Valorisation locale et production mobilisable de biomasses résiduelles issues des cultures
Dans les milieux ruraux comme dans notre zone d‟étude, plusieurs usages sont appliqués à la biomasse résiduelle issue des cultures. La biomasse résiduelle issue de l‟arachide, du niébé et du maïs est aussi valorisée sous les formes d‟aliment et de litière pour le bétail (brut ou transformé). L‟usage comme matériau de construction (haies mortes, palissade) est généralement fait sur les tiges du mil, du sorgho et du sésame. Une étude de ces différentes formes d‟usage de la biomasse résiduelle auprès des acteurs nous permet aussi de disposer des références précises sur les quantités qui sont localement valorisées.
Les interviews faites auprès des agriculteurs des cinq villages nous ont permis d‟estimer le taux de valorisation locale par type de culture et par village.
Le gisement mobilisable des résidus de cultures pour la fertilisation est estimé à 965 769 kg de MS/an dans la localité de Malem Hodar et à 51 404 kg de MS/an dans village de Mbarokounda. Les quantités de résidus issus du niébé et de l‟arachide sont totalement valorisées dans la zone. Seuls les résidus du mil, du sorgho, du maïs et du sésame sont mobilisables pour la fertilisation des cultures. Les résidus du mil constituent la majeure partie de la biomasse mobilisable avec 540 t de MS dans la localité.
Gisement mobilisable de PRO issu de l’élevage pour la biofortification des cultures
Le cheptel de la localité de Malem Hodar
Les interviews faites au niveau du Ministère de l‟Elevage et de la Production Animale (MEPA) et du Service Régionale de l‟Elevage de Kaffrine (SREK) montrent que les effectifs du cheptel et de la volaille ne sont disponibles qu‟à l‟échelle du département.
L‟analyse de la composante du cheptel obtenu auprès du SEMV de Malem Hodar et auprès des producteurs des cinq villages enquêtés (tableau 1), enregistrée au cours de l‟année 2019, a fait ressortir les proportions suivantes :
Le nombre total d‟animaux en production est estimé à 43 042 têtes
Le gros bétail est estimé à 11 300 UBT, et est composé de 69,5% de bovins, 10,8% d‟équins, 7,4% d‟ovins, 10,8% de caprins et 1,5% d‟asins.
La volaille est évaluée à 15 330 Equivalent Poule Adulte (EPA)
Les effectifs par type de cheptel sont présentés dans la figure 8 et les effectifs équivalents en UBT pour le bétail et en EPA pour la volaille sont présentés dans la figure 9.
Les références agronomiques relatives à la production des déjections
A ce niveau, il s‟agit de déterminer les différentes pratiques locales d‟élevage mises en œuvre par les éleveurs et qui peuvent influencer la production de déjections en termes de quantité et de qualité. Ainsi la visite de prospection de la localité nous montre que deux pratiques essentielles ont des effets directs sur la production de déjections animales.
Mode de logement et types de déjections
Le mode de logement des animaux, et l‟apport de litière déterminent la nature des déjections produites qui sont soit solides (fumiers) soit pâteuses ou liquides (lisiers). Dans la zone, les ovins, les caprins, les équins, les asins sont logés dans un coin de la maison entouré d‟une clôture ou non. La volaille est enfermée dans de petites cases faites à base de tiges de Guiera senegalensis durant la nuit pour les protéger contre les prédateurs. Les bovins sont parqués la nuit à l‟extérieur, dans les champs pendant 15 jours avant d‟être déplacés ou rarement à côtédes concessions durant la saison sèche.
La durée de présence des animaux à l’étable
La durée de présence des animaux à l‟étable, obtenue auprès des chefs de ménages des villages enquêtés, permet de distinguer les quantités de déjections récupérables qui sont émises sur place (parc, bâtiment…) et celles émises aux champs et sur parcours pendant que les animaux pâturent. Cette durée varie d‟un village à l‟autre et nous avons pu la déterminer en soustrayant l‟heure de départ des animaux de l‟heure de retour à l‟étable. La durée de présence des animaux évaluée en heure puis convertie en nombre de jours équivalents (Nje) est représentée par le tableau 9.
Quantité de Déjections animales Maîtrisables
A partir du gisement brut calculé précédemment, les Quantités de Déjections animales Maîtrisables (QDM) ou gisement maîtrisable qui, se distinguent du gisement brut par son caractère stockable et accessible, ont été obtenu en tenant compte de la durée de présence des animaux à l‟étable (tableau 9). Le tableau 11 représente les Quantités de Déjections animales Maîtrisables produites par les animaux des cinq villages enquêtes de la localité de Malem Hodar.
