Les grands sanctuaires : des enjeux entre puissances

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Le prestige de la victoire dans un concours panhellénique : Glorifier sa patrie : le vainqueur au service de sa cité.

UN EXPLOITATION MULTIPLE

L’olympionique de l’époque classique était avant tout un citoyen, le représentant de sa cité. Cet aspect est mis en avant par Alcibiade, qui, en 415, cherchant à convaincre ses concitoyens athéniens du bien-fondé d’une expédition en Sicile, tint ces propos devant l’Ecclésia : « Devant l’éclat exceptionnel de ma participation aux fêtes olympiques, les Grecs se sont même exagéré la puissance de notre cité, qu’auparavant ils croyaient anéantie par la guerre : j’avais lancé sept chars dans l’arène – plus qu’aucun particulier encore jusque-là ; – j’avais eu, avec la victoire, et la seconde et la quatrième place ; j’avais enfin, pour tout le reste, pris des dispositions qui répondaient à cette victoire. Si l’usage peut ne voir là que des titres d’honneur, la manifestation de fait laisse aussi, du même coup, transparaître la puissance »252.
Ce passage de son discours est particulièrement révélateur de l’importance accordée aux concours organisés dans le cadre des sanctuaires panhelléniques comme miroir de la puissance d’une cité grecque. En effet, Alcibiade évoque ici sa victoire dans la course de chars à Olympie en 416 : le souvenir de cette récente victoire devait être encore très présent dans la mémoire des citoyens athéniens et donnait davantage de poids à son utilisation comme argument du dévouement de l’Alcméonide envers sa cité. En effet, dans son discours, Alcibiade, qui pouvait craindre que des ennemis politiques l’accusassent de trop faire étalage de ses richesses à des fins personnelles, dressait un argumentaire exposant tous les avantages que sa participation aux concours olympiques avait valus à sa cité253.
Le cadre des concours olympiques reflétait en effet, en miniature, le monde des relations internationales : le triomphe d’Alcibiade dans l’épreuve du quadrige illustrait ainsi l’hégémonie d’Athènes sur les Grecs. Bien plus, selon Alcibiade, alors qu’après la paix de Nicias de 421, les Grecs avaient pu penser qu’Athènes était affaiblie, sa victoire olympique aurait été interprétée comme la preuve du redressement d’Athènes, qui était considérée avoir recouvré la première place dans le monde grec254, devant Sparte, qui, par contraste, avait été exclue du sanctuaire d’Olympie en 420255. En outre, en s’inscrivant dans la lignée de Pélops, premier vainqueur de l’épreuve et héros éponyme du Péloponnèse, sur lequel il avait imposé sa domination après sa victoire sur Oinomaos256, Alcibiade remettait symboliquement en cause, après la Quadruple Alliance de 420, l’hégémonie spartiate sur cette région qui était le cœur de la puissance lacédémonienne257.
Enfin, selon Hermogène, Alcibiade, lors d’une victoire précédente aux concours olympiques, aurait même été condamné à la fustigation par les officiels éléens pour avoir fait proclamer Athènes comme « la cité la plus belle de toutes »258. Cette anecdote est sans aucun doute une invention259, mais elle démontre deux éléments. En premier lieu, c’est le vainqueur qui indiquait au héraut quelle communauté devait être proclamée comme ayant remporté la victoire. D’autre part, la proclamation du nom de cette communauté ne devait pas donner lieu à un éloge en sa faveur : son nom seul était proclamé.
L’exaltation de l’athlète était aussi l’occasion de rappeler les gloires passées de la cité. Ainsi, en 346, un jeune Thébain couronné aux concours pythiques était un descendant de l’illustre général Pagondas, bien connu de Pindare et de Thucydide. Cette victoire fut donc l’occasion de commémorer la gloire militaire passée de la cité, à un moment où, justement, sa suprématie militaire était plus que sérieusement contestée260. De manière encore plus emblématique, l’épitaphe rédigée par Simonide pour la tombe de l’olympionique Orsippos (vers 720) à Mégare liait victoire olympique et reconquête territoriale, l’athlète étant réputé avoir chassé les Corinthiens d’une zone frontalière qu’ils occupaient indûment. L’association entre victoire olympique et victoire militaire peut se comprendre dans deux sens complémentaires : certes, les qualités d’un olympionique étaient aussi celles qui étaient attendues d’un stratège, mais, surtout, en distinguant Orsippos le Mégarien lors des concours olympiques de 720, les dieux avaient donné raison aux Mégariens contre les Corinthiens sur la question de leur litige frontalier. Cet argument fut probablement utilisé, peu après la gravure de cette épitaphe, en 461 lorsque Corinthe reprit son expansionnisme aux dépens de sa voisine septentrionale pour soutenir que celle-ci était dans son bon droit261.

PARTICIPATION ET POLITIQUE INTERNATIONALE

Pouvoir participer aux concours olympiques équivalait à être admis dans le concert international par les autres Grecs et valait reconnaissance de l’indépendance de l’État représenté. Ainsi, Camarine ne put aligner des athlètes lors des concours panhelléniques qu’après 491, date de sa refondation par Hippocrate de Géla262.
De même, la Douzième Olympique de Pindare célébrait la victoire, en 464, d’Ergotélès d’Himère. Or, Himère, quelques années auparavant, était encore sous la domination syracusaine, mais l’effondrement du régime tyrannique à Syracuse entraîna la libération d’Himère, qui put à nouveau, à partir de 466, envoyer des athlètes illustrer son nom aux concours panhelléniques, ce qui symbolisait sa renaissance en tant que cité indépendante. Ce symbole fut d’autant plus fort qu’après une brève éclipse due à la domination syracusaine, un de ses athlètes remporta, dès les premiers concours olympiques organisés depuis le retour à l’indépendance, ceux de 464, une victoire dans la course de fond, le dolichos. Ainsi, non seulement la cité d’Himère, en participant à nouveau aux concours panhelléniques, annonçait tous les Grecs son retour dans le concert des États, mais la victoire d’Ergotélès valait assentiment des dieux à cette indépendance retrouvée263. Surtout, pour une cité qui venait d’obtenir son indépendance, une victoire olympique était assimilable à une reconnaissance de celle-ci par les dieux. Ce fut le cas, en particulier, de la victoire du Messénien Damiscos en 368, alors que Messène avait été refondée seulement l’année précédente et qu’elle n’était donc toujours pas reconnue par Sparte, dont elle s’était émancipée264.
