LES EFFETS DES INVESTISSEMENTS DES IMMIGRANTS INTERNATIONAUX

ANALYSE DE L’INFORMATION 

❖ L’analyse des données Après ce travail de collecte des données nous avons utilisé le même logiciel qui nous a servi pour élaborer le questionnaire (à savoir sphinx) pour collecter les réponses mais aussi pour l’analyse et le traitement de ces données. Ce travail nous à ainsi permis d’infirmer ou de confirmer certaines de nos hypothèses… ❖ Les difficultés rencontrées Dans ce travail de collecte, les difficultés n’ont pas manqué. Ainsi l’un des premiers problèmes s’est posé au niveau du recensement des concessions appartenant aux émigrés. Et à ce niveau sans le concours de quelques courtiers (bien sur moyennant une certaine somme d’argent) et l’aide de certains amis habitant dans ces quartiers, nous y serions arrivés difficilement. En plus de cela, une autre difficulté s’est révélée au cours de l’administration des questionnaires. Elle est relative au refus de certains ménages de répondre à certaines de nos questions ou même dans certains cas à un refus systématique de collaborer. Cela est dû en effet au fait que pour certains ménages certaines questions relèvent du domaine privé ou par contre d’autres nous confondent avec des agents de l’impôt et domaine qui durant la même période effectuaient des enquêtes dans la zone… Toutefois ces difficultés quoi qu’elles étaient parfois contrariant ne nous ont pas empêché de poursuivre notre étude en vue de collecter l’ensemble des informations qui nous ont permis de réaliser le travail ci-après…

 Les principaux pays de destination 

Dans l’optique d’émigrer, se dégage pour la plupart du temps pour l’émigré, une relation préférentielle entre l’espace de départ et celui d’arrivée. Et cette relation préférentielle le plus souvent en faveur du lieu d’arrivée. Toutefois, cette relation sur laquelle se fonde la plupart des faits migratoires, découle de plusieurs facteurs qui justifient la volonté d’émigrer dans un pays plutôt que dans un autre. Ainsi donc, toute complexification de ces facteurs peut contribuer à une évolution dans les choix de destination. Au Sénégal, jusqu’au milieu des années 1970, ce sont les considérations d’ordre linguistiques, culturelles et commerciales qui sous-tendaient la plupart des flux migratoires en partance pour l’étranger. La France, les pays voisins et certains pays prospères de l’Afrique ont été des destinations privilégiées des émigrés sénégalais. Cependant, face à l’émergence d’autres critères, historiques, économiques mais également politiques (avec notamment le verrouillage des frontières dans certains pays occidentaux dans les années 1980, l’instabilité politique et la crise économique dans les pays africains), on assiste à l’émergence de nouvelles destinations comme l’Italie l’Espagne, le Portugal, les Etats-Unis et dans une moindre mesure le Canada 42 qui, du reste, n’étaient liés au Sénégal ni par des liens géographiques, historiques, ni politiques ou linguistiques. On note par ce fait, dans le choix des lieux de destination des migrants sénégalais, la perte de vitesse de la destination africaine en faveur de la destination européenne et celle de l’Amérique du Nord. Ainsi en atteste l’enquête ménage effectuée sur les 122 ménages comptant un émigré (ménages propriétaires et ménages locataire) et dont les résultats sont traduits dans le tableau ci-dessous;Selon ces données, la France a toujours été un pays de destination pour les sénégalais du fait des liens historique. Néanmoins pendant la décennie 1990-2000 on assiste à l’émergence d’autres destinations comme l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis. Ainsi sur le total des 49 émigrés recensés pendant cette période plus de la moitié (Soit une fréquence de 59%) se trouvait dans l’un de ces trois pays. Ce qui n’était pas le cas dix ans auparavant où la France accueillait à elle seule près de la moitié des émigrés dans cette zone (Soit 10 émigrant sur un total de 23). Ainsi, ce dynamisme est la conséquence directe de la plupart des politiques migratoires adoptées en France. Ces mêmes politiques sont aujourd’hui généralisées dans l’espace Schengen ce qui contraint les candidats à l’émigration à revoir leur itinéraire migratoire. Cela se traduit par la diversification des choix de destination des émigrants avec l’émergence de nouveaux pays d’accueils. Il s’agit entre autre de la Suisse, de l’Angleterre, du Canada… Cette diversification des lieux de destination n’est qu’une des nombreuses stratégies mises en place par les émigrants en vue de « gagner de l’argent » à partir de leur travail, que ce soit un emploi salarié ou non, dans l’optique de l’envoyer au pays afin d’améliorer les conditions de vie du ménage au pays. 

