Les conséquences de l’émigration

les conséquences négatives de l’émigration dans la CR

L’émigration entraine une régression des activités productives, causée par les départs massifs des éléments les plus jeunes et actifs de la CR. Le flux migratoire des hommes vers l’étranger s’est accompagné d’un flux inverse des femmes vers les champs, où elles vont devenir, pour la majeure partie de leur temps, des collaboratrices bénévoles, assurant la survie des unités familiales, structurellement menacées par le manque de main-d’œuvre masculine.
Par contre, le niveau d’activités économiques des  » épouses de migrants » est plus restreint.
Elles effectuent, le plus souvent, le strict nécessaire, espérant toujours plus que ce qu’elles recevront de leur mari, installées dans une situation de dépendance économique, conçue comme une compensation morale devant la vie souvent pénible qu’elles mènent auprès de leurs beaux-parents.
Il est assez fréquent que des femmes de 24-25 ans, mariées depuis une dizaine d’années, n’aient vécu que 6 à 12 mois de réelle vie conjugale. Ainsi des épouses sont délaissées dans une « misère sexuelle » mal vécues par celles-ci, et « les moins pudiques, pour assouvir leurs besoins, se tournent vers des actes coupables ».
Ainsi comme conséquence l’adultère suivi souvent de grosse pousse des jeunes filles à choisir les chemins de l’exil, la fuite de nuit, le suicide, car, elles ne peuvent plus vivre dans leurs villages et supporter les regards des autres. Dans toutes sociétés de la CR la bâtardise est considérée comme une faute grave qui porte atteinte à l’honneur des familles. Pour toute progresse hors mariage : « la cacher, la faire disparaitre constituent l’obsession et la hantise des femmes et le souci de l’entourage familial ».39
Devant les difficultés socio-économiques des pays d’origine et confrontés à la venue inéluctable des familles en France, les émigrés optent plus souvent pour une installation qui prend vite un caractère définitif.
L’émigration est un véritable fait de société. A la naissance d’un garçon, on fait le vœu qu’il émigre lorsque son tour sera venu. Les jeunes filles se moquent des garçons « qui ne partent pas » en chantant qu’ils ne pourront les épouser.
Et l’émigré qui rentre au village réaffirme par son comportement et ses dépenses ostensoirs, le sentiment que l’Occident est l’Eldorado.
La dépendance vis-à-vis des revenus des immigrés s’accentue au fur à mesure que les départs deviennent plus massifs. Les immigrés restent longtemps attachés à l’esprit de solidarité et d’entraide et à leurs valeurs morales, mais une sédentarisation de plus en plus poussée apparait, et elle favorise une lente mais sure désagrégation des structures sociales.
Actuellement la famille se resserre autour de sa plus simple expression. Le migrant n’accueille plus tous ceux qui se réclament de sa parentèle. La famille élargie est sacrifiée sur l’autel de la famille restreinte. La course à la richesse et au pouvoir a conduit à l’éclatement des familles qui vivaient sous un même toit pendant des décennies. L’idée que tout le monde est parent avec tout le monde est très souvent remise en cause. C’est dans ce contexte qu’on voit la pertinence des propos d’un émigré qui révèle : « En France j’ai mon oncle qui n a pas voulu m’accueillir chez lui à mon arrivé, j’étais obligé d’aller au foyer rejoindre les jeunes qui ne sont pas de ma famille»
Au même titre que le chômage, la généralisation du regroupement familial a eu pour effet immédiat de réduire les capacités de rapatriement d’épargne au pays.
Au retour certains émigrés ont des problèmes d’intégration dans une société qui est en forte mutations. Ainsi il n’est pas rare de voir des émigrés exclus de la société. La première génération d’émigrés actuellement à la retraite assure la gestion du développement du village à coté des ASC d’où un conflit de génération qui bloque la planification des projets de développement villageois. Avec le nouveau mode d’habitat la solidarité familiale tant à disparaitre, chaque émigré qui a les moyens quitte la maison familiale en construisant une maison et une clôture en mur. Actuellement certains émigrés cherchent une promotion politique en donnant des instructions pour le vote d’un candidat. Ainsi leurs choix comptent beaucoup dans la vie politique de la CR.

l’intégration socio-économique réussie

La vie en France n’est pas la vie au village, le paysan soninké ou halpoular est devenu un ouvrier salarié. Il a de nouveaux comportements. Les pays d’accueil deviennent des lieux d’apprentissage, le climat à l’usine avec son militantisme et ses luttes syndicales transforme les mentalités.
Il en résulte que les migrants s’organisent dans leurs pays d’accueil en associations d’originaires d’une même province ou d’un même village pour relever le défi du développement de leurs terroirs.
Les migrants qui arrivent dans leurs pays d’accueil sont pour la plupart accueillis par leurs compatriotes des villages-bis. En plus de l’accueil, la nourriture, le logement, les premiers vêtements et les frais de déplacements pour « chercher le travail » sont offertes.
En outre certains émigrés ont acquis des compétences, notamment scientifiques et techniques, et les ont valorisées dans des actions en direction du pays d’origine, à travers par exemple des projets de développement. Il s’agit alors d’arriver à mettre en évidence soit un transfert de savoirs et de savoir-faire, soit de repérer les obstacles dans le cas où un constat serait fait d’une non-implication dans la problématique de développement de la CR.
La migration40 des populations de la CR se caractérise par un fort contrôle des migrants par leurs familles mais aussi par la communauté villageoise tout au long du processus migratoire.
Ce contrôle s’explique, d’une part par l’importance croissante que prend la migration dans les stratégies de subsistance des familles et de la communauté et d’autres part, par la nécessité, en temps de crise, de maintenir la cohésion des communautés par le renforcement de l’ordre villageois et des hiérarchies sociales.
Pour les pays récepteurs les immigrés constituent un apport de main d’œuvre bon marché et peu revendicative qui accepte les emplois difficiles. Et dans l’accélération du développement des pays d’accueil les immigrés jouent un rôle moteur en compensant l accroissement naturel lent et permettent un enrichissement du métissage culturel.

