Les difficultés politiques, économiques et sociales durant la crise de 1997

Critiques personnelles

Les Comores figurent parmi les pays qui connaissent une instabilité politique quasi constante, une crise économique et sociale incessante par rapport aux autres pays sous-développés. Depuis 1975, les Comoriens ont combattu pour l’indépendance pour enfin construire un Comore nouveau en instaurant la « Démocratie ». Malheureusement, la pauvreté gagne du terrain et le pays traverse une crise très profonde. Ceci à cause de l’arrogance, de l’incompétence de nos chefs politiques dans les affaires du pays. Les citoyens se prennent la tête pour avoir choisi des dirigeants sans conviction, sans perspective, plein d’arrogance, d’impuissance et de suffisance.
La situation se dégénère et les Anjouanais ne supportent pas l’idée d’être exploités comme des esclaves en plus, à moins de partir pour Grande Comore pour combler les vides indispensables à leur vie. La cherté des conditions de vie des Anjouanais, la domination des Grands-Comoriens, la centralisation excessive des bureaux administratifs et l’accumulation des arriérés de salaires impayés font partie des facteurs déclencheurs du Mouvement séparatiste de 1997. Les Anjouanais réclament leur indépendance vis-à-vis de la grande île des Comores. La participation massive de toutes les catégories sociales anjouanaises au Mouvement n’était rien d’autre au début qu’une revendication de salaire et la réalisation du partage des biens collectifs en parts égales et équitables. En effet, comme toujours, le pouvoir appartient, à ceux qui ont les moyens de combattre. Les résultats de la manifestation ne sont pas bons vu l’intervention des militaires gouvernementaux. La haine des Anjouanais envers le gouvernement de TAKI et des Grands-Comoriens s’est ainsi accentuée. En outre, se surajoute l’instauration de l’embargo par les autorités internationales. L’île d’Anjouan vit dans une crise absolument profonde qui anéantit de jour en jour les esprits humains.
Le mouvement s’est déroulé, mais aucun changement positif majeur n’est survenu répondant aux aspirations de la population anjouanaise.
Nous constatons par contre que ce sont les mêmes têtes qui sont aperçues sur la scène politique anjouanaise. La séparation n’est pas une solution pour faire sortir le pays du fossé. Au contraire, après le Mouvement de 1997 avec cette indépendance factice, les difficultés politiques, économiques et sociales ont persisté surtout à Anjouan gouverné par un dictateur. Certes une nouvelle Constitution a été établie lors de l’Accord de Fomboni à Mohéli, le 12 février 2000, mais il y a toujours un déséquilibre politique qui oppose les deux gouvernements et une immense crise du côté des Anjouanais. Visiblement, cette sécession a totalement bouleversé la vie des Anjouanais dans la misère. Pourtant, ils croyaient capable de diriger leur île et gérer leurs affaires aussi bien sur le plan économique que social avec le minimum de revenus, de recettes douanières et économiques des autres domaines (port, hydrocarbures, aéroport, banques, chambre de commerce, impôts, etc.)
L’éducation est devenue non performante à cause de la baisse de niveau des élèves. D’après nos enquêtes effectuées au collège de Bandrani, au Lycée de Mutsamudu, et à l’Ecole supérieure de Patsy nommée « Université d’Anjouan », les directeurs et certains professeurs répondent que la baisse de niveau est du à la négligence des étudiants ; quant aux étudiants lycéens, ils ont des moyennes très bas à cause des absences des professeurs et à l’inachèvement des programmes scolaires. Tous les professeurs sont devenus actuellement des commerçants. Faute de paiement de salaires. Le commerce devient la seule branche pour les fonctionnaires anjouanais pour gagner de l’argent. Il en est de même pour les autres catégories sociales. Cette branche de commerce explique bien la présence entière de la pauvreté et du chômage des jeunes diplômés. Selon la directrice de l’Ecole d’enseignement supérieure de PATSY (EESP), l’ouverture de cette école est la plus belle chose qui soit arrivée aux Anjouanais car elle remplit la mission d’offrir un cadre de formation de type universitaire aux bacheliers et à soulager les familles les plus démunies qui ne peuvent pas payer des frais d’études à l’étranger.
