Les formes non correspondantes [ang], [eng], [ing], [ong], [ung] et leurs corrélats non voisés et expansés

Les « doubles motivations »

Cuscungo, (re)motivations par les saillances {K-K} et {NG}

Cuscungo (Del quichua cuscungu. DRAE. Cf. Raíz onomatopéyica KOCK- “golpe”, 1535. Corominas, s.v. Coscorro) 1. m. Ecuad. Especie de búho. (DRAE) Cuscungo (« especie de búho ») est issu du quechua cuscungu, de sens identique. Cerrón-Palomino (2006 : 169-170), après avoir répertorié les variantes ckocko, qoqo (« variedad de búho ») et coshco (toponyme, “de búhos”), émet l’hypothèse d’une suffixation de cusco, lui-même derivé de qzca (« lechuza »), et ce dernier de l’onomatopée qusqu…qusqu…, son émis avec le bec de la chouette sur les toits :
En l’occurrence, ce vocable se trouve au croisement du réseau saillanciel de {K-K} évoqué plus haut qui concerne quelques noms d’oiseaux, par la racine c-c [k-k]. L’on y retrouve également la saillance{NG} dans le segment final -ungo. L’étymon quechua contenait d’ailleurs déjà ces formes qui ontétérépercutées en espagnol d’Équateur. La différenciation en diachronie ne s’est en effet opéréequesur le phone final, par ouverture. Or, deux des principales caractéristiques du chant de la chouette o du hibou sont la résonance (dans la nuit, notamment) et la répétition. L’on pourrait donc envisagerque ces deux saillances ont constitué une motivation de plus d’insertion de ce terme dans lesystèmeespagnol. Elles auraient pu y jouer un rôle de prisme, car l’intégration a nécessité uneréanalyse du matériau sémiologique en fonction de l’(ana)logique superstratale. Si laduplication de la vélaire sourde [k-k] se présentait déjà comme racine onomatopéique stableen quechua, la duplication ne s’y limitait pas. Cerrón-Palomino, en sus, détecte effectivementchincho (« un tipo de búho pequeño », DRAE) chez Salas et Poblete.
En espagnol, il existe les termes évoqués supra auxquels il est possible d’ajouter cuco / cuclillo. Le segment final possiblement -ungu > -ungo hérité de *-nku a pu entrer dans leparadigme du « coup avec résonance » alors que, selon les propos de l’auteur, il avait perdu sa motivation originelle dans la langue substratale (cf. ibid.) C’est un nouvel usage qui en est fait par rattachement à la saillance {NG}.
En résumé, cuscungo serait lié au « paradigme des oiseaux » par le biais de son entréedans le réseau duplicatif en {K-K} et à celui d’« écho » (ici nocturne) par le biais de lasaillance {NG}. Toutefois, le découpage n’est pas si clair que cela et il est possible de trouver d’autres cas de désignation de la « résonance » par un segment ou un phone dupliqué. Tel est le cas de gong et de gongo.

Gong et gongo

Ce sont là de nouvelles actualisations par une duplication intimement (ou iconiquement) liée à une idée d’« écho ». Les deux signifiants renvoient à des « instruments à percussions » au sens large. Gongo et gong insistent donc doublement sur l’idée de « résonance ». Sur le plan sémiologique, elle est matérialisée par la duplication de la vélaire sonore, dont une est structurelle. Cela crée un écho très propice à cette dénomination. Le phone [o], plus ouvert que le [i], représente un son qui se propage et plus grave que tintín ou tirintintín. Cette variation s’opère à la fois à l’intérieur de la saillance {NG} et de la saillance duplicative. Les rapports paronymiques peuvent alors être figurés selon l’enchaînement suivant qui allie ces deux termes avec les précédents signifiants dupliqués analysés :
Concernant titingó (« barahúnda, pandemónium »), deux solutions s’offrent à nous. Soit cet emploi est actualisé par la duplication tintin-, soit par le segment final –ingó. Ici,l’accentuation peut jouer son rôle discriminatoire pour le découpage à opérer. Elle nous apporte ici deux indications. D’une part, il est pertinent de penser que la syllabe accentuée est plus stable qu’une syllabe atone, et donc plus propre à être actualisée, théorie qui implique le segment -ingó. D’autre part, l’accentuation ne porte pas sur [i] comme dans chingolingo mais sur le [o] final. On serait alors tenté de croire que le phone [ó], plus ouvert que [i], a sa part de responsabilité dans la désignation non d’un « petit bruit » mais d’un « grand bruit ». On sollicite ici une autre partie du signifiant qui, en l’occurrence, « compense » l’acuité du son [i] présent dans la forme [ing]. Précisons en outre que ce raisonnement n’est pas sans rappeler les déductions de Mayer et Meringer que Freud a reprises à propos de « la ou les voyelles sur lesquelles porte l’accent » comme « ayant une intensité psychique plus grande » (cf. 2.3.6.3). En bref, il n’est pas incohérent de proposer une capacité formelle [ngó] liée à {NG}.
Dans le cadre de cette structure, nous constatons donc que la duplication est un mécanisme important, voire parfois une structure transversale. En nous plaçant plus du point de vue qualitatif que quantitatif, il convient de vérifier maintenant si l’actualisation pourrait être permise chez des mots contenant -nc- [nk], c’est-à-dire si cette seule flexibilité exploitable de la modulation polaire de voisement a été sollicitée dans le cadre de la structure en {NG}.

