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L’IDEE D’UNE SCIENCE DE L’ART CHEZ HEGEL
Dans ce premier mouvement de la première partie, il faut signaler que nous n’avons pas la prétention de conférer à l’art une nature scientifique qui l’égalerait à la science en tant que telle. Loin de là, notre objectif consiste à montrer que l’œuvre d’art, malgré son apparence sensible relève du domaine de la pensée conceptuelle. Elle appréhende l’esprit sous la forme du paraître et de la sensibilité. Il s’agit ici au préalable de surmonter les obstacles épistémologiques pouvant contrecarrer la révélation de cette nature spirituelle de l’art. Pour se faire, Hegel nous fait un tour d’horizon de certaines conceptions de l’art avant d’en arriver à cerner son concept fondamental qui en même temps, formule le traitement scientifique du beau artistique.
Les objections contre la science de l’art
Selon Hegel, l’infini variété des productions artistiques existantes est un obstacle à la constitution d’une philosophie de l’art en tant que science. Autrement dit, il n’est pas évident de vouloir fonder une science de l’art dans cette diversité multiforme affectée d’un manque de cohérence et de concision adéquates à une bonne scientificité de l’œuvre d’art. D’où la nécessité d’une organisation et d’un classement rigoureux des productions artistiques afin qu’elles puissent prévaloir à un statut de création artistique. Ceci est une évidence pour toute œuvre humaine. Elle a besoin d’une unité rigoureusement dégagée pour être scientifique, accessible et appréhensible conformément aux fins auxquelles elle est destinée.
Outre cet obstacle, nous avons à examiner l’idée selon laquelle le beau artistique ne saurait être objet de science parce qu’étant le fruit de l’imagination, de l’intuition et du sentiment. C’est là ce que Hegel développe dans l’Introduction aux Leçons sur l’Esthétique. A l’argument contre un traitement scientifique de l’art selon lequel « l’art, dit-on, est le règne de l’apparence, de l’illusion, et ce que nous appelons beau pourrait tout aussi bien être qualifié d’apparent et d’illusoire »6, Hegel répond qu’effectivement rien n’est plus exact que de dire : « l’art crée des apparences et vit d’apparences »7
C’est que l’art a affaire à une apparence qui lui est propre, apparence qui « loin d’être quelque chose d’inessentiel, constitue, au contraire, un moment essentiel de l’essence »9.
C’est bien plutôt ce qu’on entend habituellement par réalité qui est illusoire puisqu’une telle réalité n’existe pas en soi et pour soi et qu’elle n’est par là qu’être périssable. Ainsi Hegel radicalise-t-il la distinction du paraître artistique et du sensible immédiat : tandis que « l’ensemble des objets extérieurs et les sensations qu’ils nous procurent » ne sont qu’« un monde d’illusions »10, c’est au contraire l’apparence que l’art produit qui est le vrai, c’est-à-dire ce qui est en soi et pour soi. Selon Hegel une telle idée représente un ensemble de déterminations qui configurent une approche décalée de la réalité artistique. Même si cette idée semble jouir d’une certaine autorité, il faut signaler quelle se rattache à l’opinion selon laquelle le réel en générale ou la vie est détruit dés qu’on cherche à l’appréhender par le moyen de la pensée conceptuelle. L’importance chez Hegel c’est le caractère universel de l’esprit qui appréhende tout par le moyen du concept car ce dernier représente l’unité qui résulte des déterminations particulières. On voit par là que l’œuvre artistique dans laquelle la pensée s’aliène d’elle-même fait parti du domaine du concept. C’est ainsi qu’à l’opposé de Kant, Hegel ne sépare l’art du concept. L’art serait par conséquent au service de l’Esprit universel.
L’universel comme fondement du concept de l’art
Pour pouvoir bien cerner le concept de l’art il faut selon Hegel partir de l’idée qui est l’universel c’est-à-dire l’en-soi et le pour-soi. Elle représente aux yeux de Hegel la base à partir de laquelle il faut commencer les choses puisque du particulier, on ne peut déduire le concept de la chose. C’est la raison pour laquelle l’universel, en tant qu’elle représente l’idée première, l’en-soi et le pour-soi, constitue le fondement ultime du concept de l’art c’est pourquoi elle n’est ni dérivé ni déduite d’objets particuliers.
Elle revêt dans ce sens le caractère d’une évidence au sens cartésien du mot dans la mesure où une fois qu’elle se dégage dans sa vérité et dans son unité, elle fonde plus qu’elle ne se fonde.
