Les enjeux du bassin de rétention de PITARKI

La recharge des nappes phréatiques

Le département de Linguère reçoit annuellement de faibles quantités de précipitations dont la quasi-totalité se perd dans la nature au cours des ruissellements. C’est dans ce contexte que Brasseur G. soutien que le premier élément qui régit le problème de l’eau au Sénégal comme partout est la pluviométrie…
Et cette situation ne permettait pas d’assurer parfaitement la recharge des nappes phréatiques. L’eau obtenue au niveau des forages dans le département de Linguère est captée difficilement à partir du Maestrichien avec des profondeurs comprises entre 250 et 300m.
Cette situation limitait considérablement l’accès à l’eau des populations de cette zone car les distances entre les forages étaient considérables. Environ 28% des ménages ruraux s’approvisionnent en eau au puits (puits intérieur 2,5% et puits extérieur 25,7%). Plus d’un (1) ménage sur quatre en milieu rural (25,2%) s’alimente en eau au forage.
Ainsi, avec l’aménagement d’un bassin de rétention, la recharge des nappes phréatiques est devenue une réalité dans le département de Linguère. Les quantités importantes d’eau stockées dans les bassins s’infiltrent lentement en rechargeant les nappes phréatiques donnant ainsi la possibilité aux populations de cette zone d’accéder à l’eau potable. Ainsi l’ensemble des personnes interrogées ont répondu unanimement que le bassin conserve l’eau stockée durant toute l’année. Cette longue conservation de l’eau au niveau du bassin de rétention est favorable à l’infiltration qui recharge les nappes phréatiques.

La restauration des écosystèmes

La forte insolation conjuguée avec l’abondance des précipitations permettent une très forte productivité primaire favorable à la reproduction des espèces animales et végétales. Par contre, l’irrégularité des précipitations, les feux de brousse, la dégradation des sols, la recherche du bois de chauffe, les pentes et la faiblesse de la productivité primaire sont à l’origine de la fragilisation des écosystèmes au niveau du département de Linguère. Ainsi, en Mauritanie, la destruction de la végétation sous les effets conjugués de la sécheresse, du surpâturage et des besoins en bois de chauffe s’accompagnent de celle des sols.
Le résultat est le développement d’un processus de désertification.
En outre, le nombre important d’animaux destinés à la consommation humaine représente également un péril pour la biodiversité de la Terre car ils constituent une quantité importante de la biomasse animale terrestre.
L’aménagement d’un bassin de rétention peut offrir des conditions permettant l’installation de microclimats. Il favorise aussi la régénération des écosystèmes à travers le développement et l’accroissement des animaux destinés à la consommation humaine et le retour des animaux aquatiques à Pitarki. Selon M. Fall, un naturaliste à la CSE, durant la saison sèche, le tapis herbacé disparait progressivement et par contre les bassins de rétention permettent d’élever le niveau de la nappe phréatique favorable à l’entretien de la végétation. Ainsi, l’ensemble des personnes interrogées ont répondu unanimement que le bassin de rétention de Pitarki a un enjeu dans le cadre de la restauration des écosystèmes.
Donc la politique hydraulique consistant à aménager des bassins de rétention au Sénégal est un bon moyen pour la restauration des écosystèmes.

LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES DU BASSIN DE PITARKI

L’étude des enjeux socio-économiques des bassins de rétention peut être réalisée sur plusieurs aspects. Parmi ces aspects, ont peut analyser les bassins comme étant un facteur de lutte contre l’exode rural. Ces ouvrages hydrauliques peuvent constituer aussi un facteur de développement du maraichage, de la pisciculture et permettent en même temps de redynamiser le secteur de l’élevage.

Un facteur de lutte contre l’exode rural

Au Sénégal, les milieux ruraux souffrent depuis très longtemps d’un manque de main d’œuvre. Cette situation était liée au départ massif de jeunes en direction des grandes villes pour chercher du travail. Cette attraction des grandes villes du Sénégal comme Dakar sur les campagnes exigeait une certaine mobilité des travailleurs qui s’installaient parfois définitivement dans ces grandes métropoles.
Actuellement, cette situation peut disparaitre de façon sensible dans les zones d’implantation des bassins de rétention. En effet, avec le programme national des bassins de rétention, l’ouvrage de Pitarki peut offrir aux populations des milieux ruraux, de nombreuses activités telles que, le maraichage, la pisciculture, et l’abreuvement du bétail. Ces activités peuvent être des sources de revenus qui obligeaient les jeunes à rejoindre les grandes métropoles surtout durant les périodes de saison sèche. Dans son essence même, le Programme National
Développement Agricole s’est voulu, pour ceux qui l’ont initié, un instrument qui pourrait assurer au pays une amélioration du niveau de la sécurité alimentaire qui vise l’accès des populations aux produits alimentaires19…
Ainsi, nos entretiens réalisés sur le terrain, nous permettent de confirmer que la réalisation et le suivi des bassins de rétention peuvent jouer un rôle très important dans le cadre de la fixation des jeunes qui s’adonnaient très souvent à l’exode rural.
Donc, les bassins de rétention peuvent aider les jeunes à rester dans leur terroir en leur permettant d’accéder facilement aux facteurs de production.

