Les femmes, le travail et le développement Quel état des lieux en Algérie
Rétrospective sur le développement et l’emploi en Algérie
Cette contribution a pour objet de mettre en relief les tendances caractérisant la situation vécue par les femmes en Algérie à différents niveaux – notamment économique et social. Elle va dans le sens de la mise en perspective des effets du rapport croissance / développement humain, à travers la problématique du travail des femmes en Algérie, sur la question du bien-être de la famille dans les rapports hommes/ femmes. En d‟autres termes, il s‟agit d‟une relecture de la croissance par l‟intégration du genre dans l‟analyse du rapport croissance / développement humain. L‟objet de ce développement n‟est pas d‟analyser l‟évolution du marché du travail et de l‟emploi des femmes en Algérie mais d‟une relecture de cette évolution à travers une nouvelle conceptualisation. Le travail et l‟emploi des femmes ne peuvent être analysés sur la base du concept du “ salariat féminin ”, ni à travers une problématique globale du développement et de l‟emploi.
Ce type d‟approche est réducteur de la notion du travail marchand : formel sous la forme salariée et informel sous sa forme marchande plurielle. D‟autre part, il occulte le travail informel non marchand [Boufenik-Elaidi, 2000]. Le salariat, en tant que forme de travail, en particulier des femmes en Algérie, permet-il, en tant que concept, de refléter le vécu et la représentation du travail d‟une catégorie sociale que sont les femmes ? Un tel changement de perspective n‟est pas sans effet sur la représentation de la place et des attentes des femmes dans le développement humain. De là découlent une nouvelle perception du statut des femmes et un nouveau et incontournable critère d‟évaluation pour un acteur social dont le rôle a été et demeure sous analysé, donc sous-évalué, en raison des représentations dominantes – y compris celles relatives aux problématiques et approches théoriques comme dans le cas du travail domestique notamment.
le travail féminin : l’apport de l’intégration du genre dans l’analyse
Les analyses rétrospectives sur l‟abondante littérature disponible approchent l‟emploi et le travail en plaçant au centre de cette question la notion de “ crise multidimensionnelle ”. Nous nous sommes interrogées, dans le second chapitre de ce travail, sur la capacité du concept central de cette problématique, à savoir le “ salariat ”. Le salariat, comme concept des rapports marchands, est Ŕ il en mesure de rendre compte des formes plurielles du travail des femmes dont la dimension du travail non marchand, de leur intégration au développement à travers l‟amélioration de leurs conditions socioéconomiques et leur apport au bien-être social de la famille. Rappelons que le taux d‟activité, pour le Recensement Général de la Population et de l‟Habitat (RGPH) de 1977, devait rendre compte de l‟absorption de la main-d‟œuvre par le processus d‟industrialisation à travers la stratégie dite des “ industries industrialisantes ” [Destanne de Bernis, 1969]. Il a été ainsi utilisé comme indicateur global du degré d‟extension du salariat au sens large du terme. Cet indicateur aborde le salariat comme principal, pour ne pas dire unique, activité marchande.
Ce qui reproduit la naturalité de l‟activité marchande comme activité principalement masculine au nom de la neutralité de l‟agent économique comme neutre et non sexué. Par ailleurs, l‟introduction de notions comme celles de “ Femme au foyer partiellement occupée ” (FPO, 1977), “ Autres inactifs ” (1987) et “ Travailleurs à domiciles ” (TD, 1989) ne s‟inscrit certainement pas dans le cadre d‟une compréhension profonde du travail des femmes. Elle a plutôt pour motivation de cerner une forme de travail à caractère marchande, à savoir le travail informel, mis à nu et exploitable dans une telle conjoncture de crise. Rappelons, également, que les approches concernant l‟activité des femmes en Algérie mettent l‟accent sur la faiblesse de l‟activité féminine, la féminisation différentielle de certains secteurs (éducation, santé, administration, etc.), le degré d‟urbanisation, la situation matrimoniale, le niveau d‟instruction et, avec les Enquêtes sur la Main-d‟œuvre Démographie (M.O.D.), c‟est-à-dire depuis 1989, la dominance du travail des femmes parmi les travailleurs à domicile (TD).