Pour ce qui est des périèques de la Ligue thessalienne, leur participation aux concours panhelléniques était tout à fait possible dans la mesure où ils étaient reconnus par tous comme des membres à part entière de la communauté hellénique, mais il semble qu’ils n’aient pas eu le droit de se proclamer « thessaliens ». Le seul exemple dont nous disposons est celui du Malien Poros, vainqueur de la course du stade en 356265, que Diodore de Sicile qualifie de Μαλιεύς266. Il est vrai que cet exemple de victoire d’un périèque thessalien est unique et tardif : rien ne nous dit en effet que les Maliens ne profitèrent pas de la guerre que se livraient la Ligue thessalienne et les tyrans de Phères pour conquérir leur indépendance vis-à-vis de l’entité confédérale et affirmer cette liberté nouvellement acquise en envoyant des athlètes aux concours olympiques. Néanmoins, aucune de nos sources ne fait état d’une interdiction faite par les Thessaliens à leurs périèques de participer aux concours panhelléniques, interdiction qui aurait été d’autant plus incompréhensible que les Maliens disposaient de deux sièges au Conseil de l’Amphictionie pyléo-delphique267. Enfin, la proclamation par le vainqueur de son identité malienne n’a rien de surprenant : les périèques des Thessaliens disposaient d’une identité ethnique et politique spécifique. Ils ne se considéraient donc pas comme des Thessaliens et ceux-ci devaient d’ailleurs veiller au maintien de cette distinction entre eux et leurs périèques, qui leur étaient théoriquement subordonnés.
Un cas plus problématique est celui des périèques des Éléens, en particulier les Lépréates. En effet, d’après Pausanias, quand des Lépréates étaient vainqueurs à Olympie, le héraut les proclamait Éléens de Lépréon » [Ἠλείους ἐκ Λεπρέου σφᾶς ὁ κῆρυξ ἀνεῖπε]268. Le témoignage de Pausanias est a priori confirmé par la base d’Hellanicos, vainqueur olympique en 424, c’est-à-dire à une époque où Lépréon dépendait d’Élis sans lui être rattachée : l’inscription qualifie l’athlète d’ « Éléen de Lépréon » [Ἀλεῖος ἐκ Λεπρέου]269. Cependant, le texte en question paraît avoir été gravé seulement au Ier siècle avant notre ère ; or, après 146, grâce au soutien des Romains, les Éléens réalisèrent sous leur égide l’unité de la région, annexant donc à cette occasion la cité jusqu’alors indépendante de Lépréon. Par conséquent, la gravure d’une nouvelle inscription sur la base d’une statue vieille de trois ou quatre siècles s’inscrirait dans une tentative éléenne de réécrire l’histoire, consistant à modifier l’identité civique des olympioniques lépréates, qui répondait à deux objectifs. D’abord, cela permettait d’accroître artificiellement et a posteriori le nombre de vainqueurs éléens aux concours olympiques, ce qui s’inscrivait parfaitement dans la stratégie quantitative de la cité d’Élis. En outre, même si la spécificité lépréate était reconnue, il n’en restait pas moins que, par ce biais, les Éléens réaffirmaient haut et fort que la cité de Lépréon s’était toujours trouvée dans leur dépendance, sous leur domination, et ce dans un lieu sacré visité par un grand nombre de Grecs, qui pouvaient ainsi constater de visu que le territoire contrôlé par Élis comprenait bien Lépréon à l’époque mentionnée270.
D’ailleurs, des olympioniques lépréates sont attestés non seulement en 424, mais aussi, de manière beaucoup plus surprenante, en 420271, lorsque Théantos remporta l’épreuve du pugilat, dans la catégorie enfants, de la 90e olympiade272. Or, Thucydide est catégorique : en 420, les Lépréates furent, avec les Lacédémoniens, les seuls Grecs exclus des concours olympiques273. Faut-il en déduire que l’une de nos deux sources se trompent ? Pausanias nous rapporte ce qu’il a lu sur la base des statues de vainqueurs ou dans une liste d’olympioniques sa disposition et, autant l’on peut comprendre l’intérêt que les Éléens avaient à « s’annexer » les vainqueurs lépréates en modifiant leur ethnique, autant l’on voit mal pourquoi ils auraient également changé les dates de ces victoires. Quant à l’affirmation de l’auteur de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, elle semble tout à fait logique : le refus du tribut dû à Zeus Olympien depuis 431 et l’accueil d’une troupe armée dans leurs murs durant la trêve olympique justifiaient amplement l’exclusion des Lépréates274. D’ailleurs, si ceux-ci avaient cessé les versements dus à Olympie depuis le début du conflit, on pourrait s’étonner que Hellanicos ait néanmoins obtenu le droit de participer aux concours qui s’y tenaient.
C’est donc très probablement en raison de ce contexte que dut apparaître, parmi les olympioniques, la catégorie des « Éléens de Lépréon ». En effet, conformément à ce que dit Thucydide, les Lépréates n’étaient pas admis à participer aux concours, du moins sous leur identité civique. À l’instar du Spartiate Lichas, qui aligna un attelage sous les couleurs des Béotiens ou des Thébains à l’olympiade de 420, leur participation n’était néanmoins pas interdite sous une autre identité. Or, la dénomination « Éléen de Lépréon » impliquait une subordination politique et ne pouvait être acceptée par des Lépréates soucieux de recouvrer leur indépendance : les deux frères Hellanicos et Théantos275 devaient donc appartenir à une famille membre de la faction pro-éléenne de leur cité276, ce qui peut même leur avoir valu l’exil de la part de leurs concitoyens, lors du conflit avec Élis, et, en contrepartie, l’octroi de la citoyenneté par les Éléens, chez ils avaient logiquement dû se réfugier.
