Les coquillages des Iles du Saloum, un produit de terroir ?
Les signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO)
Les signes d’identification de la qualité et de l’origine sont une réponse aux enjeux du développement durable (sauvegarde la biodiversité, le savoir faire local, les ressources naturelles). Le système des SIQO permettent aux producteurs de mieux valoriser leurs produits en créant de la valeur ajoutée et de maintenir la typicité des produits et des terroirs. Ce système permet également aux consommateurs de pouvoir choisir des produits de qualité, typique ayant du goût et qui sont fabriqués dans le respect de l’environnement. Il existe des Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) des produits agroalimentaire. Parmi ces signes, on peut noter : AOP : appellation d’origine protégée qui est la garantie d’une qualité résultant d’un terroir ; IGP : indication géographique protégée qui est la garantie d’un lien entre un produit et son territoire d’origine. Une indication géographique est un signe utilisé sur des produits qui ont une qualité, une notoriété dues à leur terroir d’origine, au climat, aux sols, aux savoir – faire traditionnels des populations locales. STG : spécialité traditionnelle garantie qui est l’aspect traditionnel d’un produit. Depuis l’adoption de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (Accord sur les ADPIC) en 1994, les indications géographiques sont un droit de propriété intellectuelle2 . La valorisation de l’origine géographique, lorsqu’elle renvoie à des caractéristiques spécifiques du produit, matérielles (matière première, terroir) ou immatérielles (savoir faire, réputation), peut également apporter une plus-value économique importante. De nombreux produits traditionnels africains sont associés à une origine géographique : le gari du Bénin ou du Ghana, l’huile de palme de Guinée, le poisson braisé du Sénégal (kétiakh), l’oignon rouge de Galmy au Niger, etc (ALPHA et BROUTIN, 2009). L’intérêt des indications géographiques est à la fois de valoriser les produits et de les protéger. Indications géographiques : introduction. OMPI. Publication. Cependant, elles nécessitent la mise en place d’un dispositif technique et institutionnel lourd et coûteux, ainsi qu’une expertise scientifique et technique. Les acteurs doivent être organisés pour mettre en œuvre une démarche volontaire de qualification, élaborer un cahier des charges avec des critères contrôlables. L’appui des collectivités locales et le soutien de politiques publiques sont également indispensables. En Europe, il y a des SIQO sur des produits halieutiques. Alors qu’en Afrique, l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) n’a enregistré aucun produit halieutique sous indication géographique. En France, les huîtres de Marennes Oléron et la coquille Saint-Jacques des côtes d’Armor sont des produits sous IGP ; et, les moules de Bouchot de la Baie de Saint-Michel sont des produits sous AOP . Les huîtres, la coquille Saint Jacques, la moule et l’arche sont des mollusques bivalves. En Afrique, l’OAPI enregistre et protège les IGP. L’enregistrement requiert l’élaboration du cahier des charges du produit élaboré par les professionnels et qui contient entre autres : la spécificité du produit, sa qualité, les règles de production et de transformation, l’aire de production. Ces informations citées sont des critères pour l’obtention d’IGP (LAMARQUE, 2013). Il est crucial d’évaluer s’il existe une qualité spécifique liée à l’origine (Produit), quelles sont les ressources impliquées (Territoire) et qui sont les parties prenantes mobilisées dans le cadre d’une telle démarche (Acteurs) .
