Les dimensions du positionnement interprétativiste

Les dimensions du positionnement interprétativiste

L’épistémologie, composée des termes « Episteme » et « Logos » en grec, renvoie à l’étude du « savoir » et du « traité » (Gagnon et Hébert 2000). En d’autres termes, il s’agit de la science des sciences, à la recherche de l’origine du savoir. Dans ce cinquième chapitre, nous présentons en premier lieu les différents paradigmes (1.). Puis nous verrons les quatre dimensions inhérentes à une posture épistémologique : ontologie (2.1), épistémie (2.2), méthodologie (2.3) et axiologie (2.4). Chacune de ces dimensions est présentée puis reliée à son intégration dans ce travail. La dimension épistémologique d’un travail de recherche consiste à déterminer le projet de connaissance de l’étude et le positionnement du chercheur dans cette démarche. L’objectif d’un tel questionnement permet de « se rapprocher de l’idéal d’une connaissance certaine et authentiquement justifiée. » (Soler 2009, p.9). En effet, dans toute recherche scientifique, le chercheur doit être capable de justifier son lien avec la production des connaissances. Des paradigmes épistémologiques sont des « systèmes d’hypothèses relatives aux questions qu’étudie l’épistémologie, qui sont partagées par une communauté de chercheurs » (Avenier 2011 : 375).  Dans les sciences de la nature, le chercheur établit une connaissance indépendante de l’influence du chercheur. C’est-à-dire qu’il va chercher à établir des règles, des lois de fonctionnement d’un objet, qui ont valeur de généralité. Les principaux philosophes de cette démarche sont Comte, Carnap, Popper ou Lakatos. Cette conception des sciences privilégie les méthodologies basées sur des principes hypothético-déductifs où le chercheur tient une posture neutre (Allard-Poesi et Perret 2014).

Dans les sciences du vivant à l’inverse, le lien entre le chercheur et la connaissance produite sont interdépendants. L’interprétativisme, dans son acception la plus large, « va souligner la nature intentionnelle et finalisée de l’activité humaine ainsi que le caractère intentionnel, discursif et processuel des pratiques sociales » (Allard-Poesi et Perret 2014 : 17). Les principaux auteurs sont Par la suite, ces deux paradigmes opposés ont donné naissance à différentes nuances qui constituent différents positionnements pour tout chercheur. Il est important de souligner qu’il n’existe pas d’opposition franche et directe entre ces deux extrêmes, notamment parce que les visées, les finalités de tous ces paradigmes sont identiques : « préjuger de l’éthique et de la capacité à dire vrai » (Nguyên- Duy et Luckerhoff 2007). La présentation de Thiétart et al. (2014), qui situent ces différentes logiques de production de connaissance selon des continuums entre ces deux extrêmes, permet de lisser cette opposition et de discuter des nuances de positionnement plutôt que des affrontements et des querelles d’écoles. Ainsi, tous les paradigmes épistémologiques se situent sur un continuum dont les deux extrêmes sont les approches historiques des sciences de la nature face aux sciences du vivant, ou selon Thiétart un continuum allant du réalisme au constructivisme.

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S’il est possible, voire souhaitable, pour toute recherche de convenir d’un positionnement nuancé sur ce continuum, il est toutefois répandu qu’un jeune chercheur puisse avoir du mal à définir clairement sa posture (Dumez 2010, Perret et Dumez 2012, Grandclaude 2015, Gavard-Perret et al. 2018). Dumez (2010), nous le verrons par la suite, conçoit même la question du positionnement comme une aberration. Nous avons donc fait le choix pour cette étude d’adopter un positionnement traditionnel, afin de garantir une cohérence de posture épistémologique. C’est à cette fin que nous présentons les grandes postures admises en sciences de gestion. Les sciences de gestion, par leur caractère intimement pragmatique (Thietart 2014), évoluent entre cinq paradigmes dominants (Avenier et Gavard-Perret 2012, Gavard Perret et al. 2018), que l’on pourrait replacer de gauche à droite sur un continuum représentant différentes conceptions de la réalité : le réalisme scientifique, le réalisme critique, le constructivisme pragmatique, l’interprétativisme et le constructivisme au sens de Guba et Lincoln (1998). En croisant chacune de ces catégories avec les différentes dimensions (ontologique, épistémique, méthodologie et axiologique), on obtient le tableau suivant, adapté de Gavard-Perret et al. (2018). logique, le post-positivisme, néo-positivisme, réalisme critique (Bhaskar 1978, Archer et al. 1998). Ce positionnement « défend l’idée que la science a pour visée d’établir une connaissance valide de la réalité qui est indépendante et extérieure au chercheur » (Thiétart et al. 2014 : 21). L’ensemble des autres postures sont parfois groupées sous le paradigme général de « constructivisme ». Dès le début de cette étude, nous avons attaché une grande importance au contexte et à sa description. De plus, le sujet des réponses négatives à un changement a fait l’objet de très peu d’études. Ce n’est pas un phénomène bien connu, son existence n’est ni largement répandue ni admise. En ce sens, il est préférable de considérer un lien fort entre le chercheur et le sujet puisque le regard porté sur cette situation et son contexte émane en partie d’intuitions et de convictions personnelles. Le paradigme positiviste ou logique a donc finalement été écarté.

 

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