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Le développement du maraîchage

Avant l’implantation des bassins au niveau de certaines localités de Linguère, les activités agricoles se limitaient seulement en période d’hivernage c’est-à-dire aux cultures pluviales. Ce département disposait aussi de quelques parcelles maraichères situées autour de certains forages. Le payement de l’eau du forage utilisée pour l’arrosage des jardins constituait un lourd fardeau pour les populations du département de Linguère.
Avec la retenue des eaux de ruissellement pluviales, l’activité maraichère peut se pratiquer en toute saison aux alentours du bassin de rétention de Pitarki. La capacité actuelle de l’ouvrage hydraulique de Pitarki (120000m³) permet d’assurer le ravitaillement en eau des maraichers. L’ensemble des populations enquêtées à Linguère ont répondu unanimement que le bassin de Pitarki à un enjeu de taille dans le cadre du développement du maraichage dans cette zone. Cet enjeu a été confirmé par nos entretiens avec certains chefs de services ainsi que les notables à Linguère. Donc le bassin de rétention de pitarki a un enjeu pour le développement du maraichage à Linguère.

Le développement de la pisciculture

Les zones éloignées des côtes maritimes du Sénégal, ont toujours eu un problème d’accès aux produits halieutiques. Ces populations vivant parfois très loin de la mer ou des fleuves achetaient du poisson à des prix très chers par l’intermédiaire des frigoristes vendeurs de poissons ou de simples détaillants. Les chaleurs excessives enregistrées parfois dans le département de Linguère provoquaient d’énormes pertes en produits halieutiques débouchant quelque fois à des pénuries de poisons.
Ainsi, le bassin de rétention de Pitarki peut offrir l’opportunité aux populations du département de Linguère d’élever des poissons destinés à la consommation alimentaire. Ainsi, la commercialisation de ces produits halieutiques permet de réduire en partie la dépendance en produits halieutiques mais aussi elle permet de réduire la pauvreté par l’accroissement des revenus des populations. C’est ainsi que nos enquêtes réalisées à Linguère, nous permettent de confirmer que le bassin de rétention de Pitarki a un enjeu très important dans le cadre du développement de l’activité piscicole dans la zone.
Donc le développement de la pêche continental est devenu une réalité à Linguère avec l’aménagement du bassin de rétention de Pitarki.

L’abreuvement du bétail

Avant la réalisation des bassins de rétention, les éleveurs abreuvaient leurs troupeaux à travers les mares. A la fin de l’hivernage, lorsque les mares s’asséchaient, les pasteurs étaient sous l’obligation de parcourir de longues distances à la recherche des forages ou de rares puits existants dans la zone. L’abreuvement des bétails était un véritable casse-tête pour ceséleveurs surtout du point de vue économique avec les tarifs imposés au niveau des forages. Cependant, avec certains bassins de rétention, l’eau est gratuite pour l’abreuvement du bétail.
La gratuité des eaux du bassin permet aux éleveurs de faire des économies considérables.
Selon M. Sangaré, chef de secteur départemental de l’élevage à Linguère, le bassin de rétention de Pitarki participe au développement de l’élevage qui obligeait de nombreux éleveurs à parcourir les forages à la recherche des points d’eau. Donc le bassin de rétention de Pitarki à un enjeu de taille dans le cadre de l’abreuvement du bétail au niveau de sa zone d’implantation.
Ainsi nos enquêtes réalisées sur le terrain nous permettent de confirmer que l’ouvrage hydraulique de Pitarki est une excellente source d’abreuvement du bétail.

CONCLUSION PARTIELLE

La deuxième partie de notre travail consistait à étudier la présentation, la gestion et les enjeux du bassin de rétention de pitarki.
Il apparait clairement à travers cette étude que le bassin de rétention de pitarki est un excellent ouvrage de par la nature de ses sols et de ses chenaux d’écoulement qui lui permettent de se remplir très vite, de stocker et de retenir pendant très longtemps de l’eau. Cependant le fonctionnement du bassin est assuré par un comité de gestion crée par arrêté préfectoral dont les membres sont choisis et acceptés par l’ensemble des usagers. Ce comité de gestion est assisté par un comité technique d’encadrement chargé de lui apporter des conseils utiles pour assurer son bon fonctionnement.
La réalisation du bassin de rétention de Pitarki offre ainsi de nombreux enjeux sur le plan environnemental avec la préservation de l’environnement, la recharge des nappes phréatiques et la restauration des écosystèmes naturels. Les enjeux du bassin de rétention de Pitarki peuvent aussi être d’ordre socio-économique puisque cet ouvrage peut contribuer sensiblement à la limitation l’exode rural. Il permet aussi de développer le maraichage, la pisciculture et l’abreuvement du bétail.
Après avoir dégagé les enjeux, il serait donc important d’évaluer les impacts agro-sylvopastoraux, piscicoles, socio-économiques et environnementaux du bassin de rétention de Pitarki.

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