Les catégories de RN 

Les catégories de RN 

Afin de ne pas sombrer dans une analyse répétitive et dépourvue de toute pertinence, nous avons décidé, pour chaque RN étudié, de prendre des exemples dans un nombre restreint d’entretiens. Pour cela, nous avons sélectionné, pour chaque nouveau RN, les entretiens qui présentaient les particularités les plus significatives. Au cours de notre phase de découpage propositionnel, nous avons repéré en amont les cas qui se démarquaient de l’ensemble du corpus. De plus, dans le cadre de notre analyse, nous devions prendre en considération des paramètres propres à l’individualité : la construction identitaire, les représentations sociales, la construction de la pensée et du discours, etc. C’est pourquoi nous avons décidé de considérer l’analyse propositionnelle comme un moyen de mettre en valeur les particularités de chaque locuteur, afin de pouvoir proposer un synopsis d’une possible identité pied-noir. C’est ainsi que l’analyse propositionnelle tiendra compte des individualités en les comparant les unes aux autres. Nous pourrons enfin établir dans quelle mesure l’identité pied-noir est à la fois une macro-identité et une multitude de micro identités, c’est-à-dire une identité collective construite à partir d’identités individuelles.

Propositions inachevées (INA) 

La plupart des propositions inachevées correspondent à des pauses. Les locuteurs suspendent leur production langagière pour diverses raisons. Tout d’abord, il peut s’agir d’un moyen auquel ils ont recours pour trouver leurs mots, recentrer leurs pensées ou restructurer leur discours. Il est fréquent, lors d’un échange, que l’énonciateur ait une ou plusieurs pensées qui interfère(nt) avec celle qu’il est en train d’énoncer. La pause discursive l’aide alors à se focaliser de nouveau sur son propos initial. Dans ce cas, il peut reprendre une proposition inachevée pour la terminer, ou bien conserver la même idée en la formulant de manière différente.Dans un deuxième cas, les propositions inachevées peuvent correspondre à des interruptions du discours. Le locuteur ne verbalise pas sa pensée jusqu’au bout, soit qu’il soit à court d’arguments, soit qu’une pensée jugée plus intéressante ou plus pertinente jaillisse au milieu de son énoncé. Le locuteur abandonne alors sa première idée pour privilégier la seconde. Cette attitude énonciative entraîne une certaine désorganisation dans la structuration du discours. Ce phénomène n’est pas surprenant dans le cadre d’entretiens semi-directifs car les informateurs doivent structurer leur discours hic et nunc, au fur et à mesure que les souvenirs ou les idées font leur apparition. L’entretien semi-directif privilégie l’immédiateté dans la mesure où il octroie aux locuteurs une entière liberté quant au choix des occurrences thématiques ainsi qu’à leur ordre d’apparition. C’est ainsi que, dans tout entretien de ce type, les propositions inachevées abondent. Dans notre corpus, nous disposons d’une multitude d’exemples qui illustrent notre propos. Cependant, comme nous l’avons précisé dans l’introduction de la présente souspartie, nous avons décidé, pour chaque RN, d’analyser de manière détaillée, un exemple singulier. En ce qui concerne les propositions inachevées, nous avons choisi d’examiner celles de la locutrice des entretiens 1b et 3b, car ces entretiens présentent des particularités intéressantes d’un point de vue énonciatif. En observant le document 5, nous pouvons constater que cette catégorie de RN représente une part importante de l’ensemble des énoncés. Toutefois, ces entretiens ont retenu notre attention à cause du nombre élevé d’INA : l’entretien n°1b, avec un peu plus de 50% du nombre total de propositions, se démarque des autres, et l’entretien n°3b présente 24% de propositions inachevées. Lors de l’étude thématique de l’entretien n°1, nous avions mis en évidence les caractéristiques de cette locutrice : celle-ci était restée discrète tout au long de l’enregistrement, préférant laisser parler son mari. Les souffrances causées par le rapatriement ainsi que le souvenir douloureux qu’elle en a gardé constituent un obstacle majeur pour cette informatrice qui ne parvient pas à s’exprimer avec autant