Le statut d’occupation des ménages
La répartition des ménages selon le statut d’occupation montre clairement qu’une grande partie des chefs de ménages sont propriétaires de leur logement. En effet 67,6% des chefs de ménages sont propriétaires de leur logement, et sur les 45,4% qui restent, 28,4% sont locataires.
Ce graphique montre clairement que dans les cités Hamo la proportion de chefs de ménages propriétaires de leur logement (82,5%) est largement au dessus de la moyenne locale qui est l’exemple de la commune de Ndiarème Limamou Laye de 67,6%. Cela se justifie d’une part par le fait que ces cités Hamo sont occupées par des catégories socio professionnelles au revenu important qui leur avait permis de remplir les conditions d’acquisition de maisons viabilisées sous le format de location-vente de la société immobilière Hamo vers les années 1990.
Par contre les chefs de ménages en qualité de locataires sont très importants dans les autres quartiers de la commune d’arrondissement. Dans ces quartiers Même si la majorité des chefs de ménages reste toujours propriétaires de leur logement, la proportion de ménages locataires de leur logement est forte tournant autour de 35,4% (voir figure suivante). Aussi la proportion de chefs de ménages en qualité de Co locataire est-elle assez importante (08,7%) du fait que dans certaines maisons enquêtées, le logement est un bien collectif issu de l’héritage de parents. Dans ces conditions le statut de chefs de ménages revient à l’ainé ou le plus souvent à la veuve mère de famille.
L’organisation urbaine de la commune
La commune de Ndiarème Limamou Laye est organisée en quartiers dont les statuts diffèrent de par leur peuplement et leur niveau socio-économique. Ainsi l’analyse des différentes enquêtes menées sur l’organisation urbaine de la commune notamment par l’Observatoire Urbain a permis la définition de plusieurs éléments caractéristiques.
La nature des différents quartiers de la commune
Une des principales caractéristiques de la commune de Ndiarème Limamou Laye reste la diversité de sa morphologie perceptible à travers ses différents types de quartiers. En effet chaque type de quartier renvoie à une étape de l’évolution spatiale de la commune et s’accompagne par l’apparition sur l’espace d’un d’habitat de type nouveau. Cela montre aussi les inégalités des conditions de vie liées à la diversité des formes d’habitat.
Les quartiers victimes d’exclusion géographique
Il s’agit de quartiers caractérisés par une pauvreté urbaine avec un sous emploi chronique, des revenus aléatoires tirés pour l’essentiel de l’informel, conséquence la délinquance et la prostitution (un nombre important de filles mères) y sont fréquentes. Ces quartiers sont Angle Mouss, Darou Naim, Nimzatt (1 et 2) et de « cité baraque », situés tous derrière le grand Marché Ndiarème.
L’exclusion géographique de ces quartiers se manifeste par l’absence de voies de communications intérieures (dans cette zone les 2/3 de l’espace sont inaccessibles, les ruelles sont étroites et tortueuses), comme extérieures (faiblesse du réseau de voies pénétrantes) et le déficit d’éclairage public.
Ici même si les constructions en matériaux périssables (paillottes) sont faiblement représentées, la qualité des logements dans certaines mesures laissent à désirer. Le cadre domestique n’est pas des meilleurs. Il arrive de rencontrer des ménages qui n’ont ni cuisine ni toilettes. (Voir photo 3).
Les quartiers sous équipés mais réguliers
Le déficit d’équipements sociaux et d’infrastructures semble être le phénomène caractéristique des villes banlieues ou rurales. La pression démographique et la forte demande en services sociaux en constituent les causes principales. Pout y faire face, les populations s’organisent en développant des initiatives locales privées : création de caisses d’épargne et de crédit…
Il s’agit des quartiers qui ont accueilli les premiers habitants de la commune qui détenaient des permis d’occupation et qui ont maladroitement habité de façon improvisée sur l’espace.
Ce sont les quartiers de Cheikh Wade, d’Alioune Gadiaga, de Nimzatt Tapito.
Cette forme d’occupation du sol combinée à la forte pression démographique a donné naissance à des quartiers où les espaces réservés aux infrastructures et équipements ne sont pas pris en compte dans l’occupation du sol. Cette absence de réserves entraine un déficit d’infrastructures, équipements scolaires et sociaux. Le bilan est de 02 écoles élémentaires, CEM privés, pas de collège d’enseignement moyen public ni de maternité ou de poste de santé encore moins de foyer de jeunes ou de femmes.
L’absence de réseau d’assainissement est « comblée » ici par la forte perméabilité du sol qui entraine l’infiltration des eaux usées déversées souvent au sol.
Les habitants sont donc obligés de quitter leur quartier pour accéder aux services sociaux de base, ailleurs dans la commune ou dans la ville.
