Les effets –maître, les effets-classes et les effets-établissement

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Concept de soi, image de soi, estime de soi – distinctions

Les préoccupations manifestées les dernières décennies pour le bien-être, la satisfaction et la stabilité émotionnelle ramènent la notion de Soi au centre de l’attention des chercheurs. Bien qu’il existe de nombreuses recherches s’intéressant au « Soi », une ambiguïté subsiste au niveau des concepts employés pour désigner les différents aspects reliés à ce construit psychologique, surtout quand il s’agit de l’utilisation de termes tels que concept de Chapitre 3. Image et estime de soi 53 soi, image de soi, estime de soi ou représentation de soi. Pour rendre ces notions plus compréhensibles, quelques distinctions s’imposent.

Le Soi

Nous soulignons dans un premier temps une différence d’usage des concepts liés au « Soi », dans la littérature francophone et anglo-saxonne. Le terme « Soi » (Self) est beaucoup plus utilisé par les chercheurs américains. En revanche, en Europe ce terme est substitué par celui « d’identité ». Dans les paragraphes qui suivent, nous allons nous référer surtout à la terminologie américaine. Dans la littérature spécialisée, le Soi est appréhendé comme une entité située à l’intérieur de nous, représentant ce que nous sommes et accomplissant plusieurs fonctions comme l’enregistrement des informations perçues, l’évaluation du monde ou encore le guidage de nos actions. Comme le souligne L’Ecuyer, (1994), le Soi est « un ensemble de caractéristiques (goûts, intérêts, qualités, défauts, etc.), de traits personnels (incluant les caractéristiques corporelles), de rôles et de valeurs que la personne s’attribue, évalue parfois positivement et reconnaît comme faisant partie d’elle-même ». Le premier à parler du Soi est James (1890), qui emploie deux termes, « Moi » et « Je », pour designer à la fois le Soi comme contenu ou objet (« Moi ») et le Soi comme processus ou agent (« Je »). Dans la perspective de James, le Soi-contenu fait référence à la connaissance et à l’évaluation de nous-mêmes, alors que le Soi-agent joue le rôle d’instance de contrôle pour nos expériences, nos pensées, nos actes. Pour Allport (1943), le soi est constitué du « Moi »(Ego) et du « Soi » (Self). Le « Moi » réfère à notre individualité qui nous permet de nous différencier des autres. En revanche, le « Soi » met en avance les aspects perceptuels, ce qu’on pense de nous-mêmes, incluant des attitudes, des sentiments, des évaluations concernant notre propre personne. James décompose ce Soi-contenu ou Soi-objet en trois dimensionnes (le soi matériel, le soi social et le soi spirituel), estimant que nous percevons notre existence et le monde qui nous entoure à partir de trois éléments : l’aspect matériel, l’univers social et l’univers spirituel. Chapitre 3. Image et estime de soi 54 Le Soi matériel fait référence à tout ce qui nous est propre, tout ce que nous possédons, nous détenons en tant qu’individu (nos corps, nos biens matériels). Dans l’univers social, James inclut les considérations que les autres ont pour nous, la manière dont les autres nous perçoivent. Selon James, nous avons autant de Soi Sociaux qu’il y a d’individus qui peuvent exprimer une opinion sur nous. La troisième dimensionne du Soi englobe nos croyances sur nous-mêmes, nos modes de pensée et de nous évaluer, apprécier nous-mêmes. Par rapport au Soi Social, construit à partir des opinions que les autres portent sur nous, le Soi Spirituel comprend nos propres réflexions sur nos personnalités. Baldwin (1897) s’intéresse au Soi dans une perspective plus éloignée de celle de James. Dans sa théorie sur le développement du Soi Social, il utilise le terme « socius » pour relier « l’ego » (en référence aux perceptions sur nous-mêmes) et « l’alter » (comprenant les perceptions que nous avons sur d’autres personnes). Selon Baldwin, le Soi est un produit social et culturel, qui ne peut pas se développer en absence de la présence d’autrui. Dans la lignée de James et Baldwin, Cooley (1902) et Mead (1934) abordent le Soi social, mais cette fois dans une perspective interactionniste. Ces deux sociologues mettent l’accent sur le milieu social, comme facteur primordial dans la construction du Soi. Cooley introduit le concept de « Soi-Réfléchi » ou « Soi-Miroir » (« Looking Glass Self). Tout comme, en nous regardant dans un miroir, nous obtenons des informations sur nos propres personnes, de la même manière « nous percevons dans l’imagination, dans l’esprit d’autrui, quelque idée de notre apparence, de nos manières d’être, de nos buts, actes, traits de caractère, etc., et nous en sommes diversement affectés » (Cooley,1902, p. 184). Autrement dit, l’autre devient une sorte de miroir qui nous renvoie une image de ce qu’il pense que nous sommes. Ce regard, que l’autre porte sur nous, affecte la perception que nous avons de nousmêmes. On peut dire, pour reprendre l’idée de Reitzes (1980), que nous sommes ce que nous pensons que les autres pensent de nous.

