Les effets des stratégies de lutte pour la préservation de la fertilité des sols

Effets des stratégies d’exploitation des ressources hydriques 

Les impacts des techniques d’exploitation des eaux souterraines seront évalués en termes d’accessibilité à la ressource. Durant la période qui précède la mise en place du programme d’adduction d’eau à partir des forages et la construction des puits hydrauliques, les puits traditionnels constituaient l’unique source d’approvisionnement en eau des populations. Dès lors, l’accès à l’eau en termes de quantité et de distance devient une réelle contrainte pour les habitants des T.N. Cette difficulté était liée à plusieurs facteurs dont la profondeur des nappes, l’exhaure manuelle et le tarissement des puits.
En effet, avec la réalisation des ouvrages hydrauliques modernes (forages et puits modernes) qui sont de meilleures stratégies d’exploitation des nappes profondes, l’accessibilité à l’eau s’est beaucoup améliorée. Par exemple dans le village de Darou Salam Sine II, avec l’implantation de son forage, 92% des ménages parcourent moins de 100m pour accéder aux points d’eau et 8% effectuent entre 100 et 300m (GERAD 2005). A l’image de cette localité citée ci-dessus, les autres villages abritant les forages et les puits hydrauliques témoignent de l’atténuation des contraintes liées à l’eau. La mise en place des points d’eau comme les bornes fontaines a contribué à l’allégement cette activité domestique mais aussi à la santé des populations. Avant la mise en œuvre de ces techniques, les puits traditionnels restaient l’unique source d’alimentation en eau des familles. Alors que, la consommation de cette eau peut provoquer de nombreuses maladies dont les plus fréquentes sont la diarrhée, les maux de ventre, la dysenterie. Il est également important de souligner la fatigue due à la pénibilité de l’exhaure à la distance parcourue que nécessitait la recherche de l’eau pendant la période d’avant les forages. En dépit des avantages énoncés, ces stratégies présentent également des limites car le problème de l’accès à l’eau en qualité et en quantité n’est pas totalement résolu dans le territoire des T.N. De nos jours, la majorité des villages ne disposent pas de forages et les quelques localités qui en possèdent ne bénéficient pas d’une manière régulière de ces ouvrages à cause de leur mauvais état. Des efforts doivent être faits dans ce domaine afin de permettre à l’ensemble de la population de se procurer équitablement des retombées des programmes d’adduction d’eau.

