Il est connu que le feu est la principale perturbation naturelle de la forêt boréale de l’Amérique du Nord (Bergeron 1991, Johnson 1992, Fayette 1992). Des recherches ont démontré que cette perturbation a diminué de fréquence depuis le début de l ‘ère industrielle. En effet, dans l’est du Canada, la fréquence des feux variait entre 69 et 132 ans avant 1850 et a augmenté à plus de 190 ans après 1920 (Bergeron et al. 2001). Le feu a pour effet de créer une forêt de structure équienne. Une augmentation du cycle de feu a donc pour conséquence d’augmenter la proportion de peuplements présentant une structure inéquienne (Bergeron 2000, Bouchard et al. 2008). Toujours dans l ‘est du Canada, on estime qu’un paysage forestier boréal issu du régime de feu actuel serait composé d ‘au moins 50% de forêt de plus de 100 ans (Bergeron et al. 2001, Bergeron et al. 2006). Au Québec, l’aménagement forestier tente de reproduire le patron naturel de la forêt (I\1RNFP 2003). L’aménagement de la forêt boréale québécoise devrait donc être composé non seulement de coupes totales, mais également d’une proportion importante de coupes partielles et ce, afin de reconstituer une structure d ‘habitat plus typique de celle rencontrée dans les vieilles forêts inéquiennes (Bergeron and Harvey 1997, Bergeron et al. 2001, Bergeron 2004).
Comme la définition d’une coupe partielle est générale, elle englobe un grand nombre de traitements sylvicoles. En effet, cette dernière se définit comme étant une intervention qui vise la récolte d’une proportion d’un peuplement forestier (SCF 2005). De ce fait, tout traitement qui laisse sur pied une partie du volume du peuplement peut être considéré comme une coupe partielle. Quoique le gradient de récolte d’un peuplement traité par coupe partielle peut varier de près de 0 à 100 %, il se situe généralement entre 30 à 90 % (Franklin et al. 1997). L’intensité de la récolte variera en fonction de plusieurs facteurs comme la structure du peuplement, sa composition ou les objectifs fixés par la prescription sylvicole (Franklin et al. 1997, Smith et al. 1997). Dans la forêt boréale résineuse du Québec, on pratique trois types de coupes partielles :l’éclaircie commerciale (EC), la coupe avec protection des petites tiges marchandes (CPPlM) et la coupe progressive d’ensemencement (CPE).
L’EC consiste en la récolte des tiges les moins prometteuses d’un peuplement de façon à retirer de 25 à 35 % de la surface terrière. On la réalise dans les peuplements équiens au plus tard 15 ans avant la maturité de ce dernier. L’objectif de ce traitement est d’augmenter le diamètre moyen du peuplement et d’en améliorer la qualité (MRNFP 2003, MRNF 2005a). Bien que la diminution du couvert arborescent causé par l ‘EC puisse favoriser la croissance de la végétation sous couvert, ce n’est habituellement pas l’objectif recherché par ce traitement (Doucet 1996). La CPPTM, quant à elle, est effectuée dans les peuplements qui présentent une structure irrégulière et où le sous-étage aura la capacité de bénéficier de l’apport de lumière conséquent à l’élimination de l’étage dominant. On y récolte uniquement les arbres ayant un diamètre à hauteur de poitrine (dhp) supérieur à 15 cm (Bédard et al. 2002, MRNFP 2003). La CPE se pratique dans les forêts régulières prêtes à être exploitées et vise la récolte graduelle des arbres dominés. Ceci, afin de favoriser la régénération naturelle produite à partir des semences des arbres dominants et codominants laissés sur pied (MRNF 2005a). La CPPTM et la CPE ont le même objectif, soit de récolter une partie du volume marchand tout en assurant un gain sur l ‘ âge de maturité du peuplement dû à la protection de la régénération (Bédard et al. 2002, Bédard et al. 2003, MRNFP 2003, MRNF 2005a).
Bien que les buts spécifiques de chacun des traitements énumérés diffèrent sur le plan sylvicole, ils ont généralement en commun 1) d’améliorer la qualité du peuplement ou 2) d’assurer la récolte d’une partie du volume du peuplement tout en raccourcissant 1′ âge de rotation, dû à la protection de la régénération (Bédard et al. 2002, Bédard et al. 2003, MRNFP 2003, MRNF 2005a). La protection de cette régénération laisse un couvert résiduel dont la composition et la densité varieront en fonction des traitements.
La coupe partielle la plus fréquemment utilisée dans la forêt boréale résineuse québécoise est l ‘éclaircie commerciale (EC). Entre 2000 et 2003, les superficies effectuées en EC ont représenté 55 % des superficies traitées en coupes partielles, ce qui représente toutefois moins de 4% des superficies traitées au cours de la même période en coupes totales (MRNF 2004). Pour ce qui est de l ‘Abitibi Témiscamingue et du Nord-du-Québec, les trois traitements ont été effectués sur 12007 ha comparativement à 173 300 ha pour la coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS). Les superficies traitées en CPPTM et en CPE correspondent à 40% de la superlicie totale traitée en coupe partielle, ce qui fait de l’EC le type de coupe partielle le plus représenté dans ces deux régions (60 % de la superlicie) (NfRNF 2004). Malgré l ‘importance de l ‘EC et l ‘objectif d’accroître la proportion de forêt boréale récoltée en coupes partielles, ses conséquences sur la faune et ses habitats demeurent encore méconnues (Bédard et al. 2003).
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