LES CONSEQUENCES PSYCHOLOGIQUES ET SOCIALES DU VIOL
INTRODUCTION
Le monde moderne est caractérisé par une violence qui provoque des destructions, des morts et des blessés physiques ; elle cause aussi des « blessés psychiques », c’est-à-dire des victimes indemnes quant à leur corps, mais profondément choquées, « traumatisées », quant à leur esprit [6]. Une des marques que portent ces violences est la violence sexuelle [13].Cette forme de violence sexuelle est un acte connu depuis longtemps comme cause de traumatisme chez les mineurs reconnus comme des êtres fragiles qui n’ont point atteint l’âge de la majorité [26]. La violence sexuelle est définie par l’OMS [25] comme « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail ». Selon toujours l’OMS [25], la violence sexuelle comprend le viol qui se définit comme : « un acte de pénétration, même légère, de la vulve ou de l’anus imposé, notamment par la force physique, en utilisant un pénis, d’autres parties du corps ou un objet. Il y a tentative de viol si l’on essaie de commettre un tel acte. De même pour quelques spécialistes comme Gonin et al [13] définit le viol comme « un acte de pénétration, même légère, de la vulve ou de l’anus imposé notamment par la force physique, en utilisant un pénis, d’autres parties du corps ou un objet » CROCQ [6] abonde de dans le même sens en définissant le viol comme un acte d’imposer à une personne un rapport sexuel avec pénétration, par violence, contrainte, menace ou surprise. La pénétration sexuelle peut être vaginale, anale ou orale. Elle peut être effectuée par le pénis, par un doigt ou un objet.
ASPECTS THEORIQUES
Trauma
Le mot « trauma », contraction du mot traumatisme vient du grec ancien traumatismos, qui peut être traduit par « blessure ». Transposé à la pathologie chirurgicale, il signifie « transmission d’un choc mécanique violent exercé par un agent physique extérieur sur une partie du corps et provoquant une blessure ou une contusion ». Transposé à la psychopathologie, le mot assorti de sa précision « psychique » signifie « transmission d’un choc psychique (et non plus mécanique) exercé par des agents extérieurs psychiques (et non plus physiques) sur le psychisme (et non plus sur le corps), et y provoquant des désordres psychiques (et non plus somatiques) »
Evénement potentiellement traumatogène
On parlera d’événement« potentiellement traumatogène » car un événement n’est jamais infailliblement traumatique, mais par rapport à la personnalité qui doit y faire face avec ses forces constitutionnelles et sa disponibilité d’énergie et le caractère ou violence de l’agression [
Traumatisme psychique
Compte tenu de ces considérations, CROCQ [6] définit le traumatisme psychique ou trauma comme : « le phénomène de bouleversement qui passe à l’intérieur du psychisme lorsqu’un un excès d’excitations extérieures attenantes à un événement subi, violent et agressant vient de faire effraction au travers des défenses de ce psychisme »
Trauma et Traumatisme
Le trauma est une blessure avec effraction psychique et le traumatisme quant à lui, désigne les conséquences causées par le trauma selon Laplanche et Pontalis [19]. LEBIGOT [20] utilise la métaphore de Freud pour comprendre la notion de trauma en utilisant la « vésicule vivante » comme Freud appelle sa sphère. Selon lui Freud se faisait une représentation de l’appareil psychique comme un contenu protégé par une membrane qui le protège des agressions extérieures. Cette membrane est souple, dépressible et résistante jouant le rôle de « pareexcitation ». Lors du stress, une action extérieure (une menace de mort par exemple) presse sur la membrane. La « vésicule vivante » est partiellement écrasée mais rien ne pénètre à l’intérieur. Cela se traduit cliniquement par de l’angoisse. Lorsque la pression se relâche, l’appareil psychique reprend sa forme initiale et continue à fonctionner comme avant. Il n’en va pas de même avec le trauma. Là l’événement, ou plutôt son image pénètre dans l’appareil psychique en traversant le « pare-excitation ». Freud parlait d’effraction selon toujours LEBIGOT [20]. L’image traumatique va s’incruster au milieu des représentations et sa charge énergétique va bouleverser le fonctionnement psychique du sujet. Il y’aura un avant et un après trauma, au point que la première demande de la victime soit « je veux redevenir comme avant » et la fonction de pare-excitation serait perdue à jamais.
INTRODUCTION |