Les effets de l’exercice aquatique (balnéothérapie) sur la fatigue chez les patients atteints de sclérose en plaques

Les différentes formes

La sclérose en plaques évolue par poussées ou alors de manière progressive. La forme évolutive par poussées/rémittente : dans cette forme de la maladie, la pathologie progresse par poussées successives sans aggravation du handicap. Les symptômes sont susceptibles d’apparaitre en quelques heures ou alors en quelques jours puis ils vont régresser intégralement ou en partie en quelques semaines (forme nommée rémittente).
Chaque poussée est caractérisée par la manifestation de nouveaux symptômes, la réapparition d’anciens et par l’aggravation de certains. La pathologie évolue sur un bon nombre d’années avec des symptômes divers en fonction du rythme imprévisible d’apparition des poussées. La diminution ou la disparition des symptômes correspond à la période rémission, celle-ci peut être variable dans le temps et parfois permanente. Ainsi la forme récurrente-rémittente est la plus représentée car elle correspond à 85% des personnes atteintes de sclérose en plaques, elle commence le plus souvent vers 25/35ans. A la suite d’un certain nombre d’années (5 à 20ans), les poussées laisseront des séquelles. Un handicap constant peut apparaitre et s’accroitre de façon progressive avec ou non la présence de poussées, ce qui correspond à la phase secondaire progressive de la sclérose en plaques.
Certains malades garderont leur autonomie longtemps tandis que d’autres auront par exemple une incapacité à marcher 20 ans après le début de la pathologie.
La forme primaire progressive de la sclérose en plaques : dans cette forme de la maladie, on observe une aggravation des symptômes pendant une période d’au moins 6 mois. Cette forme représente donc les 15% restant des cas et touche autant les femmes que les hommes. Cette forme de la sclérose en plaques correspond à la forme la plus sévère, elle commence le plus souvent après la quarantaine. L’aggravation est régulière sans poussée ni rémission, le handicap s’installe progressivement. Le handicap permanent est dû à l’accumulation des incapacités des différentes fonctions laissées par les symptômes. La perte de mobilité entraine la perte d’autonomie et l’isolement.

Les facteurs de risque/causes

En premier lieu, même si cette pathologie n’est pas héréditaire, il existerait une prédisposition génétique. Cependant pour que la pathologie apparaisse, il faut une interaction avec des facteurs environnementaux. De plus, les infections virales ou un déficit en vitamine D, pourraient favoriser l’apparition. La vaccination contre l’hépatite B ou encore celle contre les infections au papillomavirus avaient hypothétiquement un lien avec la sclérose en plaques selon certaines personnes cependant des études récentes ont prouvé l’absence de lien de cause à effet. La prédisposition génétique est la conséquence d’un groupement de plusieurs variants génétiques, chacun d’entre eux ont un faible impact sur le risque de développer la pathologie.
Des variations génétiques spécifiques affectant un locus du système HLA ont été reconnues par une vaste étude comme étant un risque de développer la sclérose en plaques. Ainsi plus de 200 variants génétiques ont pu être identifiés, avec souvent un rôle dans l’immunité.
Avec cela il faut divers facteurs environnementaux. En premier lieu les facteurs climatiques avec l’ensoleillement donc la vitamine D comme vu plus haut, il pourrait expliquer en partie la répartition de la pathologie dans le monde en fonction des latitudes, avec une augmentation du nombre de malades au plus on s’écarte de l’équateur. Des travaux ont mis en hypothèse que l’exposition environnementale au moment de l’adolescence serait décisive et cela alors que la maladie se déclarerait plusieurs années après. Aux vues des données épidémiologiques d’autres facteurs pourraient être des déclenchants tels que les polluants respiratoires, l’obésité ou le tabagisme actif ou passif durant l’enfance. Cependant aujourd’hui on ne connait toujours pas la manière dont ces facteurs ont un rôle dans le développement de la pathologie, on n’a pas réussi à identifier le mécanisme. C’est pour cela qu’on ne peut pas anticiper l’apparition de la maladie.
Pour finir il existe une dernière hypothèse, celle-ci concerne le risque infectieux. Les scientifiques pensent qu’il pourrait y avoir une origine infectieuse. Celle-ci pourrait hypothétiquement donc occasionner un dérèglement du système immunitaire qui entrainerait une attaque fortuite des antigènes du «soi» potentiellement présents sur la myéline. Ainsi un grand nombre de virus ont été examinés chacun leur tour et il semblerait que l’infection par le virus Epstein-Barr à l’origine de la mononucléose soit un facteur de risque de la sclérose en plaques.
Ainsi au jour d’aujourd’hui, les causes exactes de la pathologie demeurent méconnues. On peut seulement suggérer que cette pathologie soit multifactorielle avec des facteurs endogènes inhérents à chaque personne, et avec des facteurs exogènes assujettis à l’environnement du sujet.

