Les dynamiques transfrontalières face a la crise qui se manifeste en Casamance

EVOLUTION ET MANIFESTATION DU CONFLIT DANS LA COMMUNAUTÉ RURALE DE KATABA1

La communauté rurale de Kataba 1 a été touchée par la crise qui se manifeste en casamance dès le début des évènements. En effet, deux grands épisodes y ont marqué le démarrage de la crise : il s’agit d’une attaque contre le Poste de douanes de Séléty en mars 1987 et d’une autre contre les gendarmes de Diouloulou au niveau de la carrière de Médina Birassou en 1989. Mais, c’est à partir de 1994 que la crise s’est vraiment accentuée dans la communauté rurale avec l’implantation des cantonnements de rebelles. Cette période a été marquée par des affrontements fréquents entre le MFDC et l’Armée Nationale et de nombreuses dénonciations conduisant ainsi les populations sur les chemins de l’exode. De nombreux villages furent déplacés vers la Gambie, notamment ceux situés le long de la frontière. Aujourd’hui, beaucoup de ces populations se sont réinstallées dans leurs villages et la CR vit une situation d’accalmie nonobstant la présence d’éléments armés dans certaines zones. En plus du conflit casamançais, de nombreux conflits fonciers ont été identifiés dans la communauté rurale. Ils opposent souvent deux villages de la CR, ou un village et un autre de la CR de Kafountine (Abéné). Tous ces conflits sont liés à l’occupation de l’espace ; les populations se disputent souvent les zones de terroir situées entre les villages.

LES DYNAMIQUES TRANSFRONTALIERES

A Séléty, les mouvements migratoires, le commerce ainsi que d’autres activités économiques restent au cœur du développement spectaculaire et indéniable de ce village frontalier.

LA MOBILITE DES POPULATIONS

Le principe migratoire n’est pas simplement lié aux concepts de nation et de frontière, de création assez récente à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Les individus se sont en effet toujours déplacés hors de leurs foyers d’origine à la recherche de meilleurs conditions de vie.
Des mouvements de population entre le Sénégal et la Gambie restent permanents. Ces vas et viens des voyageurs sont contrôlés par la police et la douane mais aussi par les forces de l’ordre positionnées à Séléty.
Ces services de l’Etat travaillent sans arrêt pour s’assurer de la régularité des entrées et des sorties des personnes, des biens et des capitaux.
Malgré la présence de ces services, les fraudeurs contournent la route principale pour emprunter des pistes traversant de grandes forêts pour s’approvisionner des produits de la Gambie jugés moins chers par tous les habitants frontaliers. Cette déviation utilisée clandestinement par les trafiquants à comme sauveur l’instabilité autrement dit l’absence de paix engendrée par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance.
Par ailleurs, la proximité des ces deux pays occasionne non seulement des migrations pendulaires mais également des migrations saisonnières temporaires ou définitives pour la plupart des sénégalais qui sont attirés par les villes de la Gambie comme Banjul (la capitale de la capital de la Gambie), Sérécounda et Brikama.

LES MIGRATIONS SAISONNIERES

Quoique de durée limitée et de caractère cyclique, les migrations saisonnières ou temporaires diffèrent des migrations pendulaires par leurs causes. Elles sont souvent caractéristiques de sociétés rurales en proie à des difficultés d’ajustement dans les calendriers d’économie agricole ; les migrants fournissent alors une main-d’œuvre d’appoint à certains moments de l’année.
Ces déplacements concernent pour la plupart du temps des jeunes capables de travailler pour subvenir à leur besoin. De nombreux jeunes partent ainsi en ville afin de pouvoir payer la dot qui conditionne leur mariage ; la plupart sont agriculteurs, éleveurs, paysans sans terre ou petits propriétaires.
Ils quittent Séléty pendant la saison non pluvieuse pour rejoindre les zones urbaines de la Gambie à la recherche d’emploi pour compenser les périodes de soudure. De tous les types de migrations qui se produisent dans le monde, les migrations saisonnières définitives ou de longue durée sont de loin les plus importantes. Les déplacements des campagnes vers les villes (exode rural) constituent le flux principal entre Séléty et la Gambie, et ces ruraux de Séléty ont pour destinations principales les villes de Brikama, de Sérécounda et de Banjul. Ils envoient de l’argent à chaque fin du mois à leur famille respective.

LES DEPLACEMENTS QUOTIDIENS LIES AU TRAVAIL

Les déplacements quotidiens concernent aujourd’hui beaucoup de Sélétois. Leur importance dans la vie urbaine n’a cessé de croître. La spécialisation fonctionnelle des diverses parties des zones urbaines en est la principale cause. Les activités économiques se sont ainsi concentrées par secteurs dans certaines zones des agglomérations très proches comme la ville de Banjul et celle de Sérécounda. Dans le même temps Séléty en particulier et certains villages frontaliers en générale se sont étendues et éloignées des centres pour des raisons de surface disponible et de coûts moins élevés. La notion de distance en ville doit néanmoins être comparée à celle du temps de transport ; il faut ainsi en moyenne une heure au maximum pour faire le trajet Séléty-Banjul.
La plupart de ces travailleurs utilisent les moyens de transports privés pour leurs déplacements entre le lieu de travail et le domicile.
Pour des raisons d’éducation, beaucoup de jeunes de Séléty se sont installés en Gambie. Grace à sa proximité et au lycée sénégalais implanté en Gambie dans les années 80, un nombre très important de jeunes sénégalais est installé dans ce territoire voisin.

LE COMMERCE

Le commerce est une activité très développé dans la communauté rurale de Kataba1 et surtout dans ce village frontalier de Séléty.
Toutes sortes de produits sont commercialisées dans ce marché. Parmi ces marchandises provenant de la Gambie, nous pouvons citer les produits manufacturés comme du sucre, du thé, des tissus, des habits, des chaussures, du café, etc.
A côté de ces produits finis nous avons des restaurants aux menus variés et très intéressants au service des voyageurs, des transporteurs, des commerçants mais également des habitants du village même comme les célibataires ou les couples ayant l’envie de se restaurer de temps à autre.
Ces restaurants sont très souvent pleins à claqués du fait de la proximité entre le garage et le marché.
La quasi-totalité des populations de la communauté rurale de Kataba1 ainsi celles de la communauté de Kafountine et même celle de Sindian achètent leur ravitaillement en Gambie.
Même dans le marché de Séléty, les produits vendus proviennent généralement de la Gambie.
Le graphique ci-dessus illustre la répartition des commerçants selon l’ethnie. Il apparait que le commerce est une activité dominée par les peuls et les Mandingue.

LE COMMERCE DES PRODUITS LOCAUX

Il est basé sur les produits de consommation locale. Ces produits sont très diversifiés. Nous pouvons citer le « Ditakh », le « Made », l’huile de palme etc.
Les fruits sauvages sont vendus par des commerçants qui approvisionnent toutes les autres régions du Sénégal. Ce commerce leur permet de subvenir à leur besoin de premières nécessités telles que l’achat des denrées alimentaires surtout manufacturées.
Les fruits domestiques comme les oranges, les mangues, les citrons sont exportés de la Casamance vers la Gambie et d’autres villes du pays comme Dakar, Ziguinchor, Thiès Kaolack etc. Ces produits sont commercialisés le plus souvent par des femmes appelées « Bana-bana » qui effectuent cette activité durant toute l’année en fonction des périodes de ces divers fruits.
Il faut noter aussi la commercialisation du lait. Ce produit alimentaire est vendu par des femmes indigènes mais aussi par des jeunes garçons qui achètent et revendent ce lait à des prix compétitifs.

LE COMMERCE DES PRODUITS MANUFACTURE

Pour ce qui est de ces produits nous notons des grossistes et des commerçants en détail :
– Les grossistes dont la plupart d’entre eux sont originaires de la Mauritanie (des Maures) et sont présents tout au long des villages frontaliers là où le commerce est très fructueux. A coté des ces derniers il y a des peuls qui également pratiquent cette activité plus que les autres ethnies du Sénégal. A Séléty, ces Maures et les peuls ont le monopole du commerce et particulièrement celui des produits extérieurs (produits importés le plus souvent de la Gambie). Ils vendent du riz, du sucre, de l’huile d’arachide, des vélos, des chaussures, la tomate de conserve, des sardines etc. Ce commerce enrichit ces grossistes rapidement mais aussi permet aux commerçants en détail de s procurer de ces produits.
– Les détaillants peuvent être des boutiquiers, des vendeurs ambulants etc. Ils gagnent leur vie en pratiquant d’autres activités comme l’agriculture pendant la saison pluvieuse et l’élevage. C’est pourquoi la plupart d’entre eux sont des commerçants cultivateurs ou des commerçants éleveurs.

LES COMMERCE DES PRODUITS AGRICOLES

L’arachide est la principale culture de rente. Malgré les aléas climatiques (diminution de la pluviométrie) et l’appauvrissement des sols, les paysans continuent de pratiquer cette activité au détriment des cultures vivrières. Cependant, ces cultures marchandes connaissent un recul extraordinaire durant ces trois dernières décennies et pour compenser ce déficit les paysans font recours au Sésame.
La culture maraichère très développés dans ces villages frontaliers permet d’assurer l’insuffisance alimentaire des ménages mais elle est source de revenu car elle permet aux femmes de vendre la moitié de leur production dans les marchés hebdomadaires. Parmi ces légumes nous pouvons citer l’oignon, la tomate le chou pommé, le piment etc. Ces femmes, juste après l’hivernage trouvent comme occupation la production du légume e des légumes dans leur jardin.
Le commerce des noix d’acajous ainsi que du vin provenant du jus de la pomme d’acajou devient une activité très porteuse. Aujourd’hui, beaucoup de sélétois plante l’acajou tout au tour de leur champ. Cette filière aux profits multiples gagne de plus en plus du terrain dans le village de Séléty en particulier et dans la communauté rurale de Kataba1 en général.

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