d’enthousiasme et d’aisance que son mari. Ce malaise a pour origine plusieurs causes : la présence de l’appareil enregistreur, l’émotion suscitée par l’évocation de souvenirs douloureux et la situation d’interaction ellemême. L’attitude de la locutrice traduit son incapacité à laisser s’exprimer ses émotions ou ses souvenirs. Nous constatons d’ailleurs qu’elle-même reconnaît ces difficultés, en faisant part de son malaise dans l’entretien n°3b. J : moi aussi ça a été difficile / hier soir j’essayais de me rappeler / vous savez toute la nuit pas la nuit / mais si vous saviez comme mon cerveau il a tourné / il était en ébullition / parce que j’essayais / je voulais me rappeler ce que j’avais occulté aussi / ça m’a rendue malade hein (entretien n°3b, propositions 47-54) Son incapacité à surmonter ses émotions, évoquées dans le second entretien, explique le manque de cohérence et de structuration de son discours dans le premier entretien. Nous pouvons également considérer que l’informatrice n’intervient pas de manière aussi spontanée que son mari car elle se réfugie derrière celui-ci. En effet, ne pouvant pas raconter d’anecdotes sans être submergée par les sanglots, c’est son mari qui prend en charge l’échange discursif. Ce locuteur devient alors le porte-parole de la locutrice et endosse le rôle de protecteur. A deux reprises, dans l’entretien n°1 et n°3, la locutrice tente de raconter un souvenir, mais elle doit faire appel à son mari afin qu’il l’aide à reconstruire ce souvenir. J : Christian aide-moi (entretien n°1b, proposition 16) J : et quand on a voulu se faire sortir une information de la salle c’est les gardes mobiles / Christian (entretien n°3b, propositions 27-28) Comme nous pouvons le constater, cette locutrice éprouve des difficultés à prendre en charge son propre énoncé. Ce sont la présence et le discours de son mari qui lui permettent de ne pas garder le silence tout au long de l’entretien. Cette locutrice apparemment effacée se trouve dans l’incapacité de construire son identité sans son mari, car c’est avec lui qu’elle a vécu en Algérie et qu’elle a subi les événements de 1962. Les propos qu’elle tient au début de l’entretien paraissent assez singuliers compte tenu de la consigne initiale ainsi que du sujet de l’étude. En effet, alors que l’objet de l’entretien concerne l’expérience des Pieds-noirs en Algérie, puis en France, l’informatrice affirme qu’elle n’a rien à raconter. J : mais qu’est-ce que je vais raconter / j’étais très jeune moi (entretien n°1a, propositions 3-4) Cette informatrice estime qu’elle n’est pas en mesure d’apporter les informations nécessaires pour notre enquête, ce qui semble surprenant étant donné qu’elle répondait tout à fait aux 223 critères de sélection de l’échantillon : être né en Algérie et y avoir vécu jusqu’à l’âge adulte. Cette remarque de la locutrice démontre, au premier abord, un manque de confiance en soi et une absence d’assimilation à un groupe identitaire (ici, il s’agit de l’identité pied-noir).

 Propositions non affectées (NAF)

 Pour traiter de cette catégorie, nous avons sélectionné les entretiens qui présentaient le plus grand nombre de NAF : n°1a, 2, 4 et 7. Nous avons classé dans la catégorie des propositions non affectées les propositions qui ne pouvaient être placées dans aucune catégorie lexicale. Les NAF sont de plusieurs ordres, en fonction de leur place dans le discours. a) Tout d’abord, les propositions qui précédent et suivent les consignes sont des NAF car c’est à ce moment que s’opère la mise en place de l’échange. C : mais l’Algérie à partir de quand de quel âge depuis la maternelle / mais on peut pas parler les deux en même temps (entretien n°1a, propositions 5-7) Dans cette séquence d’ouverture, les informateurs posent des questions concernant le contenu ou l’organisation de l’entretien, mais n’évoquent pas encore les thèmes propres à l’étude. Le locuteur s’assure qu’il a bien compris la consigne ainsi que les modalités du déroulement de l’entretien. Il en est de même pour la séquence de clôture qui, comme son nom l’indique, a pour fonction de mettre fin à l’échange discursif. C : c’est en Oranie / c’est un petit port de pêche / situé à quarante-deux kilomètres