Par conséquent, leur proclamation comme « Éléens de Lépréon » put être le fruit d’un compromis entre les deux parties : les Éléens autorisèrent la participation de ces seuls Lépréates, sous le couvert d’une identité mixte qui faisait la part belle à la cité d’Élis, tandis que les athlètes en question, bien qu’englobés dans le corps civique éléen, voyaient leur particularisme reconnu, notamment dans l’éventualité d’un retour de Lépréon sous la tutelle éléenne, qui aurait été synonyme d’accès aux postes de pouvoir dans cette ville. La regravure de l’inscription figurant sur la base de la statue d’Hellanicos ne correspond donc probablement pas à une modification de celle-ci, mais à une restauration d’un texte devenu avec le temps difficilement lisible277.
Par la suite, l’usage put se généraliser, les Éléens ne devant autoriser les Lépréates à participer aux concours olympiques que moyennant cette concession traduisant leur volonté de récupérer l’allégeance politique de cette cité après que celle-ci eut été perdue à l’occasion de la guerre du Péloponnèse. Il s’agissait alors de réaffirmer une autorité politique qui, tant qu’elle était reconnue, restait assez informelle, symbolisée uniquement par le tribut à Zeus Olympien, mais qui, une fois rejetée et faute de pouvoir être rétablie par la force du fait de la protection accordée par les Spartiates aux Lépréates, devait gagner en visibilité, aux fins de masquer la perte de ce territoire dans les faits. Cette hypothèse concorderait avec le fait que l’inscription de victoire de Kordaphos, olympionique en 460278, ne fait aucune mention d’Élis, ce qui laisse penser qu’à l’époque, Lépréon était encore pleinement indépendante279, indépendance pleinement attestée en 479, quand la cité fut inscrite parmi les vainqueurs de Platées280. Cet athlète n’avait donc peut-être pas eu à souligner l’allégeance de sa cité envers Élis, mais il est vrai que son inscription est rédigée dans le plus pur dialecte éléen et, surtout, qu’elle est très lacunaire, de sorte que la restitution « Éléen de Lépréon » n’est pas à écarter281.
Néanmoins, Pausanias laisse entendre qu’Alcainétos, père d’Hellanicos et de Théantos et deux fois olympionique (en 456 et 444), s’était vu proclamer « Éléen de Lépréon »282 à une époque où la reconnaissance de l’hégémonie éléenne par Lépréon était incontestée283.
Il est donc plus probable que l’exception lépréate fut due au rattachement tardif de la cité triphylienne à la zone d’influence éléenne. En effet, même si Thucydide ne date pas l’accord éléo-lépréate dont il parle au livre V, Hérodote parle de la conquête de la Triphylie par les Éléens comme s’étant déroulée « à son époque » [ἐπ᾽ ἐμέο]284, c’est-à-dire sans doute vers le milieu du Ve siècle. On peut peut-être même préciser davantage : l’appel à l’aide des Lépréates, chez Thucydide, correspondait à une période durant laquelle les Arcadiens et les Éléens pouvaient se disputer le contrôle des territoires encore indépendants de la Triphylie, à la frontière de la Messénie, sans que les Spartiates pussent intervenir. Or, cette situation se présenta durant la révolte des hilotes de Messénie de 464 à 455 : occupés à faire le siège de l’Ithôme, interrompu seulement par le bref, mais intense intermède de l’expédition de Nicomède en Grèce centrale en 458, les Lacédémoniens n’étaient sans doute pas désireux d’ouvrir un nouveau front sur leur frontière nord. De plus, les Arcadiens qui tentèrent de conquérir Lépréon ne représentaient qu’une partie de ce peuple selon Thucydide (Ἀρκάδων τινὰς)285, ce qui incite à penser que cette invasion est postérieure à la bataille de Dipaia, qui entraîna l’effondrement de la coalition arcadienne sous hégémonie tégéate, puisque seule une fraction des Arcadiens, sans doute ceux vivant à proximité de Lépréon, s’attaqua à cette cité286. En outre, selon Strabon, les Spartiates étaient les alliés aussi bien des Éléens que des Lépréates dans le cadre du conflit contre les Messéniens287 de sorte que, s’ils étaient dans l’incapacité de secourir les Lépréates face à une attaque arcadienne, ils durent naturellement conseiller à ces derniers de se tourner vers les Éléens, comme ils le firent d’après Thucydide. Par conséquent, lorsqu’éclata la guerre du Péloponnèse, cela ne faisait moins d’une trentaine d’années que les Lépréates subissaient la tutelle des Éléens, tutelle qu’ils avaient de plus volontairement sollicitée : ils devaient donc bénéficier d’un statut privilégié parmi les périèques » d’Élis, incluant une forme limitée de participation autonome aux concours olympiques, refusée aux autres communautés dépendantes, soumises de plus longue date et par la force.
Se pose enfin la question de la participation des membres d’une alliance, en particulier de ceux de la ligue de Délos. L’on sait en effet, par un discours de l’Athénien Andocide, que les alliés d’Athènes étaient libres de participer à ces concours puisque l’orateur athénien témoigne de la participation d’alliés d’Athènes (Éphésiens, Chiotes et Lesbiens288) aux concours olympiques de 416289 et évoque la possibilité qu’aurait eue Alcibiade de s’approprier l’attelage du citoyen d’une cité alliée lors des concours olympiques de 416. Néanmoins, cet auteur remarque aussi qu’aucun allié n’avait envoyé de concurrent à la course de chars290 : faut-il alors en déduire que les Athéniens avaient interdit à leurs alliés d’aligner des attelages dans cette épreuve pour y accroître leurs propres chances ? On pourrait supposer que, à la suite du relèvement sensible du tribut en 425/424 (décret de Thoudippos), les cités membres de la ligue de Délos avaient dû consacrer à son paiement une grande part de leurs ressources financières : par conséquent, les principales fortunes de ces cités avaient dû être fortement écornées par cette ponction, ce qui limitait d’autant leurs capacités à aligner un attelage de chevaux lors des concours panhelléniques.
