Présentation des Comores
Les Comores constituent un archipel composé de 4 îles dont une curiosité géographique et historique déterminera les différentes séparations réalisées dans ce pays. Ces dernières ont enfin provoqué une instabilité politique qui, par la suite, détériore la vie du peuple comorien.
Les Comores se trouvent entre Madagascar et l’Afrique. Ce qui fait que tous les pays colonisés par la France n’ont pas été toujours en paix à cause de l’implantation de leur structure socio-économique et politique. Mais avant cela, l’insularité a déjà contribué sur ce phénomène de séparation. Cette référence est déjà visible dans l’aperçu géographique et historique de l’archipel.
Situation géographique
Situé à l’entrée du Canal de Mozambique, en plein milieu de la partie occidentale de l’Océan Indien, à égale distance de 300 kilomètres de Madagascar et de la côte orientale du continent africain, l’archipel des Comores est appelé les îles de la
Lune en langue arabe, ou encore archipel aux parfums car l’archipel est considéré comme le premier producteur mondial de plantes à parfum. Il est constitué de quatre îles : Grande-Comore ou Ngadzidza (1.148 km2 , 220.000 habitants), Anjouan ou Nzouani (424 km2 , 171.000 habitants), Mayotte ou Maoré (374 km2 , 80.000 habitants), et Mohéli ou Moili (290 km2 , 25.000 habitants). Les deux dernières îles sont aussi composées d’îlots inhabités.
Aperçu historique
Les Comoriens sont d’origines diverses et sont assez métissés, d’abord, des indonésiens venus de leurs pays en passant par Madagascar et la côte orientale de l’Afrique, ensuite des Africains appelés Makoa venus à titre d’esclaves, enfin des Antalaotra d’ascendance malgache ; des persans et des arabes étaient aussi passés et ont laissé des traces. Tous les Comoriens croyaient être descendants de shirazien (arabes). Pourtant, aucun Comorien n’est purement d’unique ethnie à cause du métissage pré-cité. Ils parlent la langue comorienne composée de mots arabes et accompagnée aussi de plusieurs affinités des langues bantoues d’Afrique, comme le dit la belle formule de Pierre VERIN : « Au point de vue de l’histoire du peuplement, les Comores sont une nation bantoue d’idéal islamique, et ces Bantous se sont convertis à l’Islam, très progressivement, sous l’influence de migrants venus d’Arabie et du Golfe » 34. C’est la raison pour laquelle il n’y a qu’une seule religion, l’Islam.
La période précoloniale : 2ème séparation
Il est à noter qu’au moment des conflits entre les sultanats, un usurpateur malgache d’origine sakalava appelé ANDRIANTSOLY n’a pas tardé de vendre l’île de Mayotte à la France en 1841. Auparavant, ce dernier a profondément exploité les conflits entre les différents sultanats batailleurs pour s’installer dans l’archipel. Par conséquent, des pirates et autres aventuriers malgaches sont venus spécialement pour faire des razzias et même chercher à prendre le pouvoir dans les îles. Les invasions étrangères sont plus destructrices que les conflits entre les sultanats. Et cela a poussé les sultanats à rechercher la protection des puissances étrangères tout en les proposant de s’installer dans l’archipel. Ainsi, la France a profondément exploité cette situation de conflits pour venir s’installer dans l’archipel, profitant de cette pagaille, elle est enfin arrivée à en prendre progressivement possession.
La période coloniale : 3ème séparation
Après l’achat de Mayotte en 1841 pour une valeur de 1.000 piastres, la France a encore signé en 1886 des conventions de protectorat avec la Grande Comore (06 janvier), avec Anjouan (12 avril), et Mohéli (26 avril). L’unité politique des îles est réalisée, mais sous l’impulsion et pour les intérêts de Paris. Beaucoup de gens qualifiaient le protectorat de menace, de contrainte, de pression, d’usurpation de pouvoir et de titre. Cette colonisation n’a pas favorisé le développement des îles car les Français ne s’intéressaient qu’à la défense de leurs propres intérêts : occupation des champs, création des sociétés et de compagnies exploitant les richesses de l’archipel. Pour bien assurer leur domination, les Français ont finalement écarté les sultans du pouvoir et n’ont pas du tout hésité à déporter cent sultans.
En 1908, la France rattacha les Comores au Gouvernement Général de Madagascar35 en essayant de leur donner l’illusion d’une autonomie administrative et financière. La loi cadre de 1912 transformait le statut initial de protectorat en colonie ordinaire ; et le 23 février 1914, un décret reliait les quatre îles dans la circonscription administrative de Madagascar.
Cependant, l’avènement de la IVème République en France en 1946 a atténué la centralisation de l’administration coloniale et du système judiciaire. De ce fait, la loi du 09 mai 1946 détacha les Comores du gouvernement général de Madagascar et leur attribua le statut de territoire d’outre-mer (TOM).
Il convient aussi de signaler que le décret du 25 octobre 1946 dotait les Comores d’une Assemblée élue et qui sera dénommée « Assemblée territoriale » à partir de 1952. Par la suite, la loi n°57-702 du 19 juin 1957 crée un « Conseil de gouvernement » à côté de l’Assemblée territoriale. Il est à préciser que ce conseil de gouvernement se présentait sous forme de pouvoir exécutif agissant dans le cadre d’une décentralisation et est constitué de 06 à 08 ministres parmi lesquels ne figurent ni mohéliens ni mahorais. Cette attitude de distinction a causé nombre de problèmes entre les indigènes comoriens et leurs chefs politiques. Par ailleurs, après la mise en place des institutions politiques aux Comores par la France, la population de l’archipel des Comores a exprimé, lors du fameux référendum du 28 septembre 1958, sa volonté de rester dans le cadre d’un territoire d’outre-mer (TOM) français.
En 1962, après que SAÏD Mohammed Cheik36 fut élu à la tête du Conseil de gouvernement, ce dernier a pris la décision très grave, le transfert injustifiable de la Capitale des Comores de Dzaoudzi à Moroni, ce qui, par la suite a créé de très vives tensions entre la population mahoraise et le chef du conseil de gouvernement, et n’a cessé d’avoir des retombées négatives sur le devenir des Comores. En outre, quand SAÏD Mohammed Cheik s’est rendu à Mayotte le 02 août 1966, il a été accueilli par des mahorais furieux. De même, lorsque ses proches mahorais voulaient se rendre à Moroni le 13 octobre 1969 pour le soutenir, il ont été empêchés par le Mouvement Populaire Mahorais (MPM).
Aux Comores, depuis des temps immémoriaux, le sentiment d’insularité prédomine celui de patriotisme. Cela signifie qu’une fois qu’un individu obtient une place importante dans le gouvernement, il défend d’abord les intérêts de son île d’origine avant ceux des Comores. Pourtant, ce genre d’attitude ne fait qu’engendrer des grands problèmes politiques.
De 1946 à 1970, SAÏD Mohammed Cheik était le principal homme politique des Comores, et ses méthodes n’ont rien apporté de bien à la population comorienne. A vrai dire, la France disposait de tous les moyens nécessaires au maintien de la Capitale des Comores à Mayotte, mais elle se cachait derrière l’argument disant que « Ce sont des problèmes et affaires comoro-comoriens » ; alors qu’elle se réjouissait de cet acte, car elle semblerait être en mesure de reconquérir totalement l’île de Mayotte.
A partir du 03 janvier 1968, la multiplication des partis politiques comoriens s’est élargie à la Chambre des Députés et au Conseil du gouvernement. Par conséquent, les conflits ont explosé, et l’idée de décolonisation faisait enfin son apparition.
La période de l’indépendance et la séparation de Mayotte
Une autre séparation était envisagée par la population comorienne avec laréclamation de leur indépendance. Ce détachement était premièrement revendiqué par le MOLINACO. Les Français n’ont pas été ravi de l’assise de cette organisation malgré sa reconnaissance à l’échelle internationale auprès de l’ONU, de l’OUA, et le ralliement acquis avec le PASOCO, et l’ASEC.
Quand Ahmed Abdallah était devenu Président du Conseil de gouvernement le 22 décembre 1972, il a reçu le mandat de la Chambre des Députés, de négocier l’indépendance des Comores avec la France. Le 22 décembre 1974, la question de l’indépendance est soumise à référendum à la population comorienne. Seulement 94% des électeurs ont manifesté leur attachement à cette sécession.
Le rapport entre Mouvement et séparation
Il convient de signaler que ces deux termes ont un point commun parfois même inséparable si on veut expliquer ce qui s’est passé à Anjouan en 1997. En revanche, on ne peut pas parler de mouvement ou de séparation seulement pour déterminer et décrire la situation anjouanaise de l’année 1997 où un événement important est incarné. C’est pour cela que les intellectuels particulièrement les politiciens comoriens l’ont nommé : « Mouvement séparatiste » car l’un ne va pas sans l’autre.
Certes, cette dualité est comprise, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’éclaircissements terminologiques et de définitions. D’ailleurs, nous avons remarqué que le concept « Mouvement » ne marche pas seul sans adjectif, c’est-à-dire qu’il est un phénomène mais qu’il faut bien le déterminer pour qu’il ait signification de ce que nomment les gens ou de ce qu’ils veulent faire ou revendiquer.
Dans un autre sens, on ne peut pas faire une séparation sans mouvement car c’est l’idée même de vouloir être indépendant qui a fait naître cette manifestation. A cet effet, il est évident avant d’étudier un mouvement social de savoir sa détermination, son objectif, et les agents qui le composent. Dans le cas contraire, les recherches seront difficiles et les informations pour découvrir la réalité sociale ne pourront pas être convaincantes et justifiables. Par conséquent, le chercheur ne pourra pas donner des solutions au problème étudié mais il essayera tout simplement d’avancer des
suggestions.Quant au terme de séparation, la signification varie d’un contexte à un autre suivant les différentes définitions proposées par les juristes, les politiciens et autres auteurs. C’est pour cette raison que nous avons étudié les différentes séparations qui se sont réalisées aux Comores depuis la période précoloniale jusqu’à nos jours en relation avec l’étude du Mouvement. C’est ce qui nous a amené à étudier le mouvement séparatiste qui s’est déroulé à Anjouan en 1997 dans le but de découvrir ses causes véritables et faire une étude sociologique afin d’approcher la réalité sociale.