Les images tactiles

Les images tactiles

Les techniques de mises en relief

Il existe différentes techniques d’illustrations tactiles : images avec contours en relief, images pleines, les images avec plusieurs niveaux de relief et images texturées (Figure 9). Les images avec contours en relief et pleines peuvent être produites par thermogonflage. Cette technique est basée sur du papier imprégné de microcapsules d’alcool. Lorsqu’elles sont exposées à de la chaleur, les microcapsules présentes sous l’encre éclatent. On retrouve alors du volume dans les zones désirées uniquement. Les images avec plusieurs niveaux de relief peuvent être obtenues par le thermoformage. Cette technique consiste à chauffer sous vide une mince feuille de plastique placée sur un objet ou une matrice.L’image plastique obtenue suit précisément le relief de l’objet d’origine. Les images texturées sont obtenues en assemblant et collant plusieurs textures (tissus, mousses, papier, etc).

L’identification des images tactiles

L’identification haptique des objets de la vie quotidienne est particulièrement efficace pour les adultes et enfants non-voyants ou voyants travaillant sans voir (Ballesteros & Reales, 2004; Bigelow, 1981; Bushnell & Baxt, 1999; Morrongiello et al., 1994; Overvliet & Krampe, Les images tactiles 76 2018). Cependant, l’identification d’images tactiles est beaucoup plus complexe. Plusieurs hypothèses ont été mentionnées pour expliquer ces différences. Tout d’abord, les objets de la vie quotidienne ont de multiples propriétés (texture, taille, poids, température, forme, etc.)

. Le passage d’objets tridimensionnels à des images bidimensionnelles rend les images plus pauvres. En effet, ces images tactiles ne permettent plus l’accès à des propriétés telles que le poids, la température et parfois la texture. De plus, l’utilisation d’images ne pouvant pas être manipulées entre les mains ne permet pas la mise en place de mouvements d’exploration tels que le soupesage ou l’enveloppement. Les images tactiles sont des représentations. En ce sens, elles peuvent ne pas correspondre aux représentations mentales des personnes non-voyantes. Nous avons observé dans la Partie 3.3 que certains dessins d’enfants malvoyants sont basés sur des représentations iconographiques (e.g. cœur de la fleur exagérément gros) qui ne sont pas connues de leurs camarades non-voyants.

Enfin, la perception haptique repose sur un ensemble de mécanismes cognitifs complexes. Le champ perceptif limité du toucher impose une exploration séquentielle. Les différentes parties de l’objet doivent donc être explorées puis encodées et intégrées en une représentation mentale unifiée. Dans des tâches d’identification, cette représentation doit ensuite être comparée avec une représentation stockée en mémoire à long terme afin de reconnaitre et nommer l’objet. Ces processus impliquent des aptitudes perceptives haptiques (exploration et encodage), ainsi que des capacités mnésiques en mémoire de travail (intégration de fragments d’information pour la construction de l’image globale) et en mémoire à long terme (récupération du nom de l’objet).

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Comme nous l’avons déjà mentionné, selon Loomis et al. (1991) la difficulté liée à l’identification d’images tactiles est principalement liée l’exiguïté du champ perceptif tactile 77 limité à la taille du ou des doigts (selon la technique d’exploration) qui rend l’exploration séquentielle. Dans leur étude, des participants voyants exploraient des images selon deux conditions : tactile ou visuelle. Dans la condition tactile les participants avaient les yeux bandés et devaient explorer l’image avec un ou deux index. Dans la condition visuelle les images n’étaient pas en relief et les participants devaient les explorer à travers une petite fenêtre qui réduisait le champ visuel au champ perceptif tactile (i.e. la taille d’un ou deux index). Avec un champ visuel correspondant à celui d’un index, les performances sont similaires dans les conditions tactile et visuelle.

Cependant, lorsque le champ visuel est ramené à celui de deux index, les performances des participants dans la condition visuelle sont meilleures que dans la condition tactile. Lorsque le champ (visuel ou tactile) est restreint les participants ne perçoivent que des fragments d’information de manière séquentielle. Un processus d’intégration est alors nécessaire pour créer une représentation unifiée de l’image.

Ce travail d’intégration est cependant entravé par des limitations de la mémoire de travail que ce soit dans la condition tactile ou visuelle. Cependant, contrairement à la vision, les performances tactiles ne sont pas affectées par l’exploration à un ou deux index. (Loomis et al., 1991) la capacité de traitement simultanée du toucher correspond à l’information apportée par un seul index alors que celle de la vision est bien supérieure. Ces propos sont à nuancer car cette étude porte sur des participants voyants. Les personnes non-voyantes ont plus tendance à utiliser leurs deux mains pour l’exploration et montrent donc de meilleures performances en exploration bimanuelle alors que cette différence n’est pas observée chez les personnes voyantes (Russier, 1999)

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