Cependant, les Éphésiens offrirent à Alcibiade une tente persique deux fois plus grande que celle des théores athéniens, les Chiotes prirent à leur charge la nourriture de ses chevaux et le fournirent en victimes à sacrifier et les Lesbiens lui donnèrent le vin et la nourriture dont il avait besoin291, ce qui prouve que ces États disposaient de ressources non négligeables. Andocide ou, plus probablement, Phaiax, le véritable auteur du Contre Alcibiade292, s’indignait des honneurs dont jouissait Alcibiade auprès de ces alliés, mais il ne signale pas de contrainte de la part de son compatriote pour obtenir ces avantages. Il est donc probable que ces cités, en particulier Éphèse, témoignaient leur subordination à Athènes en manifestant des égards exceptionnels à Alcibiade selon une représentation monarchique du pouvoir dont elles étaient familières en raison de leur proximité avec l’Empire perse293. Par conséquent, l’absence de concurrent allié dans l’épreuve élitiste du quadrige peut avoir été volontaire et s’être inscrite dans le même cadre de respect d’un pouvoir supérieur.
Plus rarement, la célébration de victoires dans les concours panhelléniques pouvait servir à mettre en valeur une alliance. Ainsi, en 343/342, au bas de la stèle qui rapportait la décision des Athéniens d’accorder des honneurs à l’ancien roi d’Épire Arybbas, leur allié, alors en exil chez eux, étaient rappelées les victoires équestres remportées par ce souverain lors des concours olympiques et pythiques. Celles-ci étaient d’ailleurs mises en exergue par rapport au reste de l’inscription, car leur mention était rehaussée par la présence de figures sculptées dans la pierre, des couronnes d’olivier et de laurier, qui étaient les récompenses remises, respectivement, aux olympioniques et aux pythioniques294. Il s’agissait évidemment d’une attaque voilée contre Philippe II de Macédoine, qui pouvait lui aussi se targuer d’une victoire olympique en 356295 et qui avait chassé Arybbas de son trône. Par ce biais, les Athéniens « neutralisaient » le prestige qu’avait valu à Philippe ce succès en rappelant qu’ils comptaient parmi leurs alliés un souverain qui, sur ce plan, n’avait rien à envier au roi macédonien296.
l’inverse, bien que rarement utilisé, le boycott de concours pouvait constituer un geste de défiance, voire un défi adressé aux organisateurs. Au cours de l’époque classique, si l’on excepte le traditionnel refus éléen de prendre part aux concours isthmiques297, seuls les Athéniens eurent recours à cette stratégie, en 346, quand ils refusèrent d’envoyer une théorie aux concours pythiques, présidés cette année-là par Philippe II de Macédoine298, afin de protester contre la réorganisation de l’Amphictionie réalisée sous l’égide de ce dernier et contre le retrait de leur promantie299.
Cependant, une telle manœuvre est unique à l’époque classique en raison des sacrifices qu’elle impliquait, en particulier ne pas être représenté parmi les États grecs rendant hommage à la divinité patronnant les concours, ce qui pouvait, d’ailleurs, être assimilé à de l’impiété, et renoncer au prestige de victoires remportées par ses citoyens. D’ailleurs, comme nous le verrons, l’exclusion des concours prononcée à l’issue de procès par les autorités gérant ceux-ci était considérée comme une sanction très lourde, fortement dommageable au prestige de l’État condamné, au point de parfois mener au déclenchement de conflits armés300.

LUXE ET PUISSANCE POLITIQUE DANS LES CONCOURS PANHELLENIQUES

Les grands sanctuaires, surtout lors des festivals qui s’y déroulaient, accueillaient un public nombreux qui constituait un condensé des élites du monde grec. C’est pourquoi certains hommes politiques n’hésitèrent pas, pour promouvoir leur cité et leurs propres ambitions, à faire étalage de richesse pour impressionner les représentants des autres États301.
Le premier exemple d’une telle stratégie présenté par nos sources semble avoir été Thémistocle, qui, dans sa rivalité avec Cimon, tenta de surpasser celui-ci par le luxe qu’il déploya à Olympie (table, tentes, habits, équipages) au point de choquer les autres Grecs, qui virent en lui un parvenu302. Il est difficile de situer chronologiquement cet épisode, car les seules indications à notre disposition sont le relatif anonymat et la jeunesse de Thémistocle à cette époque, qui suscitèrent l’hostilité des Grecs à son égard, et la mention de Cimon comme étant le rival qu’il cherchait à surpasser. L’olympiade en question est nécessairement antérieure à celle de 476 puisque, à cette date, les spectateurs applaudirent le stratège athénien en remerciement de sa contribution à la victoire sur les Perses : à partir de cet événement, il n’était donc plus un inconnu. D’autre part, ce n’est qu’en 489, avec la mort de son père, Miltiade, que Cimon devint le chef de la famille des Philaïdes et donc un rival potentiel pour Thémistocle. D’ailleurs, à cette date, selon Plutarque, Cimon était encore « un tout jeune adolescent » [μειράκιον παντάπασιν] et devait donc avoir à peine quatorze ans303, ce qui implique que sa première participation aux concours olympiques n’eut lieu que plusieurs années après. Or, c’est à partir de son archontat de 493/492 que Thémistocle s’acquit de la renommée parmi les Grecs, ce qui implique une olympiade antérieure à cette date304, conformément à ce que dit Plutarque de l’ambition dévorante de Thémistocle dans sa jeunesse305, ce qui rend cet événement impossible chronologiquement. De plus, Plutarque ne fait étonnamment aucune allusion à cet épisode dans la Vie de Cimon, ce qui renforce le doute sur sa véracité.
Il est en fait probable que cet épisode de la rivalité entre Thémistocle et Cimon à Olympie soit né d’une interprétation tendancieuse d’un passage de l’Éthique à Eudème d’Aristote, qui se contentait d’affirmer qu’« on pensait que la théorie qu’il mena à Olympie ne convenait pas à Thémistocle, à cause de la modestie de son ancienne condition, mais à Cimon » [τὴν θεωρίαν οὐκ ᾤετο  προϋπάρξασαν ταπεινότητα, ἀλλὰ Κίμωνι]306. Il n’était donc nulle question de rivalité entre les deux individus au cours d’une olympiade, mais simplement d’une comparaison entre eux : ce qui était reproché à Thémistocle était de faire étalage de sa richesse alors qu’il n’était qu’un parvenu, tandis que, si Cimon avait agi de même, il n’aurait eu nul reproche, car il conjuguait fortune et noblesse. Cependant, cette indication est trop vague pour pouvoir dater avec précision l’olympiade en question (entre 488 et 480 ?).
