LES FIGURES DES PUBLICS DESTINATAIRES AU SEIN DES SITES INTERNET
Un théâtre de programmation « classique » : la « Comédie française », analyse et interprétations
La scène englobante du site « comedie-francaise.fr »
La scène englobante de la « Comédie française » correspond à celle du discours des institutions culturelles. La « Comédie française » est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) donc un théâtre national subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication. Il est l’un des théâtres de référence de la scène française surtout reconnu historiquement de par sa programmation des classiques de la dramaturgie française. La « Comédie française » dispose d’une troupe, d’une académie, d’une bibliothèque et de trois salles de théâtre. L’une des caractéristiques saillantes de la portée de ce théâtre sur la page d’accueil est notamment le logo de la « Comédie française », transformé en 2015 qui met en valeur les trois salles « Richelieu », « Vieux Colombier » et le « Studio ».Ces salles se situent au centre de Paris dans les 1er et 6ème arrondissements. Elles ont été construites au fur et à mesure, la « Salle Richelieu » étant la plus ancienne car elle existe depuis 1680. La salle du « Vieux-Colombier » a été ré-ouverte en 1993 comme une salle moderne, décrite comme un « refus du décor de la machinerie, de l’accessoire afin de privilégier l’œuvre et l’auteur » (tiré du site internet comedie-française.fr). La plus récente, « Studio » a ouvert ses portes en 1996 « son nom, le Studio-Théâtre, est une référence au premier Studio du Théâtre d’Art de Moscou voulu par Stanislavski en 1912 » le lieu cherche une chose intime en allant droit au cœur des spectateurs » (tiré du site internet comediefrançaise.fr). Ici il est important de souligner les rapports entre l’architecture d’une salle de théâtre et le public. Pour la « Comédie française » il s’agit, semble-t-il, d’un aspect important au moment de représenter les publics. D’ailleurs, la plupart des pièces représentées à la comédie française sont d’auteurs de référence français comme Molière, Racine, Corneille130 . Concernant la différenciation et l’intégration sémantiques, étant donné qu’il s’agit d’un site internet d’une institution culturelle, qui appartient à la famille des sites des théâtres nationaux et publics de France, ainsi qu’au réseau des sites de programmation théâtrale de la région parisienne, le site internet de la « Comédie française » permet la consultation de la programmation théâtrale des trois salles en fonctionnement131 ainsi que l’accès à la programmation d’autres lieux sur des projets en partenariat, comme le « Théâtre de l’Odéon » et le « Théâtre Antoine ». De plus, on y a accès aux parcours des tournées de la troupe et à des matériaux audiovisuels produits par le théâtre :a programmation est de même divisée par type d’activité, d’une part les spectacles (la plupart) et d’autre part, les séries, rencontres et évènements. Dans la partie « séries, rencontres, événements » convergent des activités qui engagent différents acteurs de l’institution du théâtre avec le public. Par exemple, « L’école d’acteur » est un entretien dirigé par Olivier Barrot et un acteur invité par la Comédie afin de parler de la théorie de la pratique du comédien ; « Le grenier des acteurs » est une rencontre entre public et comédien pour faire connaître son travail d’écriture ; pour « Le grenier de poètes », , un comédien partage avec le public une heure de poésie ; pour « Le grenier de maîtres », cela peut être un metteur en scène, un costumier et un scénographe qui se retrouvent avec le public ; « Des journées particulières » consistent en des rencontres entre la conservatricearchiviste de la « Comédie française » Agathe Sanjuan et le public, il s’agit ici, par exemple, de s’intéresser aux pratiques antérieures des spectateurs par rapport à celles d’aujourd’hui : « Le cycle des Journées particulières propose de prendre place dans la machine à remonter le temps du Répertoire et d’examiner les pratiques du spectateur d’avant : comment arrivait-on au théâtre ? À quelle heure ? Quelle était l’affluence du public ? Dans quelles dispositions d’écoute se trouvait-il en fonction du contexte historique ? Quelle fut la carrière de ces pièces qui jouaient la complémentarité et qui aujourd’hui ne sont plus jamais données ? […] C’est à la découverte de ce bien précieux que ces Journées invitent le public d’aujourd’hui » (tiré du site internet comedie-française.fr). D’après ces activités on observe l’intention de créer un exercice de réflexion sur la pratique du public spectateur. Enfin, « le bureau des lecteurs », consiste en la lecture par la troupe de pièces qui, potentiellement, peuvent entrer dans le répertoire de la comédie, ici l’enjeu avec le public est valorisé car : « Au terme de chacun des trois cycles de lectures publiques proposés cette saison, un groupe de spectateurs engagés – ayant assisté à l’ensemble des présentations – vote pour son coup de cœur. Ce choix nourrit la réflexion de l’Administrateur sur la programmation de textes d’auteurs vivant à la Comédie-Française » (tiré du site internet comedie-française.fr). Ici on fait une distinction entre des spectateurs tout court et des spectateurs engagés, définis comme ceux qui assistent, voire des fidèles. Ces derniers sont privilégiés par le théâtre, leurs paroles sont écoutées et d’eux dépend qu’un auteur soit intégré ou non au répertoire de la « Comédie française ». En bref, leurs avis, leurs choix, leurs pratiques de lecture comptent pour le répertoire de ce théâtre, cela vise notamment un public de théâtre.
