Définitions et formes de la monnaie
Définitions de la monnaie
Rappelons-nous que la monnaie existe pour réduire le coût des échanges ou les effets néfastes du troc. Elle a été donc créée pour faciliter l’échange entre les agents économiques et pour une réserve de valeur dans le sens où on peut la garder et l’utiliser ultérieurement. Aujourd’hui, la monnaie est l’un des instruments les plus utilisés et incontournable dans la vie quotidienne. Sans monnaie l’économie ne peut fonctionner. Selon Raymond Barre4 : « la monnaie est un bien d’échange généralement accepté au sein d’une communauté de paiement ». Effectivement, la monnaie est le seul bien qui peut être échangé à tout moment contre tous les autres biens et permet d’exprimer par un seul chiffre la valeur d’un bien par rapport à celle de tous les autres. On peut aussi définir la monnaie comme suit : « La monnaie est un bien public dans la mesure où elle rend des services de nature collective. »5 Certes, la monnaie est un bien public étant donné qu’elle n’exclut personne et que tout le monde peut l’acquérir et l’utiliser à sa guise. Elle n’a pas d’utilité privée. Au cours de l’évolution économique, la monnaie qui sert d’intermédiaire dans les échanges a pris diverses formes, plus exactement trois formes.
Evolution historique des formes de la monnaie :
Après avoir longtemps pratiqué le troc, les individus ont échangé leur marchandise contre de l’or. Et l’or en question était confié à des banquiers qui émettaient en contre partie des lettres de change comme certificat de dépôt d’or. L’acceptation de ce billet (lettre de change) comme intermédiaire des échanges des produits repose essentiellement sur la confiance. Ce billet avait exactement la valeur de l’or et il pouvait circuler et servir d’échange. On dit que le billet est convertible en or. C’est ainsi qu’on parle de bimétallisme où « dans les systèmes métalliques, la valeur de la monnaie est définie par le poids de ce métal précieux »6. Ce métal constitue l’étalon qui permet d’évaluer une monnaie qui reste toutefois une marchandise et qui circule sous forme de lingot et de pièces d’or. On parle de réserve fractionnaire, lorsque les banquiers émettent un volume de billets supérieur à leurs réserves d’or c’est-à-dire que le billet n’est plus un certificat de dépôt d’or. On a commencé à parler de dématérialisation de la monnaie lorsqu’on a émis des billets à la place de l’or mais il y a eu dématérialisation totale de la monnaie en 1971 marquant l’inconvertibilité des billets en or. On est plus donc dans une monnaie matérielle basée sur l’or. C’est depuis qu’apparaît le crédit accordé par les banques sous formes de monnaie scripturale. La dématérialisation de la monnaie s’est donc accompagnée du progrès d’une monnaie bancaire : les chèques, les cartes de crédit,….et c’est ce qui va constituer les formes actuelles de la monnaie.
Les formes successives de la monnaie :
On trouve successivement jusqu’au début du XXème siècle trois formes de monnaie dont la marchandise monnaie, la monnaie métallique et la monnaie papier.
Les marchandises monnaies : A l’origine, la monnaie est constituée par une marchandise que les individus prennent l’habitude d’accepter en paiement, même s’ils n’ont pas directement besoin, avec l’idée de l’échanger ensuite contre les objets qui leur sont nécessaires. La monnaie métallique : Ultérieurement, ce sont les métaux précieux qui servent d’intermédiaire dans les échanges. On parle de monnaie métallique. Plus tard, cette monnaie métallique prendra la forme d’une pièce ayant un poids déterminé, supprimant ainsi l’obligation de pesage chez le changeur7. La monnaie métallique possède les trois caractères suivants : La frappe en est libre : tout détenteur de métal précieux sous forme de lingot peut le porter à l’hôtel des monnaies et demander à ce qu’il soit frappé, c’est-à-dire transformé en pièces ; Son pouvoir libératoire est illimité : tout créancier doit accepter de recevoir la totalité de sa créance en monnaie métallique ; Les pièces de monnaie en métal précieux ont une valeur monétaire comme instruments de paiement, une valeur commerciale comme marchandise.
La monnaie de papier : Puisque la monnaie métallique est lourde et encombrante, elle a été substituée par la monnaie papier par le simple fait de les placer dans une banque et de demander en contre partie des billets qui représentaient la valeur des métaux précieux déposés.
