Les différents matériaux (avantages inconvénients, indications)

Les matériaux à base de résine composés de monomères de diméthacrylate d’uréthane (UDMA) ou de bisphénol A-glycidyl méthacrylate (bis-GMA)

Les matériaux à base de résine ont comme avantage leur bonne durabilité (bonne résistance mécanique) et un excellent taux d’adhésion à l’émail sain lorsqu’ils sont mis en place dans des conditions optimales (absence de salive, protocole d’adhésion).
Le principal avantage des matériaux de scellement à base de résine réside dans la présence sur le marché de résine fluide à très basse viscosité. Cette caractéristique est indispensable à la pénétration complète au sein des sillons étroits permettant une étanchéité la plus élevée possible.
Ces résines fluides sont présentes dans la famille des composites micro et nano chargés, chez les hybrides et chez les ormocers (7)
Cependant, ces matériaux à base de résine ont également des inconvénients, le retrait à la polymérisation en est le principal. Celui-ci entraine potentiellement des micro fuite
Les différents matériaux (avantages inconvénients, indications) entre la dent et le matériau, permettant à la salive et aux bactéries de pénétrer la couche hybride (8)
Cette rétraction à la polymérisation est plus importante pour les résines fluides hybrides (4,68) que pour les ormicers et nano chargées (2,92). Cependant les propriétésmécaniques (résistance à la flexion, module d’élasticité, dureté) sont plus intéressantes pour les résines hybrides (7)
Il faut préciser que cette rétraction à la polymérisation est à nuancer de par les faibles quantités et épaisseurs de matériaux que nous utilisons dans les scellements des sillons.
Cette rétraction sera donc plutôt maitrisée.
Une étude in vitro a montré que l’utilisation de résines fluides nano chargées dans les scellements de sillons ne présentait quasiment pas de micro fuites (P<0,001)(9)
L’utilisation de résines fluides nano chargées est donc recommandée dans le scellement des puits et fissures.
Par ailleurs, nous avons expliqué que la pénétration réussie du matériau dans les puits et sillons est essentielle pour la rétention réussie du matériau de scellement, d’où l’utilisation de résine fluide à basse viscosité. Fait intéressant, la morphologie des sillons influence significativement la pénétration du matériau. Bien que les sillons en « Y » présentent un faible taux de pénétration des matériaux de scellement, une forme en « U » ou en « V » permet une meilleure pénétration. Les différences de morphologie des sillons sont représentées sur la figure 3.1 :(8)
Les matériaux à base de verre ionomère composés de poudre de verre fluoroaluminosilicate et d’une solution aqueuse d’acide polyacrylique.
Ces matériaux ont l’avantage de libérer du fluor contrairement aux résines ce qui est un atout dans la prévention carieuse. De plus ces matériaux ont un potentiel d’adhésion intrinsèque aux tissus dentaire qui est néanmoins inférieur au taux d’adhésion obtenue par l’utilisation d’une résine combinée à un adhésif.
Leur faible viscosité et leur taux de rétraction plus faible que les résines (pour les verres ionomères sans adjonction de résine) sont également à noter.
Cependant leur faible résistance mécanique ne permet pas leur utilisation en première intention. On les utilisera ainsi lorsque les conditions d’isolation clinique ne permettront pas une mise en œuvre des matériaux à base de résine optimale.
Leur application pourra être alors considérée comme provisoire. Le matériau devra alors être retiré et remplacé par une résine fluide dans un second temps lorsque les conditions d’intervention seront améliorées.

Le 3Mä clinproä Sealent

Il est important de présenter le 3Mä clinproä sealent (figure3.2) . Ce dernier est le matériau de choix dans la réalisation de scellements prophylactiques en pédodontie. Il se présente sous la forme d’une seringue et est directement applicable sur la surface dentaire après mordançage préalable sans utilisation d’adhésif. Le Sealent est rose lors de l’application et dévient blanc après photopolymerisation afin de visualiser la quantité et l’emplacement du produit mis en place. On l’utilisera en prophylaxie plutôt qu’une résine flow classique car il contient et libère des ions fluorures.
Son application principale se situera donc en pédodontie prophylactique pour la protection carieuse des molaires permanentes dans les cas de RCI élevé. La présence de sillons anfractueux apparaît également comme une condition à son utilisation pour permettre sa pénétration et sa rétention. En effet, ce matériaux a l’avantage de présenter une faible viscosité permettant une bonne pénétration au sein des sillons profonds. Mais son faible taux de rétention par rapport à une résine composite flow (10) limitera son utilisation.
Nous pouvons donc en conclure que son taux d’adhésion aux surfaces dentaires inférieur à celui obtenu par l’utilisation d’une résine composite classique, limite son utilisation aux scellements prophylactiques dans les cas de RCI élevés en pédodontie.