En d’autres termes, à partir de lui, on peut déduire des choses et non pas le contraire. Selon Hegel donc l’esprit universel se révèle à partir des productions artistiques donnant ainsi à l’art une nature spirituelle ainsi que l’affirme Hegel : « l’art et ses œuvres, en tant que jaillis de l’esprit et engendrés par lui, sont eux-mêmes de nature spirituelle »11.
Ces préalables ainsi établis, il nous reste à déterminer la conception fondamentale de l’esthétique de Hegel, une conception qui exclue le beau naturel de la sphère artistique.
De l’exclusion du beau naturel de l’art a la révélation de l’âme
C’est Hegel qui, au premier chapitre du volume 1 de son esthétique définit l’art dans ces termes : « la science du beau, plus précisément du beau artistique à l’exclusion du beau naturel »12. Il y a une sorte de limitation de l’objet de l’esthétique au beau artistique qui semble être paradoxal dans la mesure où, dans l’imaginaire populaire, nous avons l’habitude de parler du beau soleil, d’une belle couleur par exemples.
Ainsi, à partir de là, on a l’impression que non seulement la nature crée du beau, mais on peut ajouter sans risque de se tromper que le beau qui émane de la nature est supérieur au beau artistique qui ne serait qu’une copie du beau naturel. Cependant ceci n’est qu’un paradoxe apparent du fait simplement nous dit Hegel que le beau artistique est « supérieur au beau naturel parce qu’il est un produit de l’esprit »13.
Pour justifier cet argument Hegel part du postulat selon lequel l’esprit est supérieur à la nature et que par conséquent sa supériorité se communique à ses produits parmi lesquels nous avons celui de l’art. Il est allé même en poussant à son paroxysme cette idée jusqu’à affirmer que « la plus mauvaise idée qui traverse l’esprit d’un homme est meilleure et plus élevée que la plus grande production de la nature, et cela justement parce qu’elle participe de l’esprit et que le spirituel est supérieur au naturel »14.
L’on voit ici d’après cette conception que le beau naturel n’appartient non seulement pas à la sphère du beau artistique mais qu’elle ne peut prétendre au statut du beau qui relève du domaine spirituel.
Une conséquence logique ressort de cette affirmation hégélienne de la supériorité du beau artistique et celui naturel : c’est le rejet de la mimésis c’est-à-dire de la conception selon laquelle l’art a comme objectif l’imitation de la nature. Dans cette idée, l’artiste trouve dans la nature un modèle qui doit faire l’objet d’une copie ou d’une imitation. Dans ce sens, plus la copie se rapproche du modèle, plus elle prétend être belle.
En affirmant la supériorité du beau artistique sur celui de la nature, Hegel réfute suivant la même logique la conception de l’art comme imitation de la nature. Ainsi, il se fonde sur des reproches qui semblent balayer d’un revers de main cette conception remontant jusqu’à Aristote.
Selon Hegel, l’art comme imitation de la nature réduit l’activité artistique à une « occupation oiseuse et superflue »15. Il se pose ainsi la question de savoir « quel besoin avons-nous de revoir dans les tableaux ou sur la scène, des animaux des paysages ou des événements humains que nous connaissons déjà pour les avoir vu, pour les voir dans nos jardins, dans nos intérieurs, dans certains cas, pour en avoir entendu parler des personnes de connaissance ? »16
Dans un second reproche, Hegel considère cet acte d’imitation comme un « jeu présomptueux »17 dans la mesure où toute l’activité de l’artiste ne représente qu’une prétention à vouloir égaler la nature dans ses productions. Il affirme comme pour confirmer cet argument que quelque puissent être le talent de l’artiste et son profond souci de fidélité, il ne peut jamais égaler le modèle dont elle ne pourra donner qu’une représentation tronquée. Ce qui fait que l’activité d’imitation est vaine et stérile. Elle n’est qu’une simple présomption voire même une prétention aveugle car comme l’affirme Hegel lui-même : « l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et en fait lorsqu’il ne va pas au-delà d’une simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie »18. L’imitation de la nature ne peut produire qu’une “hérésie esthétique“ dans la mesure où l’art sur tous ses aspects est une transposition et non un reflet du réel. Il est donc la promotion et l’instauration d’un autre monde.
Ce qui fait que la beauté de l’œuvre d’art n’est pas la reproduction d’une valeur impliquée dans la nature, mais la création d’une valeur de beauté spécifique et originale.
Il peut apparaître dans une activité d’imitation que l’artiste cherche à montrer son habileté, sa capacité à pouvoir imiter Dieu ou la nature dans ses productions.
