LES ENJEUX DE LA MAITRISE DE L’INFORMATION DANS L’INDUSTRIE DU BOIS
Le bois est un matériau naturel qui traverse les siècles et qui présente des atouts indéniables sur le plan énergétique, écologique et économique. Le bois inspire l’innovation dans tous les secteurs et s’avère sans conteste l’une des ressources les plus importantes de la planète, une ressource quasi infinie et la plus riche de traditions. La production de bois a longtemps été et demeure encore comme le principal objectif de la gestion des forêts. Les attentes et les moyens déployés pour cette production/gestion ont fortement évolué avec le temps, complexifiant bien souvent les processus industriels. Ce premier chapitre offre un aperçu de cette complexité grandissante qui mêle différents aspects tels que l’hétérogénéité du bois, le climat, le lieu de pousse, etc. Chaque morceau de bois se veut unique, avec des caractéristiques bien distinctes, rendant d’autant plus complexe la gestion relative à leurs informations (informations incertaines, incomplètes, imprécises). Cette complexité se répercute et s’amplifie tout au long du cycle de vie du bois face aux différents acteurs (scieurs, architectes, utilisateurs,…). En ce sens, la traçabilité des bois est devenue essentielle, voire obligatoire (p. ex. face au respect de certaines lois) pour une gestion efficace de leur cycle de vie, tant d’un point de vue économique qu’écologique. Bien que des solutions existent pour assurer cette traçabilité, elles ne sont pas totalement efficaces, et ce, particulièrement dans le secteur du bois.
Pour pallier ce manque d’efficacité, deux visions/paradigmes complémentaires sont présentés dans ce chapitre, à savoir une solution de marquage intrinsèque au matériau bois (marquage dans la masse) et une méthode d’anticipation des sciages dans les processus divergents (sciage virtuel). Dans le premier cas, la matière est marquée dans sa globalité et peut être reconnue quelque soit la taille du morceau concerné (arbre, planche ou copeau). Dans le deuxième cas, il est possible de connaitre par avance les produits qui seront faits dans un arbre avant même que ce dernier ne soit scié en planche. La section 1.1 présente les différents métiers de l’industrie du bois ainsi que les processus de transformation auxquels ils appartiennent. La section 1.2 examine ces différents processus et identifie les instants clés où des pertes d’informations (partielles ou totales) se produisent. Les techniques de traçabilité mises en œuvre pour réduire, voire supprimer ces pertes sont également étudiées. Enfin, la section 1.3 présente les deux paradigmes mentionnés précédemment, dont la combinaison vise à améliorer la traçabilité du bois comparativement aux techniques traditionnelles.
Chaîne logistique bois et informations utiles
Afin de mieux comprendre les pertes d’informations dans l’industrie du bois, nous présentons ces métiers ainsi que les processus de production qui y sont rattachés et l’influence de leur gestion dans la suite du processus. Cette définition accentue le fait que la sylviculture vise à entretenir (élagage, abattage, gestion des parcelles, ..) et favoriser le développement des parcelles de forêts afin de produire les arbres attendus par la première transformation, tout en assurant leur conservation et leur régénération. La forme et la taille des arbres produits ont un impact considérable sur le volume et la qualité de la production des entreprises de première transformation. En effet, la répartition des sciages dans une grume telle qu’illustrée dans la figure 2 nous montre que les bois de plus forte valeur (p. ex. bois de menuiserie) sont situés dans la partie basse de l’arbre (moins de singularités, plus gros diamètre), alors que les pièces de plus faible valeur (p. ex. traverses) se situent dans la partie haute (sur-bille). Il est donc nécessaire pour les sylviculteurs de produire des arbres dont les troncs soient les plus droits possible afin de faciliter l’optimisation des grumes et de réduire les pertes matières. La production de ces arbres est un processus long car la durée de pousse est au minimum de 30 à 50 ans pour les essences françaises. Avec de tels délais, les parcelles doivent être entretenues et valorisées afin d’obtenir des arbres dont le potentiel de vente1 est maximum. Le processus est également complexe car beaucoup de facteurs influent sur la structure finale de l’arbre : le régime de forêt (futaie, taillis sous futaie, taillis) [Bastien, 1998], la géographie du lieu de pousse [Bastien, 1998], le climat [Pichler & Oberhuber, 2003] [Lo & al, 2010]. La figure 3 donne l’exemple de l’impact du vent sur la croissance d’un arbre, on constate qu’effectivement sa morphologie est modifiée.