Rungo et gruñir

En l’occurrence, rungo pourrait effectivement s’avérer émerger d’une onomatopée du grognement (cf. le corrélat inversif gruñir). Gruñente (provenant de Germanía), référait en effet à un « cerdo, puerco, cochino. » (DRAE, s.v. gruñente). Or, il y avait un précédent à cette utilisation à visée dénominative, qui remontait en réalité au latin grunnire « grogner (enparlant du cochon) » (cf. Gaffiot, s.v. grunnĭo) issu lui-même d’une onomatopée, mais reposant formellement sur le son [gr-n].675 Et rungo apporte précisément l’écho de lanasalisation en ajoutant une sorte de « ronflement » au grognement, incitée par l’entrée dansla structure des mots en {NG}. Le substantif rungo, actualisé par le biais de cette saillance, demeure en synchronie en rapport avec gruñir et ses dérivés par ce que l’on pourrait nommer une correspondance anagraphique, c’est-à-dire à la fois anagrammatique et graphique, parredistribution des nasale, gutturale et liquide vibrante. Mais pour une saillance basée sur le phonétique, cela n’est que difficilement concevable. L’apparition du vocable rungo remédie en quelque façon à cette problématique. De plus, si la source en est bien onomatopéique, le rapport à gruñir et à ses dérivés conduit même à penser à une sorte de paradigmisation, une entrée dans cette structure dont le paramétrage contraindrait peut-être à l’absence de corrélation graphique. En somme, un des facteurs d’apparition du vocable rungo aurait pu être la nécessité d’évocation de l’idée de « grognement » par un mot en [ng], forme qui convient mieux car plus aisément intégrable à la structure en {NG}. Il s’agit même d’une structuration si l’on envisage que le grunnere latin ne s’appuyait pas sur le son [ng] ou [n-g] mais tenait intrinsèquement compte du son [gr] non constitutif de l’invariant saillanciel.

Le rapport de rungo à runga

Les deux paronymes rungo (« cochon ») et runga (« fête ») posent la question de l’appartenance à une même famille étymologique, d’une part, et d’un éventuel rapport de dérivation, d’autre part. À première vue, runga désigne la « fête » et se rattache donc au paradigme de la « picaresque ». Or, à la différence de bronco (cf. infra), ce substantif ne semble pas y référer par le biais du « bruit provoqué » par ladite « fête » mais par le « divertissement » : (102) En las instalaciones de un gimnasio propiedad de Andi Matuti, las filas « bigotudas » de la capital armarán la runga navideña que le ofrecerán a los periodistas legales e ilegales que cubren la fuente política.
Le dérivé verbal runguear (« irse de fiesta, divertirse », DRAE, s.v. runguear), sans évocation manifeste à la notion d’un « bruit associé », semble corroborer cette théorie et insister davantage sur l’idée de « divertissement ». L’on pourrait donc arguer que runga dépend effectivement de la structure en {nasale x vélaire} à l’inverse de rungo étudié supra, qui, lui, insiste davantage sur l’idée de « bruit » et qui s’avère donc plutôt dépendant de la structure en{NG}.

