Plaidoyer pour l’intérêt d’un mode de financement participatif
donc de la génération de flux entre des personnes qui s’ignorent, à la facilitation des échanges entre des parties qui connaissent exactement tout les unes des autres. Ces principes, qui expliquent l’explosion de la finance participative dans les pans non régulés des échanges, souffrent de se voir appliquer des règlements et des procédures de contrôles qui sont complètement inadaptés et alourdissent les coûts au point de rendre impossibles des transactions qui ne bénéficient en rien des règles qui leur sont appliquées.
Les chiffres du financement participatif
Dans le monde Le financement participatif a connu une forte progression ces dernières années. Même si les sommes totales sont encore faibles par rapport aux financements traditionnels, les montants sont néanmoins devenus significatifs, et les taux de progression sont très importants. L’institut de recherche Massolution estime ainsi que les sommes relevant du financement participatif ont représenté un montant mondial de 2,7 milliards de dollars en 2012, et prévoit que le montant devrait atteindre 5,1 milliards de dollars en 2013, représentant un taux de progression de 89%.Le cabinet Deloitte estime quant à lui que le financement participatif a représenté 1,5 milliards de dollars en 2011 et devrait atteindre 3 milliards de dollars en 2013, doublant ainsi sur une période de deux ans. Toujours suivant l’institut Massolution, les Etats-Unis sont géographiquement les leaders dans le financement participatif avec plus de 59% des sommes levées au niveau mondial, alors que l’Europe représente 35%. Les taux de progression sont également largement en faveur des Etats-Unis qui ont connu une progression de 105% alors que l’Europe progressait de 65%. Dans les différentes formes que prend le financement participatif, le don est le plus important avec 1,4 milliards de dollars suivi par le prêt qui représente 1,2 milliards, concentrés dans les pays anglo-saxons (Etats-Unis et Royaume-Uni). Le financement en action ne représente lui que 116 millions de dollars. Avec la mise en application du JOBS Act américain, ces chiffres devraient fortement exploser, contribuant à l’accélération des Etats-Unis, et à la marginalisation de l’Europe sur la scène du financement participatif.
Néanmoins, ces chiffres sont largement déséquilibrés en faveur du don, avec une proportion de 71% des financements se faisant par les dons, 15% par les prêts et 14% par les fonds propres. Ce déséquilibre est issu des contraintes réglementaires appliquées à ces deux dernières catégories. Ceci est démontré par les chiffres beaucoup plus importants réalisés sur les prêts dans les pays anglosaxons, et qui devrait être encore plus symptomatique quand les chiffres sur fonds propres américains commenceront leur progression une fois le JOBS Act définitivement mis en place.
La France ne bénéficie donc qu’à la marge d’une véritable lame de fond, et se contraindrait elle même à ne pas en profiter pleinement si elle ne sait pas prendre à temps les mesures permettant d’exploiter tout le bénéfice de ce nouveau mode de financement, au travers de toutes ses formes.
Gains potentiels
Une meilleure redirection d’une certaine forme d’épargne L’épargne des Français est très majoritairement, presqu’unanimement investie dans des produits d’épargne qualifiés de sûrs, tel le livret A ou l’assurance vie. Les placements en actions sont comparativement d’un montant faible. Contrairement à l’idée avancée par certains régulateurs, ce n’est pas à notre avis parce que les Français ont une aversion totale au risque, et que cela justifierait de contrôler encore plus les produits offerts. Cela provient selon nous de l’absence de choix porteurs de sens. La forte progression des dons finançant des initiatives innovantes en mode participatif est la preuve que les Français ont un fort appétit pour des financements aux retours certes incertains, mais qu’ils comprennent. L’ancrage dans l’économie réelle est un facteur de lisibilité et d’intérêt que les produits considérés comme risqués, comme les actions des grands groupes, n’offrent pas aux yeux des épargnants. Ce ne sont que des investissements dans une logique purement financière qui effectivement n’attirent qu’un petit nombre de nos compatriotes.
Projets solidaires et culturels, et recherche fondamentale
Avec ses principes de transparence et d’investissement direct, la finance participative trouve un champ d’application évident dans le financement de projets solidaires, culturels, ou de bien commun. Quoi qu’a priori très différents, ces différents domaines réunissent en fait une composante qui explique le succès du financement participatif : le soutien financier repose sur la perception de toute la richesse non financière qui sera potentiellement créée. Grâce à la lisibilité et à l’impact direct de leur soutien, les financeurs peuvent apprécier tous les retours non monétaires que leur contribution pourra créer.