Présentation du Delta du Saloum
Situation géographique du Delta du Saloum
Le Delta du Saloum est localisé à 150 km au sud de Dakar, entre 13°35’ et 14°15 de latitude Nord, et entre 16°00 et 17°00 de longitude Ouest. Le Parc National du Delta du Saloum (PNDB) a été crée en 1976 avec une superficie 76 000 ha 5 . Le delta du Saloum, comprend trois bras de mer (DIADHIOU, 2006) : le Saloum (110 km de longueur) au Nord et Nord-est ; le Bandiala (18 km) au sud et sud-est ; Le Djombos (30 km) entre les deux et avec des fonds de 10 mètres à certains endroits. Les îles du Saloum se composent de trois principaux domaines : un domaine continental, un domaine insulaire et un domaine maritime. Le site, constitué d’écosystèmes côtiers et marins, est un site d’estuaires et de mangroves dans le centre ouest du Sénégal, avec principalement 3 milieux6 . Un milieu continental constitué de forêts et limité dans sa partie basse par la mangrove et les tannes. Un milieu insulaire composé de 3 grands groupes d’îles (le Gandoul au Nord, les îles Betenti et Fathala au sud). Ces îles couvrent plus de 80.000 ha et sont bordées par un réseau de chenaux denses entourés de mangroves ; Un milieu maritime qui s’étend au delà de l’isobathe des 6 m vers la haute mer. 5 Rapport étude de la vulnérabilité de la biodiversité dans le PNDS. 2011. Source : UICN dans DIADHIOU, 2006 : les coquillages marins du Delta du Saloum Figure 1 : localisation du Delta du Saloum
Les ressources naturelles du Delta du Saloum
Le Delta du Saloum est une zone de mangrove riche en ressources halieutiques. Selon Diouf (1996), cent quatorze espèces de poissons appartenant à cinquante deux familles ont été recensées dans l’estuaire du Sine-Saloum. Les coquillages du Saloum sont représentés par 40 familles rassemblant une centaine d’espèces de bivalves, gastéropodes et céphalopodes. Dans la zone d’étude (Niodior), 4 espèces de mollusques sont essentiellement exploitées : l’arche (Anadara senilis – pañe), l’huître de mangrove (Crassostrea gasar – Yoxos), les volutes (Cymbium spp. –Yeet) et des gastéropodes (Tuffa), du genre Murex (Rochers) et Pugilina morio (Mélongène noir) (EMERIT, 2005). Les amas coquilliers du Saloum témoignent de l’ancienneté de l’exploitation des coquillages (GRANDCOLAS, 1997).Il y a eu en effet des « mangeurs de coquillages » dans les îles avant que les Sérères ne s’y installent. Cependant, les questions demeurent nombreuses et l’on ne saurait proposer de conclusion, ni au sujet de l’appartenance ethnique des premiers édificateurs de buttes de coquilles, ni à propos de leurs éventuelles relations avec les Sérères (MARTIN et BECKER, 1979). Ces amas sont constitués en majeure partie d’arches (Anadara senilis). Tableau I : principaux mollusques exploités dans le Delta du Saloum Nom local: Pañe Nom français : arche ou coque Nom Scientifique : Anadara senilis. (Linnaeus, 1758) Reproduction : Juin-juillet, au début de la saison des pluies Habitat : se rencontre dans les sédiments à faible profondeur, en eaux calmes, de salinité comNom local: Yoxos Nom français : Huître de palétuvier ou de mangrove Nom scientifique : Crassostrea gasar Reproduction : Juilletaout Habitat : Se fixe nécessairement, sur substrat dur. Dans les lagunes, les estuaires et les mangroves de la région, ce type de substrat est d’abord fourni par les racines aériennes des palétuviers. Crassostrea gasar vit ainsi dans les zones intertidales et subtidale où elle peut atteindre de fortes densités et biomasses. Nom local : Tuffa Nom français : Melongène noire Nom scientifique : Pugilina morio Habitat : Occupe des habitats vaseux ou sablo-vaseux dans les aires de mangrove et les estuaires des rivières. Description : Sa coquille est de couleur brune foncée avec des bandes claires spiralées. Nom local : Sangaradia Nom français : Rocher Nom scientifique : Murex spp Description : la coquille compte 6 à 8 varices par tour et est recouverte d’épines dorsales. Elle est pourvue d’un canal siphonal large, d’un ombilic profond et d’une ouverture à bord rose. Nom local : Yeet Nom français : Volute à trompe d’éléphant Nom scientifique : Cymbium glans Habitat : Vit depuis le littoral jusqu’a 11 mètres mais cette limite inférieure peut être largement franchie. Répartition : L’extension actuel comprend le littoral africain depuis la Mauritanie jusqu’au Cameroun. Description : Coquille de grande taille pouvant dépasser 350 mm de hauteur et 200 mm de largeur, forme ovale cylindroïde allongée, atténué aux deux extrémités. Le sommet de la coquille à l’aspect d’un ménisque concave. Celui-ci est bordé extérieurement par une crête aigue qui est réfléchi vers le dehors. Nom local : Yeet Nom français : Volute neptune Nom scientifique : Cymbium pepo Habitat : A été dragué par Gruvel au Sénégal en 1970 entre 5 et 12 mètres de profondeur, mais aussi elle était découverte sur la plage à marée basse. C. pepo descend jusqu’à des profondeurs de 30 à 40 mètres. Description : Coquille de grande taille pouvant mesurer 300mm, globuleuse-ovale, ventrue. Partie visible de la spire réduite à un mamelon apical, plus ou moins protubérant, parfois recouverte d’un dépôt calleux. Nom local : khor Nom français : Cône Nom scientifique : Conus papilionaceus Description : Elle est de taille moyenne à grande et présente souvent des ornementations sur sa coquille de forme conique.
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