Cependant, ce n’est pour autant une raison suffisante pour que celle-ci puisse égaler son œuvre, puisque de la satisfaction née d’une imitation de la nature, découle immédiatement une grande déception. L’artiste perçoit immédiatement avec évidence tout l’écart qui existe entre sa production imparfaite et celle de dieu qui manifeste la perfection. Ainsi Hegel affirme : « d’une façon générale la joie que procure une imitation réussie ne peut être qu’une joie très relative car l’imitation de la nature,le contenu la matière sont des données qu’on a que de la peine à actualiser »19. Le degré de déception de l’artiste est corrélatif au degré de perfection qu’on retrouve dans une œuvre très bien imitée.
Au lieu donc de se réjouir d’avoir réussi une imitation d’un objet de la nature, l’homme en tant qu’artiste devrait plutôt se réjouir de produire quelque chose qui émane de sa véritable conception, de sa véritable créativité, une propriété qui provient de son esprit et non d’une copie.
C’est la seule possibilité pour l’artiste créateur de conférer à son œuvre une valeur, mais également de manifester la fierté, la dignité de l’homme et de la nature spirituelle du beau artistique.
Mieux vaut donc pour l’artiste d’avoir ses propres productions qui sont la marque de son esprit et de son talent propres que de vouloir rivaliser avec la nature qui est un « artifice sans valeur »20. Imiter la nature revient en somme ainsi que l’indique Hegel à mettre le souvenir à la base de la production. On prive ainsi l’art de son pouvoir d’exprimer le beau et à faire disparaître le beau objectif lui-même. C’est en effet la forme qui intéresse plus l’imitateur que le contenu, plus l’apparence du modèle que son être réel. Par conséquent on ignore en quoi ce apparaît comme étant dans l’art l’est véritablement. Autrement dit, on perd de vue le sens que l’art pourrait nous révéler sous cette forme. Et selon Hegel, c’est la satisfaction de l’âme qui est visée et non celle du souvenir par le rappel direct de la vie dans sa totalité.
Par ailleurs, si nous considérons avec Kant que le génie artistique est un don naturel qui donne des règles à l’art, ne pourrait-on pas réduire ses productions à celles de la nature ? De cette interrogation en découle une autre. Celle-là même qui exclurait le génie du beau artistique de par sa participation de la nature. Le génie serait donc une disposition innée qui donne aux oeuvres de l’originalité et une supériorité qui leur confère un statut particulier. S’il en est ainsi, on peut confirmer avec SERKI dans une étude qu’il a réservée à la théorie du génie21 que les productions du génie sont étroitement liées à la nature d’où elles tirent leur fécondité. Elles seraient dans ce sens inconscientes et éloigneraient comme la nature du beau esthétique en dépit du caractère autonome qu’elles présentent vis-à-vis des règles de la nature. Le génie ne dépasse donc pas la nature et Hegel affirmera que contrairement à la nature, l’œuvre d’art est un produit de l’esprit humain et non un produit mécanique. Elle n’est pas le résultat d’injonctions extérieures, « mais l’activité de l’esprit ne s’exerce pas à vide, d’après une détermination imposée : l’esprit trouve sa détermination en lui-même, n’obéit dans son travail qu’à lui-même »22
De cette réfutation du beau naturel de la sphère artistique, en découle une implication fondamentale qui porte sur la révélation du sens de l’art.
Il y a une conception célèbre selon laquelle l’art consiste à « révéler à l’âme tout ce qu’elle recèle de grand, de sublime de respectable et de vrai »23.
Ainsi donc, l’art serait selon Hegel un moyen de nous connaître et de nous rendre « capables de ressentir profondément ce qui se passe en nous-même »24. L’art a donc dans ce sens un pouvoir de représentation et d’évocation de la nature profonde de l’individu. Mais selon Hegel, il existe des conditions dans lesquelles le pouvoir d’action de l’art éveil en l’homme ce qu’il a de grand et de noble. Ainsi, en vertu de la nature ambivalente de l’homme doué du bien que du mal dans sa nature angélique et bestiale pour parler comme pascal, l’art pour révéler les profondeurs de l’âme ne doit pas se limitera un simple pouvoir expressif et formel.
Il doit au contraire s’interroger sur la valeur du contenu exprimé qui doit conformément à son rôle éveiller l’homme.
En effet, « l’art peut nous dit Hegel nous révéler à la hauteur de tout ce qui est noble, sublime et vrai, nous porter jusqu’à l’inspiration et à l’enthousiasme comme il peut nous plonger dans la sensualité la plus profonde, dans les passions les plus vastes, nous noyer dans une atmosphère de volupté et nous laisser désemparer, écraser par le jeu d’une imitation déchaînée, s’exerçant sans frein »25.