Les effets des stratégies de lutte pour la préservation de la fertilité des sols 

Depuis longtemps, les méthodes de mise en valeur des ressources pédologiques sont pratiquées en fonction des possibilités et des contraintes de l’environnement naturel. Ces stratégies visent l’équilibre à long terme de l’ensemble du système de production agricole (fertilité des sols, diversité et amélioration de la production, gestion de l’espace). Il doit avoir un équilibre entre l’exploitation des ressources écologiques et la capacité de charge du patrimoine naturel (possibilités offertes et contraintes imposées). A l’instar des autres communautés vivant de l’exploitation des ressources naturelles, les populations des TN, ont toujours comme préoccupation majeure, le maintien de la stabilité écologique.
D’une manière générale, les pratiques paysannes comme la jachère, l’assolement, la fumure organique, le maintien des résidus de cultures, le compostage et l’engrais chimique ont un impact positif sur l’environnement et par conséquent sur la production agricole. Selon les paysans, l’utilisation de l’engrais organique par épandage et surtout par le parcage des animaux, leur a permis de lutter efficacement contre la pauvreté des sols. Ce qui a pour conséquence une amélioration de la fertilité des terres cultivables. Quant à la jachère et l’assolement, ils font partie des meilleures techniques traditionnelles utilisées en agriculture pour combattre l’épuisement des sols dans le terroir. Ainsi, le maintien de la végétation dans la sole mise en jachère permet la réduction de l’érosion éolienne et hydrique accordant au sol la possibilité de préserver ses éléments nutritifs. A l’image de ces pratiques traditionnelles, les stratégies modernes comme le compostage et la fertilisation minérale sont également avantageuses dans la mesure où ils assurent une fonction de compensation de matière organique que le sol a perdue. Les stratégies traditionnelles comme modernes permettent au sol de se renouveler en matière de fertilité. D’ailleurs, c’est une des raisons qui expliquent l’appartenance des ressources pédologiques à la catégorie des ressources naturelles dites renouvelables.
Sur le plan socio-économique, les stratégies de mise en valeur des ressources pédologiques qui visent aussi bien l’exploitation rationnelle que la régénération naturelle ou artificielle des sols ont permis d’assurer la survie de plusieurs générations qui se sont succédées sur le territoire des T.N. Ainsi, ces méthodes de préservation et de restauration de la fertilité des terres ont pu optimiser d’une manière durable la productivité des sols. D’après les paysans, les champs mis en jachère fournissent de très bons rendements. Le même constat est aussi fait par les agriculteurs pour les superficies qui reçoivent le plus d’engrais organiques ou chimiques.
C’est à ce niveau que se trouve les effets économiques de ces stratégies qui consistent à assurer la sécurité alimentaire garantie par une agriculture de subsistance. Ce qui peut contribuer à diminuer socialement la pauvreté et les flux migratoires très fréquents dans le milieu rural.
En dehors de ces avantages, les stratégies d’exploitation et de préservation des sols présentent belle et bien des contraintes. Ces dernières sont liées surtout au manque de moyens matériel et financier. Par exemple l’utilisation de l’engrais chimique fait défaut à cause de son insuffisance et de sa cherté, ce qui fait qu’il n’est pas à la portée de tous les paysans. Pour la jachère, la seule difficulté réside dans l’indisponibilité des terres agricoles due à la croissance démographique. C’est pour cette raison que cette pratique devient de plus en plus rare dans le système de production agricole.

Effets des stratégies pour la préservation de la végétation 

Dans le territoire des TN, les actions de gestion des ressources forestières ont eu des impacts positifs dans les conditions de vie des populations humaines et animales. D’une portée essentiellement réglementaire, ces stratégies ont permis le développement et la restauration de la végétation. Rappelons que ces techniques se résument à la lutte contre les feux de brousse, à la réglementation de la coupe, au reboisement et à l’interdiction de la chasse. Ces dernières sont magnifiées par les éleveurs dans la mesure où ces actions permettent l’abondance de la végétation et par conséquent le développement du secteur de l’élevage. C’est également le cas pour les femmes qui ont la responsabilité d’approvisionner les ménages en bois d’énergie.
Avec la détérioration des forêts, elles devraient parcourir des kilomètres et consacrer des heures pour accomplir cette corvée. Mais avec la réglementation de la coupe et le reboisement des arbres qui contribue à l’augmentation des formations ligneuses, elles font face à une disponibilité du bois de chauffe et par conséquent à une réduction du temps nécessaire pour sa collecte. L’économie de temps a permis à ces femmes de vaquer à d’autres activités comme le maraîchage et le petit commerce. En effet, le reboisement d’essences maraîchères et fruitières a contribué largement à l’amélioration de l’alimentation des familles et surtout à l’existence de revenus monétaires susceptible de perfectionner leurs conditions de vie. C’est pour cette raison que le reboisement est considéré comme un moyen efficace pour assurer le développement durable. Ce changement écologique engendré par les actions mises en place par les pouvoirs publics et les projets de développement, a amélioré l’accès aux ressources végétales pour l’ensemble de la population des TN.
Hormis les impacts positifs que présentent les stratégies de préservation de la végétation, il existe des limites quant à l’application de ces techniques. Ces difficultés résident dans l’ignorance des textes législatifs qui définissent ces différentes actions de lutte contre la dégradation de la végétation. En effet, l’introduction de la décentralisation à travers une gestion participative des populations locales dans les systèmes de gestion des ressources naturelles n’a pas encore rencontré l’adhésion de ces dernières. Cette incompréhension est le résultat du manque de sensibilisation des populations à tous ces nouveaux concepts et nouvelles règles en vigueur.

