LES CONSÉQUENCES DE LA DÉCISION DE PHILIPPE II
Pendant dix-sept ans, la couronne espagnole interdit toute nouvelle tentative d’expédition ordenéis.. que procuren de traer alguna especiería…y daréis por instrucción a la gente que así enviáredes que en ninguna manera entren en las islas de los Molucos porque no se contravenga el asiento que tenemos tomado con el serenísimo rey de Portugal sino en otras islas que están comarcanas a ellas, así como son las Philipinas y otras que están fuera de dicho asiento… que tienen también especiería…y lo principal que les habéis de dar por instrucciones que luego den la vuelta a esa Nueva España, porque lo principal que en esta jornada se pretende es saber la vuelta. Cet ordre, ou cette autorisation, envoyé au vice-roi don Luis de Velasco, entraîna les préparatifs d’une nouvelle entreprise. Quels furent les motifs de cette décision? Nous chercherons à répondre à de nombreuses questions au cours de cette première partie. L’objectif est de présenter l’évolution progressive de ce projet depuis ses débuts, à partir de la décision de Philippe II, de son choix de la Nouvelle Espagne et de la désignation du frère Andrés de Urdaneta qui se trouvait à ce moment-là au couvent de San Agustín à México, pour que, grâce à son expérience de cosmographie et de pilotage, il cherche la route de retour des Philippines vers la Nouvelle Espagne. Mais nous parlerons aussi des appréciations que le frère Urdaneta porta sur le port d’Acapulco et de la proposition qu’il fit. Quels furent les motifs pour lui donner la préférence? Et pourquoi la Couronne soutint-elle la proposition du frère? La puissante raison qui aboutit à la décision de Philippe II fut la situation géographique des îles Philippines: s’établir dans l’Archipel, centre du Sud-Est asiatique, faciliterait les relations avec la Chine, le Japon, les Îles Moluques comme avec toutes les autres régions de la zone, permettrait d’accéder à cet attirant marché asiatique, si significatif pour l’empire espagnol comme pour les autres puissances européennes d’alors. Mais outre l’augmentation de pouvoir que la Couronne pourrait obtenir de sa présence en Orient, celle-ci lui permettrait d’ouvrir de nouvelles voies d’évangélisation. Le Roi choisit la Nouvelle Espagne comme point de départ de cette nouvelle exploration parce que, devant respecter la ligne de séparation voulue par le Pape Alexandre VI qui divisait le monde entre les Portugais et les Espagnols, la route maritime à partir de la vice- royauté, déjà découverte, était plus courte et moins dangereuse que celle qui venait d’Espagne par le détroit de Magellan. Le frère augustin Andrés de Urdaneta, un des survivants de l’expédition Loaysa – Elcano, avait connu le désastre d’Álvaro de Saavedra et avait été renvoyé en Espagne par les Portugais via Lisbonne. A son arrivée à la cour espagnole, il avait exposé sa théorie sur la route de retour vers la Nouvelle Espagne.
Urdaneta estimait que si les flux de vents près de la ligne de l’équateur allaient d’Est en Ouest, ceux qui soufflaient plus au Nord ou plus au Sud devaient aller en sens contraire, d’Ouest en Est18. Si l’expédition d’Álvaro de Saavedra n’avait pas rencontré cette situation météorologique par trente-cinq degrés de latitude Nord, il pensait qu’une navigation allant jusqu’à 40° de latitude Nord ouvrirait la possibilité de rencontrer des vents favorables pour le retour. personnes19, constituant l’équipage et les troupes embarquées, ces dernières sous le commandement du maestro de campo Mateo Delsar et de Martín de Goiti, emmenant un Trésorier Royal, Guido de Lavezares, et cinq pères augustins, parmi eux Andrés de Urdaneta, tous sous les ordres de Miguel López de Legaspi. Une fois en haute mer, Legaspi réunit à bord du San Pedro les capitaines et les responsables importants de la flotte, et ouvrit le pli qui contenait les instructions générales de l’Audiencia. Les dispositions prévoyaient de faire route directement vers les Philippines, d’explorer et de conquérir l’Archipel, sans toucher aux Îles Moluques; par ailleurs, ils devraient rapporter des échantillons des épices des Philippines et chercher une route de retour. Le 9 janvier 1565, la flotte découvrit des îles basses, par neuf degrés de latitude Nord, qui faisaient probablement partie de l’archipel des îles Marshall actuelles; ils les appelèrent Barbudos20, à cause de la barbe que les naturels se laissaient pousser; Felipe Salcedo, le neveu de Legaspi, et Andrés de Urdaneta en prirent possession au nom du Roi. Le 24 janvier, ils arrivèrent aux îles des Los Ladrones, les Mariannes, et répétèrent le même acte solennel. Le 20 février, Miguel López de Legaspi prit possession de l’île de Samar et de tout l’archipel