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Lésion initiale amélaire (ICDAS 1 à 3)

Dans cette situation, nous avons mis en évidence une atteinte de l’émail par application de notre méthodologie clinique et par l’utilisation d’outils diagnostics (chapitre 2-1). A ce stade, aucune fracture de l’émail n’a été mise en évidence, notre démarche sera d’être le moins opérateur possible afin de préserver au maximum les structures. On appliquera alors le premier principe du LIFEDT concept : le MIT 1. On se situe à la limite entre les scellements prophylactiques et thérapeutiques. L’objectif sera de nettoyer au maximum nos sillons afin de procéder à leur comblements en obtenant une étanchéité optimale permettant l’accès complet de la surface dentaire au brossage.
La clé dans ce type d’atteinte carieuse sera d’utiliser des poudres prophylactiques de granulométrie moyenne et de faible dureté afin de nettoyer les surfaces atteintes sans créer de défauts amélaires. Classiquement, ce sont les poudres à base de bicarbonate de sodium (NaHCO3) (figure 3.4) qui sont utilisées. Ces poudres ont une dureté de 2,5 MOHS et une granulométrie  allant de 40 à 120 micromètres. Pas de différence significative dans l’utilisation de poudres de bicarbonate de 40 micromètres en comparaison avec 65 micromètres de diamètres dans l’élimination des colorations.
Plus récemment, de nouvelles poudres softs sont apparues avec une granulométrie plus fine et une dureté plus faible.
Nous avons aujourd’hui les poudres à base de Glycine (acide aminé) (figure 3.5) qui présentent une granulométrie de 25 microns et une dureté de 2 MOHS ce qui les rendent moins abrasives que les bicarbonates.
Ce constat est illustré sur la figure 3.6 qui compare une surface dentinaire après aéropolissage avec une poudre de bicarbonate de sodium (gauche) et une poudre à base de Glycine (droite). Pour un même temps d’action, nous observons une profondeur d’abrasion de 20 microns pour le bicarbonate contre 2 microns pour la glycine.
Outre le type de poudre utilisé, la pression du dispositif d’air abrasion/aéropolissage choisie sera déterminante. Dans notre situation l’utilisation d’un aéropolissage classique de type NSK ou Air N GoÒ développant un pression moyenne de 4 bar est suffisant. Reprenons nos étapes cliniques. Les étapes de réalisation seront sensiblement proches des étapes précédentes à l’exception du matériau de scellement utilisé et l’utilisation au cours du soin des aides à la détection carieuse de type fluorescence, transillumination… Nous choisirons dans notre étude d’expliquer la méthode utilisée au sein de la faculté de Marseille, à savoir l’utilisation de la caméra SoproLifeÒ.
En amont, nous avons décrit dans la partie diagnostic une étape préliminaire, à savoir l’évaluation par l’application du LIFEDT concept d’une variation de fluorescence au niveau de nos sillons, signe d’une activité carieuse localisée. Comme on peut le voir sur la figure 3.9 :

Lésion dentinaire (ICDAS 3 à 4)

Nous sommes ainsi dans le cas d’une atteinte carieuse plus profonde qui a pu être mise en évidence par examen radiologique et clinique. Ce qui marque un changement important avec le chapitre précédent est la présence d’une cavitation ayant provoqué une rupture localisée de l’émail.
Notre rôle sera donc à présent thérapeutique par suppression la moins invasive possible de cet émail non soutenu.
Là encore les étapes cliniques seront sensiblement proches. La différence sera l’utilisation dans ce cas de dispositif d’air abrasion développant davantage de pression et de poudres thérapeutiques plus dures et de plus grosse granulométrie.
Une poudre intéressante à décrire est le SylcÒ développé par Dentoflex Research. C’est un Phosphosilicate de sodium et calcium (figure 3.10), donc un verre bioactif.
Sa dureté de 6 MOHS est supérieure aux poudres précédentes avec une granulométrie allant de 25 à 120 microns.(12)
Concernant le protocole clinique : les étapes décrites précédemment jusqu’au nettoyage prophylactique seront strictement identiques.
A partir d’ici, si l’image visible à l’aide la caméra SoproLife met en évidence une lésion carieuse plus profonde avec rupture localisée de l’émail jusqu’à une atteinte de la dentine sous-jacente, il nous faudra retirer l’ensemble de ces tissus cariés.
Pour cela nous utiliserons la technique d’air abrasion thérapeutique jusqu’au retrait complet des tissus infectés en utilisant les poudres décrites ci-dessus par ordre croissant de potentiel d’abrasion.
Un contrôle par passage de la caméra SoproLife entre chaque passage d’un type de poudre nous permettra de vérifier si l’ensemble des surfaces ont été traitées, ou bien si un passage à des poudres plus abrasives sous pression supérieure est nécessaire.
Le scellement thérapeutique reprendra la même technique que dans le cas précédent.

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