d’Oran (entretien n°1b, propositions 1062-1064) A ce stade de l’interaction, les différents thèmes ont été abordés. Les énoncés des locuteurs ne contiennent plus alors que quelques formules conventionnelles de fin d’entretien. Dans l’entretien n°1a nous avions réservé la dernière partie pour les demandes de renseignements personnels concernant les informateurs. Ces propositions correspondent aux réponses des locuteurs concernant leur situation. Elles deviennent ainsi des NAF car elles ne comportent aucun RN lexical. b) Nous avons également classé dans cette catégorie les propositions qui correspondent à des remarques émises par les informateurs. C : ça c’est sûr et certain hein / vous pouvez demander à n’importe quel Pied-noir (entretien n°1a, propositions 21 ; 349) Dans ce cas, il ne s’agit pas de séquences discursives dont le sujet est différent de l’objet d’étude, ni de formules liées aux séquences d’ouverture ou de clôture, mais, pour la plupart, ce sont des incises dans lesquelles les locuteurs s’assurent de l’attention de leur interlocuteur. Ces NAF sont également des pauses discursives qui permettent au locuteur de recentrer son énoncé ou de chercher ses mots. Ces incises ont parfois pour fonction d’authentifier la véracité du discours du locuteur (cf. proposition 21). c) Les NAF peuvent également représenter des propositions lexicales, c’est-à-dire contenant une référence réelle, situées dans le corps de l’interaction mais dont le contenu n’a aucun rapport avec l’objet d’étude. C : une fois d’ailleurs Roger Hanin il l’a dit une fois dans une émission documentaire (entretien n°1a, proposition 279) Dans cet exemple, le locuteur utilise une référence extérieure à l’objet d’étude pour appuyer son argumentation. Or, même si la personne citée est pied-noir, elle n’a pas de lien direct avec l’identité des Pieds-noirs, ni même avec l’expérience personnelle du locuteur. C’est pourquoi nous considérons que cette proposition est non affectée. C : oui des margaillons / c’est les palmiers nains / les palmiers nains on appelait ça les margaillons / les palmiers nains (entretien n°1a, propositions 445-448) Le locuteur évoquait les caractéristiques géographiques de l’Algérie (qui correspond au RN4), puis il s’est livré à une description détaillée des margaillons et de l’alpha. Cette partie du discours n’a pas de lien direct avec l’identité ni même avec son histoire personnelle, il ne s’agit que d’un exposé sur un végétal typique de l’Algérie. Dans ce cas, le locuteur souhaitait nous apporter des informations sur des plantes que nous ne connaissions pas. En procédant ainsi, l’informateur se positionne en tant que spécialiste de la flore algérienne, concrétisant ce qu’il avait annoncé dès le début de l’entretien : les informateurs sont des « témoins authentiques » (proposition 1), et il le prouve en partageant son savoir. Grâce à l’exemple que nous venons de citer, nous pouvons expliquer la présence des NAF par le fait que les 225 informateurs interprètent la consigne initiale de manière tout à fait personnelle, estimant qu’il leur est demandé de raconter tout ce qui leur vient à l’esprit sans penser au lien avec le sujet de l’entretien. Ils cherchent alors à faire preuve d’exhaustivité, ce qui peut provenir d’un sentiment d’être privilégié. En effet, étant donné que nos informateurs ont été sélectionnés parmi plusieurs individus, ils peuvent avoir l’impression qu’ils doivent endosser un rôle de porte-parole de la communauté qu’ils représentent. Le nombre de NAF dans un discours peut traduire l’état d’esprit ou le caractère d’un locuteur. En effet, certains locuteurs sont beaucoup plus loquaces que d’autres et abordent des sujets qui n’ont aucun lien avec la consigne initiale. Dans notre corpus, pour les locuteurs des entretiens n°1a, 2, 4 et 7, les NAF représentent environ 20% de leur production discursive. Nous pouvons émettre plusieurs hypothèses pour expliquer ce chiffre. Tout d’abord, il se peut que les locuteurs soient bavards par nature et s’expriment sur des sujets non compris dans la consigne initiale. Il s’agit alors d’un simple trait de caractère d’individus loquaces et pour lesquels l’entretien semi-directif constitue un moyen de