Le parcours de soins

Comme énoncé précédemment le bilan initial à l’origine du diagnostic est réalisé par des médecins. A la suite de l’annonce de la maladie, la prise en charge est pluridisciplinaire avec par exemple l’intervention de médecins, de kinésithérapeutes, d’infirmiers ou d’ergothérapeutes. Une reconnaissance en affection de longue durée peut être réclamée par le médecin traitant entrainant une prise en charge globale des coûts des soins et examens relatifs à la pathologie. Des intervenants sociaux peuvent aussi être présents dans une démarche de soutien et d’accompagnement du patient. La rééducation peut se faire en ambulatoire, en centres de rééducation spécialisés en neurologie ou en centres spécialisés de la sclérose en plaques. Grace au plan maladies neurodégénératives il y a l’installation de centres experts pour cette pathologie au sein des centres hospitaliers universitaires, préférentiellement. Certaines régions ont installé des réseaux de santé consacrés à la sclérose en plaques afin d’apporter de l’information, du soutien et de l’accompagnement aux malades.
Il existe 3 catégories de traitements de la sclérose en plaques. En premier lieu celle qui intervient sur les poussées afin de réduire leurs durées et leurs gravités, en second lieu celle qui agit en traitant les symptômes pour diminuer la gêne quotidienne et en dernier lieu la catégorie des traitements de fond qui influe sur le système immunitaire. Malgré tous ces traitements il n’en existe encore aucun qui remédie à la maladie.
La sclérose en plaques étant une pathologie chronique, l’éducation thérapeutique sera d’une importance capitale afin de rendre le patient le plus autonome possible grâce à l’acquisition de connaissances et de compétences.

La kinésithérapie

Actuellement la prise en charge kinésithérapique de patient atteint de sclérose en plaques varie en fonction de l’état/ phase de la maladie, de la douleur et de la fatigabilité du patient.
Lorsque l’apparition d’une gêne ou d’une fatigue invalidante survient alors la rééducation est mise en place et sera présente tout au long de la pathologie, en fonction de son évolution. Elle est notamment nécessaire afin d’éviter les attitudes vicieuses et les limitations articulaires hors des périodes de poussées. En période de poussées aiguësil sera préférable d’effectuer des techniques passives et des techniques à visées antalgiques. Tandis qu’en phase de marche autonome la kinésithérapie sera préférablement fonctionnelle avec un travail de l’équilibre ou de la marche, et orientée vers un réentrainement à l’effort associé à de l’auto rééducation.
Lorsqu’on atteint la phase de perte de l’autonomie, la kinésithérapie sera davantage orientée vers la lutte de la spasticité et l’acceptation du fauteuil roulant par exemple. Pour finir en phase de dépendance la kinésithérapie interviendra en prévention des troubles orthopédiques, dans la lutte contre la douleur ainsi que dans le maintien de la fonction respiratoire.
Cela étant, les symptômes varient d’un patient à l’autre et toutes les techniques ne seront pas obligatoirement utilisées. La prise en charge pourra être réalisée en séances individuelles mais aussi parfois en cours collectifs.
Néanmoins les techniques utilisées varient selon les symptômes :
En ce qui concerne la prise en charge de la fatigue, la rééducation se compose de conseils pour s’organiser dans la vie de tous les jours, ainsi que d’autres se rapportant à l’économie rachidienne. La rééducation comporte également des protocoles de réentrainement à l’effort effectué par l’intermédiaire du vélo ou du tapis roulant par exemple.
La prise en charge d’une spasticité se fait par des étirements des chaînes spastiques indépendamment du niveau d’autonomie, de plus, la cryothérapie pourrait également avoir une action bénéfique.
La rééducation des troubles de la marche, ayants pour origine des troubles de l’équilibre, implique un travail de la proprioception, un apprentissage des relevés du sol, des stimulations des réactions parachutes ainsi que des exercices d’équilibre assis et debout principalement.
En cas de troubles respiratoires ou de surinfection, la kinésithérapie respiratoire est indiquée. Pour les troubles génito-sphinctériens on pratique la rééducation périnéale.