Les formes actuelles de la monnaie :
La dématérialisation et l’évolution des rôles des banques ont permis l’évolution des formes de monnaie : La monnaie divisionnaire : Elle est constituée généralement par les pièces de monnaie qui sont émises par le trésor public. Lorsque la monnaie divisionnaire est apparue : les pièces de monnaie utilisées dans les échanges ont une valeur faciale supérieure à leur valeur réelle. La monnaie fiduciaire : Elle est constituée par les billets que l’on utilise quotidiennement et qui sont émise par la banque centrale. C’est la seule monnaie qui est obligatoirement accepté comme un moyen de paiement. On dit qu’elle a « cour légal ».Elle tire d’ailleurs son nom du latin fides, signifiant « la foi, la confiance ». La monnaie scripturale : Comme son nom l’indique, elle est effectuée par un simple jeu d’écriture effectué par les banques. Elle est donc constituée par les sommes déposées sur un compte courant. Il ne faut pas confondre la monnaie scripturale, qui consiste en une écriture sur un compte, avec les moyens de paiements qui permettent de l’utiliser. En effet aujourd’hui, il existe différents types d’instruments permettant d’assurer la circulation de cette monnaie : Chèques, virements, avis de prélèvement, et cartes bancaires,…
Les agrégats monétaires
Les agrégats monétaires permettent de mesurer la masse monétaire8 en circulation. Ainsi dans la comptabilité nationale, on les utilise pour comptabiliser la monnaie et le crédit. En clair, les agrégats monétaires sont des indicateurs statistiques élaborés par les autorités monétaires et censés refléter la capacité de dépense des agents économiques. Le rôle de ces indicateurs est de fournir des informations aux banques centrales devant permettre à celle-ci de guider au mieux les évolutions monétaires en fonction de leurs objectifs.9Ces agrégats monétaires correspondent à M1, M2 et M3 où :
M1 représente la monnaie au sens strict et comprend les actifs ayant le caractère de moyen de paiement c’est-à-dire le total des pièces et des billets en circulation ainsi que les dépôts à vue. M1 regroupe donc toutes les liquidités immédiates dont on peut disposer à tout moment pour effectuer des transactions. M2 correspond à M1 plus les placements à vue qui peuvent être facilement transformés en monnaie. Ces placements sont qualifiés de quasi-monnaie disponible à tout moment mais ne peuvent pas servir directement de moyen de paiement (les comptes sur livrets, les dépôts à terme < à 2ans, …) M3 représente la monnaie au sens large et qui correspond à M2 et les titres de créances négociables ou les certificats de dépôts.
Les fonctions de la monnaie
Si on a abandonné le troc au profit de la monnaie c’est que cette dernière joue un rôle assez important dans l’économie. En fait, on a attribué trois principales fonctions de la monnaie :
Unité de compte
Elle sert d’unité de mesure commune grâce à laquelle les prix des biens ou des services peuvent être évalués à partir d’une simple écriture chiffrée accepté par les membres d’une communauté. Elle est donc indispensable pour fixer un prix étant donné qu’elle peut déterminer la valeur marchande d’un bien. On dit que la monnaie permet de nombrer les biens, de les classer, de les comparer. Ainsi donc, elle constitue une référence : « la monnaie joue un rôle d’’étalon de mesure des valeurs. Elle permet le calcul économique, et elle homogénéise les prix de l’ensemble des biens et des services en fournissant une unité de mesure unique. »
Intermédiaire des échanges :
Puisqu’on est maintenant dans une économie monétaire et non plus dans une économie de troc, la nécessaire coïncidence des besoins est supprimée c’est-à-dire qu’on a plus besoin de trouver un individu ayant les mêmes intentions symétriques. La monnaie est désormais le moyen de paiement unique où chacun peut l’utiliser pour l’échanger contre des biens et services et elle ne peut être refusée. Ainsi la monnaie facilite l’échange non seulement parce qu’elle permet de résoudre les problèmes de coût de transaction mais aussi qu’on pouvait acheter sans vendre et vendre sans acheter : « la monnaie permet de simplifier les échanges et d’acquérir plus simplement les produits que l’on souhaite acheté».
Réserve de valeur
La monnaie est une des formes de la richesse car elle est un moyen d’enrichissement. Contrairement à ce qu’on trouve dans l’ économie de troc, on n’est pas obligé de dépenser la monnaie immédiatement de peur qu’elle périsse. Elle peut être conservée tout en restant parfaitement liquide donc servir d’épargne en vue d’une consommation dans le futur : « Le pouvoir d’échange de tout bien ou service peut se convertir en monnaie de façon à être conservé en attente d’emploi »