Les dysfonctionnements au niveau du marché central

Les inondations 

Elles sont visibles à chaque hivernage. D’après l’entretien que nous avons eu avec le président de l’UNACOIS, cette situation est due au dysfonctionnement des canaux et égouts d’évacuation des eaux pluviales. Toujours selon ses dires, depuis la réfection du marché le curage n’a pas été fait. Ainsi à chaque hivernage les eaux menacent d’entrer dans le marché. Cette situation est dénoncée également par les commerçants qui longent l’avenue Général de Gaulle qui voient à chaque hivernage cette axe envahit par les eaux.

Les problèmes de sécurité

Lieu de vente d’achat et de rencontre, le marché central est aussi un lieu où le vol comme dans tous les marchés du pays est un fait régulier. Les délinquants plus connus sous le nom de « Fakh man » spécialistes du vol à la tire ont crée un sentiment d’insécurité constant chez les clients et les vendeurs surtout pour ceux qui empruntent le marché « Mbeukeunté » 13 et l’avenue Chevalier Ira Aldridge.
D’un autre coté le marché central n’est pas à l’abri des incendies. En effet les branchements illégaux des fils électriques entre cantines voisines sont souvent à l’origine de sinistres, comme en atteste cet incendie qui a eu lieu dans la nuit du 04 au 05 Août 2010 sur l’intersection de l’avenue Général de Gaulle et la rue Douamont (voir cliché n°10).

Les effets de la polarisation du marché central sur les équipements marchands de la ville 

L’existence du grand marché central s’est traduite par une forte polarisation des réseaux commerciaux. Cette polarisation induit de nombreux effets négatifs, en premier lieu sur le fonctionnement interne du marché, mais aussi sur le fonctionnement de l’agglomération.
Ainsi le dynamisme du marché central aujourd’hui fait que certains marchés secondaires ou marchés de quartiers se caractérisent par leurs sous équipements, voire l’absence pure et simple de tout équipement. On observe ainsi la reproduction de tous les mécanismes d’un cercle vicieux : peu attractifs les différents marchés de l’agglomération thièssoise voient leurs usagers (clients, vendeurs) les laisser au profit de la zone central, stimulant encore que cette dernière exerce à l’échelle urbaine. Ce processus précipite le déclin des autres marchés, dont le niveau de recettes est tellement faible qu’ils ne peuvent pratiquement faire l’objet d’aucun investissement. Ainsi on peut ressortir l’exemple des marchés de Mbour 2 et des HLM Thialy (la construction de ces deux marchés a nécessité la mobilisation d’une somme de 250.000.000 FCFA)14 qui depuis leur mise en place restent sous occupés voire inoccupés.
Au total, cette forte attractivité du marché central engendre des coûts collectifs importants, spécialement en matière de transport. En effet rien que pour les clients, 31,42% des enquêtés prennent comme moyens de transport le taxi clando, 18,35% le car urbain, 24,28% la calèche, 1,42% le véhicule particulier, 4,28% le taxi alors que 20% adoptent la marche. Ainsi nous pouvons comprendre à travers ses résultats qu’une bonne frange des clients prend un moyen de transport. Cette stratégie pour se déplacer traduit la distance que doit faire le client pour accéder au marché central alors qu’ils en existent d’autres plus proches de son lieu de provenance.
Ainsi à travers ce chapitre nous avons vu que le marché central de Thiès présente de nombreux dysfonctionnements qui malgré les efforts de la municipalité demeure récurrent.

Les difficultés de gestion 

Le marché central est l’équipement marchand le plus grand de la ville Thiès par sa capacité à desservir les populations en denrées périssables en passant par l’habillement, les produits de beauté etc. Cette situation fait que de nos jours il est confronté à un problème crucial d’espace. En effet, chacun tient à avoir une place dans le marché afin de pouvoir écouler sa marchandise. L’importance de la clientèle aidant nous avons ainsi comme résultat une saturation de l’espace où des centaines, des tables, des étals à même le sol, des « pousses pousses » se prolifèrent dans le marché, faisant fi des normes élémentaires de sécurité.
Pour l’essentiel des rues qui sont en général larges de six (6) mètres les marchandises débordent de tel sorte que seul un (1) mètre est utilisable pour le client (rue Amadou.G.Sow). Par conséquent, avec la saturation du marché et son environnement immédiat, les voies publiques sont investies et entrainent une modification de la physionomie et le fonctionnement de l’espace.

Actions entreprises par la municipalité 

Le marché central est largement sorti de son périmètre et fonctionne en réalité sur une zone élargie.Sa réhabilitation qui s’est déroulée entre 2003 et 2005 a été mal organisée etdélicate notamment du fait de l’imbroglio des situations financières qui y prévalent (lecentre commercial Général de Gaulle). En effet le centre commerciale Général de Gaulle n’est pas construit par la mairie, cette équipement fait partie des travaux du programme indépendance en 2004. Les nombreux problèmes qui ont surgit sur ce programme donc ont fait que ce chantier est aujourd’hui arrêté et attend toujours d’être finaliser. Cette réhabilitation n’a apporté aucune réponse face à l’engorgement que connaissent certaines rues et avenues qui gravitent au tour alors que c’est là que se produisent les dysfonctionnements. La stratégie adoptée par la municipalité consistait à rechercher la concentration des activités sur le marché lui même en créant des emplacements pour tous les commerçants désireux d’exercer son activité dans le respect des normes établies.

La non implication des acteurs 

Sur les trois associations qui nous ont accordé un entretien à savoir l’UNACOIS, le Regroupement des Tailleurs de la Région de Thiès et l’Association des Marchands Ambulants pour le Développement/TH seul la première avoue être impliquée dans les décisions prises par la municipalité. Pour les tailleurs et les ambulants, ils font remarquer qu’il n’existe aucune consultation en se qui concerne les décisions prises pour la bonne organisation du marché. En effet selon ces derniers, qui se réfèrent au projet de réhabilitation, aucune consultation n’a été faite pour connaître leurs besoins, ce qui a conduit à des maladresses sur le choix et la conception des nouveaux locaux. Pour les tailleurs les cantines sont trop petites vue le nombre de personne qu’ils emploient, ce qui les a poussé d’ailleurs à chercher d’autres emplacements auprès des maisons aux alentours du marché.
Pour les mareyeurs, ils évoluent dans le même sens que les tailleurs qui fustigent ce manque de concertation en donnant l’exemple des tables en céramiques qui leurs étaient destinés et qui se révèlent trop étroites et trop hautes pour la vente des produits. Ce qui fait ainsi que les points centraux des îlots D et C soit aujourd’hui abandonnés par les marchands qui le jugent inadéquate parapport à leur besoin et ont préféré continuer leurs activités sur le secteur informel dans le marché Sam situé juste à coté du marché central.
Pour les riverains sur les 26 chefs de ménages enquêtés même s’ils bénéficient du voisinage direct avec le marché à travers la location 73,07% avouent être confronté à des nuisances venant du marché. Ces problèmes sont énumérés comme suit : occupation des devantures de maisons par les marchands ambulants entrainant d’énormes problèmes pour se déplacer, une nuisance sonore et une insalubrité notoire. En effet pour ce dernier cas, les riverains dénoncent le fait que les commerçants ne ramassent pas les ordures lors de leur décente ce qui est souvent à l’origine des mauvaises odeurs qu’on ressent durant les nuits.
Concernant les clients sur le total de nos enquêtés 15,72% avouent être confrontés à des problèmes de mobilité que se soit à l’intérieur ou aux alentours du marché. Ainsi même s’ils achètent beaucoup chez les marchands ambulants, ils dénoncent le fait que ces derniers occupent les voies destinées aux véhicules et piétons. Concernant l’hygiène au niveau du marché 18,57% dénoncent l’insalubrité au niveau de la rue Amadou .G. Sow et les tas d’immondices qui gravitent au tour du bac à ordure à hauteur du boulevoir Mawa Doukouré.

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Une absence de coordination entre les différentes associations du marché 

Malgré la forte présence des associations au sein du marché central, ce qu’il faut noter c’est cette absence d’union entre ces différentes entités. En effet devant les intérêts divergents des unes et des autres chaque association évolue de son coté. L’UNACOIS qui reste la plus grande association commerçante au niveau national est aujourd’hui critiquée par certains commerçants d’ou cette nécessité pour ces derniers, de créer des structures parallèles. Ainsi, il n’est pas rare de voir des conflits entre l’UNACOIS et l’association des marchands ambulants. En effet l’UNACOIS dénonce souvent au prés de la mairie l’occupation abusive des grandes artères du marché par les marchands ambulants (voir lettres page annexe) et ces derniers de répondre par des menaces de représailles. Pour les tailleurs, ils évoluent dans le même sens que les marchands ambulants en indexant l’UNACOIS comme une structure politique au service de la municipalité.

Appréciation des différents acteurs sur la gestion du marché 

Sur la base d’un sondage lors de nos enquêtes auprès des différents acteurs qui évoluent dans le marché central, nous avons essayé à travers notre questionnaire de cueillir les appréciations des uns et des autres sur la gestion du marché. Concernant les commerçants fixes 22,4% jugent la gestion du marché bonne, 50,4% la jugent moyenne alors que le reste soit 27,2% pensent que la gestion est très mauvaise. Pour les ambulants 71,42% jugent la gestion du marché comme étant très mauvaise, 28,57% jugent la gestion moyenne par contre personne d’entre eux n’apprécient le mode de gestion du marché. Concernant les clients, 61,42% jugent la gestion du marché appréciable, 25,71% considèrent qu’elle est moyenne contre 6,34% qui donnent une mauvaise appréciation.

Conclusion générale 

Mener une recherche sur le marché central de la ville de Thiès fut pour nous une expérience très importante. En effet notre choix de travailler sur Thiès a été motivé par deux choses, le fait d’habiter dans la localité en est une, la seconde est que le marché central parmi les neuf que compte la ville de Thiès est non seulement le plus connu mais aussi le plus dynamique.
Ainsi pour mener à bien cette recherche qui porte sur l’approche géographique du marché central nous avons eu à diviser le travail en trois parties.
Dans la première partie, nous avons essayé de démontrer l’effet que pouvait avoir le dynamisme démographique et spatial d’une ville sur l’implantation des équipements marchands. De ce fait nous avons tenté de retracer l’évolution spatiale de la ville de Thiès qui remonte à l’époque coloniale ce qui nous a permis d’avoir un aperçu sur le mode de fonctionnement de la ville, les premières installations. Ainsi comme nous l’avons vu Thiès qui constituait pour le colon un point stratégique est vite devenue une ville pionnière attirant des populations à la fois du pays et de la sous région. Après les indépendances son rythme de croissance démographique et spatial va s’accélérer suite au boom économique qui ressort de l’implantation des nouvelles industries, l’expresse Dakar Bamako qui favorisa le commerce sur le centre ville plus particulièrement le marché central qui a fini par remplacer l’escale colonial. C’est devant cette situation que les autorités pour des soucis d’aménagement ont créé des équipements dont les marchés qui sont passés de six dans les années 80 à neuf dans les années 90. Le marché central considéré comme l’équipement le plus dynamique de la ville de Thiès nous avons essayé dans la deuxième partie d’aborder son mode d’organisation. Les résultats obtenus sur le terrain ont montré que le marché central est bien organisé. En effet l’équipement implanté au cœur du quartier Escale Nord est composé de quatre îlots ou blocs qui abritent à leur sein des cantines étals, loge de boucherie, boxes de poisson et d’autres dessertes. Nous avons aussi à travers nos enquêtes établit le profil des différents acteurs qui interviennent à l’intérieur du marché à savoir les commerçants fixes, les marchands ambulants et les clients. Les résultats obtenus nous ont permis d’avoir une vision nette sur le profil de chacun des acteurs, leur lieu de provenance ; s’était aussi l’occasion pour nous de nous intéresser sur le statut et les fonctions du marché central au sein de la ville de Thiès. Les résultats ainsi ont montré que le marché central par ses fonctions de collecte et de redistribution constitue le poumon économique de la ville.

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