Valorisations locales
Les déjections animales et en particulier celles des bovins et équins sont généralement valorisées en milieu rural. Dans notre zone d‟étude, l‟utilisation du fumier comme engrais occupe une place importante dans le processus d‟amendement des sols. Tous les agropasteurs enquêtés utilisent le fumier pour amender leurs champs. Ces déjections mélangées au refus de fourrages piétinés et humidifiés par l‟urine, sont stockées à côté des animaux avant d‟être acheminé par chargement de charrette jusqu‟aux champs (figure 12). Dans les différents villages enquêtés, les agropasteurs disent que les quantités de déjections émises sur le territoire ne permettent d‟amender toutes les espaces cultivées. Certains de ces agropasteurs qui ont les moyens achètent de l‟engrais chimique pour fertiliser les espaces restants de leurs champs.
Dans la zone, la quantité des déjections animales valorisée en tant que combustible ou matériau de construction est négligeable. Ainsi toute la quantité maîtrisable des déjections animales produite dans la localité de Malem Hodar est mobilisable pour la fertilisation des cultures.
Gisement de Déjections Mobilisable pour la fertilisation dans le village de Mbarokounda
Le gisement de déjections animales mobilisable pour la fertilisation est la quantité de déjections stockée en un milieu bien déterminé, non valorisée et que l‟éleveur accepte sa cession à l‟agriculteur (cas des animaux transhumants) ou que l‟agropasteur peut allez épandre sur ces parcelles. Le Gisement de Déjections Mobilisable (GDM) pour la fertilisation est obtenu en soustrayant les usages/valorisations actuelles au gisement maitrisable (équation 9). Pour l‟ensemble des villages enquêtés, aucun parmi eux produit une quantité suffisante dedéjections animales pour la fertilisation de leurs terres. Ainsi les villages qui sont autour de Mbarokounda ne peuvent pas fournir de déjections animales à ce dernier afin qu‟il comble le déficit de matière organique. Pour biofortifier les cultures en fer et zinc avec les PRO issus de l‟élevage, les agriculteurs du village de Mbarokounda n‟ont que les quantités de déjections mobilisables produites par le cheptel du village et les transits de la zone.
La figure 13 représente les proportions des gisements de déjections animales mobilisables pour la fertilisation par type de cheptel dans le village de Mbarokounda.
Quantités de PRO d’origine municipale
La gestion des ordures ménagères dans la localité de Malem Hodar rélève un manque de moyens et de matériels drastique des collectivités locales. Dans les villages Mbarokounda, Sagna, Taïba Mbadianène et Diaby, la gestion des déchets ménagers est assurée par les femmes qui les stockent dans des sacs pendant 2 à 7 jours avant de les acheminer vers le dépôt d‟ordures ou bien elles les stockent en tas auprès des concessions. On constate que la responsabilité de la gestion des déchets dévolue au maire uniquement à Malem Hodar. La collecte des déchets est faite par trois (3) charrettes qui font le tour des maisons et des restaurants pour ramasser les ordures. Ces charretiers sont aussi responsables du nettoyage du marché hebdomadaire de Malem Hodar. Les interviews faites auprès des charretiers montrent que les déchets ménagers produits ne sont pas triés et leur fraction fermentescible est non mobilisable pour la fertilisation.
L’analyse des différentes formes de gestion classique des déchets solides fait ressortir une certaine déficience due à l’irrégularité de la collecte, de l’insuffisance de la couverture territoriale induite par la typologie de l’habitat, de l’inexistence d’un système de traitement efficace.
La mise en œuvre de l‟équation 13 en prenant le ratio de production de déchets organiques de la région de Kaffrine, nous a permis d‟estimer le gisement théorique de déchets organiques de la localité de Malem Hodar (figure 16).
L‟analyse de la figure 16 montre que le village Taïba Mbadianène a le gisement théorique de déchets organiques le plus faible des cinq villages étudiés. Le gisement de la fraction fermentescible des déchets solides de Malem Hodar est égale environ à 100 tonnes de MS. La somme des gisements de la fraction fermentescible déchets ménagers retenues dans le cadre de l‟évaluation, est une surestimation de la quantité totale de déchets ménagers produite par les différents villages, au cours de l‟année 2019, en comparant le ratio de production de la région et la quantité trouvée sur le terrain. Une campagne de caractérisation des ordures ménagères dans chaque village serait donc nécessaire pour une estimation plus nette des gisements de la fraction fermentescible déchets.