On pourrait tomber donc dans ce piége si l’on ne prend pas les précautions de bien cerner la valeur du contenu exprimé par l’œuvre d’art. C’est en dépassant le pouvoir purement formel que l’art pourra nous élever à la hauteur de ce qui est noble, sublime et grand.
Ainsi au lieu d’éveiller nos sentiments à propos de n’importe quel contenu, l’art devrait nous permettre de faire un choix conforme à la représentation de la grandeur humaine. C’est cela le but et la destination de l’art tel que conçu par Hegel. Au demeurant le contenu que l’art doit exprimer, Hegel le conçoit comme : « l’adoucissement de la barbarie en général »26. En d’autres termes il s’agit d’une sorte de moralisation de l’individu dans sa nature ambiguë. Mais une question nous interpelle dans ce sens c’est-à-dire, comment et par quel moyen l’art exerce-t-il ce travail d’adoucissement de la barbarie humaine ou comme se la pose Hegel lui-même : « d’où lui vient cette possibilité de discipliner les instincts, les penchants et les passions ? »27.
L’adoucissement de la barbarie humaine opérée par l’art par le moyen de ses représentations ne signifie pas ôter l’homme de cet animalité qui caractérise sa nature, il consistera à représenter à l’homme tous les passions et instincts qui veillent en lui. Autrement dit, on doit montrer par les représentations de l’art l’homme tel qu’il est avec tout ce qu’il y a de sauvage et d’animal en lui. C’est le tableau de la nature profonde de l’homme qui est ici peint. En dressant le tableau des passions, en montrant à l’homme aussi bien ce qui le plait que ce qui le dégoûte, l’art libère ainsi l’homme de ce sentiment.
Face aux représentations qui lui inspirent ce dégoût, l’homme cherche tous les moyens de s’en libérer poussant Hegel d’affirmer dans cette logique qu’ « en se bornant à dérouler le tableau des passions, l’art alors même qu’il les flatte, le fait pour montrer à l’homme ce qu’il est, pour l’en rendre conscient. C’est déjà en cela que consiste son action adoucissante, car il met ainsi l’homme en présence de ses instincts comme s’ils étaient en dehors de lui, et lui confère de ce fait une certaine liberté à leur égard »28. A l’instar donc de la psychanalyse de Freud, l’art dans ce pouvoir d’éveil de l’âme manifeste ici sa dimension cathartique, celle-la même par laquelle les passions dans leur sens négatif « perdent leur force du fait même qu’elles sont devenues objet de représentation, objet tout court »29.
Les passions se trouvent donc domestiquées affaiblies par le moyen de la représentation artistique. Elles perdent ainsi leur intensité, leur caractère étranger et rebelle pour s’offrir à notre libre jugement. Il en est de même par exemple pour la douleur. Avec cette dernière, nous avons la possibilité de pleurer afin d’obtenir un sentiment de soulagement, un réconfort par rapport à un malaise qui nous accable. Les larmes seraient dans ce sens source de consolation. La représentation artistique peut dans cette perspective être considérée comme un moyen de libération et d’éclatement du sentiment qui se trouve à l’état de concentration .Il y a donc comme une sorte de détente qui se manifeste pour permettre une déconcentration du sentiment et la libération de l’âme à son égard .C’est dans ce sens précisément que réside l’importance voire même la nécessité de retrouver le calme et la sérénité par rapport aux circonstances existentielles qui jalonnent fatalement notre vie de tous les jours. C’est par là que la représentation opérée par l’art nous oriente vers un contenu éducatif accessible sous la forme d’un enseignement moral.
L’art selon Hegel détient une fonction, morale qui aide l’esprit et l’âme à lutter contre les passions. IL doit dans ce sens donc « contenir quelque chose d’élevée à quoi soient subordonnés penchants et passions, il doit émaner de lui une action morale susceptible d’encourager l’esprit et l’âme dans la lutte contre les passions »30.
La fonction moralisatrice de l’art telle que appréhendée par Hegel n’est pas (du point vue de la représentation) un simple ornement destiné à agrémenter un enseignement abstrait mais elle évoque un contenu riche d’enseignement qui est l’unité du fond et de la forme figurée. La morale artistique si l’on veut ou l’enseignement moral de l’art si l’on préfère est tirée de la volonté générale. Ainsi elle célèbre dans ce sens la victoire décisive de celle-ci sur la volonté particulière naturelle. Cette dernière, en tant que réalité finie et limitée est inadéquate au beau artistique qui est l’expression de l’esprit universel et absolu
Cette réalité particulière et finie des choses inadéquate au caractère absolu de l’art sera mieux cernée dans la conception fondamentale de l’art en tant qu’individualité concrète.