Les contraintes des immigrés

Dans les pays du tiers monde, le principal obstacle des immigrés est la difficile absorption des nouveaux venus dans les villes macrocéphales caractérisée par le manque d’équipements socio-économiques, absence d’emploi, développement du banditisme etc.
L’entrée des conjoints et enfants créent à moyen et long terme un déséquilibre démographique. Les émigrés ont une fécondité plus forte que celle des nationaux. .Dans certains pays comme la France le tiers des naissances annuelles est le fait de la population immigrée. Et cette tendance ira grandissant si le rythme des flux continue. Les adeptes d’un nationalisme outrancier admettent difficilement un tel phénomène. Cependant des stratégies complexes sont à l’œuvre : on fait naitre les enfants en France pour leur assurer une nationalité puis on les renvoie chez les grands parents restés au village qui se chargent d’assurer l’éducation culturelle, et pour retourner une fois majeure. Ce cas de situation est très présent dans la CR.
Les charges sociales se trouvent augmentées : maternités, hôpitaux, écoles, sécurité sociale, allocations familiale et autres.
L’intégration et l’insertion difficile des populations étrangères sont source de problèmes qui se manifestent par une réaction de rejet exacerbé en période de crise ou de chômage.
L’ignorance de la langue nationale entraine un manque de communication donc de compréhension entre les communautés et pose des problèmes au niveau de l’enseignement dans les écoles.
Les conditions de vies des émigrés sont difficiles pour la majorité de personnes interrogées.
Cela est illustré par les propos d’un émigré : « on a vécu des conditions extrêmement difficiles à l’étranger, au Congo on fait face à des tracasseries policières chaque jour du fait que nous sommes sénégalais ».
En outre les émigrés ont un sentiment d’isolement malgré l’existence d’un Ministère des Sénégalais de l’Extérieur comme en témoigne un enquêté : « En France on ne voit les autorités sénégalaises qu’à la veille des jougs électorales pour des promesses à des conditions meilleures pour la forte communauté d’émigrés que nous constituons ».
Les immigrés41vivent dans les précarités, les discriminations salariales sont de rigueur malgré la ratification de la convention des Nations Unies de juillet 2003 sur les droits des travailleurs migrants. Nos données d’enquête montrent assez bien la misère des immigrés, s’ils ne sont pas chômeurs, ils gagnent souvent des salaires très bas. En Europe, on : « observe une certaine méfiance de la part de la population magrébine, qui les perçoivent comme des concurrents sur le marché du travail de l’emploi et du logement ; dans un contexte de crise, les derniers arrivés deviennent facilement des boucs émissaires, qu’il existe ou non des différences culturelles ou religieuses entre les deux communautés ».
Ainsi la question d’intégration se pose entre communautés immigrés, réunies dans les mêmes quartiers.
Dans certains pays, les facteurs d’influence négatifs sont plus liés à une situation économique et sociale difficile. C est le cas du Nigéria, du Gabon, et du Cameroun. Très souvent analphabètes, les commerçants qui remplissent rarement les conditions d’entrée et de séjour, sont les plus vulnérables aux rafles policières. Ils opposent alors aux stratégies de l’État des logiques individuelles efficaces en monnayant la «compréhension» des policiers. La crise économique, en devenant plus aiguë, généralise ces pratiques. Les migrants qui refusent de «coopérer» s’attirent le mécontentement des policiers qui, de provocation en provocation, peuvent les contraindre à quitter le pays. À la longue, l’émigré, ignorant des recours possibles ou incapable de les exercer, sinon auprès de sa communauté, doit partir ou payer.
En 1985, la « gabonisation » de l’emploi développe les tracasseries policières. Cette mesure est souvent interprétée par les migrants, en particulier par les sénégalais, comme destinée à multiplier les entraves administratives envers les étrangers. En 1992, la nationalisation de l’emploi atteint son paroxysme avec la création du commissariat à la « gabonisation ». Alors que la crise économique s’aggrave, les migrants en situation irrégulière sont renvoyés dans leurs pays d’origine.
La méthode la plus utilisée par les autorités gabonaises reste cependant le renforcement des contrôles aux frontières, où les autorités militaires et policières se livrent à une véritable guerre contre les clandestins; dans certains cas, la police des frontières n’hésite pas à tirer sur des migrants au nom de la sécurité territoriale.

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