Les corps etrangers oesophagiens chez l’enfant

Le terme « corps étranger de l’œsophage » désigne tout corps solide exogène ingéré, qui au lieu de traverser l’œsophage, s’y trouve bloqué. Cette définition élimine donc les corps étrangers liquides et les corps étrangers solides ayant cheminé jusqu’à l’œsophage par l’intermédiaire d’une plaie externe. Les corps étrangers de l’œsophage constituent une urgence oto-rhinolaryngologique (ORL) et sont deux fois plus fréquents que les corps étrangers des voies aériennes, en particulier chez l’enfant.

RAPPELS ANATOMO – PHYSIOLOGIQUES

ANATOMIE DE L’ŒSOPHAGE

L’œsophage est le segment du tube digestif qui relie l’hypo-pharynx à l’estomac. C’est un conduit musculo-membraneux à direction longitudinale. Physiologiquement, il transporte les aliments de la cavité pharyngienne à la cavité gastrique au cours du troisième temps de la déglutition. Son trajet débute immédiatement sous le cartilage cricoïde au niveau de C6. Il va traverser successivement la région cervicale, le médiastin postérieur, le diaphragme. Puis il se termine au niveau de l’estomac qu’il rejoint sous le diaphragme, au niveau de D11 . L’œsophage épouse la courbure rachidienne jusqu’à D4, s’en éloigne ensuite graduellement jusqu’à sa terminaison. C’est un conduit souple et dépressible dont la lumière au repos, c’est-à-dire quand il est vide, est virtuelle.

DIMENSIONS

Les dimensions varient avec l’âge, le sexe et la taille du sujet. C’est un conduit musculaire long de 25 à 30 cm : 5 à 6 cm pour l’œsophage cervical, 16 à 20 cm pour la portion thoracique et 2 cm pour le segment abdominal (schéma 2). Son calibre varie, suivant les régions, entre 2 à 3 cm. Mais, l’œsophage possède quelques particularités anatomiques importantes. Le conduit présente quatre rétrécissements anatomiques. Ce sont :

– Le rétrécissement cricoïdien ou bouche œsophagienne. C’est la jonction pharyngo-œsophagienne, au niveau de C6. Il correspond à la contraction permanente du muscle crico-pharyngien. C’est le sphincter supérieur de l’œsophage.
– Le rétrécissement aortique au niveau de T4. Il est lié à l’empreinte de la crosse de l’aorte.
– Le rétrécissement bronchique au niveau de T6. Il est marqué par l’empreinte de la bronche souche gauche.
– Le rétrécissement diaphragmatique au niveau de T10.

Ces rétrécissements vont favoriser l’arrêt du corps étranger. Mais dans plus d’un tiers des cas, le siège est au niveau du manubrium : il s’agit ici de rétrécissement physiologique dû à la compression de l’œsophage par les organes qui traversent l’orifice supérieure du thorax. En endoscopie, l’extrémité supérieure de l’œsophage ou bouche œsophagienne est à 15 cm des arcades dentaires. Le rétrécissement aortique à 25 cm, le rétrécissement diaphragmatique à 35 cm et le cardia à 40 cm.

DIRECTIONS

Dans l’ensemble vertical, l’œsophage présente cependant des inflexions

DANS LE PLAN SAGITTAL : il décrit, dans ses parties cervicale et thoracique supérieure, une courbe à concavité postérieure car il épouse assez étroitement la saillie du rachis; dans la partie inférieure de son trajet, il sera oblique en avant repoussé par l’aorte.

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DANS LE PLAN TRANSVERSAL : il est sinueux. Légèrement oblique en bas et à gauche jusqu’à la crosse aortique, il prend une direction oblique en bas et à droite jusqu’à la septième vertèbre dorsale pour être à nouveau oblique en bas et à gauche jusqu’au flanc gauche de D10.

STRUCTURE 

La paroi de l’œsophage a une épaisseur de 3 mm environ. Elle est donc relativement mince. Elle se compose de trois tuniques concentriques et régulièrement superposées, qui sont de dedans en dehors :
– la muqueuse, bordant la lumière et est constituée par un épithélium pavimenteux stratifié non kératinisant ;
– la sous – muqueuse, qui contient quelques glandes muqueuses, surtout au niveau de son tiers inférieur ;
– la musculeuse, tunique la plus externe.

L’absence de séreuse au niveau de l’œsophage caractérise cet organe, expliquant sa fragilité et les complications de sa perforation. Sur le plan chirurgical, ceci va rendre sa suture difficile, la tunique la plus solide étant en fait la muqueuse.

EMBRYOLOGIE

Au cours de la quatrième semaine, l’embryon plat se transforme en une structure à trois dimensions par un processus complexe de double plicature. L’entoblaste plat, sur la ligne médiane se transforme en un tube intestinal. Celui-ci présente deux extrémités : l’intestin antérieur et l’intestin postérieur. L’œsophage et l’arbre trachéo- bronchique proviennent de la portion céphalique de l’intestin antérieur. Ce qui explique leurs rapports intimes et leurs pathologies malformatives communes. Cet intestin antérieur va se différencier en deux segments. L’un initial formera le pharynx. Il est commun aux voies digestives et aériennes supérieures. L’autre postérieur se dédoublera et va donner : la fente laryngée primitive et un tube dorsal qui donnera l’œsophage.

Par la suite, l’allongement de l’œsophage sera rapide avec la déflexion du cou. La fente laryngée primitive donnera la trachée.

Ainsi, l’embryologie explique :
• Le rapport étroit qui existe entre l’œsophage et la trachée qui sont entourés de la même gaine viscérale ;
• Certaines anomalies telles que les fistules oeso-trachéales, sténoses congénitales et atrésie œsophagienne.

RAPPORTS

En général, l’œsophage est entouré d’un espace celluleux sans cloisonnement qui communique avec les autres espaces cervicaux et le médiastin. On conçoit donc la gravité d’une perforation œsophagienne ou d’une infection par un corps étranger, qui va donner une cellulite cervicale et médiastinale de pronostic redoutable.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. RAPPELS ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES
I.1. Anatomie de l’œsophage
I.2. Rappels physiologiques
II. RAPPELS PHYSIOPATHOLOGIQUES
II.1. Siège des corps étrangers de l’œsophage
II.2. Atteinte œsophagienne
II.3. Causes d’arrêt
III. RAPPELS EPIDEMIOLOGIQUES
IV. PRISE EN CHARGE DIAGNOSTIQUE
V. ATTITUDE THERAPEUTIQUE
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. OBJECTIF
II. MATERIELS ET METHODES
III. RESULTATS
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES – DISCUSSIONS
I. SUR LE PLAN EPIDEMIOLOGIQUE
II. SUR LE PLAN DIAGNOSTIC
III.SUR LE PLAN THERAPEUTIQUE
IV. SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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