Description du traitement évalué

Depuis fort longtemps on connait les bienfaits de l’eau, en effet déjà Hippocrate écrivait à ce sujet. Cependant cela se rapportait davantage à l’eau de mer, donc à l’eau salée. Ensuite il y a eu les Romains avec leurs bains publics. Mais c’est durant le 19ème siècle qu’est apparu le terme de Balnéothérapie grâce à Vincent Priessnitz qui employait la thérapie pour guérir les blessures. La rééducation dans l’eau (balnéothérapie) est reconnue seulement depuis le XXème siècle (1922) où les masso-kinésithérapeutes ont eu la capacité de l’utiliser comme moyen de rééducation.
La balnéothérapie est une thérapie aux multiples bienfaits. Elle permet d’avoir une aisance de mouvements, une fluidité, ou encore un travail en apesanteur. Ce qui entraine une possibilité de travail musculaire et articulaire doux. Elle permet donc de diminuer certaines douleurs, d’améliorer la mobilité et l’équilibre et peut permettre une remise en charge progressive. De plus la balnéothérapie est adaptée à tous les âges.
La balnéothérapie est indiquée pour certains symptômes et pathologies dont notamment l’ortho traumatologie, la rhumatologie, ou bien la neurologie.
Malgré cela il est important de connaitre les contre-indications à cette thérapie avec notamment : les affections cutanées, les plaies non cicatrisées telles que les ulcères, les patients avec trachéotomies, des pathologies ORL telles que l’otite, certaines pathologies cardio vasculaire telles qu’une fistule artérioveineuse, les maladies contagieuses ou porteuses de microbes, les nausées ou vomissements, ou encore les incontinences urinaire et/ou anale.
La balnéothérapie est donc le traitement qui sera évalué. Idéalement les exercices aquatiques seraient encadrés et pratiqués dans une eau à une température inférieure à la température corporelle en raison de la pathologie et du phénomène de Uhthoff qui s’y rapporte. Certes la température n’agit pas sur l’évolution, mais néanmoins la chaleur augmentant la température corporelle peut majorer les symptômes par une altération, bloc de la condition nerveuse au niveau des zones démyélinisées du système nerveux central. Cela a pour conséquence un influx nerveux ralenti entrainant les symptômes. Certains effets peuvent même être mortels.
Les situations favorisant le phénomène d’Uhthoff sont variées, car l’augmentation de la température corporelle peut avoir des origines internes ou encore externes. Parmi ces causes externes on retrouve la température de l’air élevée présent en été ou dans certains pays, mais aussi la température de l’eau avec les douches ou bains chauds ainsi que les saunas ou hammams. Ensuite il y a les causes internes avec la fièvre ou lors d’une activité physique importante. Pour finir la fatigue serait susceptible d’avoir un rôle dans ce phénomène car le phénomène d’Uhthoff apparait majoritairement chez les patients qui ont une élévation de leur température corporelle combinée à une fatigue ou un stress. Ce phénomène peut survenir à n’importe quelle étape de la pathologie, de plus il est assez fréquent car plus d’un patient sur deux pourrait connaitre ce phénomène au cours de leur vie. Cependant le froid aurait l’effet opposé pouvant améliorer l’état de quelques patients, mais ne serait pas toujours bien toléré par d’autres. En résumé le phénomène d’Uhthoff c’est l’apparition temporaire de troubles et de symptômes en lien avec la sclérose en plaques au moment d’une augmentation de la température corporelle mais se diffère d’une poussée par sa disparition avec la diminution de la température sans laisser de séquelle.

Table des matières

1. Introduction
1.1 Description de la pathologie/population concernée 
1.1.1 Définition et généralité
1.1.2 Epidémiologie
1.1.3 Diagnostic
1.1.4 Symptômes
1.1.5 Les différentes formes
1.1.6 Evolution
1.1.7 Les facteurs de risque/causes
1.1.8 Le parcours de soins
1.1.9 La kinésithérapie
1.2 Description du traitement évalué 
1.3 Hypothèses théoriques
1.4 L’importance de cette revue
1.4.1 Pour les patients
1.4.2 Pour la profession
1.5 Objectif de la revue de littérature 
2. Méthode 
2.1 Critères d’éligibilité des études pour cette revue
2.1.1 Généralité
2.1.2 La population
2.1.3 Intervention thérapeutique
2.1.4 Comparateur
2.1.5 Critère de jugement
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Equation de recherche utilisée
2.3 Méthode d’extraction et d’analyse des données 
2.3.1 Méthode de sélection des études
2.3.2 Extraction des données
2.3.3 Evaluation méthodologique des études sélectionnées
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3. Résultats
3.1 Description des études
3.1.1 Diagramme de flux
3.1.2 Etudes exclues
3.1.3 Etudes incluses
3.2 Risques de biais des études incluses
3.3 Effets de l’intervention sur la fatigue
4. Discussion
4.1 Analyse des principaux résultats 
4.1.1 MFIS
4.1.2 FSS
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique 
4.3 Qualité des preuves
4.3.1 HAS
4.3.2 Système GRADE
4.4 Biais potentiels de la revue
5. Conclusion
Bibliographie 
Table des annexes

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