La nostalgie est un sentiment de désir pour une période du passé (Sedikides & Wildschut, 2017). Selon Davalos, Merchant, Rose, Lessley et Teredesai (2015), elle serait liée à une préférence pour une époque antérieure (Hollbrook & Schindler, 1991). De plus, ce sentiment possède des propriétés profondément identitaires, sociales et affectives (Sedikides et al., 2017). li est pertinent d’étudier la nostalgie chez les personnes âgées, puisqu’elles possèdent une longue histoire de vie et elles peuvent également se référer à une vaste gamme de souvenirs.
Le contenu nostalgique peut être principalement composé d’émotions positives (Wildschut, Sedikides, Arndt, & Routledge, 2006), d’émotions désagréables (Belk, 1990) ou d’un mélange des deux (Holak & Havlena, 1998). Par ailleurs, ce sentiment social serait vécu au moins une fois par semaine par 79 % des personnes (Wildschut, Stephan, Sedikides, Routledge, & Arndt, 2008; cité dans Sedikides, Wildschut, Arndt, & Routledge, 2008). Au cours de la vie d’un individu, la nostalgie peut se présenter environ trois fois par semaine (Cheung, Sedikides, & Wildschut, 2017). De plus, elle est vécue chez toutes les tranches d’âges (Batcho, 1995; Zhou, Sedikides, Wildschut, & Gao, 2008; cités dans Sedikides, Cheung, Wildschut, Hepper, Baldursson, & Pedersen, 2017) et par la plupart des humains (Boym, 2002; cité dans Sedikides et al., 2016). Plusieurs études indiquent la présence de caractéristiques communes universelles liées à la nostalgie, au sein de 18 cultures et cinq continents (Hepper et al., 2014; Luo, Liu, Cai, Wildschut, & Sedikides, 2016). Ces nombreux éléments sont explorés au cours du contexte théorique et contribuent à la pertinence d’étudier le sujet.
L’Odyssée d’Ulysse a été l’inspiration derrière les premières manifestations associées à la nostalgie (Homer, 1921). li s’agit d’une épopée de la Grèce antique, par l’aède Homère, vers le VIlle siècle avant Jésus-Christ. Dans cette aventure qui dura de nombreuses années, le roi d’Ithaque nommé Ulysse (Odysseus) participa à une série d’épreuves, dont la guerre de Troie. Face à un long voyage chargé de défis et péripéties, le héros éprouva un désir de retour vers son lieu d’origine afin d’y retrouver ses proches (Homer, 1921). Austin (2010) suggère que ce mélange d’émotions lui donna la détermination d’atteindre sa destination du royaume d’Ithaque. Dans cette histoire, la nostalgie y est présentée comme étant une ressource face à l’adversité.
Les fondations de la nostalgie
En 1688, un médecin SUIsse nommé Johannes Rofer a été le premier à décrire le phénomène de la nostalgie (Sedikides et al., 2017). À ce moment, le sentiment était plutôt présenté comme étant une maladie. Rofer a observé chez plusieurs mercenaires suisses qui étaient en Italie et en France, qu’ils souffraient de symptômes associés à un désir de « retour à la maison » (Rofer, 1934; cité dans Nikelly, 2004). En plus de tenir compte des différents facteurs de stress psychologiques, environnementaux et sociaux reliés à la situation, la douleur était caractérisée par différentes manifestations comme des plaintes somatiques, une humeur basse, des palpitations cardiaques irrégulières, un manque d’énergie, des difficultés de sommeil, une perte d’appétit, de l’anxiété, des faiblesses, de la stupeur et de la fièvre (McCann, 1941; cité dans Routledge et al., 2013). Hofer a suggéré que cette nostalgie était une maladie cérébrale reliée à des causes essentiellement démoniaques. Selon lui, il y avait une présence de vibrations d’esprits animales associées à la patrie, dans les fibres du cerveau (Sedikides, Wildschut, Routledge, Arndt, Hepper, & Zhou, 2015).
Lorsque les soldats étaient de retour chez eux ou qu’ils étaient informés qu’ils allaient pouvoir bientôt retourner à la maison, leurs symptômes disparaissaient (Sedikides et al., 2015). Cependant, lorsque les gens devaient être exposés à une nostalgie constante et incessante, cela pouvait causer la folie ou même provoquer la mort (Rosen, 1975; cité dans Nikelly, 2004). Il était possible de croire que cette souffrance accompagnant la nostalgie était liée à une coupure imposée avec des objets significatifs comme le lieu de naissance, la famille, les amis et les proches qui y étaient associés (Nikelly, 2004). Plusieurs auteurs se sont aussi inspirés des travaux initiaux d’Hofer, dont Bolzinger qui s’est intéressé à l’historique du concept de nostalgie (Bolzinger, 2003).
Au cours des derniers siècles précédents, la nostalgie a été décrite comme un trouble neurologique du cerveau (Davis, 1979). Par exemple, le médecin suisse J. J. Scheuchzer (1672-1733) a suggéré que puisque les mercenaires suisses partaient d’un endroit montagneux vers des plaines, ils auraient pu être influencés par des changements de pression atmosphérique provoquant des symptômes pathologiques (Davis, 1979). D’autres chercheurs croyaient aussi que la cause de ces symptômes était possiblement due au son des cloches à vache qui étaient entendus au travers des Alpes et qui auraient pu causer des dommages aux tympans et cerveaux des militaires (Davis, 1979).
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