LES DIFFERENTES POLITIQUES AGRICOLES

Marketing de la datte

– HISTORIQUE DE L’AGRICULTURE

A l’origine de la crise de la datte, se trouve celle plus large de l’agriculture algérienne due en partie à l’héritage colonial et aux dégâts que son administration lui a infligés. Ainsi ; ‘’l’Algérie hérite en 1962 d’une succession de textes promulgués par le législateur français que lui-même jugeait inachevé et provisoire’’30 Dans un souci d’argumentation méthodologique approfondie, Mesli souligne que l’absence d’archives remontant à l’époque précoloniale fait que toute cause imputée seulement à l’administration coloniale française rend le raisonnement biaisé. ‘’…cependant, si les racines de la crise agricole sont à situer dans son passé colonial, les politiques et les réformes successives entreprises depuis 1962 ne sont pas innocentes…’’ précise-t-il plus loin dans le même ouvrage. D’ailleurs, ces politiques sont qualifiées d’approximatives31 ne revêtant pas le caractère scientifique qui doit être le leur. En plus, Bedrani soutient que ‘’l’absence d’un minimum de rigueur dans la prévision des effets politiques peut souvent entraîner des gaspillages importants de ressources rares par mauvaise allocation de ces dernières.’’ Le fait est, que l’Algérie possède une ressource particulière qui est le palmier dattier dont les fruits sont consommés dans tous les pays du monde, et qui représente une source de richesses possible pour les agriculteurs, qui pour la plupart, sont des entreprises familiales tirant profit de cet arbre généreux depuis des générations.

LES DIFFERENTES POLITIQUES AGRICOLES

L’Etat algérien a expérimenté depuis son indépendance plusieurs politiques agricoles (autogestion de 1963, décret d’enrichissement de 1969, Révolution agraire de 1972, réaménagements de 1980, restructuration de 1987…) décidées à chaque fois ‘’en conclave’’, pour ‘’redynamiser’’ le secteur ne se comptent plus, pas plus que les constats d’échec qui achèvent inévitablement chacune des étapes. 30 Mohamed Elyes MESLI, ‘’Les origines de la crise agricole en Algérie, du cantonnement de 1846 à la nationalisation de 1962’’, Ed. Dahlab, 1995, p39 31 Slimane BEDRANI, Cahiers Options Méditerranéennes, pp 61 à 65 Marketing de la datte en Algérie Chapitre 3 127 Des politiques dont la logique d’ensemble répondait à un besoin de contrôle social de l’alimentation des populations plus qu’à des impératifs d’accumulation du capital ou d’intégration interne des filières alimentaires.32 Ainsi, à la fin des années 60, la production agricole pouvait assurer plus de 90% des besoins alors que dès le début des années 80, elle ne suffit plus qu’à 30%. La balance commerciale agricole connaissait un revirement spectaculaire dès 1974 : le déficit s’installe durablement, remettant en cause les objectifs de l’autosuffisance alimentaire. En effet, dans une première phase (années 70), l’Etat intervient dans la sphère économique et sociale de manière massive et autoritaire, puis dans une seconde phase (années 80), la politique d’ajustement structurel a tendu à le dessaisir, non seulement des fonctions de commandement qu’il exerçait, mais aussi de ses fonctions stratégiques. En effet, le retrait que l’Etat a opéré s’est étendu aux grandes questions et initiatives qui conditionnent l’avenir et l’équilibre, à moyen et long termes, de la société et de l’économie : question de la sécurité alimentaire, de la protection du patrimoine foncier, de l’aménagement du territoire, de la valorisation des ressources en eau, de la recherche agronomique, de la formation et de l’encadrement techniques. La réforme économique engagée en 1988 a modifié le mode de fonctionnement de l’appareil agricole. En particulier, la réforme du crédit agricole34 à savoir ; ‘’la hausse des taux d’intérêt et l’application des règles de solvabilité et de garanties (hypothèques sur les droits de propriété) ont entraîné une baisse importante des volumes de crédits mobilisés.’’

LA QUESTION DU FONCIER

‘’La structuration des campagnes traduit l’histoire du pays35. La nôtre est le résultat des opérations de cantonnement, de spoliations et d’expropriations exécutées pendant l’ère coloniale. Elle découle plus récemment des regroupements des fermes effectués à la suite de l’abandon et de la nationalisation des terres des colons. Elle résulte aussi des choix économiques programmés ou subis […] Elle est marquée par les héritages successifs subis par les propriétaires fonciers. Elle reflète l’ampleur des différents programmes de développement économiques et sociaux. Elle dérive aussi d’une urbanisation souvent sauvage et désastreuse.’’ La question du foncier est l’une des questions qui est au cœur de la politique agricole en Algérie. La réforme agraire qui avait arbitré en faveur d’un régime foncier qui accordait la prééminence au droit d’usage du sol et affirmé le principe d’une exploitation directe et personnelle de la terre a été annulée par la loi d’orientation foncière (1990) qui opte en faveur d’un processus de privatisation des terres.36 L’objectif recherché, en réhabilitant la propriété privée, et en organisant un marché foncier est de stabiliser les structures- en particulier celles qui relèvent encore du domaine public et qui ont été déstabilisées par nombre de réorganisationsafin d’inciter les agriculteurs à accroître les investissements et la production agricole. L’accès à la propriété foncière n’est dorénavant plus lié à la qualité d’agriculteur ou de paysan. Cependant, il n’en demeure pas moins, qu’un contentieux37 généré par la précipitation et les altérations induites par la loi 87-19 et la loi 90-25 ont amplifié le désordre foncier. L’administration agricole n’a pas su ou pu s’adapter avantageusement aux changements profonds provoqués par les réformes et n’a pas pu tempérer le désarroi des agriculteurs.  En définitive, le constat qui a été fait après l’étude des différentes attitudes de l’Etat vis-à-vis de la politique économique du pays, a conduit à la conclusion que ‘’…la définition d’une politique agricole et alimentaire pose l’urgence de la reconstruction d’un Etat exerçant ses fonctions internes de régulation, produisant des normes et des institutions aptes à assurer les meilleures conditions de fonctionnement des marchés, et rétablissant les équilibres nécessaires avec le secteur productif et les différents groupes qui composent la société.’’

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