Les compétences et interventions infirmières

Selon Marin (2014), « Soigner, c’est alors donner à l’ancien malade le courage de dépasser l’angoisse qu’il ressent devant un corps qui n’est plus sien et qui lui incombe pourtant. L’aider à aimer et à habiter ce corps. Le soignant a ce pouvoir d’investir ce corps de valeur ou d’en révéler des capacités encore inconnues du patient. Le paradoxe du soin tient alors dans le fait de l’accompagner pour qu’il apprenne à être seul, à se supporter soi-même, dans tous les sens du terme : se réconcilier avec lui-même et ne plus craindre de s’effondrer sans tuteur extérieur.» (p.59)

Plusieurs articles démontrent que l’hospitalisation des patients en réhabilitation peut engendrer une dépression. Le fait de se sentir enfermé, la coupure du lien social est extrêmement important à prendre en compte en tant qu’infirmier. En effet, certains patients vivent de nombreux mois de réhabilitation et le manque d’interactions sociales peut devenir très lassant. Cela peut venir du fait qu’ils peuvent se sentir inutiles et « d’être dans une capsule temporelle». (Turner, 2010, p.12). Le rôle de l’infirmière est de prévenir cette monotonie, cette solitude en proposant des activités qui ont du sens pour les personnes. Certes cela n’est pas comparable à ce que pourrait réellement faire le patient à l’extérieur de l’hôpital mais certaines activités peuvent permettre à la personne de se recréer avec qui elle est, en termes de déficits et de ressources. Lors de nos stages en neuroréhabilitation, il y avait des après-midi ou soirée « film », des bricolages ou encore de la poterie. Ce qui peut en plus de leurs utilités divertissantes, favoriser la gestuelle des patients ayant une atteinte sensitivomotrice. Etre attentif à ce que le patient ne s’ennuie pas lors de son hospitalisation, peut aider à prévenir une dépression.

Les patients peuvent ressentir un malaise en raison de la présence de personnes étrangères qui envahissent leur sphère privée, surtout lorsque la réhabilitation est de longue durée. Il est important de s’annoncer avant d’entrer dans une chambre, de fermer les rideaux entre les lits selon leur volonté. L’infirmière se doit d’avoir conscience que la chambre du patient fait office de maison provisoire. Cependant la réalité hospitalière est que les chambres comportent parfois 4 lits, l’intimité des patients est alors limitée.

Diverses astuces peuvent tout de même aider les patients à se sentir « chez eux ». Lors de notre stage, les soignants avaient instauré des « heures de tranquillité » : si un patient recevait la visite de son conjoint, personne n’avait le droit de rentrer dans la chambre et cela contribuait au respect de leur vie privée. Maintenir le lien familial et impliquer la famille dans les soins est essentiel. Selon D. Morin, l’infirmière a pour rôle d’intégrer la famille dans les soins afin de légitimer sa présence et son implication dans le projet de soin, dans le but qu’elle devienne un « soignant naturel» dans le cadre du domicile.

Un autre élément considérable à prendre en compte en tant qu’infirmier est le rythme du quotidien hospitalier car il peut favoriser un état dépressif chez les patients. Les nombreuses séances de thérapies sont éprouvantes pour les patients. Leurs calendriers sont très chargés en raison de leur réadaptation. Ils ont peu de temps pour se reposer, se ressourcer et réfléchir à leur devenir. Il est souhaitable que l’infirmière puisse prendre du temps afin de parler avec le patient de son état mental et de son devenir. Elle se doit d’être attentive au langage qu’elle emploie afin qu’il comprenne tous les aspects de sa prise en charge. Par sa présence 24/24h, elle assure une continuité dans le suivi du patient. C’est l’un de ses rôles de détecter une démoralisation du patient, d’identifier et d’investiguer un probable état dépressif. D’où l’importance de créer une relation de confiance.

L’infirmière devrait aussi préparer avec le patient son retour à domicile car selon D. Morin, le sentiment d’abandon est très présent dans cette période de fin d’hospitalisation. L’un des principaux buts, selon elle, serait qu’il y ait une mise en commun des objectifs et des indicateurs d’atteintes. Bien souvent dans la pratique, ceux-ci sont différents entre les soignants et les patients. Pour rebondir sur les propos de Mme Morin, il s’agirait d’aller plus loin que la relation de confiance citée dans le paragraphe précédent et développer avec ce patient unique un partenariat. Partenariat qui permettrait au patient de partager son expertise, en termes de connaissance de soi, de ressources, de valeurs et d’être reconnu comme un partenaire à part entière avec lequel l’équipe soignante peut construire un projet de soin.

Claire Marin (2014), pose la question suivante, «Pourquoi l’idée de rééducation est-elle centrale ?» Et y répondrai ainsi : «La rééducation permet de s’approprier son corps blessé ou handicapé, de l’incorporer à soi, de reconnecter des parties qui avaient été séparées, de reconstituer l’unité d’un organisme et de permettre la reprise des flux dynamiques qui traversent le corps et lui impulsent ses mouvements.» (p.66)

Les encouragements positifs des soignants sont des facteurs protecteurs pour prévenir une dépression. En effet, il est difficile pour les patients d’accepter leur perte d’indépendance. La brutalité de l’AVC ne leur permet pas de se protéger. Chaque personne est unique et va vivre sa maladie à sa façon. Plusieurs articles démontrent que plus l’handicap physique est important, plus la personne a de la difficulté à accepter ses déficiences. Réalité encore plus compliquée quand l’handicap touche à des troubles cognitifs comme des troubles attentionnels ou mnésiques. Ces symptômes dit invisibles, sont tout aussi handicapants. L’infirmière doit être attentive à la perception du patient face à l’impact de l’AVC a sur sa vie.

Selon D. Morin, les stratégies de coping sont essentielles dans la réhabilitation post-AVC mais ne sont pas assez mobilisées par les infirmières. En effet, elle a constaté que durant ses ateliers, les stratégies de coping représentent un atout significatif pour les patients et qu’il est facile pour eux de les intégrer dans leur manière de percevoir leurs handicaps et leurs apprentissages. Le coping des patients va souvent se baser sur un élément positif qui est l’une de leurs ressources, comme leur famille et leur environnement. C’est pour cela qu’ils abordent plus volontiers ce sujet avec les professionnels de santé car ils valorisent plus facilement leurs comportements positifs.

Table des matières

1. Introduction
2. Question de recherche et problématique
2.1 Définitions des concepts
3. Méthodologie
3.1 Bases de données
3.2 Mots-clés et équation de recherche
3.3 Périodiques, ouvrages consultés
3.4 Autre ressource
4. Résultat de recherche
5. Analyse critique des articles
6. Comparaison des résultats
7. Discussion et perspectives
7.1 Question et résultats
7.2 Les compétences et interventions infirmières
7.3 Référence théorique
7.4 Eléments inattendus
7.5 Recommandations pour la recherche infirmière
7.6 Recommandations pour la pratique clinique
7.7 Limites de la revue de littérature
8. Conclusion

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