Bronco, ronco et dérivés

Nous allons désormais analyser le rapport entre les formes en [ng] et celles en [nk], dont le phone guttural n’est donc pas voisé, ce qui, pour une saillance reposant sur le son, doit avoir des conséquences au plan sémantique.
L’on discerne donc dans l’étymologie de bronco les notions de « rétrécissement » et de « pointe ». C’est ce que démontre le croisement évoqué par Corominas et ce que valide le sens primitif espagnol « morceau de branche coupée ». Nous pouvons donc postuler une appartenance historique au paradigme étudié ci-dessus du « rétrécissement » (cf. manco, tronco, renco, etc.) L’acception « tosco, áspero, sin desbastar » atteste même une dérivation sémantique donnant lieu à un sens proche de ceux des mots du « monde de la picaresque ».
Or, les frontières, comme vu plus haut, ne sont pas hermétiques et si la forme [onk] peut, entre autres, contribuer à désigner un « bruit sourd », peut-être est-ce en vertu de cerétrécissement et du lien avec quelque référent désagréable. Ce terme entre ici en cohérenceavec son paronyme ronco, dans le « sous-paradigme » des « corrélats non voisés appartenantà la structure en {NG} ». Or, ronco, entré en langue au temps de Berceo (XIIIème siècle), aurait également pu influencer analogiquement bronco pour conduire à cette orientation sémantique.
Ou bien, une autre hypothèse à envisager serait l’existence d’un protosémantisme entre lesnotions de « rugosité » et de « bruit sourd », mais les données manquent pour s’en assurer.
Quant aux autres acceptions de bronco tournant autour des sens d’« aspérité » ou de « difficulté », elles amènent plutôt à se pencher sur la variable [b] dans le rapport ronco / bronco :Pero a lo que íbamos, el curso político se presenta más bronco, más difícil que el primero de Ingeniería de Telecomunicaciones, y aunque he elegido el símil ateniéndome sólo a la dificultad de la carrera, me doy cuenta de que sirve también para otras cosas.680
L’acte d’articulation du groupe initial [br] figure effectivement une « pression par frottement » que l’on pourrait lier à l’idée d’« aspérité » évocable par bronco. Car il semble que d’autres termes connaissent une actualisation similaire (directe ou non) par ce prisme sémiologique : escabroso, áspero, braco, braznar (vx.), exprimir ou brear, labrar, broche,par exemple. Bien qu’il soit encore trop tôt pour établir un invariant saillanciel, nouspourrions envisager que bronco connaîtrait trois possibilités d’actualisations. La premièreserait rattachée à l’idée de « bruit sourd », notion de la saillance {NG}, la seconde à celled’« aspérité » et enfin, la troisième à celle de « raccourcissement » liée à la saillance {nasale x vélaire}. Une fois de plus, si les deux premières saillances ne sont pas aisément singularisables et si un lien étymologique et protosémantique suffit à relier les trois entre elles, il reste que le signifiant bronco se trouve morpho-sémantiquement à la croisée des trois champs conceptuels.681 Ce n’est pas illogique étant donné la proximité sémantique de ces champs. On peut d’ailleurs les faire figurer comme suit en ajoutant celui de chungo et de rungo.

Aperçu de quelques coefficients saillanciels

L’originalité de cette structure est que de nombreux termes sont actualisés spécifiquement par cette saillance {NG}. Tel est le cas de chingolingo (hapax, coeff. 10) ; titingó (3/3, coeff. 10), gongo (14/14, coeff. 10) ; charango (44/44, coeff. 10) ; ping-pong(156/156, coeff. 10), bingo (220/220, coeff. 10). Quant à gong (142 /148, coeff. 9,6), quasiment au même niveau, le coefficient correspondant à cette saillance a quelque peu baissé du fait de l’usage d’emprunts lexicaux homophones (provenant notamment de langues asiatiques, cf. CREA / CORDE, s.v.)
À l’inverse, pour d’autres vocables, cet invariant n’a que peu d’implication actualisante, comme on le remarque avec les cas de mingo (11/65, coeff. 1,7) ou de chinga (5/39, coeff. 1,3).
D’autres, enfin, n’ont que des usages « ambigus » et rendent moins pertinente l’évaluation d’une coefficience particulière car toutes les saillances sont données compatibles par le signifiant et parfois même se révèlent ardûment singularisables :
-Bronco : saillance {PR ?}, {NG} ou {nasale x vélaire} ?
– Canica : saillance {K-K}, {NG} ou {C-C} ?
– Cinco : saillance {K-K}, {NG} ou {C-C} ?
Nous faisons apparaître les statistiques directement en panchronie, données issus des résultats croisés du CREA et du CORDE (s.v.)
– Cuscungo : saillance {K-K} ou {NG} ?
– Fandango : saillance {NG} ou {nasale x vélaire} ?
– Gangarria : saillance {K-K}, {RR}, {NG} ou {nasale x vélaire} ?
– Huapango : saillance {NG} ou {nasale x vélaire} ?
– Sandunga : saillance {NG} ou {nasale x vélaire} ?
– Tango : saillance {NG} ou {nasale x vélaire} ? 684
La généralité conceptuelle de la saillance {NG} explique que certains de ses membres se trouvent à la croisée formelle d’autres structures, car le bruit provenant d’un coup ne spécifie ni son origine ni sa cause ni son objet ni son auteur. La confluence est notamment logique au niveau de l’emploi dans le sens de « fête » entre les saillances {NG} et {nasale x vélaire}, mais là où la première insistera davantage sur l’idée de « bruit sonore », la seconde mettra plus l’accent sur celle de « divertissement » bien que, une fois de plus, les deux aillent souvent de pair dans les énoncés.

