La naissance d’un premier enfant est susceptible d’entraîner de nombreux changements de vie. Au plan conjugal, Howe (2011) soulève que la transition à la parentalité serait une source majeure de changement en ce qui concerne la qualité de la relation. En ce sens, plusieurs recherches se sont centrées sur la qualité de la relation conjugale, et, plus spécifiquement, sur les difficultés conjugales rencontrées par les couples nouvellement parents (Adamson, 2013; Ahlborg et al., 2008; Claxton et Perry-Jenkins, 2008; Kluwer et Johnson, 2007; Shapiro et al., 2000). Ces recherches en viennent à la conclusion que l’arrivée d’un premier enfant représente une période transitoire d’adaptation pour les couples. En outre, la capacité d’adaptation des membres d’un couple influence la perception de chaque partenaire quant à sa satisfaction conjugale (Lawrence et al., 2008). Cette transition développementale est importante pour les familles qui sont en construction, en raison de la grande déstabilisation des sous-systèmes déjà présents, mais également de l’ajout du nouveau sous-système parental (Frascarolo-Moutinot et al., 2009).
Donner naissance à un premier enfant aurait des conséquences à la fois positives et négatives sur la vie de couple. Ces conséquences seraient liées, dans une large mesure, aux changements de comportements et d’attitudes entre les conjoints, qui auraient pour impact de transformer la relation conjugale (Doss et al, 2009; Shapiro et al., 2000). Par conséquent, pour certains couples, la transition à la parentalité engendre des conséquences positives ou négatives, qui ne sont pas nécessairement présentes pour d’autres.
Les conséquences positives sur la relation conjugale liées à la naissance d’un
premier enfant
Il est possible de soulever quelques conséquences positives de la transition à la parentalité sur la relation conjugale. Par exemple, la présence d’un objectif commun, comme le fait d’accueillir un enfant, peut stimuler une joie partagée, ce qui aura pour effet de favoriser le sentiment d’accomplissement et de satisfaction chez les conjoints (Twenge et al., 2003). De plus, l’arrivée du premier enfant peut favoriser l’expression d’affection, de tendresse ainsi que d’admiration mutuelle, ce qui augmente l’intimité conjugale ainsi que la complicité (Shapiro et al., 2000), de même que les interactions conjugales positives et constructives. Ces différentes retombées positives de la naissance du premier enfant protègent et solidifient la relation conjugale (Black et Lobo, 2008).
Les conséquences négatives sur la relation conjugale liées à la naissance d’un
premier enfant
D’autre part, des recherches scientifiques soulignent davantage les conséquences négatives de la transition à la parentalité sur la qualité de la relation conjugale (Deave et Johnson, 2008; Glade et al., 2005). Lors de cette transition, s’il n’y a pas anticipation de changements dans les différentes sphères de la vie individuelle et conjugale des conjoints, il est possible que des situations conflictuelles surviennent (Meleis, 2010). En ce sens, l’arrivée du premier enfant entraîne certaines contraintes à la liberté, compte tenu du plus grand nombre de tâches et de responsabilités à partager qui peuvent limiter la liberté individuelle et conjugale des conjoints (carrière, activités, dépenses, etc.) (Carlson, 2007; Twenge et al., 2003). Pour Twenge et al. (2003), cette transition serait d’autant plus contraignante pour les femmes, car elles vivent la grossesse, l’accouchement ainsi que la période post-partum. Ainsi, la diminution de l’indépendance qui découle de la venue d’un enfant peut rendre le passage à la parentalité plus difficile à gérer aux plans individuel et conjugal (Magni-Speck et al., 2012), mais aussi financièrement (Petch et Halford, 2008). Comme l’enfant présente des soins particuliers, il est possible que cela entraîne une diminution des ressources financières de la famille, ce qui peut devenir particulièrement difficile pour les couples vivant dans un contexte économique précaire (Twenge et al., 2003).
Certains chercheurs précisent que de grands changements peuvent aussi être constatés en ce qui concerne l’intimité sexuelle, et ce, dès la grossesse jusqu’à quelques mois suivant l’accouchement (Ahlborg et al., 2008; Ahlborg et al., 2009; Olsson et al., 2005). La diminution de la sensualité ainsi que de la fréquence des rapports sexuels peuvent devenir des sujets de disputes conjugales (Ahlborg et al., 2008; Ahlborg et al., 2009; Bouchard et al., 2006). Selon Olsson et al. (2005), cette situation peut être due à différents facteurs, mais il a été démontré que le besoin sensuel de la mère semble être comblé par le nouveau-né. De plus, le manque de sommeil des conjoints peut devenir la source de problèmes rencontrés par ces derniers (Olsson et al., 2005), car au fil du temps, il peut devenir difficile pour chacun de gérer son épuisement (Petch et Halford, 2008). Cette fatigue accumulée peut engendrer de plus grandes difficultés de communication dans la relation conjugale (Pacey, 2004) .
Ces contraintes à la relation conjugale peuvent engendrer des conflits liés à l’ajustement au nouveau rôle parental, au stress qui l’accompagne (Carlson, 2007), ainsi qu’à la diminution de l’estime de soi (Delmore-Ko et al., 2000). Il importe cependant de préciser que les conflits ne sont pas toujours un facteur destructeur de l’intimité du couple, car ils peuvent parfois favoriser cette dernière (Castellano et al., 2013). L’interprétation ainsi que la réaction qu’auront les conjoints par rapport aux situations conflictuelles influenceront l’impact que peuvent avoir les conflits sur l’intimité du couple.
INTRODUCTION |