Pour les colonies, surtout celles de Sicile et d’Italie, dont l’hellénisme pouvait être mis en doute du fait de l’éloignement, faire la démonstration de leur richesse, donc de leur puissance, à l’occasion des concours panhelléniques, pouvait être un excellent moyen de prouver la réussite des Grecs des diasporas. Ainsi, Pindare307 insiste sur la richesse des cités grecques de l’Ouest308, à travers les exemples de Théon d’Agrigente et de Psaumis de Camarine, évergète qui offrit des bâtiments à sa cité, mais aussi sur la fragilité de cette richesse. C’est pourquoi les tyrans de Syracuse Hiéron309, puis Denys310 envoyèrent des théories somptueuses à Olympie311.
De même, pour célébrer sa victoire dans l’épreuve du quadrige attelé de mules à Olympie en 480, le tyran Anaxilas de Rhégion organisa sur le site de sa victoire un banquet auquel il invita tous les Grecs présents312. Pourtant, ce geste de générosité ne doit pas être compris, en cette année 480, qui vit l’armée perse de Xerxès entrer en Grèce, comme un symbole de solidarité panhellénique. En effet, Anaxilas, allié au tyran Térillos d’Himère, avait appelé à l’aide les Carthaginois pour tenter de mettre un terme aux ambitions expansionnistes de ses rivaux grecs, Gélon de Syracuse et Théron d’Agrigente, expédition qui s’acheva par le triomphe de Gélon à Himère313.
Un tel étalage de luxe pouvait néanmoins provoquer des troubles314. Ainsi, selon Théophraste, Thémistocle aurait, lors des concours olympiques de 476, prononcé devant le public rassemblé en cette occasion un discours critiquant violemment Hiéron, le tyran de Syracuse315. Ce discours n’avait aucun contenu panhellénique : il n’appelait pas à l’unité des Grecs, mais à la destruction des tentes des Syracusains pour empêcher Hiéron d’aligner ses chevaux dans les courses équestres d’Olympie316.
Or, cet épisode, tel que le rapporte Plutarque, n’est pas sans poser problème, notamment sur les motivations de Thémistocle. Une dénonciation de l’absence d’aide apportée aux Grecs contre Xerxès, voire d’une collusion avec celui-ci317, semble peu probable318 : non seulement les Deinoménides de Syracuse avaient été le fer de lance du combat contre les Barbares, en l’occurrence les Carthaginois, en Sicile, mais Thémistocle lui-même paraît avoir refusé de châtier systématiquement les médisants319. Thémistocle craignait-il de voir la théorie athénienne éclipsée par ce luxe ? Si c’était le cas, quels arguments aurait-il pu avancer pour convaincre les autres Grecs de s’attaquer aux représentants de Hiéron ? En effet, à l’époque, le régime tyrannique était la norme en Sicile et les concours olympiques virent d’ailleurs aussi triompher la même année le quadrige du tyran d’Agrigente, qui était d’ailleurs un allié de Hiéron320. Enfin, Hiéron lui-même y remporta la course montée321, ce qui implique soit que le discours de Thémistocle n’eut aucune efficacité, soit qu’il s’agit d’une invention de Théophraste.
En fait, il semble que Théophraste, qui faisait œuvre de moraliste et non d’historien, ait confondu deux tyrans siciliens : Hiéron, qui régna à Syracuse de 478 à 466, et Denys l’Ancien, qui dirigea cette cité de 406 à 367. De ce fait, il aurait attribué à Thémistocle le discours prononcé par le métèque athénien d’origine syracusaine Lysias en 388 contre Denys Ier322. Nous aurions ainsi affaire à une erreur de Théophraste, qui aurait transposé au début du Ve siècle un événement postérieur d’un siècle323.

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Gloire personnelle et gloire collective : l’athlète et ses ambitions politiques.

LES RECOMPENSES CIVIQUES

La récompense la plus grande qui pouvait être accordée à un olympionique multiple était l’octroi d’honneurs héroïques, par l’institution d’un culte en son honneur dans sa cité324.
Ce privilège était très rare. Le premier à en avoir bénéficié semble avoir été le pugiliste Euthymos de Locres Épizéphyrienne, olympionique en 484, 476 et 472325.
C’est d’ailleurs dans la même cité qu’Euthyclès, olympionique dans l’épreuve du pentathle dans les années 480 ou en 464, se vit octroyer les mêmes honneurs. En outre, il se vit confier la charge prestigieuse de conduire une ambassade, ce qui démontre que la victoire olympique conférait aux individus un prestige que la cité ne pouvait se permettre de négliger et devait parfois même neutraliser par l’octroi d’honneurs civiques. En effet, l’olympionique avait le soutien des dieux, comme les Locriens le constatèrent à leurs dépens : lorsqu’ils condamnèrent Euthymos pour trahison, une épidémie s’abattit sur la cité, qui ne prit fin qu’avec la libération de l’athlète et sa réhabilitation pleine et entière326.
En règle générale, la reconnaissance de la cité se manifestait néanmoins de manière plus symbolique : par exemple, « une loi athénienne des environs de 430 avant notre ère327 stipulait qu’un homme qui avait gagné à Olympie, à Delphes, à l’Isthme ou à Némée serait entretenu au Prytanée jusqu’à la fin de sa vie », ce qui était purement honorifique, étant donné que le vainqueur n’aurait normalement pas besoin d’être nourri aux frais de sa cité. Ce texte incite d’ailleurs à relativiser la hiérarchie des concours de la périodos, puisqu’un isthmionique ou un néméate jouissait du même privilège qu’un pythionique ou un olympionique328.
Même dans la mort, le citoyen vainqueur dans un concours panhellénique continuait à être célébré et à être utilisé pour glorifier sa cité, en rappelant que celle-ci s’était jadis distinguée à Olympie. Ainsi, l’inscription de la tombe collective des trois cents Thespiens tombés à Délion en 424/423329 ne distingue que deux individus sur les cent-un noms recensés sur la stèle : un pythionique et un olympionique330.
