sociétaire Cecam a influé positivement dans cette évolution, soit en contribuant à la réduction de la vulnérabilité, soit en en mitigeant l’aggravation. 25 % considèrent que le rôle des Cecam a été neutre. À l’inverse, 19 % considèrent que le fait d’être sociétaire Cecam a influé de manière négative, ce qui suggère que le crédit peut dans certains cas s’avérer une source de risque. À nouveau, ces perceptions sont indépendantes du niveau de richesse.

Les faiblesses des microfinances à Madagascar et quelques suggestions

La microfinance se présente comme une grande opportunité pour le pays pour mener Madagascar vers le futur désiré, c’est-à-dire vers la croissance économique. Cependant, elle a quelques faiblesses.

Les faiblesses des microfinances à Madagascar

Les problèmes des crédits formels et les difficultés d’accès au réseau des IMF

Le recours au crédit, notamment au crédit formel est une pratique qui n’est pas encore répandue à travers la société malgache. En effet, la proportion de ménages ayant demandé des crédits formels ne représente que 2,1%, dont la majorité se trouve en ville. Une partie de ces demandes se trouvent encore refusées, car seule 1,1% des ménages malgaches ont obtenus des crédits formels au cours de l’année 20051. En outre, dans le monde rural, les bétails, les terrains, les maisons servent de garanties lorsque les paysans veulent avoir des crédits.
Toutefois il est difficile pour les IMF de vendre ou de liquider ces garanties en cas de défaut de payement. Alors, les IMF exigent beaucoup plus de garantie pour une valeur assez faible de crédits.

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Les crédits offerts par l’IMF sont des crédits à court terme et de faible montant

Le crédit de court terme n’arrive pas à financer le problème des agriculteurs car il n’est pas adapté à la durée d’exploitation de l’activité. Il ne fait qu’empirer la situation car les paysans doivent recourir à des nouveaux crédits pour rembourser ceux qu’ils demandent précédemment. De plus, avec un montant insuffisant, les agriculteurs ne peuvent pas financer une acquisition des nouveaux équipements qui lui rendent service à l’amélioration de la productivité.

Des politiques non adaptées au contexte du pays

Madagascar a beaucoup de zone enclavée et présente des carences en infrastructures de bases comme les routes et les réseaux de communication, donc il est très difficile pour la microfinance d’atteindre ces zones-là. Et concernant le niveau de l’éducation, Madagascar est parmi les pays où le taux d’alphabétisation est encore faible, c’est la raison pour laquelle la population rencontre des difficultés quant à la compréhension des certaines procédures d’emprunt. On note aussi la sévérité relative des conditionnalités imposées par les institutions de microfinance. Parmi ces dernières, la garantie exigée est souvent la propriété légale des paysans (terre, maison, rizière). Or avec le problème foncier qui caractérise le milieu rural malagasy, très peu de paysans sont propriétaires légaux de leurs terres. Cette absence de garanties limite ainsi l’accès aux crédits ruraux.
Il convient de remarquer les impacts des conditions macroéconomiques et contraintes défavorables à l’investissement (insécurité foncière, insécurité rurale, etc.). Le taux d’inflation particulièrement élevé associé aux contraintes du marché fait que le rendement espéré des investissements permet rarement de couvrir les coûts de l’emprunt pour les investisseurs. De la même manière, compte tenu du taux d’inflation élevé, les institutions de microfinance assurent rarement un taux d’intérêt réel positif, lequel est une condition préalable à l’épargne pour les déposants.

Quelques suggestions

Extension des zones de couverture

Il faut atteindre les communes rurales les plus défavorisés en matière de financement de leur capital mais possédant des apports à la production. Mais les problèmes à Madagascar sont les carences en infrastructures de bases comme les routes, les réseaux de communication et aussi l’insécurité dans certains zones, donc il est très difficile pour la microfinance d’atteindre ces zones-là. Donc il faut que l’Etat prendre des mesures et des politiques pour réduire aux moins ces problèmes afin d’inciter les investisseurs et pour permettre aux institutions financières de se disperser dans tous les régions et communes rurales.

Facilitation des dossiers à fournir pour octroyer des crédits

Cette amélioration est centralisée surtout dans les zones rurales car la plupart des gens dans ces zones sont des paysans. Donc il faut que les conditions indispensables soient simplifiées selon les besoins des clientèles, par exemple les paysans qui n’ont pas des pièces justificatives pour leurs patrimoines. Il faut revoir aussi à la baisse le taux d’intérêt et à l’allongement de la période de remboursement car les produits de financement agricole nécessitent un cycle long pour les campagnes.

Prévention des risques de surendettement

Dans le cadre de la prévention des risques de surendettement de la clientèle vu la multiplication des caisses et pour leur permettre de mieux sélectionner les bénéficiaires de crédit, une Centrale des risques de la microfinance a besoin de créer au niveau de la Banque Centrale. La centrale sera mise à la disposition des établissements de crédit et sera gérée provisoirement par la CSBF. La centrale des risques est une base de données qui enregistre des informations sur l’ensemble du portefeuille des IMF dans le but de les échanger entre elles. Elle a pour objectif principal d’empêcher les clients d’accéder simultanément à plusieurs prêts auprès d’institutions différentes. Sans une centrale des risques, on assisterait à un surendettement des clients qui entrainerait une augmentation du taux d’impayé dans les IMF.

Mesures à prendre pour le Gouvernement

Pour favoriser le développement des IMF, il faut une définition de la microfinance pour distinguer les prêts de consommation, les prêts commerciaux et les prêts hypothécaires. Une fois une telle définition mis en place, il sera possible de baser le cadre juridique et réglementaire sur l’activité de la microfinance. Il est suggéré aussi que l’ouverture des entités soit soumise à un examen rigoureux portant sur : la capacité et l’expérience de la gérance pour administrer un négoce délicat; l’intégration de technologies de crédit qui soient appropriées à la branche des microfinances; le schéma de gouvernance qui assure la présence de propriétaires, directeurs et administrateurs de haute solvabilité morale et éthique reconnue ; tout comme la mise en place de contrôles internes adéquats ; l’étude de faisabilité faisant apparaître que l’entité est solvable, qu’elle est en mesure de couvrir les coûts administratifs et financiers, et qu’elle peut générer une rentabilité satisfaisante.

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