s’exprimer sans trop de contraintes. De ce fait, tout au long des interactions, nous avons décidé de ne pas interrompre les locuteurs, afin d’obtenir le plus d’informations possibles ce qui nous a permis de constituer une base de données largement exploitable, même s’il fut nécessaire de catégoriser les informations par la suite (grâce à l’analyse thématique et à l’APD). De plus, notre démarche consistait à interroger des individus sur des événements parfois tragiques ; c’est pourquoi nous les avons laissé s’exprimer librement, c’est-à-dire sans les enfermer dans un cadre discursif restrictif qui aurait pu se révéler être un obstacle à la parole spontanée. Nos informateurs ont donc pu se sentir à l’aise, constatant qu’ils suscitaient de l’intérêt, ce qui a certainement incité certains d’entre eux à parler sans retenue. En outre, nous nous sommes efforcée de créer un climat de confiance dès le début de l’entretien, ce qui a également favorisé l’épanchement de certains informateurs.Dans une autre perspective, les NAF peuvent être dues à l’extrapolation de certains sujets évoqués par les locuteurs. En effet, ceux-ci sont parfois pris dans leur discours et racontent des événements ou abordent des thèmes qui n’ont aucun rapport avec la consigne  initiale. Lors de nos entretiens, ce phénomène s’est produit à plusieurs reprises, mais nous n’avons pas interrompu nos informateurs, afin de leur démontrer qu’ils étaient tout à fait libres de s’exprimer. D’autre part, nous considérions que des informations pertinentes pouvaient surgir de ces extrapolations, sans que les locuteurs en aient conscience. Enfin, nous estimions que c’est en laissant parler les informateurs que nous leur donnions la possibilité d’approfondir leur réflexion : plus ils avançaient dans leur discours, plus ils avançaient dans leur pensée. Ensuite, les locuteurs qui s’expriment avec une grande verve montrent qu’ils se sentent en confiance et c’est ainsi qu’ils peuvent faire part d’événements qui ne concernent pas l’objet d’étude. Par conséquent, nous avons classé dans la catégorie des NAF une partie des anecdotes relatées par certains locuteurs. Dans l’entretien n°1a, le locuteur évoque son état d’esprit depuis son départ d’Algérie en 1962 et, pour cela, il explique longuement les circonstances dans lesquelles il a vécu les événements. C : écoutez en 62 quand j’ai accompagné mon père à l’aérodrome de la Sénia pour qu’il prenne l’avion puisque moi je suis resté jusqu’en de la Sénia c’est l’aéroport d’Oran hein et je l’ai accompagné pour qu’il prenne l’avion pour rentrer en France moi je suis resté en Algérie jusqu’en novembre hein   et je suis parti avec un ami à Saint-Cloud où je suis resté pendant quelques jours hébergé chez lui parce que j’étais resté tout seul avant d’être d’aller à Oran puisque j’étais employé à la Défense Nationale et je suis resté à Oran j’étais je vivais plus à Arzeuw je vivais à Oran le soir quand je suis rentré à Saint-Cloud on a allumé ils ont allumé la télévision y a Alain Perfitte qui était apparu à la télévision c’était le rapporteur au machin vous allez au machin de enfin je sais plus de peu importe le terme et il a lancé il a tenté d’expliquer aux Français pourquoi y avait tant de monde qui partait d’Algérie pour aller en France et il a dit que c’était le départ des Pieds-noirs en vacances bon il a pas employé le terme de Pied-noir parce que ça n’existait pas encore c’est à ce moment-là le terme Pied-noir il a dit qu’y avait pas de quoi s’affoler parce que tous ces gens qui venaient qui arrivaient de d’Algérie en France c’était les vacances parce que on avait l’habitude tous les fonctionnaires tous les deux ans ils avaient le voyage payé pour aller en France un mois de vacances alors là étant données les circonstances qu’il faisait beau tout ça eh ben on était partis un peu nombreux j’ai entendu ça moi à la télévision Alain Perfitte fin soixante-deux fin juin 62 eh ben moi je dis que je suis en vacances depuis 62 (propositions 729-767) Nous avons volontairement présenté cette séquence discursive dans son intégralité afin de démontrer la confusion et la complexité de la construction discursive. Ce locuteur n’évoque pas moins de huit sujets avant