Les images en rond de texture

L’avantage des images texturées

Selon les auteurs, ce résultat peut être lié au fait que les images texturées transmettent des informations 3D plus riches que les images pleines ou avec plusieurs niveaux de relief. En effet, les différentes textures utilisées ne sont pas simplement juxtaposées les unes aux autres mais placées les unes sur les autres ce qui permet d’identifier la texture qui se trouve à l’arrièreplan ou au premier plan. Cette technique permettrait donc l’accès à des informations de profondeur qui faciliteraient la reconnaissance.

Nous pensons que la reconnaissance est également facilitée par l’utilisation d’informations matérielles de type texture. Nous proposons donc plusieurs hypothèses supplémentaires pour expliquer ce résultat : la redondance de l’information (forme et texture), l’importance de la texture dans la perception haptique, l’utilisation de procédures d’exploration Les images en rond de texture 121 plus simples à mettre en place pour le traitement de la texture, l’utilisation du modèle de l’appréhension haptique direct pour le traitement de propriétés matérielles, et l’accès à des représentations plus proches des représentations mentales des personnes non-voyantes. 

La redondance de l’information

Les images en forme texturées fournissent de l’information sur la forme de l’objet et sur sa texture. Les enfants ont alors accès à deux indices pour reconnaitre l’image. Les images en contours, pleines ou à plusieurs niveaux de relief ne fournissent que de l’information sur la forme. De ce fait, si l’enfant n’arrive pas à extraire la forme de l’image par le toucher, il n’a accès à aucun autre indice pour faciliter la reconnaissance de cette image.

L’utilisation de procédures d’exploration plus simples à mettre en place

L’exploration d’une forme ou d’une texture ne fait pas appel aux mêmes mouvements d’exploration. La perception de la texture nécessite des mouvements plus simples (balayage, pression) qui sont maitrisés très tôt par les enfants tandis que l’identification de la forme requiert la mise en place de mouvements d’explorations plus complexes (suivi de contour : Lederman & Klatzky, 1987). Ce type de mouvements nécessite de la coordination des mains et des doigts et donc un développement plus important du système moteur chez l’enfant. Lorsque la forme est complexe les mouvements de suivi de contour pourraient devenir trop compliqués à mettre en place d’où une focalisation sur la texture plutôt que sur la forme. 

L’utilisation du modèle de l’appréhension haptique direct

Selon les modèles de traitement de l’information haptique proposés par Lederman et al. (1990), lorsque l’information matérielle est perçue celle-ci est traduite directement en représentation haptique : modèle de l’appréhension haptique directe. L’utilisation de texture pourrait permettre l’utilisation du système d’appréhension haptique directe moins coûteux. Dans le modèle d’appréhension haptique direct, le système haptique est considéré comme un système perceptuel distinct. Ce système a son propre appareil physiologique et son propre mode de traitement adapté à l’intégration d’informations matérielles. De ce fait, lorsque de l’information matérielle est perçue, celle-ci est traduite directement en représentation haptique.

Cependant, les images en contours, pleines ou à plusieurs niveaux de relief ne proposent pas d’informations matérielles, et ne donnent accès qu’à des informations structurelles liées à la forme. Ces informations restreintes pourraient contraindre le système haptique à fonctionner par le biais du modèle de la médiation visuelle. L’individu doit alors extraire les segments locaux du contour par le biais de mouvement d’exploration complexes (e.g. suivi de contour), les intégrer sous forme de représentation unifiée, et comparer la représentation ainsi créée avec ce qu’il sait de l’objet. Cette extraction lente et séquentielle de l’information structurelle par le toucher impose une forte charge en mémoire de travail (Loomis et al., 1991)