EPIDEMIOLOGIE DU PALUDISME
➤ Etat du paludisme dans le monde :
Selon les dernières estimations de décembre 2014, OMS a enregistré, en 2013, 198 millions de cas de paludisme (avec une marge d’incertitude comprise entre 124 millions et 283 millions) qui ont causé 584 000 décès (avec une marge d’incertitude comprise entre 367 000 et 755 000), soit une diminution de la mortalité de 47% au niveau mondial par rapport à l’année 2000 et de 54% dans la Région africaine de l’OMS. La plupart des décès surviennent chez des enfants vivant en Afrique, où chaque minute un enfant meurt du paludisme. En Afrique le taux de mortalité des enfants a diminué de 58% par rapport à 2000 [5]. Mais le combat n’est pas gagné. Le paludisme tue encore, selon les estimations, 627 000 personnes chaque année, principalement des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne. En 2013, la transmission du plaudisme se poursuivait dans 97 pays.
➤ Etat du paludisme au Maroc :
Depuis des siècles, Le Maroc, pays très riche en milieux aquatiques, a connu de grandes endémies meurtrières du paludisme, allant jusqu’à 30 % de mortalité dans certaines localités [7]. Pour faire face à cette situation, Le Maroc, en 1964 a mis en place un Programme national de la lutte contre le paludisme et en 1975, ce programme a pu permettre l’élimination du paludisme grave à Plasmodium falciparum. De plus, depuis 2005, aucun cas autochtone n’a été enregistré [8].
Selon le rapport du Ministre de santé, le nombre de cas autochtones a chuté brutalement de 30.893 cas en 1964 à un cas en 2004. De ce fait, l’OMS a certifié le Maroc en Mai 2010, comme un pays indemne de paludisme autochtone, mais le Paludisme d’importation continue à sévir au Maroc vu l’augmentation des immigrants. Cependant, en Septembre 2010, 3 cas de paludisme autochtones ont été rapportés à l’hôpital de Casablanca mais les investigations épidémiologiques réalisées ont éliminé formellement toute présence du moustique anophèle. Le risque de sa réintroduction n’est pas écarté ; vu la persistance des facteurs de risque et de vulnérabilité, particulièrement en relation avec les conditions écologiques favorables à la pullulation du moustique vecteur. D’où le rôle capital et concerté entre les départements ministériels de la Santé, de l’Agriculture et de l’Intérieur pour intensifier les activités de surveillance pour pouvoir maintenir l’élimination du paludisme autochtone au Maroc [9].
PARASITOLOGIE
➤ Les agents pathogènes :
Le paludisme est transmis par un protozoaire appartenant au genre Plasmodium. Il existe de très nombreuses espèces de Plasmodium (plus de 140), touchant diverses espèces animales mais seulement cinq de ces espèces sont retrouvées en pathologie humaine. Il s’agit de Plasmodium falciparum,Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, Plasmodium malariae et Plasmodium knowlesi, parasite habituel des singes (macaques) d’Asie qui vient de passer récemment chez l’homme avec une possible émergence dans les années à venir [28]. Les cinq espèces diffèrent par des critères biologiques, cliniques, par leur répartition geographique et par leur capacité a développer des résistances aux antipaludiques. D’emblée il faut différencier P. falciparum des autres espèces. En effet P.falciparum est celui qui est le plus largement répandu à travers le monde, qui développe des résistances aux antipaludiques et qui est responsable des formes cliniques potentièllement mortelles [10].
Plasmodium falciparum :
Le plus redoutable et le plus intensément implanté, il est l’agent du paludisme « des tropiques », celui qui tue. Sa transmission s’interrompe en dessous de 18° C environ [11, 12, 13]. Son incubation est de 7 à 15 jours [13]. Il est responsable de la fièvre tierce maligne, de l’accès pernicieux et, indirectement, de la fièvre bilieuse hémoglobinurique. Il est responsable des résistances à un ou plusieurs antipaludiques [12, 13, 14].
Plasmodium ovale :
Il sévit en Afrique intertropical du centre et de l’Ouest (et dans certaines régions pacifiques) et provoque une fièvre tierce bénigne, comme P. vivax il est proche et avec lequel il a été longtemps confondu [16, 17, 12]. Son incubation est de 15 jours ou ultra long, jusqu’à 4 ans [12]. En dépit du traitement,des rechutes peuvent être observées pendant une période de 2 à 5ans [18]. D’une manière générale P. ovale est observé là où P. vivax n’existe pas [12].
Plasmodium vivax :
Il est largement répandu, surtout en Amérique et en Asie, et moins intensément que P. falciparum. Sa transmission s’arrête à une température < 15° C [12,13]. Son incubation chez l’homme est d’environ 12 à 21 jours, mais peut s’étendre jusqu’à 9 mois. Le P. vivax est responsable de la fièvre tierce bénigne, il évolue avec des rechutes, pendant 2 à 5 ans [18], appelées accès de reviviscence schizogonique. En plus quelques rares cas de résistance médicamenteuse sont observés. Plusieurs connaissances récemment acquises récusent le paradigme du paludisme bénin à P. vivax et placent ce dernier dans l’échelle des parasites dangereux pour l’Homme. Il est responsable de quelques cas de paludisme grave [13].
Plasmodium malariae :
Sa distribution géographique est clairsemée, il sévit en Afrique, de manière beaucoup plus sporadique [16, 17]. Son incubation est plus longue, environ trois semaines [14]. Il est responsable de la fièvre quarte et, pour certains, des néphrites quartanes et de syndromes néphrotiques. En dépit du traitement, des rechutes peuvent survenir pendant une période de 10 ans ou plus en l’absence d’une nouvelle contamination .
Plasmodium knowlesi :
P. knowlesi était seulement un parasite sinien (macaque) de l’Asie du Sud-Est. Actuellement, plusieurs centaines de cas ont été rapportés chez l’homme dont entre autre 5 cas au Philippines, dont 4 mortels. Au microscope, P. knowlesi (figure 8) ressemble au conventionnel P. malariae, mais le confondre pourrait être gravissime car,contrairement à ce dernier, il peut être létal pour l’homme. Seul point positif, il est à ce jour, sensible à la simple chloroquine (qui constitue le traitement habituel de l’accès à P. malariae).
INTRODUCTION |
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