Synthèse déductive : établissement des paramètres respectifs

La structure en {nasale x vélaire} et en {NG}, deux systèmes ?

Si Guiraud (1986 : 110) a mis au jour l’alternance [i] / [o] / [a] pour la « structure T.K. », comme apte à évoquer la variation entre « petit, le gros et le plat », la structure en {NG} peut également faire figure de système. L’alternance [i] / [o] avec les caractéristiques propres à chaque phone (issue du phonème correspondant), montre une variation entre le petit aigu et le grand bruit. Ce niveau saillanciel comprend en effet la possibilité, à l’inverse de la saillance en {nasale x vélaire}, de générer ce système d’opposition phonétique. On note également l’alternance entre [nk] et [ng] renvoyant à une opposition d’« assourdissement » vs. « sonorisation ». La propriété non voisée vs. voisée des gutturales a été exploitée ici non simplement de manière corrélatoire mais phono-sémantique.
Comme pour le mot flamenco, dans les cas de bronco, cinco, congo / conga, notamment, que les corpus attestent dans plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’occurrences chacun, l’évaluation artisanale est malaisée. Nous les laissons donc, pour l’heure, en attendant de pouvoir informatiser ce dispositif de recherchecalcul. Pour ce qui est de la structure graphique {C-C}, voir le chapitre sixième.
Pour ce qui est de la saillance {nasale x vélaire}, l’on note que cette opposition vocaliquen’est pas nulle puisque nous avons détecté les formes chango, *chengo / chenca, chingo,chongo, chungo dans le répertoire. Toutefois, elle n’a apparemment pas la vocationsémantique de l’alternance entre certains mots en {NG}, ainsi qu’on le notait déjà avecl’alternance -ango, -engo, -ingo, -ongo, -ungo.
En outre, si [nk] / [ng] est une opposition signifiante dans le cadre de {NG}, tel n’est pas le cas de la structure en {nasale x vélaire} comme on le constate dans le rapport entre gamberro, bayunco et guarango, notamment. Chaque structure a en effet son paramétragepropre, donnant lieu à cette caractéristique parmi d’autres.
Il est cependant loisible de relever que les capacités formelles [ang] et [gan] sont majoritaires par rapport aux autres segments représentés685. Outre l’aspect statistique, l’explication pourrait résider dans ce que si les sons [k] ou [g] se prononce par mouvement dans l’arrière-gorge, le son [a] nécessite l’aperture la plus importante de toutes les voyelles, à l’autre extrême de la cavité buccale. La nasalisation, par surcroît, maximalise le degré d’aperture. Ce passage dû à la combinatoire semble contraignant et nécessite un effort articulatoire. Cette propriété aurait pu entraîner un pré-signifié « effort [contraignant] » donnant lieu aux idées de « péjoration » et d’« embêtement » précisées par la suite lors de l’élaboration du signifié de plusieurs mots contenant [gan] ou [kan] mais également la quête de la réduction de cet effort. Il ne s’agit toutefois que d’une complémentarité car l’idée de réduction de l’effort (ou autre) est déjà permise par le rétrécissement au niveau nasopharyngal. Or, proportionnellement, une grande majorité des mots en [gan], en [ang] ou leurs corrélats non voisés, font partie du champ sémantique du « monde de la picaresque ».
Ajoutons que l’on discerne dans le cadre de cette structure en {nasale x vélaire} « l’alternance forme simple / composé tautologique » que Guiraud (1986 : 110) mettait en lumière à propos de T-K, soit zángano / zangandungo, zangandullo, zanga / zangamanga, cáncamo / cancamusa, etc.

