À ce jour, environ 40 études ont porté directement ou indirectement sur les hommes qui ont recours à des services sexuels. Ces études concernent l’évaluation de la prévalence du phénomène dans la population masculine, de même que sur les caractéristiques de ces hommes, et de leurs motivations.
La prévalence générale
Les études ayant évalué la proportion des hommes qui ont recours à des services sexuels démontrent que la prévalence diffère en fonction de différents facteurs, notamment les méthodologies utilisées par les auteurs, les pays, les cultures et les époques (Mansson, 2006).
En Colombie, l’utilisation des services sexuels est passée de 92% à 64% entre 1975 et 1985 chez les étudiants universitaires, probablement en raison de la libéralisation des mœurs sexuels dans les années 70’ (Alzate, 1989). En 1975, 41% des jeunes universitaires colombiens avaient eu une relation avec une prostituée dans la dernière année contre 27% en 1985. En 1948, aux États-Unis, 69% des hommes disaient avoir payé pour du sexe au moins une fois dans leur vie (Kinsey, Pomeroy, & Martin, 1948). Cependant, ce chiffre a été largement critiqué puisque l’échantillon a été obtenu par convenance et serait, selon plusieurs auteurs, non représentatif de la population générale (p. ex., Monto, 2004).
Dans les études récentes utilisant de meilleures méthodologies, la proportion d’hommes qui ont recours à des services sexuels a été estimée entre 10% à 20% de la population masculine dans la plupart des pays occidentaux (Laumann, 1994; Anderson & Davidson, 2003; Mansson, 2006; Ministry of Industry, Employment and Communications, 2004; Raymond, 2004; Pitts et al., 2004; Jaeger et al., 2000; Melbye & Biggar, 1992; Lewin et al., 1997; Schmidt, Krasnik, & Brendstrup, 1989; Kinsey et al., 1948; Monto, 2004; Monto & McRee, 2005). Au Canada, il n’existe aucune estimation parmi les hommes (adultes). La seule étude a été réalisée auprès de jeunes adolescents du secondaire, âgés entre 15 et 18 ans et démontre que 3% ont déjà utilisé des services sexuels (Lavoie, Thibodeau, Gagné, & Hébert, 2010). Les études épidémiologiques indiquent que la prévalence d’utilisation des services sexuels se situerait entre 15 à 20% aux États-Unis (Laumann, 1994; Monto & McRee, 2005). Elle se situerait entre 13% a 20% en Suède et au Danemark (Jaeger et al., 2000; Ministry of Industry, Employment and Communications, 2004).
La seule étude qui a évalué la prévalence de l’utilisation de services sexuels dans un pays ayant légalisé la prostitution, l’Australie, a obtenu une prévalence de 23% (Pitts et al., 2004). Même si cela se situe légèrement au-delà des normes observées dans les pays occidentaux, cela pourrait s’expliquer par la provenance de l’échantillon qui était constitué d’hommes visitant une exposition sur le sexe.
La majorité de ces études ayant évalué la prévalence d’utilisation de services sexuels n’ont pas demandé à leurs participants de préciser le lieu où ils avaient sollicité leurs services. La majorité des études ont ainsi demandé une question plus générale, comme, par exemple, s’ils avaient déjà (ou non) payé pour du sexe. Il n’est ainsi pas possible de savoir précisément dans quelles proportions les différents types de services sexuels ont été sollicités. L’étude de Roberts, Jones et Sanders (2013) est l’une des rares études qui a notamment évalué la prévalence d’utilisation de services sexuels mais en demandant en outre le lieu de sollicitation des services sexuels. L’étude a évalué 200 étudiants universitaires (75 hommes et 125 femmes) de 29 universités du Royaume-Uni. L’étude fait ressortir que 51% des répondants masculins avait déjà acheté ou consommé de la pornographie sur internet, 35% étaient déjà allés dans des clubs d’effeuillage, 21% dans des clubs de danseuses érotiques, 11% dans des salons de massages érotiques, pour un total de 64% ayant déjà utilisé au moins un service sexuel.
Prévalence des pratiques sexuelles
Dans l’ensemble, les études indiquent que la pénétration vaginale, la fellation et la masturbation sont les principales pratiques sexuelles des hommes lors de l’utilisation de services sexuels, alors que les pratiques comme la pénétration annale et le cunnilingus sont peu fréquentes (p. ex. Monto, 1999; Niccolai et al., 2012; Milrod & Monto, 2012; Pitts et al., 2004; Monto & Milrod, 2014).
Les pratiques sexuelles lors de l’utilisation d’un service sexuel semblent varier en fonction des lieux de sollicitation. En effet, une étude indique que les hommes visitant les clubs de danses érotiques y paient pour différents services de danses érotiques (p.ex. en public, à la table ou en privé) et que certains d’entre eux recherchent des actes sexuels explicites, comme la fellation et la pénétration (Brewster, 2003). L’auteur ne précise toutefois pas la proportion de ces hommes. Les hommes visitant des salons de massages pratiqueraient également des actes sexuels en supplément aux massages (67%), notamment la relation sexuelle complète, la fellation, mais principalement la masturbation (Armstrong, 1978; Simpson & Schill, 1977). Au niveau de la prostitution de rue, la fellation (51%) ressort comme étant l’un des services sexuels les plus souvent pratiqué par les hommes mis aux arrêts pour avoir sollicité des services sexuels auprès des prostituées de rue (Monto, 2001), même si ce n’est pas l’activité qu’ils trouvent la plus excitante (65% considèrent la fellation comme la plus excitante contre 76% pour la pénétration vaginale) (Monto, 2001). Cela peut s’expliquer par la rapidité de ce type d’acte sexuel et du fait qu’il peut s’effectuer plus facilement, par exemple dans une automobile. De plus, le sexe vaginal (97%) est l’activité sexuelle la plus souvent pratiquée par les utilisateurs réguliers de services d’escortes (« hobbiistes »), bien que plusieurs autres pratiques sexuelles soient également réalisées, notamment la fellation (96%), la masturbation (91%) et le sexe oral sur la partenaire (94%) (Monto & Milrod, 2014; Milrod & Monto, 2012). Finalement, l’activité la plus recherchée et la plus fréquemment pratiquée en Australie, où la prostitution dans les bordels a été légalisée, est la pénétration vaginale (81%), suivie de la fellation (62%) et de la masturbation (33%) et du sexe anal (14%) (Pitts et al., 2004).
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