La manifestation constatée des innovations technologiques auxquelles doivent faire face les firmes n’est pas un phénomène nouveau, puisque l’innovation semble être une constante dans la vie des entreprises. En effet, le rythme du progrès technique s’accélère et chaque jour nous apporte de nouveaux produits, de nouveaux procédés, dans le domaine professionnel mais aussi dans la vie domestique et familiale.
Ce thème a d’ailleurs attiré l’attention de nombreux chercheurs en science de gestion tout au long de ces dernières décennies (Brown et Eisenhardt, 1995 ; O’Reilly et Tushman, 2004; Le Masson et al., 2013). Chacun prenant en considération des caractéristiques différentes pour l’appréhender, ils ont tous permis, à leur façon, de comprendre plus qu’avant les éléments déterminants de ce concept. Parmi ces derniers, un certain nombre de recherches ont fait apparaître l’aspect collaboratif de l’innovation comme étant un facteur pouvant engendrer plus de facilité dans le processus de production (Doz et Hamel, 1998 ; Zaheer et al., 2006). D’autres ont permis d’élaborer un lien entre l’innovation dans l’organisation et son environnement externe.
Effectivement, si l’on observe la naissance et le développement de l’industrie depuis deux siècles, il ne fait pas de doute que les ressources matérielles et notamment les matières premières, charbon, minerai de fer, houille blanche…ont dicté l’implantation des principaux sites de production.
Depuis la dernière guerre et notamment depuis une trentaine d’années, lorsque l’information en elle-même est devenue matière première, les ressources humaines ont pris le pas sur les matières premières et la réflexion axiologique devient une ressource centrale pour l’organisation (Mercier, 2000). De ce fait, l’entreprise s’implante et se développe dans des zones particulières où la densité de chercheurs, ingénieurs, enseignants ou main d’œuvre qualifiée devient plus importante et joue le rôle d’aimant. Le développement récent de l’économie nous montre, également, qu’il existe des rassemblements spontanés de ressources, des zones privilégiées où se rencontrent des chercheurs, des créateurs d’entreprises, des universitaires, des innovateurs, des financiers, disponibles pour travailler ensemble et que ces régions sont devenues des phares dans le domaine de l’innovation et de la technologie.
L’étude de ce concept n’est pas dépourvue d’attention puisque la confiance, de manière globale, représente un facteur essentiel du monde social et économique aussi bien pour le comportement des individus que pour celui des organisations. Il constitue souvent le socle des échanges entre les entreprises et son absence pourrait avoir des impacts importants sur les relations économiques. D’autant plus que l’établissement d’une relation de confiance est une source universelle qui anticipe les échanges ultérieurs, réduit l’incertitude et les coûts de transaction et crée des structures sociales entre les individus et les organisations.
Une revue de littérature puisant à la fois dans les théories du réseau d’innovation et dans des perspectives plus stratégiques, nous permet de recueillir un ensemble de critères d’analyse de la confiance inter-organisationnelle afin de construire un ensemble d’éléments susceptibles d’expliquer ce sujet. Cet enrichissement de notre état de l’art conduit à poser plus clairement à la fois le contour de ces variables et les possibilités des relations entre elles.
L’entreprise de production industrielle est un facteur essentiel d’expansion économique pour la France : elle constitue son origine principale d’innovation (90 % des dépenses de R&D) et de compétitivité (80 % des exportations) . Mais cette économie hexagonale est entrée depuis une vingtaine d’années dans une période de mutations importantes. Son secteur d’industrie a perdu depuis 1978 1,5 millions d’emplois , de plus, il est confronté à une rivalité puissante par les prix dans les domaines à forte pression de main d’œuvre ainsi qu’à une concurrence importante dans l’ensemble d’activités à intensité technologique solide. A cela s’ajoutent le développement de l’économie de la connaissance et l’émergence de nouveaux compétiteurs notamment les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dont le poids modifie a lui seul les conditions des marchés et renforce la course à l’innovation.
En conséquence, l’objectif actuel de l’économie française est de tenir la tête hors de l’eau jusqu’au moment où les eaux du torrent qui emportent se calmeront. En économie, tenir la tête hors de l’eau s’écrit « compétitivité ». Cela nécessite, pour être atteint, de disposer non seulement d’une base industrielle mais aussi d’une capacité à articuler les moyens technologiques et les moyens industriels. Donc, améliorer la position de la France suppose une politique ambitieuse d’investissement dans le savoir reposant sur un effort financier de la part des acteurs privés et publics dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la recherche et du développement (R&D) et de l’innovation.
Cette politique s’inscrit dans les règles fixées par les sommets européens de Lisbonne et de Göteborg, réaffirmées au Conseil Européen de Bruxelles les 22 et 23 mars 2005, plaçant la recherche et l’innovation au centre de la stratégie de croissance durable et de création d’emplois en Europe pour la période 2007-2013.
Dans une optique similaire, Louis Gallois préconise dans son rapport (2012) d’intensifier et d’accélérer la collaboration entre les différents acteurs (structures publiques de recherche, entreprises, grands groupes, entreprises de taille intermédiaire, entreprises innovantes) et le transfert de la recherche vers l’innovation et ses applications industrielles.
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