Le développement des transferts financiers 

Les transferts sont des sommes d’argent que les migrants envoient à leurs familles et proches restés au pays. Du fait de leur augmentation considérable, ces sommes d’argent constituent depuis quelques années, un sujet d’étude notamment en ce qui concerne les voies utilisées pour leurs envois, leur montant, ainsi que l’utilisation qui en est faite.

 Les moyens de transfert utilisés 

Pour transférer de l’argent au Sénégal, les émigrés ont toujours eu tendance à utiliser deux voies: Le circuit formel et le circuit informel. Toutefois, face aux derniers développements des expériences formelles en matière de transfert avec notamment les banques, La Poste, les institutions de Micro finance et les opérateurs professionnels (comme Western Union, et Money Gram), on assiste de plus en plus à la réduction du nombre d’émigrés utilisant la voie informelle. Ainsi, l’enquête ménage effectuée dans notre zone d’étude nous donne des illustrations assez éloquentes sur les différents opérateurs évoluant dans ce secteur. Selon cette enquête, dans cette opération de transfert, l’un des principaux opérateurs formels traitant avec les émigrés enquêtés dans cette zone est Western Union (avec 46% des émigrés recourant aux services de cet opérateur pour envoyer de l’argent au pays). Le succès de cet opérateur nord-américain relève de plusieurs facteurs. Il s’agit entre autre de la rapidité du service (un transfert met dix minutes pour être retire par le bénéficiaire), de la grande sécurité 45 des transferts renforçant la confiance des clients, du service de proximité qu’il offre grâce à son large réseau au Sénégal et le fait aussi qu’il constitue le service le plus connu au Sénégal; en effet, la plupart des gens connaissent son existence et s’orientent directement vers lui en cas de besoin de transfert (à titre d’exemple, lorsque vous demandez à un chauffeur de taxi à Dakar le mode par lequel il reçoit de l’argent de l’étranger, il désigne aussitôt WU). De plus, dans ce système, ni l’émetteur ni le récepteur n’ont l’obligation d’ouvrir un compte bancaire pour effectuer un transfert et l’expéditeur n’a même pas besoin de décliner son identité. Ce qui est particulièrement avantageux pour les émigrés clandestins qui peuvent rester dans 1 ‘ anonymat. Ensuite vient Money Gram (avec 19% des émigrés enquêtés). Les envois de fonds via le système Money Gram proviennent essentiellement des pays suivants: l’Italie (le plus gros marché), l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, les Etats Unis. Le système de transfert de Money Gram est similaire à quelques exceptions près à celui de WU. En comparaison avec WU, Money Gram offre un service aussi rapide et tout aussi sécurisé, mais à moindre coût. Il y a également la Poste (avec 6% des émigrés enquêtés) et Money Express (avec 4% des émigrés enquêtés). En plus de ces entités citées ci-dessus, on note de plus en plus l’émergence de nouveaux opérateurs parmi lesquels, on peut citer, Rias, Télégiros, Osmos finance. Toutefois il convient de noter aussi qu’en dehors de ces voies officielles de transfert, 9% des émigrés enquêtés, malgré le développement des services de transfert, continuent à utiliser dans leurs opérations de transfert la procédure de la « Main-à-Main »9pour convoyer leur argent à destination. 

 Le montant des finances reçues 

L’émigration représente une source financière importante pour une grande partie des Sénégalais et pour le pays entier, compte tenu du volume des fonds qui sont transférés chaque année par les émigrés. En effet, le Sénégal est un des principaux pays de réception de fonds des émigrés en Afrique (4ième pays récepteur en Afrique sub-saharienne derrière le Nigéria, le Lesotho et le Soudan). Et selon une étude récente, ces transferts effectués par les 9Une procédure par lequel l’émetteur se trouvant à l’étranger convoie l’argent via un intermédiaire. Et ce dernier, par devers lui, le fait transiter jusqu’au pays. 46 travailleurs émigrés seraient estimés à près de 544 milliards de FCFA (soit 832 millions d’euros) pour l’année 2007 (BCEAO, 2008). Toutefois concernant notre zone d’étude, fournir un chiffre exact sur le montant réel perçu par la commune de ces émigrés a été une tâche difficile du fait, de l’absence d’étude traitant de cette question, mais aussi et surtout du fait que la plupart des institutions de transfert existantes dans la zone sont réticentes à l’idée de donner des informations sur les envois des émigrés. Il y a aussi que les ménages des émigrés ne perçoivent pas seulement les mandats dans ces places financières mais dans d’autres bureaux éparpillés dans Dakar. Néanmoins, malgré ces difficultés, nous avons tenté de donner un aperçu sur les sommes reçues par les ménages des émigrés enquêtés. Les résultats sont établis dans le tableau ci-dessous.