La scène générique du site « comedie-francaise.fr »
La scène générique du site internet de la « Comédie française » est un dispositif numérique composé d’un réseau complexe de pages liées entre elles par des liens qui constituent ensemble une scène générique à visées multiples. Dans le cas de la « Comédie française » fondamentalement, ce site sert d’accès à la programmation des spectacles, c’est à dire à la vente de billets, ainsi que de lieu de communication institutionnelle car dans diverses rubriques les activités du théâtre sont mises en valeur, de même que les rapports avec des acteurs institutionnels spécifiques comme la presse, les entreprises et les acteurs scolaires. Ainsi, le site sert à la consultation des données documentaires concernant l’histoire de la « Comédie française ». Les principales finalités de ce site sont donc de rendre visible la programmation pour transformer l’usager en spectateur, ainsi que rendre visible la valeur patrimoniale de la « Comédie française » à l’égard des entreprises de mécénat, du Ministère de la culture et des particuliers qui soutiennent financièrement ses activités . Les contenus thématiques du site internet de la « Comédie française » se divisent en rubriques principales, méta-informations, et dans le cas de la programmation par salle et par type d’activités : – Les rubriques : sont présentes sur un menu principal répliqué sur toutes les pages divisé en « saison + année », « calendrier », « billetterie/réservations », « la troupe » ; « la Comédie-Française aujourd’hui », « histoire et patrimoine ». Ce menu est souligné par la couleur rouge. – Les méta-informations : ces informations apparaissent dans une barre à la fin de chaque page, contenant les numéros de téléphone des contacts, les rubriques « contacts », « informations pratiques », « plan du site », « accessibilité », « mentions légales/crédits ».- Les salles et les activités : concernant la rubrique de programmation, celle qui nous intéresse, les spectacles sont divisés par salles ou types d’évènements, soit spectacles, soit séries, rencontres et événements détaillés précédemment. Il conviendrait de dire, qu’à la différence d’autres sites internet de théâtres, la rubrique programmation n’est pas celle qui possède les contenus les plus denses, dans ce cas, c’est la rubrique « histoire et patrimoine » qui renferme le plus d’informations car elle contient les archives de la « Comédie Française », l’histoire, les saisons passées, etc. Par ailleurs, concernant les circonstances, il s’agit d’un site internet auquel on peut accéder de n’importe où, cependant la programmation est reliée à l’une des trois salles de la « Comédie française » qui se trouvent à Paris. Dans ce cas donc, le destinataire n’est plus restreint à la région parisienne. Par rapport aux rôles nous avons vu qu’ils ne sont pas stables et se configurent différemment en fonction des rubriques. Or les relations que le site établit avec le destinataire sont unidirectionnelles, autrement dit, les destinataires n’ont pas d’espace pour ajouter du contenu ni modifier le contenu des rubriques sur le site. Cependant, les dynamiques de participation émigrent vers les réseaux sociaux numériques. Sur Twitter et Facebook, par exemple, les usagers qui étaient spectateurs de l’une des œuvres de la « Comédie française » donnent leur avis ainsi :Le premier tweet est celui d’un spectateur qui a déjà vu une fois le spectacle « Un fil à la patte ». Son Tweet est adressé à l’un des comédiens cité par un arrobas ainsi que par son appellation directe au moyen du pronom personnel de la 2ème personne du singulier, @ChristianHecq, tu es un génie ! Le deuxième tweet est une critique concernant la mise en scène adressée au metteur en scène sans le mentionner : La m.e.s. de J. Dechamps manque d’imagination et est suivie d’une critique à l’égard de l’un des comédiens dont le nom est mentionné : un Hecq flamboyant mais qui parfois en fait trop. Le dernier tweet, est un commentaire du spectacle de la « Comédie française » et fait mention de ce même comédien par l’usage de l’arrobas un fil à la patte à la @ComedieFr est jubilatoire et hilarant !!! @ChristianHecq est phénoménal !!! (On a hâte de le revoir en Nonancourt). Dans ce dernier cas l’utilisatrice est une spectatrice et en plus de faire une critique du spectacle, elle reconnaît le comédien dans le personnage de Nonancourt dans Un chapeau de paille d’Italie, un autre spectacle proposé dans la programmation de la « Comédie française ». Sur ces tweets apparaissent des spectateurs qui connaissent le metteur en scène ainsi que les comédiens, en particulier l’un d’entre eux, Christian Hecq. Le spectateur apparaît ainsi comme un public fidèle de la « Comédie française » qui connaît la programmation et les comédiens. Il figure un spectateur critique des différents aspects du spectacle à travers des phrases qualificatives 223 simples comme par exemple, [le metteur en scène] manque d’imagination ; [nom du comédien] flamboyant mais qui parfois en fait trop ; [Prénom et nom du comédien] est phénoménal ; [Titre du spectacle] est jubilatoire et hilarant.