Les étudiants par contre affirment n’avoir pas le choix que de poursuivre leurs études supérieures dans cette école vu l’incapacité de leur famille pour les envoyer à l’extérieur. Cela est bien réel car cet établissement fabrique des chômeurs, vu le manque d’enseignants qualifiés pour assurer des cours jusqu’à la maîtrise. En plus, le diplôme acquis est au plus la licence seulement sur trois filières : lettres françaises, le droit, et les sciences naturelles. Les filières restantes comme le journalisme, la géographie, l’environnement vont seulement jusqu’au DEUG. Les membres du nouveau gouvernement de l’île d’Anjouan sont les chefs de cette école. La directrice est la sœur du président, ils induisent les étudiants en erreur en disant qu’ils vont introduire la quatrième année dans toutes les filières, et en faisant croire que l’université d’Anjouan est reconnue à l’échelle internationale et que tous les diplômes de baccalauréat sont acceptés dans les universités étrangères. Pourtant, ce n’est pas le cas. Bien qu’une simple légalisation d’un diplôme de baccalauréat d’Anjouan à l’ambassade des Comores à Antananarivo n’est pas acceptée. Il délivre seulement une attestation certifiée. Les responsables avancent l’idée suivante : « Les études à PATSY sont les mêmes que les études des universités étrangères que ce soit à Madagascar, au Maroc, en Guinée, en Libye, en Algérie, au Cameroun, ou en France. Il en est de même pour les diplômes »126. Si c’est la vérité, pourquoi n’ont-ils pas laissé leurs enfants poursuivre leurs études supérieures à Patsy au lieu de les envoyer à l’extérieur ? Ils font croire encore aux jeunes et à leurs familles que seule l’acquisition ou l’obtention d’un diplôme de Patsy permet à l’étudiant de trouver facilement du travail. Ils oublient complètement que cette disposition est passagère, ils ne peuvent pas empêcher dans les années à venir le recrutement des autres étudiants venus d’ailleurs pour un poste quelconque.
Néanmoins, le mouvement séparatiste doit nous servir de leçon vu le coup de balai qui a ravagé l’île. L’année 1997 représente chez les Anjouanais une année de misère qui a brisé l’avenir et l’espoir humain. Ainsi, les jeunes doivent savoir s’y prendre pour bien diriger le pays dans les prochaines années.
Si le mouvement est généralisé, c’est parce que tout le monde revendique ses droits, mais comme disent les juristes, le phénomène de séparation devient souvent contraignant dans la mesure où il engendre des pertes considérables. En plus de l’intervention de la AND129 et des FGA130 a produit des blessures morales et physiques au sein de la population. Malgré l’existence du respect des droits de l’homme évoqué dans la Constitution de l’Etat d’Anjouan, ils n’ont pas été respectés dans le contexte politique comorien. Les actes de répressions de la AND auprès des habitants anjouanais expliquent bien la complexité de l’indépendance. De nouvelles idéologies naissent et mettent en péril la solidarité de la population locale. De cela, la divergence de ces différentes idéologies des séparatistes a débouché sur une guerre civile. Par conséquent,les Anjouanais sont eux-mêmes entrés en conflit après avoir pu se sauver de l’opposition de la AND. Quelques temps après, la guerre a cessé du côté des civils. Par contre, du côté des FGA, leurs agressions vis-à-vis des civils sont impitoyables du fait que toute personne qui contredit le régime sur place reçoit une correction ou est conduite directement en prison quelle qu’elle soit, homme, femme ou enfant. En outre, la liberté de pensée, d’opinion et la protection familiale citées dans le préambule de la Constitution d’Etat d’Anjouan131 sont visiblement et pratiquement abolies et non respectées. Les citoyens sont au contraire menacés par la puissance du pouvoir sur place. Le pire est que « le président de l’île autonome d’Anjouan est le Chef des forces de sécurité de l’île »132. Donc, il a la liberté de faire ce qu’il désire sans l’accord ou l’avis de quelqu’un d’autre. Dans l’article 12 de la Constitution, il est écrit que « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Pourtant, beaucoup de gens sont torturés, emprisonnés sans justice. La peur anéantit la conscience des citoyens. Ceux qui ont subi les tortures s’exilent à Grande Comore.
D’autres sont menacés et renvoyés de leur travail. Dans ce genre de situation, la puissance joue un rôle très importante parce que la classe politique possède tous les moyens de combattre les civils.
Les Anjouanais qui veulent se débarrasser de l’esclavagisme, de la domination, et de l’exploitation se retrouvent en train de revivre une colonisation interne avec toutes sortes d’injustice. A quoi servent les fondements de la Constitution si cette dernière n’est pas respectée ni pratiquée convenablement par les gouvernants et les gouvernés ?
Cette attitude de trahison engendre une dégradation de la cohésion sociale. Elle est bien trop voyante entre les habitants ruraux et les citadins. Des sentiments d’arrogance se manifestent chez les habitants provenant des autres villes d’Anjouan face aux Mutsamudiens et à la famille du Président. On peut conclure que la protection sociale n’est pas assurée tout comme la non garantie des droits des citoyens. La liste des abus est hélas trop longue mais si nous voulons vraiment un changement profond concernant le développement du pays, de nouvelles mentalités s’imposent : volonté, confiance, conscience, croyance et participation totale. En outre, le pays peut connaître un développement humain et durable si les politiciens et les jeunes intellectuels ne les gouvernent pas comme on le faisait à l’époque de Ahmed Abdallah et ses successeurs.
A présent, les ONG internationales, les médias et les commissions ne peuvent changer la vie des Anjouanais ni même éviter la crise économique et politique qui frappe Anjouan sans l’ « agir ensemble » des Comoriens.
Cependant, l’échec économique persiste à cause des détournements de fonds, de la corruption et du marché noir. Le mal est déjà fait et tous les Comoriens sont un peu responsable puisqu’ils ont agi inconsciemment sans penser aux intérêts collectifs. La construction de l’Union des Comores est faisable si l’Etat ne sera plus la chose de quelques-uns. En considérant ce point de vue, les raisons de la colère deviendront les raisons de la communion nationale. Ainsi, la situation ne sera pas désagréable si nous vivons dans l’Union des Comores. C’est le seul moyen pour s’échapper des malheurs de Mohamed BACAR.
D’un autre côté, la privatisation de l’éducation, de la santé, et la persistance des paiements des impôts occupent une grande place dans la vie des Anjouanais. Sur le domaine sanitaire, les cabinets médicaux privés sont nombreux et plus rassurants que les hôpitaux publics. Ces derniers sont aussi plus ou moins privatisés car il n’y a plus d’octroi gratuit de médicaments, mais quant à y séjourner, il n’y a rien à dépenser. En plus, les docteurs sont mal payés. C’est la raison pour laquelle, ils passent peu de tempsdans les hôpitaux publics sans assurance complète pour soigner les patients. A ce sujet, certaines familles vont poursuivre leurs traitements dans les hôpitaux privés en courte durée avec aussi une garantie de guérison. Quant aux familles pauvres, elles se sentent obligées de fréquenter les hôpitaux publics car elles n’ont pas la possibilité de payer les frais médicaux. Avant, il y avait seulement, dans la capitale, deux cabinets médicaux privés, alors que maintenant, ils se sont multipliés partout dans l’île. L’insuffisance de salaires pousse les médecins à commercialiser les soins de santé pour satisfaire leurs besoins.
Nous constatons que la faiblesse et le délabrement de l’éducation publique incite certaines familles, surtout les enseignants à envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Certains éducateurs préfèrent envoyer leurs enfants à Grande Comore pour faire leurs études secondaires afin d’obtenir un diplôme de baccalauréat reconnu et mérité.
La privatisation ne touche pas seulement ces deux domaines. Le commerce est devenu tout un système accablant chez plusieurs commerçants. La hausse des impôts, des intérêts sur les crédits et des tickets dans les marchés locaux réduit le profit des marchands. Pour éviter les pertes, ils augmentent à leur tour leurs prix. Les marchands accusent le gouvernement de n’avoir pas respecté les droits normaux. C’est un moyen pour le gouvernement d’obtenir plus d’argent afin de payer les factures des zones administratives puisqu’il ne reçoit rien du budget de l’Union ni d’aide extérieure. De ce fait, le commerce reste la seule voie pour gagner de l’argent et pour subvenir aux besoins des individus, mais il faut penser aux conséquences de cette pratique et surtout de la concurrence.
Actuellement, nous notons une certaine amélioration dans les critiques lancées par le mouvement sécessionniste. Bien qu’auparavant, le mouvement se contentait de réaliser des changements, les séparatistes bénéficient désormais de quelques acquis comme l’alternance du pouvoir, chaque île pour un mandat de 5 ans. La question qui se pose est de voir si la présence des deux gouvernements aux Comores contribue vraiment au changement de la vie des Anjouanais ou si elle constitue un frein empêchant le pays de connaître le développement ? Parfois, l’opposition ou la concurrence peut être bénéfique et rentable si chaque gouvernement cherche à développer son île, à honorer son titre ou à économiser des profits dans le but de les investir pour le développement.
Le paysage politique comorienne se divise en deux. On constate un peu de changement dans certains domaines : la présence par exemple, de mairies dans chaque localité des villages, la présence de cabines téléphoniques implantés dans chaque village, le partage du pouvoir pour ceux qui veulent entrer dans la vie politique, et enfin l’utilisation de l’électricité dans l’île toute entière. A présent, l’arrivée au pouvoir devient une pratique simple car avant, c’étaient les Grands-Comoriens qui en bénéficiaient à cause l’immense population que représente la Grande Comore. Seules les élections restentcompétitives pour devenir enfin Chef d’Etat.
A vrai dire, la sécession n’a pas changé grand chose sur la vie des Anjouanais.
Les conditions de vie deviennent ennuyeuses car les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres restent toujours pauvres. En addition, les ventres vides des antiséparatistes se convertissent en leaders séparatistes pour occuper de hautes fonctions, dans le but de devenir dirigeants principaux de l’île d’Anjouan. En définitive, cette situation est pitoyable et beaucoup de choses n’ont pas encore été faites, nous proposons des solutions à cette situation dans le chapitre suivant.

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