Les entités en analyse criminelle

Les entités en analyse criminelle

Catégories et réalisations linguistiques correspondantes

Déterminer les catégories d’entités intéressantes pour l’analyse criminelle s’est fait en concertation avec les analystes du SCRC. Parmi les entités qu’ils manipulent, certaines le sont dans toutes les affaires, et ce sont ces entités que nous avons considérées comme prioritaires : il s’agit des numéros de téléphone, des dates, des personnes, des véhicules et des lieux. Il n’est pas forcément souhaitable qu’un système de détection d’entités nommées pour l’analyse criminelle cherche à couvrir toutes les entités d’une procédure judiciaire, en premier lieu parce qu’une telle volonté de catalogage est peine perdue, et que tout détecter revient à ne plus rien trier et donc à remettre l’analyste sous le même volume de données que l’on cherchait initialement à organiser. De plus, si certaines entités se rencontrent dans toutes les affaires (les personnes, les dates et les lieux au minimum, si l’on admet une affaire criminelle comme le résultat d’une activité humaine inscrite dans le temps et dans l’espace), ce n’est pas le cas de toutes les entités pour autant, et l’importance de certaines varie selon le type d’affaire considéré.

Par exemple, dans les affaires de criminalité en réseau du type trafic de stupéfiants, l’analyse des communications téléphoniques sert pour reconstruire la structure hiérarchique du réseau, ce qui ne sera pas nécessairement aussi utile dans des affaires de type homicide. Parmi les exemples tirés de la littérature concernant la détection d’entités criminelles présentées à la section 2.3 du chapitre III, on remarque que plusieurs références comptaient des catégories « divers », « choses » ou « objets ». Il semble particulièrement difficile de délimiter conceptuellement ce type de catégorie, qui peut recouvrir d’autres types d’entités : un objet du quotidien peut être employé comme une arme, par exemple, ce qui est d’autant plus parlant quand on considère le concept légal d’arme par destination, précisé à l’article 132-75 du Code pénal 1 : Est une arme tout objet conçu pour tuer ou blesser. Tout autre objet susceptible de présenter un danger pour les personnes est assimilé à une arme dès lors qu’il est utilisé pour tuer, blesser ou menacer ou qu’il est destiné, par celui qui en est porteur, à tuer, blesser ou menacer. Une voiture, une batte de base-ball ou encore un marteau sont des objets qui peuvent faire office d’arme par destination bien qu’il ne s’agisse pas de leur usage initial. Réciproquement, la catégorie « arme » est tout aussi difficile à définir. Nous concentrerons donc nos recherches sur les cinq types d’entités que nous avons énoncés plus haut.

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À cette fin, nous avons lu le corpus intégralement, puis la collecte des exemples s’est appuyée sur le logiciel de textométrie TXM (HEIDEN et al., 2010), qui permet de réaliser des recherches plein texte et des concordances textuelles. Pour rappel, à l’issue du chapitre II, nous avons resserré notre étude sur les auditions de témoins. Nous disposons donc d’un corpus composé de 370 auditions de témoins, totalisant environ 600 000 mots, sur lequel nous baserons nos expérimentations.

Description des entités

Dans le chapitre précédent, nous avons établi que notre recherche concernait la gestion textuelle des entités criminelles, c’est-à-dire les formes textuelles des entités criminelles. On évoquera donc à partir de maintenant des entités criminelles textuelles. Dans les sous-parties suivantes, nous examinons chaque type d’entité retenu en les illustrant à l’aide d’exemples tirés du corpus. L’objectif est de recueillir les réalisations linguistiques qui peuvent tomber sous les titres des catégories d’entités, et ainsi de comprendre les spécificités des entités criminelles textuelles dans les auditions de témoins.

Numéros de téléphone

Les numéros de téléphones dans les auditions de témoins figurent dans la partie de renseignements d’état-civil, et parfois dans le corps même de l’audition, par exemple si l’on demande à un témoin de fournir des numéros de téléphone de son entourage. 82 Chapitre IV. Les entités en analyse criminelle Concrètement, un numéro de téléphone correspond à une suite arbitraire de chiffres. En France métropolitaine, il s’agit d’une suite de cinq paires de chiffres, la première paire marquant l’origine géographique ou le type de ligne attribuée (01, 02, 03, 04, 05 pour l’origine géographique, 06, 07, 08, 09 pour les types de lignes). À ceci s’ajoute les indicatifs spéciaux pour les DOM-TOM (0590, 0596, 0594, 0262, 687) 2 . Des numéros de téléphone étrangers peuvent également figurer dans la procédure (sur les factures détaillées) et dans les auditions (affaires frontalières, témoins résidant habituellement à l’étranger). Dans ce cas, les numéros de téléphone ne correspondent pas au modèle du plan de numérotation français, et s’ils figurent en procédure, sont agrémentés de leur indicatif international.

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