de traiter son idée de départ : – l’accompagnement de son père à l’aéroport ; 227 – le temps qu’il est resté en Algérie ; – les circonstances de son séjour en Algérie après le rapatriement des autres Piedsnoirs ; – sa situation professionnelle ; – le message d’Alain Perfitte ; – l’origine du mot pied-noir ; – les séjours en France des Français d’Algérie avant 1962 ; – le départ d’Algérie. Cet exemple illustre le caractère loquace de l’informateur qui fournit un maximum de détails avant d’exprimer un fait précis, et qui perd le fil de ses idées. Tous ces événements n’ont, selon nous, aucun lien avec l’identité ou la construction identitaire du locuteur, c’est pourquoi nous avons classé cette séquence dans la catégorie des NAF. Dans l’entretien n°2, nous avons classé plusieurs anecdotes dans la catégorie des NAF. Il s’agit de récits d’événements passés appartenant à l’enfance de l’informatrice et n’ayant aucun rapport avec notre sujet. Cependant, nous avons qualifié de non affectées des séquences discursives entières qui évoquaient les voyages en Algérie de cette informatrice. En effet, celle-ci s’est rendue plusieurs fois dans son pays natal depuis son départ, et son discours est jalonné d’une multitude de récits relatant ses voyages. Ces récits ne concernent pas l’identité et sont le reflet d’un désir de partager des émotions ressenties lors de ses excursions. C : j’ai une mouquère qui m’a interpellée aussi à Saint Glosse / quand j’étais avec le frère Bernard / je vois une mouquère qui vient vers nous / et elle me dit ah / je dis non je suis la fille de monsieur M. / eh vous êtes Claude / et j’y dis vous me reconnaissez / il me dit et vous vous me reconnaissez pas je suis la fille M. / ah alors oui / vous vous rappelez / pendant la guerre vous aviez une vache / vous me donniez du lait / après quand votre vache est morte c’est mon père (propositions 272-284) Le discours de cette locutrice traduit un enthousiasme non dissimulé qui peut représenter le plaisir et la joie qu’elle a éprouvés en retournant en Algérie. Ces récits peuvent être mis en relation avec le faible pourcentage de RN3 se rapportant à la nostalgie (environ 2%). Nous émettons l’hypothèse que le fait de revoir régulièrement le pays qu’elle a quitté l’empêche de ressentir le besoin d’en parler avec regrets. 228 En ce qui concerne l’entretien n°4, le nombre élevé de NAF s’explique en partie par les multiples références au film31 que le locuteur et son épouse sont allé voir quelques jours avant l’entretien. Ce film, qui relate la condition des soldats Français des colonies durant la seconde guerre mondiale, a particulièrement marqué cet informateur. Son évocation de ce film lui permet de s’exprimer sur son statut d’ancien combattant, ainsi que sur celui des autres soldats issus des colonies. A : allez voir le film Indigènes / vous verrez / vous comprendrez pourquoi / ah il faut aller le voir hein / encore vous ressentirez pas les événements d’Algérie là hein / c’est pas du tout / c’est les événements de trente-neuf quarante-cinq / ça a complété ça a complété / là y a eu un soldat pied-noir qui plonge avec eux jusqu’à la fin / vous vous rendez compte ils touchent que soixante euros les Africains les Sénégalais soixante euros par mois / on parle pas de ceux de quatorze dix-huit / les pauvres ils étaient enterrés vivants hein / soixante euros c’est une honte / déjà nous les Anciens Combattants on touche mille quatre cents francs tous les six mois deux mille huit cents francs par an (propositions 925-938) Nous pouvons constater que le vécu du locuteur joue un rôle non négligeable dans ses opinions ainsi que dans sa production langagière. En effet, étant lui-même un ancien combattant (il fait partie de l’association du même nom), son attention est focalisée sur le sort qu’ont connu les soldats de la Seconde Guerre mondiale. Ce thème n’a pas de lien direct avec notre sujet mais, pour ce locuteur, il paraissait essentiel d’en parler. Dans cet entretien, nous remarquons également que le locuteur parle de problèmes qu’il rencontre dans son quotidien, sans que cela concerne la consigne initiale.

LIRE AUSSI :  L’American-gentleman

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *