Le système éducatif dans le canton de Vaud
Naissance de l’école sous domination romaine puis de l’Eglise Le Pays de Vaud est sous domination de la Maison de Savoie de 1207 à 1536, période durant laquelle les différentes régions leur étant soumises profitent d’une très large autonomie. Au XIVe siècle, on distinguait en Pays de Vaud deux types d’écoles. Les écoles épiscopales (Lausanne) responsables de la formation des prêtres, avocats et notaires où l’on enseignait le grec, le latin et l’hébreu, et les Collèges des Innocents (Lausanne, Vevey, Yverdon, Moudon). Les Collèges des Innocents étaient financés par le mécénat ainsi que par l’écolage de leurs riches élèves. Cependant, y étaient également formés les enfants pauvres ou orphelins à charge de l’Eglise. Ceux-ci y étaient pensionnaires et y apprenaient les chants religieux et l’étude de la Bible. Les élèves externes de familles aisées, quant-à-eux, apprenaient les mathématiques, la religion, la philosophie et la grammaire latine. L’école sous domination bernoise A la suite des guerres de Bourgogne, le canton de Vaud est sous domination bernoise de 1536 à 1798.
Cette domination aura cependant l’avantage de permettre quelques progrès en matière d’éducation ainsi qu’une période de paix bienvenue. Dès 1476, les baillis sont chargés de nommer des instituteurs. Dans le cadre de sa « croisade » contre la sorcellerie, Berne entreprend de rendre le catéchisme obligatoire (1545) et de créer un Conseil des écoles (1616). Ce Conseil des écoles ordonnera la création d’une école primaire, obligatoire et ouverte toute l’année, dans chaque paroisse du Pays de Vaud. Celles-ci sont sous la surveillance du bailli et on y enseigne le catéchisme, la lecture, l’écriture et le calcul. En 1628, Berne contraint chaque paroisse à ouvrir une école financée par les impôts et les biens de l’Eglise. La responsabilité de l’engagement et de la surveillance des maîtres revient évidemment aux pasteurs. Berne précisera ensuite, en 1676, de manière détaillée les obligations des maîtres d’écoles, des parents et des jeunes élèves. La loi de 1676 est considérée comme la première loi scolaire ayant régi les écoles primaires vaudoises. Les règles qu’elle édicta étaient cependant respectées de façon aléatoire selon les régions (Panchaud, 1952).
Dès 1773, l’inspection des écoles, le choix de l’instituteur, l’organisation des examens et la surveillance de la fréquentation de l’école sont à la charge du pasteur. Les communes sont tenues de fournir les bâtiments où il sera fait école et de fournir au régent logement, salaire et bois de chauffage. Au nouveau programme figurent la lecture, le catéchisme, l’écriture et le chant des psaumes. Les régents, quant à eux, se doivent d’être des exemples moraux pour leurs élèves et sont tenus d’employer la « douceur » avec ceux-ci. La première loi scolaire vaudoise de 1806 Suite à la chute de la République Helvétique et de la tentative d’harmonisation entreprise par Stapfer, la loi scolaire de 1806 voit le jour (Le Petit Conseil de l’Etat de Vaud, 1806). Celle-ci instaure un Conseil académique dont les membres inspectent les écoles, nomment les régents et surveillent l’instruction. Le canton, en charge de la formation et du salaire des régents, et les communes, qui mettent à disposition des locaux, deviennent co-responsables de l’instruction.
En outre, cette loi préconise l’ouverture d’un institut pour la formation des régents (qui restera lettre morte jusqu’en 1833). Les écoles restent malgré tout, pour une large part, sous la surveillance des pasteurs. A ce stade, le système éducatif vaudois est constitué (1) des écoles primaires communales, (2) des collèges secondaires cantonaux et académiques et enfin d’une Académie (université). Le programme des écoles comprend la lecture et l’écriture, l’orthographe, l’arithmétique, les éléments de la religion et le chant des Psaumes. Dans les collèges, on apprend : l’écriture et l’orthographe, l’arithmétique, les éléments de la géométrie, l’histoire, la géographie, le chant des Psaumes, la religion, les principes de la grammaire française, le latin et des éléments de grec. Contraintes de mettre en application cette loi, mais étant pour la plupart pauvres, les communes investissent massivement dans l’enseignement mutuel, une nouvelle méthode d’enseignement présentant l’avantage de pouvoir former un maximum d’élèves à moindre coût. L’enseignement mutuel est introduit dans le canton de Vaud en 1816, mais ne restera en vigueur que jusqu’en 1834. En effet, cette méthode ne cessera jamais de faire débat et fut donc abandonnée dès que la santé financière du canton s’améliora. Elle fut cependant adaptée par le Père Girard (Fribourg, 1765-1850) concevant un enseignement basé sur les techniques d’enseignement mixtes et mutuelles.
Jusqu’en 1865, le système éducatif vaudois comprendra une école primaire pour tous destinée aux élèves de 6 à 9 ans. Ensuite les élèves sont scindés en deux groupes. Le premier groupe poursuit les études primaires de 9 ans à 15-16 ans puis entament une formation pratique (apprentissage, agriculture, etc.). Le deuxième groupe entrera au collège où il suivra des études classiques ou scientifiques, qui seront éventuellement poursuivies à l’Académie. Un nouveau cadre légal et déclin du rôle de l’Eglise Les idées révolutionnaires, à savoir l’école gratuite et la formation des maîtres, commenceront à éclore vers 1830. La nouvelle loi scolaire de 1833 remplace le Conseil académique par le Conseil de l’instruction publique. Une Ecole normale pour les instituteurs, destinée à former les maîtres à la nouvelle discipline qu’est la pédagogie, voit le jour et on crée des écoles moyennes et industrielles ainsi qu’un enseignement secondaire spécifique aux filles. En 1834, une loi sur les écoles publiques primaires entre en vigueur. Elle permet notamment l’élargissement des programmes scolaires (sciences naturelles, histoire suisse, instruction civique, dessin linéaire, …) et la création de commissions d’école chargées de surveiller les écoles primaires quoique encore en collaboration avec les pasteurs.
Toutefois, le rôle important de l’Eglise dans l’instruction publique sera mis à mal par la mise en place d’un nouveau cadre légal, la « Loi sur l’instruction publique » (1846). Très rapidement, en 1856, les enseignants nouvellement formés s’organisent en « société pédagogique vaudoise ». Celleci pèsera définitivement sur la politique du canton en matière d’éducation. A la faveur de la nouvelle Constitution vaudoise (1861), le Département de l’Instruction publique et des Cultes remplace le Conseil de l’Instruction publique. En 1865, la loi sur l’instruction publique primaire introduit les écoles enfantines publiques et crée des écoles secondaires. Le premier plan d’études vaudois verra le jour en 1868. En 1870, le système scolaire vaudois est structuré de la manière suivante. De 7 à 9 ans, tous les élèves suivent l’école préparatoire. A l’issue de l’école préparatoire, 3 options sont possibles.
Contexte pédagogique En 1930, le canton de Vaud impose la méthode de Montessori à l’école enfantine. Il s’agit d’une méthode développée par Mme Montessori, représentante du mouvement de l’Ecole active. Dans ces années-là, les directives cantonales insisteront sur la nécessité de susciter l’intérêt de l’élève et de produire un environnement favorable aux apprentissages. L’école active fait également une percée en Suisse alémanique durant la deuxième guerre mondiale. Plusieurs cantons alémaniques et romands lancent des expériences pilotes, mais elles ne tardent pas à faire polémique. On accuse ces méthodes constructivistes de défavoriser les élèves faibles qui peinent à s’investir dans des travaux de groupe qu’ils ne comprennent pas. La suppression des notes déstabilise et on accuse cette méthode de faire perdre du temps aux enfants. Observations générales de l’ouvrage 1932 L’ouvrage analysé pour cette période, s’intitule « Anatomie et Physiologie animales et végétales » de V. Boulet & A. Obré (Boulet & Obré, 1932). L’un des auteurs se trouve être également l’auteur de l’ouvrage de 1920 analysé ci-dessus. Cela explique sans doute pourquoi beaucoup d’illustrations se retrouvent dans les deux ouvrages (ex. Tableau 3). Ce « cours complet » est destiné à l’enseignement secondaire, pour des classes de philosophie et de mathématiques et est adapté au programme français de 1931. Les auteurs y stipulent que l’étude de l’anatomie est indissociable de la dissection proprement dite puisqu’ils soulignent que celle-ci « … se fait en ouvrant, en coupant, en disséquant le corps » (Boulet & Obré, 1932, p. 2). Cet aspect n’est pourtant pas mis explicitement en avant dans le manuel puisque l’ouvrage est avant tout un exposé de l’état des savoirs, avec de fréquents retours à l’histoire des sciences, sans aucun exercice ou aucune autre forme de transposition didactique. A noter cependant que, pour aider l’élève, les auteurs ont parfois ajouté des conclusions à la fin de certains chapitres.
Le texte, en petits caractères, est divisé en quatre parties distinctes. Si la priorité est accordée à l’anatomie et physiologie animales (388 pages) ainsi que végétales (240 pages), il est cependant à noter que les auteurs accordent 5 pages à la définition des caractères généraux des êtres vivants dans un volet distinct et 32 pages à l’évolution des êtres vivants dans le volet final de l’ouvrage (comprenant une réfutation détaillée des thèses créationnistes). La rédaction de l’ouvrage est complexe et peu avenant. Ce livre de 673 pages et de petit format (12 x 18 cm x 3) est encore fortement imprégné de la pédagogie du siècle précédent. Le texte est complet et complexe. Les illustrations sont nombreuses légendées et numérotées. Il s’agit de 735 illustrations pour une moyenne d’une illustration par page, mais elles sont sobres et de petite taille. Ce sont essentiellement des schémas (611), mais aussi parfois également des gravures (120) ou des photos (4). Ces illustrations ont pour vocation d’éclairer le texte. Les auteurs ont sans doute jugé nécessaire de richement illustrer l’ouvrage pour compenser la difficulté d’expliquer des détails anatomiques au travers de textes. Les propositions d’expériences et/ou d’observations à faire par les élèves sont absentes, mais on peut noter la présence de descriptions et illustrations de quelques expériences historiques ayant amené à l’élaboration des savoirs exposés. L’étude de l’anatomie et physiologie animales est clairement indissociable de celle de l’homme. L’étude des différents systèmes des animaux évolués est illustrée par le cas de l’homme : toute illustration couleur de la section « anatomie et physiologie animales » concerne l’homme exclusivement et les auteurs commencent le premier chapitre de cette partie par un évident « Chez l’Homme, … ».
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