Les composantes de la dialectique
Écologie du paysage
L‘écologie du paysage étudie et tente d‘améliorer les interactions entre l‘organisation des structures spatiales et les processus écologiques sur un large éventail d‘échelles paysagères et de niveaux organisationnels (Wu, 2008). Mue par une considérable nécessité d‘interdisciplinarité, l‘écologie du paysage intègre les approches biophysiques et analytiques avec des perspectives anthropiques et holistiques par le prisme des sciences naturelles et sociales (Turner et al., 2001).
Développement de l‘écologie du paysage
L‘émergence de l‘écologie du paysage tient à plusieurs raisons. Premièrement, la protection des espèces et de leurs habitats s‘inscrit dans des espaces de plus en plus étendus, qu‘il s‘agisse de conserver des populations de plantes et d‘animaux en proie aux changements environnementaux, de compenser les effets de la fragmentation des habitats, ou de réduire les effets des pollutions diffuses (Décamps, 2004). Ces problèmes demandent des approches spatialement explicites, sur de vastes étendues et de longues durées.
Pour les résoudre, l‘écologie du paysage apporte des concepts et des méthodes utiles, complémentaires de ceux et de celles de l‘écologie traditionnelle (Forman, 1995; Burel et Baudry, 1999 ; Turner et al., 2001). Les composantes de la dialectique 11 Deuxièmement, l‘importance à accorder aux échelles d‘observation s‘est imposée. L‘idée d‘un emboîtement des échelles, dans l‘espace comme dans le temps, a conduit à de nouvelles réflexions sur les possibilités de transposition des résultats d‘une échelle à l‘autre et sur la nécessité d‘inscrire toute dynamique locale dans un espace plus vaste (Levin, 1992). L‘écologie du paysage a intégré ces idées, par exemple pour savoir comment l‘organisation de l‘espace influence le déplacement des organismes, la propagation des perturbations ou les flux de matière et d‘énergie (Picket et White, 1986; Boose et al., 1994; McGarigal et McComb, 1995; Naiman et Décamps, 1997). Troisièmement, l‘écologie du paysage a bénéficié de spectaculaires avancées technologiques dans les domaines de l‘imagerie de télédétection et des SIG. Elle a aussi bénéficié des progrès accomplis en quantification de l‘organisation des structures spatiales, via les statistiques spatiales (Getis et Ord, 1992; Anselin, 1995; Fortin et al., 2005).
Théories
Bien qu‘empruntant à une multitude de disciplines, la théorie de l‘écologie du paysage rejoint le tronc de la théorie de l‘écologie générale. Ainsi, elle s‘appuie sur quatre problématiques principales : le développement et la dynamique de l‘hétérogénéité spatiale, les interactions et échanges au sein des paysages hétérogènes, l‘influence de l‘hétérogénéité spatiale sur les processus biotiques et abiotiques, et l‘ingénierie de l‘hétérogénéité spatiale. Les deux principales divergences la séparant des études écologiques traditionnelles, qui conjecturent souvent l‘homogénéité spatiale des systèmes, résident dans l‘importance accordée à cette organisation spatiale et à la petite échelle étudiée, i.e., grandes étendues spatiales (Turner et al., 2001).
La théorie de l‘écologie du paysage repose sur une terminologie propre, constituée de néologismes mais aussi de termes empruntés à l‘écologie dont la sémantique fut remaniée. Une série de termes-clés serviront non seulement à explorer les véritables pivots de cette science mais aussi à apprécier leur interconnectivité. 12 L‘échelle est globalement la mesure spatiale et temporelle d‘un objet ou d‘un processus, caractérisée à la fois par la résolution et l‘étendue (Turner et Gardner, 1991). En cartographie, l‘échelle représente le langage de conversion du monde réel en carte, reliant la distance sur l‘image cartographiée et la distance correspondante sur Terre (Malczewski, 1999). Delcourt et al. (1983), en représentant les échelles de la dynamique de la végétation à travers le temps et l‘espace, ont réussi à synthétisé les changements palé-écologiques des paysages et, graphiquement, présenté la corrélation positive des échelles spatiales et temporelles (Figure 2.1)