Les perspectives

Pour l’amélioration des conditions de vie des populations du territoire des T.N, certains indices tirés de l’analyse faite des résultats obtenus sur le terrain, permettent d’orienter l’exploitation des ressources naturelles vers un développement durable.
Ainsi, ces perspectives vont dans le sens d’une gestion rationnelle des ressources écologiques et la promotion des principaux systèmes de production qui y dépendent directement.
Pour lutter contre la détérioration du patrimoine naturel en vue d’encourager sa mise en valeur d’une manière rentable, il faut:
-Garantir la fertilité du sol en le couvrant de végétation, car les racines fixent la terre, la tige et les feuilles ralentissent le ruissellement et ombragent le sol ou en préservant des arbres dans les champs, etc.
-Augmenter les périodes de jachère et pour cela il faut réduire la croissance démographique en appliquant des politiques antinatalistes ;

Conclusion Générale 

Situé dans le nouveau département de Koumpentoum, le territoire des T.N est réparti entre les communautés rurales de Kahène, de Bamba Ndiayène, de Malème Niani et de Méréto. Avant la colonisation des T.N du Sénégal Oriental, cet espace se caractérisait par l’abondance et la disponibilité de ressources naturelles (sol, eau, végétation). Il dispose d’un relief généralement plat malgré l’existence de bas-fonds. Sa situation géographique dans la partie Est du pays, lui confère un climat typiquement soudanien avec une pluviométrie et des températures importantes. Ce territoire est composé de 123 villages et hameaux avec une population totale de 50362 habitants en 2002. Elle est essentiellement dominée par les Sérères, les Wolofs et les Peulhs. Cette étude sur l’exploitation des ressources naturelles a été pour nous l’occasion de faire un diagnostic de l’état des différentes ressources du milieu et d’évaluer les exigences environnementales qui pèsent sur elles. En effet, l’espace des T.N est un milieu caractérisé par la diversité de ses ressources naturelles qui conditionne l’exploitation concentrée uniquement sur les activités du secteur primaire que constituent l’agriculture, l’élevage et l’exploitation forestière. Aujourd’hui, ces systèmes de production sont compromis à cause de l’exploitation irrationnelle et son corollaire la détérioration des ressources écologiques. La fragilité de ces activités a engendré des conséquences économiques et sociales qui se traduisent par la diminution des rendements, la pauvreté et les migrations. Face à cette situation inquiétante, des stratégies ont été développées afin d’optimiser l’exploitation rationnelle des ressources naturelles. Ces techniques d’exploitation et de gestion qui sont à la fois traditionnelles et modernes sont adoptées par les paysans, les structures administratives et les partenaires au développement. Il s’agit de lutter contre les effets néfastes de la dégradation naturelle de l’environnement mais aussi de prendre des mesures contre le gaspillage des ressources dû à l’action anthropique.
D’une manière générale, elles concourent à la préservation durable des écosystèmes naturels. Toutefois, il faut noter que ces actions ont des impacts positifs aussi bien dans le maintien de l’équilibre écologique que dans la vie des populations bénéficiaires. Cependant, leur adoption d’une manière durable et leur renforcement sont nécessaires afin d’atténuer leurs limites. De notre point de vue, la solution vers l’exploitation rationnelle des ressources naturelles consiste à l’orientation suivante : tout appui (Etat, partenaire) pour la sauvegarde des ressources naturelles doit prendre en compte, d’abord toutes les contraintes du milieu et associer les principaux acteurs concernés. Il faut donc un diagnostic participatif et global de la situation, basé sur la sensibilisation et la concertation entre les différents acteurs.
Pour la réussite totale des actions de développement, les populations locales doivent d’abord, se sentir responsables de la détérioration du patrimoine naturel, concernées par les problèmes générés et les stratégies de lutte et être capables d’évaluer les impacts de ces actions dans leurs conditions de vie. C’est ainsi qu’elles pourraient continuer à bénéficier de la mise en valeur de ces ressources naturelles et donner aux générations futures la chance d’en procurer.

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