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Le concept de soi

La littérature abonde de définitions données au concept de soi, en commençant par la définition de James (1890), qui fut le premier à définir ce concept. Dans l’acception de James, le concept de soi est « tout ce qu’une personne est tentée d’appeler par le nom de « moi » ou « le mien » (James, 1890). Chapitre 3. Image et estime de soi 56 Pour Murphy (1947, p. 996), le concept de soi n’est autre chose que « l’individu tel qu’il est connu par l’individu ». Ou encore, Symonds (1951) définit le même concept comme « la manière dont la personne réagit à elle-même ». Une brève analyse de ces définitions (pour ne citer que les plus connues) nous renvoie à l’idée de description ou/et évaluation que l’individu fait de lui-même (aptitudes, qualités, traits, rôles, etc.). Cette structure cognitive nous permet à nous caractériser à partir de nos convictions sur nos corps physiques (apparence, santé), sur nos caractéristiques personnelles (personnalité, aptitudes, intelligence), nos relations sociales (avec la famille, les amis, etc.), nos rôles dans la société (élève, étudiant, employé, employeur, etc.), nos histoires et biens personnels (objets que nous possédons). Tous ces éléments constituent des perceptions qui se traduisent par une ou des images de soi (selon les différents domaines). 

L’Image de soi

Chaque individu possède une image de soi plus ou moins positive et dans différents domaines. Grâce à ces images spécifiques, chacun d’entre nous peut se décrire, par exemple, comme étant jeune ou vieux, beau ou moche, bon ou mauvais dans tel ou tel domaine, etc. La synthèse de ces plusieurs images de soi, donc des impressions sensorielles et des perceptions de soi, couvre les cadres du concept de soi et nous permet de « dresser » un portrait de nous-mêmes. Perron (1991) définit l’image de soi comme « l’ensemble des caractéristiques qui sont attachées à une personne donnée, selon sa propre opinion ou celle de telle ou telle autre personne ». L’image de soi est « la représentation mentale que chacun a de sa propre personnalité » (Khilstrom et al., 1990). Selon Argyle (1994), les idées qu’un individu a de lui-même, son rôle (métier, classe sociale, etc.), ses traits de caractère et son corps participent à la construction de l’image de soi. Chapitre 3. Image et estime de soi 57 Toutes ces définitions renvoient à l’idée de représentation, description cognitive que l’individu se fait de lui-même et de ses relations avec les autres. Tap (1998) décrit l’image de soi comme un système de sentiments sur soi ou à propos de soi. L’auteur distingue plusieurs composantes de l’image de soi. Une première composante est constituée par l’image propre qui renvoie à la conscience subjective de ce que l’individu est dans la vie courante. La manière dont l’individu pense être perçu par les autres constitue l’image sociale. L’individu s’oriente dans ses choix et ses désirs à l’aide d’une image idéale qu’il construit. En plus de ces trois composantes, l’individu conçoit une rêverie qui l’accompagne dans la vie présente sous la forme d’une image virtuelle. Koumba (1992) souligne que l’identification avec les autres constitue une condition indispensable pour la formation de l’image de soi. C’est par interaction avec le milieu social que l’individu construit son image de soi. En conséquence, l’image de soi est intimement liée aux regards et aux évaluations que les autres font sur l’individu ainsi qu’à celles que l’individu fait sur lui-même. On y retrouve à ce niveau, le caractère descriptif et évaluatif du concept de soi qui lui est conféré par les images de soi correspondant aux catégories du concept de soi, décrites plus loin dans ce chapitre.

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