Les Constructions neuves faire des choix et s’adapter aux contraintes… des réussites et des abandons
Le lourd bilan des bombardements (janviermai 1943)
Les destructions dues à la guerre et les dépouillements de l’occupant auront fait perdre à la France plus de 5 000 milliards de francs. Le bilan est désastreux, l’outillage industriel, déjà usé en 1938, devient pratiquement inutilisable180. La destruction de nombreux équipements, la vétusté des restants et le manque de matières premières empêchent une reprise immédiate de l’activité181 . Dans l’arsenal, les bombardements commencent en 1943182. De janvier à mai, l’établissement est pilonné à plusieurs reprises par des bombes incendiaires et explosives183 . Des installations et des navires touchés par des bombes L’après-midi du 6 mars 1943, des avions anglo-américains lancent 74 bombes de gros calibre, lesquelles occasionnent de lourds dégâts aux Constructions neuves. Deux bombes rasent, en partie, la cale n° 7 et démolissent l’ossature métallique avec les ponts roulants (photo 1). À l’intérieur, l’aviso B et deux chalutiers en construction sont également sévèrement touchés184. Le même jour, quatre autres bombes détériorent la toiture de l’atelier des bâtiments en fer et endommagent plusieurs machines-outils. Le 16 avril, plusieurs bombes déclenchent des incendies dans la forme couverte. Alors en construction, le De grasse subit d’importants dégâts185. Une autre bombe atteint la cale
Rive droite et rive gauche, des installations lourdement touchées
À de rares exceptions près, les immeubles de l’arsenal sont détruits ou en partie démolis186. Au bilan des destructions 80 % de l’établissement est démoli, « ce qui, tout compte fait est à l’échelle des destructions apportées à l’ensemble de la cité lorientaise187 ». Rive droite, les superstructures immobilières et édifices de l’arsenal ont été en grande partie démolis et écrasés par les bombes ou les incendies (fig. 9). Les voies terrestres et maritimes sont devenues impraticables. Quantité de bureaux et d’ateliers ne sont plus que ruines et seuls les ouvrages maritimes qui dominent la grue métallique de 150 tonnes, les quais et bassins, sont restés pratiquement intacts.
Dix-neuf mois pour reconstruire et réparer les ateliers (1945-1946)
Depuis mai 1945 se prépare la rentrée progressive du personnel. Un petit noyau d’ingénieurs, d’agents et d’ouvriers reprend possession de l’arsenal. L’urgence est de déblayer et de réparer les ateliers, de remettre en état les machines et d’en installer de nouvelles, mais aussi de récupérer les matériels encore en état189. Pour le ministre de la Marine qui étudie les plans de reconstruction et de rééquipement des ports de guerre détruits, il ne peut être question de priver le potentiel industriel du pays des installations anciennes et nouvelles de Lorient190 . Pourtant, gardant un visage dévasté, « on pourrait croire que la guerre ne s’est terminée qu’hier191 », les installations essentielles de l’arsenal, quais, bassins, forme couverte n’ont, en définitive, pas subi de dommage majeur. Si bien que, grâce à l’élan de son personnel, l’activité reprend au troisième trimestre 1945192. Ce démarrage profite en premier aux ateliers restés intacts de la base de sous-marins de Keroman et aux chantiers de montage improvisés dans l’arsenal. D’ailleurs à Keroman, « l’outillage existant à la base a été trouvé en excellent état et a travaillé sans arrêt depuis la Libération193 ».
Une activité renforcée par de nouvelles machines et outillages
Les difficultés sont peu à peu surmontées. Avec quelques machines, l’arsenal reprend ses activités pour rendre les services qu’on en attend203. L’outillage retrouvé à Keroman est renforcé par un grand nombre de machines achetées en France, en Amérique, en Angleterre, au Canada, au titre du plan décennal, et d’autres, prélevées ou acquises en Allemagne. Les appareils de levage, grues, ponts roulants et portiques sont réparés. À hauteur de 40 millions de francs, le petit outillage (limes, forets, alésoirs, perceuses et marteaux pneumatiques, etc.) est réapprovisionné. En septembre 1946, le gros outillage de l’atelier des bâtiments en fer est en état à 90 %, et toutes ses nefs sont à nouveau équipées en ponts roulants. Son parc machines est maintenant incomparablement supérieur, en nombre et surtout en qualité à ce qu’il était avant 1939204 . Des installations industrielles réparées En mai 1947, un crédit de 20 millions de francs est alloué au port pour assurer le déblaiement des décombres205. Les moyens de levage de la forme et de la cale n° 5 sont aussi remis en route. Les toitures sont restaurées et le long-pan sud de la forme couverte est réparé par des tôles ondulées (photo 3).