Les déplacements opérés dans l’hôpital par le projet culturel et le dispositif de l’atelier

Les déplacements opérés dans l’hôpital par le projet culturel et le dispositif de l’atelier

Malgré les limites qui viennent dřêtre évoquées, le projet culturel et le dispositif de lřatelier nřen restent pas moins opérateurs de déplacements dans lřétablissement hospitalier. Mais à quel niveau ces déplacements se manifestent-ils, quřelles en sont les « traces » ? Concernent-ils lřorganisation dans sa globalité ou des catégories dřindividus ? Pour répondre à ce questionnement, ce chapitre sřorganise autour de trois axes. Le premier a trait aux modifications relevées au sein de lřinstitution hospitalière dřun point de vue organisationnel. Il rend compte au sein des services, de réadaptations internes, liées à la participation au projet culturel. Un deuxième axe aborde les modifications repérées au niveau des différents participants (usagers puis soignants). Pour les patients, on constate des bénéfices tant sur le plan social quřidentitaire, quant aux soignants on assiste à un véritable changement de « faces ». Enfin, un troisième axe rend compte des marques laissées par le projet culturel, au-delà de son déroulement. Il sřagit de voir si les déplacements observés perdurent ou si dřautres traces du projet culturel sont perceptibles dans lřétablissement hospitalier, et auprès des individus qui le pratiquent. Si tel est le cas, nous pourrons ainsi rendre compte dřune continuité de la médiation culturelle opérant au travers du dispositif de lřatelier culturel. Le projet culturel entraîne une série plus ou moins importante de « perturbations- réorganisations » au sein des services. Pour le personnel référent, cela représente une charge de travail supplémentaire, notamment lorsque lřatelier se déroule à lřextérieur de lřétablissement. Il faut assurer toute la partie logistique. Cela va de lřétablissement dřordres de mission, à la demande de prêt de minibus auprès des services économiques pour assurer le déplacement. Pour les services fermés, les contraintes sont encore plus « pesantes ». Des certificats doivent être établis pour obtenir lřautorisation de sortie des patients hospitalisés sous contrainte. Les délais sont assez longs, plusieurs semaines en moyenne, ce qui nécessite que lřorganisation soit pensée bien en amont.

Lřorganisation logistique pour les ateliers

Lřinformation sur les ateliers culturels est relayée auprès des patients par le personnel hospitalier. Tenir les patients au courant des diverses activités à leur disposition fait partie des actions menées par le personnel ; elles restent néanmoins peu appliquées. Nous avons pu remarquer quřun nombre conséquent de salariés ne prend pas la peine de porter attention à ce type dřinformations. Ce nřest pourtant pas faute de communication de la part de lřinstitution. Au-delà de la simple transmission dřinformations, le personnel agit en tant que prescripteur, en sollicitant ou (et) en encourageant ou pas les patients à prendre part aux séances en ateliers. Le plus grand travail accompli en amont par les équipes soignantes est la motivation faite auprès des patients. Bien que les patients prennent plaisir à participer aux ateliers, de réelles difficultés se posent pour les amener sur le lieu, lorsque celui-ci se situe à lřextérieur. Les patients ont du mal à quitter leur service qui représente pour eux un territoire sécurisé. Ils peuvent aussi oublier le jour où se tient lřatelier ou bien ne pas avoir la motivation nécessaire au moment voulu. Lřéquipe soignante prépare psychologiquement les patients en leur rappelant la tenue de lřatelier, la veille ou le jour même : « C’est-à-dire que les patients viennent, ils n’ont pas tous de prescription, il n’y en a que deux qui ont une prescription. La difficulté pour ceux-là c’est justement de les amener à l’atelier puisque ce sont des gens qui souffrent de ne pas avoir de désir, de motivation, qui sont dépressifs. Donc nous le matin on commence à les préparer en leur disant que l’après-midi il y a théâtre et puis on les amène à l’atelier. Des fois c’est très dur, le fait de leur faire quitter l’unité, c’est ce moment-là, ce passage-là qui est difficile. Et ensuite une fois qu’ils sont sur le lieu, qu’ils sont en contact avec les Les difficultés les plus grandes se rencontrent lorsque lřatelier a lieu lřaprès-midi, suite au déjeuner. Il sřagit alors de les stimuler voire même de les « pister » pour éviter quřils ne partent en sieste et refusent de se lever à lřheure dite. La stimulation quotidienne des patients par lřéquipe est un élément essentiel à leur participation. Si elle nřest pas assurée, la participation des patients au projet culturel est compromise. Par exemple, à la Fondation Bon Sauveur dřAlby, nous avons relevé une situation où la sollicitation des patients était extérieure au service (c’est-à-dire quřelle nřétait pas assurée par lřéquipe soignante). Ce cas est particulier et mérite que nous nous y arrêtions un instant. Il sřexplique par la conjonction de plusieurs paramètres. Deux patients participant à lřatelier culturel ont été déplacés dans un autre service. Suite à ce transfert, ils ne se sont plus présentés aux séances de lřatelier.

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