Approche synthétique sur les deux saillances

La saillance {nasale x vélaire}

Tout d’abord, cette structure en {nasale x vélaire} donne une cohérence sémiologique au lien entre l’idée de « rétrécissement de l’estomac » et celle de « réduction de l’effort », notions réunies sous la citation extraite du Lazarillo de Tormes : « Siempre quise más comer berzas y ajos sin trabajar, que capones y gallinas trabajando. » Ainsi, si le paradigme du« monde de la picaresque » recouvre de nombreux termes c’est parce qu’elle renfermeplusieurs idées distinctes comme les « comportements parasitaires », d’où les acceptions de « champignon », de « poux », d’« insectes divers », d’où également un large versant humain dont fait partie l’idée de « mendicité », d’« attitude désinvolte » ou de « vie de bohème ». La « réduction de l’intelligence » est également présente par les idées de « bêtise », de « gaucherie » ou de « brutalité » (attitude primitive), que l’adjectif corto, a désigne égalementpar métaphore :
Corto, ta (1) (Del lat. curtus) 1. adj. Dicho de una cosa: Que no tiene la extensión que le corresponde.2. adj. Dicho de una cosa: Que es pequeña en comparación con otras de su misma especie.3. adj. De poca duración, estimación o entidad.4. adj. Escaso o defectuoso.5. adj. Que no alcanza al punto de su destino. Bola, bala corta.6. adj. De escaso talento o poca instrucción.7. adj. Tímido, encogido.ni ~ ni perezoso.1. loc. adv. Con decisión, sin timidez. (DRAE)
Or, l’idée exprimée directement par corto, a de « court » est mêmement désignée par le biais du « rétrécissement » au sens strict. Il en va de même pour le participe tupido [“1. Que tiene sus elementos muy juntos o apretados.2. adj. Dicho del entendimiento o de los sentidos: torpes (tardos en comprender)”. DRAE], où l’on note le même type de lien (protosémantique ?). C’est ainsi qu’émergeant d’une exploitation plus iconique de la saillance, les idées proprement d’« angoisse », de « raccourcissement », de « troncation », de « maigreur » entrent aussi sous le coup de la saillance {nasale x vélaire}.

La saillance {NG}

En revanche, la saillance {NG} issue d’un « coup sonore » lors de l’acte phonatoire ne repose pas sur le « rétrécissement » mais sur la « résonance » que constitue le passage du son dans la cavité nasale provoqué par la gutturale [g]. De fait, les paramétrages qualitatif et quantitatif en sont différents (contraintes morphologiques, corrélatoires, capacités formelles associées, etc.) Elle ne peut donc englober autant de mots, ni autant de référents, car ils sont moins nécessités par le système. L’idée de « coup », sourd ou sonore, ne demeure qu’une variante mais en aucun cas la sollicitation d’un versant saillanciel distinct. Dans les deux cas, il s’agit de l’émanation d’un son ou d’un bruit, dont l’alternance [k] / [g] pourrait iconiquement former la nuance sémantique. C’est quelque peu comparable à la variation [i], d’une part et [o] / [a], d’autre part, pour l’évocation d’un petit et d’un grand bruitrespectivement, bienque ce ne soit pas systématique. Toutefois, on ne relève que 2 cas sur 33,soit 6,60% de capacité formelle en [ng] contre 93,40% pour [nk]. Ces variations sont subsumées et permises par la saillance elle-même. Pour autant, elles ne correspondent pas au ratio évaluable au niveau du lexique :1029 formes en [ng], soit 1,19% et 1392 formes en [nk], soit environ 1,61% de l’ensemble des vocables. On peut déduire de ce décalage que la saillance repose résolument sur un phone guttural sonore qui pourrait suggérer la portée du retentissement.
Au résultat, pour une même forme [ng] ou, dans une moindre mesure [nk], l’on peutavoir deux actualisations saillancielles potentiellement distinctes, mais soumises aux aléas desbesoins expressifs. Et si, suivant notre analyse – certes incomplète – il n’y a pas toujours de signifiance des modulations de voisement ou des variations axiales, c’est qu’il n’est rien de systématique que le postulat même qui est à l’origine de cette démarche. En outre, l’invariance ne prétend pas se situer au niveau formel mais au niveau saillanciel, quelque peuen comparaison avec les capacités discursives qui ne sont que des sens autorisés par un signe.
On note cependant de façon contrastive que ces variations et modulations n’ont pas la même vocation selon la structure dans laquelle elles opèrent.

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