De même, après son décès dans un combat sous les murs d’Athènes en 403, l’olympionique lacédémonien Lacratès eut l’honneur de figurer aux côtés des deux polémarques sur la liste des morts figurant sur le monument érigé au Céramique331. Or, comme certains historiens contemporains l’ont remarqué, des trois personnages distingués, Lacratès est le seul qui ne détenait pas de commandement militaire, ce qui signifie que c’est sa victoire olympique qui lui avait valu cet honneur, ainsi que celui de figurer dans la garde personnelle du roi Pausanias332. En effet, à Sparte, les athlètes vainqueurs à Olympie obtenaient le privilège de marcher aux côtés de leur souverain lors des expéditions militaires333.
Cependant, un tel honneur, en plus d’être limité à Sparte, ne pouvait être réservé qu’à des athlètes dans la force de l’âge, ce qui n’était pas toujours le cas des propriétaires d’attelages, en général assez âgés. Dans ce cas, il semble que la victoire olympique ait conféré l’accès à des postes de pouvoir au sein de l’État, comme le prouve l’exemple du Spartiate Lichas, olympionique en 420, qui reçut, après sa victoire, des charges diplomatiques importantes334. En effet, alors qu’en 421, ce personnage n’était que le second de l’ambassadeur dépêché à Argos par les Lacédémoniens335, en 418, il fut à nouveau envoyé à Argos, mais, cette fois, comme ambassadeur plénipotentaire336. De même, Léon, un des oikistes d’Héraclée Trachinienne en 426337, était sans doute l’olympionique de l’épreuve du quadrige en 440 et, là encore, Stephen Hodkinson estime que cet honneur échut à Léon en conséquence de sa victoire olympique338. Peut-être même ce prestige d’olympionique pouvait-il être transmis en héritage, car le fils de Léon, Antalcidas, fut un diplomate de haut rang339.

Table des matières

INTRODUCTION
Définition : qu’est-ce qu’un grand sanctuaire ?
Les sources
Méthodologie
I. Les grands sanctuaires : des lieux conférant prestige et influence.
A. Les concours panhelléniques : les grands sanctuaires, cadre des rivalités agonistiques.
1) Qui étaient les vainqueurs ?
a) Les États victorieux
Lieux et périodes
L’importance d’une victoire olympique
Une hiérarchie des épreuves
b) « Optimiser » le nombre de victoires
Être organisateurs de concours : un avantage ?
Une spécialisation des cités ?
« Acheter » un vainqueur : une stratégie courante ?
Les limites aux excès de la recherche de la gloire
c) États fédéraux, ethnè et cités : participation et identité.
Entre identité ethnique et identité civique
La primauté de l’identité civique
2) Le prestige de la victoire dans un concours panhellénique :
a) Glorifier sa patrie : le vainqueur au service de sa cité.
Un exploitation multiple
Participation et politique internationale
Luxe et puissance politique dans les concours panhelléniques
b) Gloire personnelle et gloire collective : l’athlète et ses ambitions politiques
Les récompenses civiques
Athlètes, cités et régimes politiques
Concours panhelléniques et prétentions tyranniques
3) Occuper une place d’honneur dans un sanctuaire
a) Présider les concours
Les concours pythiques
Les concours néméens
b) Honneurs et concours
La proédrie
Les Spartiates à Olympie : quels privilèges ?
Proxénie et concours
B. Les grands sanctuaires : des lieux de rassemblement pour les Grecs.
1) Identité grecque et panhellénisme
a) Olympie : le foyer de l’identité grecque.
Les concours olympiques : un marqueur de la culture hellénique
Une réaffirmation de l’identité grecque des colonies
Les hellanodices et l’identité grecque
b) Proclamations et discours panhelléniques
La promotion du panhellénisme par les orateurs
Les proclamations lors des concours panhelléniques
c) Les trêves sacrées des concours panhelléniques
Les trêves sacrées : définition
La trêve sacrée : une protection efficace ?
« Contourner » les trêves sacrées
Olympie et l’asylie éléenne : un mythe né à l’époque classique
d) Diplomatie et grands sanctuaires
Olympie (428)
Delphes (368)
L’affichage des traités internationaux dans les grands sanctuaires
2) Les alliances centrées sur des grands sanctuaires
a) Des alliances à Delphes ?
Une symmachie amphictionique au milieu du Ve siècle ?
Le projet d’alliance de Jason de Phères (370)
b) Les Alliances de l’Isthme
La première Alliance de l’Isthme (481-478)
Les raisons du choix de l’Isthme
La seconde Alliance de l’Isthme : la Ligue de Corinthe de 338
c) La Ligue de Délos et le temple d’Apollon Délien
3) Les sanctuaires confédéraux
a) L’Acarnanie
b) L’Achaïe
c) L’Arcadie
d) La Béotie
e) La Doride d’Asie
f) L’Épire
g) L’Étolie
h) L’Ionie
i) Les Italiotes
j) Les Locrides
k) La Phocide
l) La Sicile
m) La Thessalie
n) La Triphylie
C. Offrandes dans les grands sanctuaires et politique internationale
Vers la fin des consécrations d’armes
1) Les Grecs aux dépens des Barbares
a) Les offrandes de la première guerre médique
Le Trésor athénien à Delphes
Les consécrations à Olympie
b) Les offrandes de la seconde guerre médique
La dîme promise à Apollon Pythien (481)
Les offrandes de Salamine (480)
Les offrandes de Platées
Nommer les vainqueurs
Les offrandes séparées
Le portique athénien de Delphes
c) La poursuite de la lutte contre l’Empire perse
Les offrandes liées à l’Eurymédon (466)
Delphes comme mémorial de Marathon
Une exception spartiate : le roi Agésilas
d) Les offrandes des colonies aux dépens des Barbares
Les Syracusains aux dépens des Barbares
Les Cnidiens de Lipara aux dépens des Étrusques
Les Tarentins aux dépens des Iapyges
Les Grecs du Nord-Ouest
Les Héracléotes du Pont aux dépens des Mariandyniens
2) Offrandes et hégémonie en Grèce
a) La fin de l’époque archaïque (entre 500 et la seconde guerre médique)
b) La Pentécontaétie
L’appropriation de l’espace delphique par Athènes
Les offrandes de la première guerre du Péloponnèse
Les conflits entre Grecs d’Occident
Ethnè et offrandes
c) La guerre du Péloponnèse
Les offrandes des Athéniens et de leurs alliés
Les offrandes des adversaires d’Athènes
Les conflits périphériques
Un tournant dans les offrandes ?
d) L’hégémonie spartiate (404-371) : une raréfaction des offrandes ?
