Les différentes formes de mise en application du programme « Culture à l’hôpital »
Il sřagit ici de mettre en lumière les divergences existant dans lřapplication du programme « Culture à lřhôpital ». Partant de lřanalyse détaillée de son cadre de référence, à savoir la convention nationale du 04 mai 1999, nous pourrons observer comment les discours ministériels sur ce programme sont transposés ou non, au travers des différents articles qui la constituent. Conventions et discours font ici lřobjet dřune analyse de contenu. Par ailleurs, lřune des caractéristiques de cette convention tient dans son originalité à proposer une véritable dynamique de « projet culturel » pour les établissements hospitaliers. Cette logique mérite dřêtre questionnée, notamment en interrogeant ce quřelle peut apporter à lřinstitution, mais également la positon quřelle occupe au regard du projet dřétablissement. Pour pouvoir traiter de la diversité de la mise en application de la convention nationale, nous avons souhaité prospecter dans des régions différentes, pour cela nous avons arrêté notre choix sur trois établissements que sont lřhôpital du Vinatier (Rhône-Alpes), la Fondation Bon Sauveur dřAlby (Midi-Pyrénées) et lřhôpital de Montfavet (PACA). Partant de là, il est possible de procéder à une étude comparative de conventions régionales, relatives à nos terrains de recherche. Lřobjectif premier est de comprendre les variations qui apparaissent dans les applications locales de la convention nationale, et ce, afin de rendre compte des modalités de mise en application du programme « Culture à lřhôpital ».
Avant dřanalyser les conventions régionales, il convient préalablement de reprendre en détail la convention nationale « Culture à lřhôpital »37. Lřarticle 1 définit les jumelages entre hôpitaux et équipements culturels. Sont considérés comme équipements culturels, les lieux culturels sous tutelle de lřÉtat ou/et des collectivités, proposant des programmes dřaction et de diffusion culturelles. Pour être considéré comme jumelage, le partenariat doit répondre à certains critères. Le premier concerne la durée: le jumelage doit être établi sur une durée minimale dřun an, éventuellement renouvelable. Le jumelage doit également permettre lřorganisation dřun atelier de pratique artistique auprès des malades dřun service, en lien avec des artistes professionnels de la région. Par lřarticle 1, le ministère de la Culture marque sa volonté dřouvrir les équipements culturels à tous les publics. Néanmoins, cřest lřhôpital qui doit être à lřinitiative du partenariat et le choix de lřéquipement culturel se fera en fonction de différents critères : âge des patients, nature de leur pathologie. Cette demande de partenariat sous-tend lřidée dřune logique de projet culturel, déjà annoncée en préambule de la convention. Cřest lřun des points essentiels et novateur de cette convention, nous y reviendrons par la suite. Lřarticle 2 traite du développement des bibliothèques dans les hôpitaux. Cette volonté de voir se développer des bibliothèques au sein des hôpitaux répond à plusieurs objectifs révélés entre autres par une enquête menée en 1992, par les ministères de la Culture et de la Santé. Les bénéfices de leur présence sont observables à plusieurs niveaux.
Le projet culturel, un enjeu contemporain pour l’hôpital
Il sřagit dřune activité culturelle permettant un rassemblement de tous les publics. Également accessible au personnel de lřhôpital, elle peut être lřoccasion dřéchanges et de rencontres. Lřarticle 3 fait référence à la mise en place de la fonction de responsable culturel. Afin de coordonner les projets, lřÉtat souhaite voir se développer la création de postes de responsables culturels. Avec la mise en place du dispositif emploi jeune il assurera 80 % du coût salarial de chaque poste sur la base du SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance). Le ministère de la Culture et de la Communication mettra en place des formations adaptées pour ces responsables culturels. Un objectif de cent responsables culturels est fixé pour une période de cinq ans. Lřarticle 4 traite de la mise en application des conventions régionales. Chaque région doit mettre en place sa propre convention, cette démarche ne revêt aucun caractère obligatoire. Les deux ministères seront représentés respectivement par la DRAC et lřARH de chaque région signataire. Chaque convention régionale vise à appliquer localement les différents articles de la convention nationale. Lřarticle 5 est relatif à la question de lřévaluation. Le ministère de la Culture et de la Communication établira chaque année une évaluation des différentes actions réalisées quřil soumettra au secrétariat dřÉtat à la santé et à lřaction sociale. Les modalités dřévaluation ne sont pas définies explicitement. Peu après a été mise en place la Circulaire 99-444 du 27 juillet 1999 relative au développement des activités culturelles dans les établissements de santé, intervenue en application de cette convention. Les deux ministères affirment donc leur objectif dřimpulser une véritable dynamique culturelle dans les établissements hospitaliers, grâce notamment au développement de véritables projets inscrits dans la durée. Mais la mise en place et le développement dřun projet ne sont pas un acte anodin, notamment dans le milieu hospitalier. Les seuls projets inscrits sont ceux qui prennent place au sein du projet dřétablissement, nous faisons notamment référence au projet de soins. Pour saisir les enjeux dont est porteur le projet culturel et comprendre la place qui peut lui être allouée dans lřinstitution hospitalière, il convient de saisir la position quřil peut occuper au sein ou aux côtés du projet dřétablissement, pour cela il faut préalablement définir ce dernier et son fonctionnement.