Ces derniers disposent pour la plupart du temps de l’équipement électroménager minimum : réfrigérateur ou congélateur, téléviseur et poste radio. Ces quartiers sont dotés de toilettes et sont branchés à des fosses septiques. Les ménagères se servent du gaz butane comme combustible pour faire la cuisine.
Par ailleurs l’absence de réseau d’assainissement et l’ampleur des installions irrégulières de cantines sur les trottoirs, d’enclos ou d’abris sauvages sur l’espace public de façon improvisée participent davantage à la pauvreté urbaine de ces quartiers.
Les quartiers résidentiels ou urbains
Il s’agit exclusivement des cités Hamo qui se distinguent du reste de la commune par leur morphologie. Ces quartiers ont vu le jour à partir des années 1990 sur les lotissements officiels et coïncident avec les débuts de l’application de la politique d’urbanisation de Guédiawaye. A partir de cette date, les lotissements officiels se sont multipliés sur une partie de l’espace qui abrite les filaos.
Ceci entraine la naissance de nouvelles zones d’habitations qui correspondent à des quartiers planifiés, urbains. Ainsi apparaissent des phénomènes nouveaux dans le financement de la construction avec le système bancaire ou la location-vente par la société immobilière HAMO. Aujourd’hui 67% des ménages enquêtés dans cette zone ont obtenu leur logement par l’intermédiaire de HAMO (c’est le système de la location vente).
Contrairement aux autres quartiers de la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye, les cités Hamo sont raccordées à un réseau d’assainissement qui conduit les eaux usées vers la mer très proche. La planification de l’habitat a fait qu’ici le problème de mobilité ne se pose guère. Presque tous les logements ont accès à l’eau, à l’électricité, au téléphone et l’internet n’y est plus un luxe dans la mesure où une très grande majorité de ces habitants le fréquente.
Les ménages de ces quartiers disposent dans leur écrasante majorité d’équipements électroménagers modernes et les taux de branchements aux réseaux d’électricité et d’eau y excédent 95%. En effet selon les sources de la mairie, 83,68% de ces ménages sont connectés au réseau téléphonique.
Ces quartiers qualifiés de résidentiels riches, apparaissent comme les formes modernes de développement urbain hors du bruit et de la promiscuité de l’autre partie de la commune dont ils sont séparés par la route départementale 101 ou route de la corniche.
Aussi l’enquête a-t-elle révélé que 64,2% des chefs de ménages dans ces quartiers exercent des activités formelles urbaines qui ont rompu toute attache avec la terre. Autrement dit ces quartiers sont pourvus de cadres financiers, administratifs, culturels, au dessus des autres catégories socio professionnelles locales.
La planification spatiale de la commune
La planification urbaine est la méthode de prévision et d’organisation qui permet aux autorités publiques d’orienter et de maîtriser le développement urbain par l’élaboration et la mise en œuvre de documents d’urbanisme.
Elle se traduit par l’application de plans d’occupation des sols (POS) ou de schémas directeurs (SD). Les POS donnent des orientations qui déterminent avec précision l’affectation des sols et les règles de leur utilisation et même les permis de construire comme ce fut le cas avec les premiers occupants de la commune chassés du centre ville.
A la lumière de ce qui précède, il semble que le processus d’urbanisation de Guédiawaye n’est assujetti à aucune planification spatiale au préalable. Pour preuve même une carte aérienne de la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye ne donne une vue assez précise du tracé des grands équipements d’infrastructure et de la localisation des services. Toute la superficie communale semble absorbée par l’habitat, logé de façon improvisée sur l’espace. Autrement dit l’organisation spatiale de la commune n’a tenu en compte ni des besoins de l’extension urbaine, ni de l’exercice d’activités industrielles encore moins de la préservation de sites et paysages.
Ce mode d’organisation spatiale rappelle celui des campagnes où le mode d’occupation du sol n’est assujetti à aucune règle préalablement définie. Autrement dit le droit à l’accès et à l’utilisation du sol semble assuré de fait à tout habitant.
Toutes ces tares urbanistiques font dire que l’urbanisation de Guédiawaye ne s’est accompagnée d’une planification spatiale urbaine au préalable. Conséquence la localité aujourd’hui ressemble à une véritable banlieue.
Toutefois les perspectives spatiales dans la continuité de l’urbanisation de la ville sont à encourager avec le projet de la VDN sur le littoral de Guédiawaye. (Voir carte 6)
Il s’agit de la création d’une seconde voie d’accès au centre urbain de Dakar depuis l’intérieur du pays et qui doit desservir les nouvelles zones urbanisées en pleine expansion. La route sera longue de 29,5 km et longera par endroit, puis traversera la foret de filaos sur une distance d’environ 13 km.