L’art est une individualité concrète
L’art une émanation de l’idée absolue. Il est la représentation sensible du beau. C’est l’idée qui exprime le contenu de l’art accessible sous une forme concrète et sensible. Son rôle consiste à concilier l’idée et sa représentation sensible. Mais selon Hegel, pour que cette conciliation soit effective, il faut impérativement que le contenu exprimé soit En portant sur des contenus réels, l’art représente quelque chose typiquement réelle qui relève du concret. L’unité de l’art est constituée par la réalité concrète du contenu et de sa représentation. C’est pourquoi, la beauté n’est pas une abstraction de l’entendement mais le concept absolu en soi. Elle représente l’esprit universel qui est ni limité ni particulier.
Et c’est cet esprit universel, infini et absolu qui détermine le vrai dans son essence. Le beau est selon Hegel l’unité immédiate du concept et de la réalité dans une manifestation réelle et sensible. Mais on peut se poser la question de savoir comment le concept se réalise-t-il dans la nature pour devenir idée. La véritable nature du concept exige une bonne gestion des différences particulières. Ces dernières doivent être intégrées au sein d’une seule et même unité, dans un tout qui, tout en acceptant cette réalité disparate détermine leur indépendance en cherchant petit à petit à les anéantir. IL s’agit de les réduire en une unité subjective, idéelle en les dotant pour ainsi dire d’une âme. C’est ainsi que ces particularités qui tout au début étaient disparates, juxtaposées sont devenues des membres qui acquirent une unité idéelle c’est-à-dire une existence véritable. Et Hegel dira à ce propos que « c’est seulement dans cette articulation organique que se trouve réalisée l’unité conceptuelle, idéelle, porteur et âme immanente des membres, et le concept lui- même, au lieu de rester plongé dans la réalité, se présente comme leur identité et universalité interne, conformément à son essence et à sa nature »31.
Selon Hegel, c’est dans le concept que se réalise donc l’unité des déterminations particulières d’une réalité. Cette unité comme nous venons de le voir représente l’ensemble des déterminations sous la forme d’une unité et d’une universalité qui lui donne le caractère de subjectivité qui le différentie du réel concret.
Le particulier peut être considéré comme un effet de différentiation de l’universel. Les déterminations prises isolément représentent une abstraction inadéquate dans son objectivité. C’est dans le concept que se réalise leur unité idéelle. C’est pourquoi on pourrait considérer le concept comme une autodétermination et non une limitation. Puisqu’en se niant, il garde son unité affirmative.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PLACE ET NECESSITE DE L’ESTHETIQUE DANS LA REALISATION DE L’IDEE ABSOLUE
I. L’IDEE D’UNE SCIENCE DE L’ART CHEZ HEGEL
I.1. Les objections contre la science de l’art
I.2. L’universel comme fondement du concept de l’art
I.3. De l’exclusion du beau naturel de l’art a la révélation de l’âme
I.4. L’art est une individualité concrète
I.5. L’activité de l’artiste
II. LES FORMES D’EXPRESSION DE L’ESPRIT ABSOLU DANS L’ESTHETHIQUE DE HEGEL
II.1.L’ étape du beau artistique
II.2. La conscience religieuse dans l’esthétique de HEGEL
II.3. La philosophie
DEUXIEME PARTIE : LA THEORIE HEGELIENNE DE L’ART
I. LA SITUATION DE L’ART DANS LA LOGIQUE DE L’ETRE
I.1.L’apparence réhabilitée dans l’art
I.2. La vérité de l’art dans l’esthétique de HEGEL
I.3.L’oeuvre d’art dans l’esthétique de HEGEL
II. LA RUPTURE AVEC KANT
II.1. La conception Kantienne de l’esthétique
II.2. Le jugement du beau dans l’esthétique de KANT
II.3. Le monde de l’art dans l’esthétique Hégélienne
TROISIEME PARTIE ; L’IDEAL DE L’ART DANS L’ESTHETIQUE DE HEGEL
I. L’IDEE DU BEAU ARTISTIQUE
I.1. L’idée et la forme dans l’esthétique de Hegel
I. 2. La dialectique des formes dans l’esthétique de Hegel
I. 3. Les arts particuliers ou la formation du beau artistique
I.4. Contre verses autour de la mort de l’art dans l’esthétique de HEGEL……..
II. REALISATION DE L’IDEAL DANS L’ESTHTIQUE DE HEGEL
II. 1. Les limites du beau naturel
II.2. L’art au-delà du désir
II.3. L’art est une expression des besoins spirituels
II.4. La sérénité l’idéal
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE