Un Secrétaire Général des Nations Unies a déclaré un jour qu’ « il n’y a pas de sécurité sans développement, il n’y a pas de développement sans sécurité et il ne peut y avoir ni sécurité ni développement si les Droits de l’Homme ne sont pas respectés » . Au lendemain de la décolonisation, cette conditionnalité sécuritaire intéresse l’Afrique aspirante à une démocratie stable et un développement rapide et durable.
Autour des années 60, dans le contexte de la guerre froide, les indépendances des pays africaines ont suscité des aspirations aux changements, ayant débouché sur des crises sociopolitiques. L’accession des divers pays africains à l’indépendance procède de plusieurs schémas différents, selon les processus de libération nationale respectifs. Certains pays, tels que l’Algérie, le Congo Kinshasa, le Mozambique et l’Angola, ont retrouvé leur indépendance à la suite de luttes armées ; d’autres ont obtenu leur statut d’indépendant après des négociations avec les anciennes métropoles jalonnées par des phases pacifiques et violentes. La plupart des pays francophones de l’Afrique subsaharienne, dont Madagascar, sont dans ce cas. Sortant de la situation coloniale, les africains espéraient trouver des améliorations qualitatives dans leur Continent. Les tensions résultant de la guerre froide entre le bloc socialiste et le bloc capitaliste se prolongeaient sur le terrain africain et ont engendré des aspirations à des conditions controversées de vie meilleure. A cet égard, on ne saurait insister sur la fréquence élevée des coups d’Etat militaires et le glissement vers le parti unique majoritaire ; aussi peut-on évoquer l’instabilité au Ghana après la chute du Président Kwame Nkrumah en 1996, la sécession du Biafra au Nigéria en 1967, les questions du Katanga en République Démocratique du Congo et les chutes des Présidents malgaches en 1972, 1992, 2002 et 2009. Par ailleurs, la mondialisation devenue incontournable à partir des années 80 a engendré de nouveaux types de crise sur le plan sociopolitique .
Dans le paysage politique mondialisé, la pensée unique a presque réduit les débats sur les questions du développement aux recommandations des bailleurs de fonds basées sur le concept de Consensus de Washington inventé en 1990 par John Williamson. Cette pensée unique a engendré de nouvelles aspirations en Afrique. En 1990, le discours du Président François Mitterand à la Baule a secoué plusieurs pays africains par la phrase suivante : « Il ne peut y avoir de démocratie sans développement et inversement de développement sans démocratie ». Les échos de ce discours ont favorisé les mouvements pour le changement en Afrique francophone ; phénomène cristallisé par l’organisation de conférences nationales, destinées à gérer les crises politiques d’intensité différentielle. Entre autres, on peut citer la tenue des conférences nationales au Bénin, en Centrafrique, au Congo, à Madagascar, au Mali, etc. Pendant la première décennie des années 2000, le paradigme mondial dominant a été favorable à la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit. Cette situation a permis aux africains de contester les élections non démocratiques. Les crises postélectorales ayant mis en confrontation différentes tendances politiques, ont amené la communauté internationale à inventer le concept de gestion inclusive et consensuelle notamment au Zimbabwe, au Kenya, à Madagascar et en Guinée même si cette mode de gestion de crise n’a pas toujours débouché sur une sortie de crise acceptable par tous.
LA DIFFICILE CONJUGAISON DES VECTEURS DE LA STABILITE EN AFRIQUE
Une satisfaction d’une aspiration populaire accentuée
Les manifestations dans les pays du Maghreb et du Moyen Orient appelées plus particulièrement par le Médias les « Printemps Arabes », sont une forme d’expression de l´aspiration populaire. Ces pays présentent une caractéristique identique: que ce soit des monarchies ou des républiques, tous sont des régimes autoritaires ou dictatoriaux, corrompus, où règne le népotisme. Les causes profondes des ces vastes et graves mobilisations en sont presque semblables partout : le chômage, la pauvreté répandue, l’inégalité, la corruption et la répression des droits humains fondamentaux provoquant ainsi, le mécontentement d’un grand nombre de personnes privées de libertés, et qui aspirent à une démocratie. Cette répression moyennant l’utilisation de la religion et ce manque de liberté politique ont réduit considérablement la possibilité de développer des mouvements des jeunes, des travailleurs, des féministes, et ce dans un contexte d’injustices sociales croissantes et d’une dégradation de la situation économique. Toutefois, ces catégories de personnes se sont manifestés car ils aspirent à une société où ils seront libres de défendre leurs opinions et leurs droits, dans une concurrence ouverte et démocratique entre tous les courants politiques. En plus de ces catégories de personnes qui réclament leurs libertés, s’ajoutent les partis islamiques qui sont devenus des forces majeures dans l’opposition aux régimes en place dans toute la région. La majorité de ces gens engagés dans le soulèvement populaire dans ces pays arabes et qui descendent dans la rue n’ont même pas d’affiliation politique. Mais leur colère est si grande, provoquée par l’obligation de vivre sous un régime despotique.
Ils pressentent déjà l’impact des répressions sur leurs vies quotidiennes et futures: l’augmentation massive des prix des biens de base, comme les produits de première nécessité, le gaz, l’essence, et l’électricité, tout cela dans un contexte de chômage désastreux.
Au départ, leurs objectifs étaient de parvenir à sortir de cette impasse quotidienne, et ils n’avaient même pas l’ambition de renverser l’Etat. Ainsi, les gestes qu’ils faisaient aux militaires évitaient tous les gestes susceptibles de contrarier l’armée, et de provoquer des dégâts. Mais cette démarche a changé au fil des jours réclamant un changement démocratique qui leur donnera la possibilité de participer à des élections parlementaires et présidentielles libres, avec le soutien de l’international. Cette montée des aspirations démocratiques parmi les peuples arabes est très significative car les protestations populaires par de mouvements démocratiques, montre un fort désir de démocratie. Ceci est le cas de l’Egypte, de la Tunisie et de la Syrie par exemple. Ces événements prouvent une fois de plus que toute population privée de liberté finira par soutenir la démocratie, quelle que soit la «sphère culturelle» à laquelle elle appartienne, et que ces aspirations populaires à la démocratie se sont accentuées au fil du temps.
Le rôle des jeunes en mouvement
Compte tenu de la mondialisation et l’évolution de la nouvelle technologie, les jeunes de ces pays voient le monde vivre et se sentent à la traîne du progrès. Il ne suffisait plus pour eux de vanter la culture traditionnelle arabo-musulmane. Celle-ci aussi belle fut-elle appartient au passé et les générations montantes veulent vivre à la vitesse de la mondialisation et des libertés fondamentales à l’occidentale. Les jeunes en rébellion réussissent à enclencher la ferveur révolutionnaire. La soif de plus de liberté est manifeste mais elle s’est accentuée chez les jeunes et chez les femmes. En effet, l´attitude des jeunes nous amène à penser qu´ils aspirent à une démocratie. Ils sont à la recherche d´une plénitude. On trouve chez eux la vigueur c’est-à-dire l’énergie et la morale avec lesquels on exécute un projet quelconque. Les événements qui les entourent les ont influencés facilement. Ensuite, le quotidien des jeunes arabes les poussent à chercher un autre mode de vie. .En effet, les arabes sont patriarcaux. La société est ainsi fortement dominée par le chef de famille. L’autorité de ce chef de famille est souvent incontestable et ne donne aucune marge des manœuvres aux jeunes. Ce qui n’est plus le cas dans une société occidentale.
Un rôle considérable des femmes
Les femmes musulmanes vivent au quotidien beaucoup d´interdictions. Outre l’interdiction de conduire, les exigences sur le port des burqas , l’accès au divorce limité par des exigences administratives, financières et juridiques, les femmes dans les pays arabes en général ne peuvent pas non plus voyager à leur gré. Malgré toutes ces difficultés au quotidien, les femmes ont joué un rôle crucial, au côté des hommes, dans ces mouvements populaires. Certaines y ont apporté leur appui logistique, d’autres tout simplement leur présence. La participation des femmes aux comités de surveillance de quartier contre les pilleurs a été d’une grande importance pour éviter le chaos général. Ces femmes ont bravé et bravent encore la violence d’Etat surtout en Syrie pour se libérer des régimes d’oppression. Les révolutions se sont donc faites avec les femmes qui représentent le fondement d’une société, en complémentarité avec les hommes.
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