Des offrandes principalement lacédémoniennes
Les autres offrandes
e) Le tournant de 371 et ses conséquences
Les offrandes de l’hégémonie thébaine
La base des Arcadiens
Le portique SD 108
Les autres offrandes des alliés de Thèbes
La quasi-absence d’offrandes d’adversaires des Thébains
f) Les offrandes consécutives à la troisième guerre sacrée
Les offrandes des vainqueurs de la guerre sacrée
Les offrandes liées à l’hégémonie macédonienne
3) Les offrandes des grands sanctuaires : des richesses convoitées.
a) Estimations de ces ressources
Delphes (356)
L’Acropole d’Athènes (431)
b) Utiliser les richesses sacrés : entre emprunt et pillage.
Didymes et Milet pendant le soulèvement ionien (499-494)
La guerre du Péloponnèse : emprunts et dégradations
Jason de Phères et Delphes (370)
c) Les pillages de sanctuaires
Dégradations et vols d’offrandes
Olympie (365-362)
Les Phocidiens et Delphes lors de la troisième guerre sacrée
Synthèse
II. Les grands sanctuaires : des enjeux entre puissances.
A. Les guerres sacrées
Introduction
1) Les guerres sacrées de Delphes
a) La deuxième guerre sacrée
Les sources
L’occupation phocidienne de Delphes
La deuxième guerre sacrée : déroulement et cadre chronologique
Béotiens et Locriens : des acteurs secondaires du conflit ?
Les acteurs principaux de la deuxième guerre sacrée
Les conséquences du conflit
b) La troisième guerre sacrée
La prise de Delphes
Delphes et le sanctuaire sous l’occupation phocidienne
Un conflit plus politique que sacré ?
Les premières opérations de la guerre sacrée (355-353)
L’intervention de Philippe II de Macédoine
Un vainqueur : Philippe II de Macédoine
Le sort des alliés des Phocidiens
c) La quatrième guerre sacrée
Des sources contradictoires
Les motivations du conflit
La guerre d’Amphissa
2) Les guerres olympiques
a) Une guerre pour Olympie dans les années 470 ?
b) La guerre éléo-spartiate (entre 402 et 398)
Le déroulement de la guerre
Olympie et les causes de la guerre
Olympie dans la guerre
La place d’Olympie dans le règlement du conflit
c) La guerre éléo-arcadienne et les Pisates (365-362)
3) Les épisodes guerriers liés aux autres grands sanctuaires
a) Némée : un sanctuaire très disputé.
Entre Mycènes et Argos
Entre Corinthe et Argos
Une bataille pour Némée (453) ?
La destruction d’un grand sanctuaire par la guerre : l’exemple de Némée
b) L’Isthme
c) Tensions autour d’Éleusis : l’orgas sacré.
B. Hégémonie et contrôle des grands sanctuaires
1) Les grandes cités et le contrôle des grands sanctuaires
a) Grands sanctuaires et contrôle territorial : le cas athénien.
Oropos
Délos
Éleusis
b) Argos et les sanctuaires communs
L’Héraion d’Argos
Le temple d’Apollon Pythaieus (Asinè)
c) Élis et Olympie
Rattacher définitivement Olympie à Élis
Olympie et la domination d’Élis sur ses voisins
2) Une revendication lacédémonienne : l’autonomie des grands sanctuaires
a) Le précédent delphique
Une indépendance octroyée par les Lacédémoniens
Delphes et son sanctuaire dans la paix de Nicias (421)
b) La sécession d’Éleusis (403-401)
c) Délos : un repère dans la mise en place de la politique d’autonomie ?
Le régent spartiate Pausanias et les Déliens (décennie 470)
L’ordonnance lacédémonienne de 402
d) Olympie : un contre-exemple ?
3) Des tentatives de création de nouveaux grands sanctuaires ?
a) Les champs de bataille de la seconde guerre médique
Les Thermopyles : un champ de bataille sacré ?
Platées : un sanctuaire panhellénique à l’époque classique ?
b) Quand Athènes cherchait à se doter de grands sanctuaires
Le transfert du trésor de la Ligue
La reconstruction des temples de l’Acropole
Le siège d’une politique hégémonique
Le contre-exemple d’Éleusis : une reconnaissance comme grand sanctuaire
C. Amphictionies et amphictions : des enjeux de pouvoir dans les relations internationales.
1) Représentations internationales à l’Amphictionie pyléo-delphique
a) Les hiéromnémons
b) Les pylagores
c) Les naopes
d) Les réunions amphictioniques : les pylées.
e) Les pouvoirs de l’Amphictionie
2) Les membres de l’Amphictionie pyléo-delphique
a) Les Thessaliens
b) Les amphictions périèques
Les Ainianes
Les Magnètes
Les Maliens-OEtéens
Les Perrhèbes-Dolopes
c) Les Phocidiens
d) Delphes
e) Les Doriens
Sparte : un cas particulier
Les Doriens du Péloponnèse
f) Les Ioniens
Les Eubéens
Athènes
g) Les Béotiens
h) Les Locriens
i) Philippe II de Macédoine
3) Les tentatives de remaniement de l’Amphictionie :
a) La tentative spartiate de 478
Le contexte
Les accusations spartiates
Un échec et ses conséquences
b) Les remaniements consécutifs à la troisième guerre sacrée
Philippe de Macédoine (346)
Messéniens et Mégalopolitains (après 346)
4) Dominer l’Amphictionie : stratégies et intérêts.
a) Une majorité médisante (480-479)
b) De la Pentécontaétie à la guerre du Péloponnèse : une majorité proathénienne ?
c) Après la guerre du Péloponnèse, une Amphictionie sous hégémonie lacédémonienne ?
d) Jason de Phères et l’Amphictionie (370)
e) Une majorité thébaine (364-357)
f) La troisième guerre sacrée et le contrôle de l’Amphictionie
g) L’Amphictionie et l’hégémonie macédonienne
h) Synthèse
III. Les grands sanctuaires : des acteurs internationaux ?
A. Procès et arbitrages des grands sanctuaires
1) Les jugements amphictioniques
a) La condamnation d’Éphialte
b) Pausanias et le trépied de Platées
c) Contre les Dolopes de Skyros
d) Le procès d’Astycratès (363)
e) Les procès des Phocidiens et des Lacédémoniens
Le procès des Phocidiens
Le procès de Sparte
Des liens entre les deux procès ?
f) Le procès de 346 contre les Phocidiens
g) Les Déliens contre les Athéniens (343)
h) Plainte des Amphisséens et contre-plainte des Athéniens (340)
2) Les jugements olympiques
a) Les procès contre les Béotiens et les Thessaliens (vers 475)
b) Olympie (420)
Causes
Procès et négociations
Conséquences
L’application des sanctions
3) Les procès et arbitrages des autres grands sanctuaires
a) Les arbitrages du koinon achéen
b) Éleusis et les empiètements sur la terre sacrée
B. Oracles et orientations politiques des grands sanctuaires
1) Oracles pythiques et hégémonie en Grèce
Avant les guerres médiques : une influence thessalienne ?
a) La Pythie et Sparte au Ve siècle avant notre ère
Introduction
L’oracle pythique et Sépeia (494)
La déposition de Démarate (491)
Sparte et la Pythie pendant la seconde guerre médique
L’oracle de l’hégémonie boiteuse
Pausanias le régent
La guerre du Péloponnèse
Le rappel de Pleistoanax
Agésilas et Léotychidas
Lysandre et la royauté élective
b) Un oracle anti-athénien au Ve siècle avant notre ère ?
Athènes et Égine
Les guerres médiques
L’oracle sous la Pentécontaétie
Athènes et Delphes dans la guerre du Péloponnèse
c) Le IVe siècle avant notre ère : des oracles moins politiques ?
Un oracle moins sollicité par les puissances hégémoniques
L’hégémonie thébaine et l’oracle delphique
Delphes et Jason de Phères
L’oracle pythique relatif à l’orgas éleusinien (352/351)
Une influence macédonienne ?
2) Les oracles d’arbitrage : une Pythie pacifiste et panhellénique ?
a) Les arbitrages pythiques
Le Ve siècle
Le IVe siècle
b) Les oracles de colonisation
c) Un oracle solidaire : l’appui donné aux autres grands sanctuaires.
3) Le recours à d’autres sanctuaires oraculaires :
a) L’oracle d’Olympie
La consultation d’Agésipolis de Sparte (388)
Un oracle orienté politiquement ?
b) Dodone
La prégnance de la proximité géographique
Un essor panhellénique lié à la situation politique
c) L’oracle de Trophonios à Lébadée (Béotie)
C. Les prêtres des grands sanctuaires dans les relations internationales : une politique autonome ?
1) Familles sacerdotales et grands sanctuaires
a) Delphes
b) Athènes et Éleusis
La place des Eumolpides et des Kèrykes dans la cité athénienne Éleusis entre 403 et 401 : un État sacerdotal ?
c) Olympie
Les devins d’Olympie
2) Les grands sanctuaires grecs et les Perses
a) L’oracle pythique et la seconde guerre médique
Des oracles ambigus
Le médisme de la Pythie avant la seconde guerre médique
Les oracles aux Argiens et aux Crétois
Les oracles aux Athéniens
Les oracles adressés aux Delphiens
Les consultations spartiates
Des oracles pro-grecs apocryphes
Synthèse : un oracle médisant
Delphes et les Perses
Apollon Pythien : divinité-interface entre Grecs et Perses
Tiribaze et l’oracle delphique
Le congrès de Delphes de 368
b) Les autres grands sanctuaires grecs et la domination perse
Des Branchides initialement médisants
La destruction de l’oracle et le médisme des Branchides
D’autres oracles médisants
Le temple d’Artémis à Éphèse
3) Les grands sanctuaires grecs et les autres Barbares
a) Delphes : un oracle aussi consulté par des non-Grecs.
Delphes et l’Orient
Les Étrusques
Les Romains
b) L’oracle d’Ammon-Siwa : lieu de rencontre entre Grecs et Libyens.
Grecs et Berbères : des relations conflictuelles ?
Des relations généralement cordiales
Cyrène et Ammon : une relation privilégiée
Ammon et son appropriation par les Grecs
c) Les grands sanctuaires et les Hyperboréens
CONCLUSION
Les oracles et les familles sacerdotales : une possibilité de politique internationale autonome ?
L’intérêt de contrôler un grand sanctuaire
Les guerres sacrées : entre politique et religion
Des lieux d’expression des rivalités entre Grecs
Des lieux de rassemblement
L’Amphictionie pyléo-delphique : une organisation intertétatique et ses limites
Les grands sanctuaires grecs et les Barbares
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1a : LES SANCTUAIRES PANHELLÉNIQUES
ANNEXE 1b : LE COEUR DU MONDE GREC À L’ÉPOQUE CLASSIQUE
ANNEXE 1c : LA GRÈCE BALKANIQUE À L’ÉPOQUE CLASSIQUE
ANNEXE 1d : LA GRÈCE INSULAIRE ET MICRASIATIQUE À L’ÉPOQUE CLASSIQUE
ANNEXE 2 : CHRONOLOGIE
ANNEXES 3 ET 4
ANNEXE 3 : LES ÉTATS LES PLUS VICTORIEUX DANS LES CONCOURS OLYMPIQUES DES Ve ET IVe SIÈCLES AVANT NOTRE ÈRE
ANNEXE 4a : LES ORIGINES DES ISTHMIONIQUES
ANNEXE 4b : LES ORIGINES DES NÉMÉATES AUX Ve ET IVe SIÈCLES
ANNEXE 4c : LES ORIGINES DES PYTHIONIQUES AUX Ve ET IVe SIÈCLES

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