LE VILLAGE DIOLA « ESSOUK»
L’unité spatiale qui exprime le regroupement des Diola est le village. Les relations entre les habitants du village sont régies par une cohabitation très ancienne entre les différentes « hank » ; d’où une appartenance culturelle commune8 .Chaque village Diola dispose d’une réalité culturelle. Mais il faut reconnaitre que cette entité constitue un ciment social qui renferme un ensemble de coutumes particulières et authentiques.
Dans ces villages de la communauté rurale de Kataba1, la pluralité dialectale révèle également la diversité des horizons de ces populations. C’est pourquoi ces agglomérations rurales sont appelées : « villages de rencontre ».
LA NAISSANCE DES VILLAGES DE RENCONTRE
La zone du fleuve Casamance est peuplée dès le XIVe siècle par des Diola, chassés du Mali par les Mandingues.
Historiquement les communautés Diola et manding sont entrées en contacte dés la chute du Gabou au XIXe siècle c’est-à-dire à l’époque correspondante aux incursions de Fodé Sylla et de Fodé Kaba en Basse Casamance : C’est l’avènement de l’islamisation des Diola par les Manding Après la première guerre mondiale, mais surtout après 1925, les Manding en relation avec l’administration coloniale, ont facilité l’introduction de la culture de rente basée sur l’arachide. Ils ont donc inculqué chez les Diola l’amour du commerce et de l’économie monétaire.
Ces cultures commerciales ont poussé les paysans Diola à changer leurs lieux d’habitation ; des périphéries des plateaux face aux zones inondables vers des zones seulement propices à l’agriculture marchande ou à la plantation des agrumes, des manguiers et autres…
En effet, ces cultures embrassées et pratiquées très tôt par les Manding invitent la majeure partie des Diola surtout du Fogny Combo à l’utilisation d u «Donkotong» ou du «Efanting» à la place du «kajendou» qui est l’outil spécifique et traditionnel des paysans de la Basse Casamance.
Il faut signaler aussi la migration saisonnière qui est effectuée par les Diola et Manding à la recherche d’espaces ou de terres cultivables.
LES ASPECTS CULTURELS
La communauté Diola vivait en autarcie, c’est-à-dire qu’elle était recroquevillée sur elle même. Cette réticence s’achève dés l’arrivée des Portugais sur les côtes de la région de Ziguinchor et avec l’expansion de l’islam dans cette partie Sud-ouest du Sénégal par les Manding qui vontpartager ensemble avec les autochtones de la Basse Casamance, particulièrement les Diola, leurs valeurs traditionnelles.
Par exemple le diola perd de plus en plus son vocabulaire et utilise désormais des mots et expressions manding pour exprimer ses besoins.
LA CEREMONIE DE « FOUTAMPE» OU «BOUKOUTE »
« Le « Foutampe », c’est l’entrée dans le bois sacré des hommes non initiés. Cette cérémonie ne se résume pas seulement à la circoncision, c’est-à-dire le fait de mutiler le sexe; mais elle est plutôt une épreuve d’éducation du jeune pour préparer sa vie future, sa vie d’adulte. Cependant tous les villages du département de Bignona pratiquent et célèbrent cette cérémonie jugée indispensable ; exceptés les villages de rencontre. Par ailleurs, cette culture léguée par les ancêtres dispose des rites secondaires qui diffèrent d’un village à l’autre ou d’une communauté à l’autre. C’est le moment pendant lequel tous les membres du village qui doit organiser cette cérémonie se retrouvent quelque soit le lieu où ils habitent. »10
En effet les non initiés communément appelés « kambathie » sont sécurisés par un être mystérieux dénommé « anieurnieur» qui veille sur eux.
L’EXCISION « NIAKA » et « KASSOUSSE»
Cette pratique ne se limite pas seulement à exciser mais elle vise également à éduquer les jeunes filles dans le bois sacré. Pour la communauté Diola en général, et particulièrement pour la femme, cette étape est indispensable dans la vie, car une femme qui n’a pas subi cette épreuve est isolée et écartée de tout regroupement ou rassemblement féminin. Aujourd’hui cette pratique est jugée illégale par l’Etat du Sénégal et certaines ONG comme TOSTAN. C’est pourquoi, elle a tendance à disparaitre car un bon nombre de parents ont très vite compris et mesuré les dangers auxquels s’exposent leurs filles. Cette opération peut causer des hémorragies mortelles chez la fille, des maladies infectieuses etc. Mais par contre quand la fille ne la pratique pas, elle est considérée comme immature et impure. Comme pendant la cérémonie de « foutampe » ; le « niaka » est une très grande fête au moment de laquelle on assiste à des « hécatombes » de bœufs car chaque concession ou famille accueille ses hôte en tuant des bœufs selon ses moyens financiers. Il faut noter également d’autres dépenses colossales estimées à des dizaines de millions pour l’achat du riz, du mil, de l’huile, du Sucre pour la préparation de la boisson ‘traditionnelle’ (à base de mil et de la racine de certaines plantes), du sucre etc.
LA MANIFESTATION D’UNION : Le «JAMORAL »
Le mot « jamoral » veut dire en diola « entente », union, harmonie. Cette cérémonie qui est organisée périodiquement par les Diola se réclamant appartenir à une même famille, cherche à maintenir et à cimenter les rapports fraternels qui ont comme noyau dur le même nom de famille comme exemple : DIEME, DIEDHIOU, COLY, BADJI…Par exemple le « jamoral » des DIEME est une occasion pour que toutes les familles du nom de DIEME ayant la même origine
lointaine, l’ancien village de Kabataga11 situé aux environs de l’actuel site du village de Dianky(arrondissement de Tendouck) puissent se retrouver, échanger, et conserver les relations qui existaient autrefois avant cette dispersion. L’histoire de Kabataga reste gravée dans la mémoire collective de certaines familles DIEME. Elle est racontée de manière imprécise, mais elle tend a donné une origine commune à toutes les familles DIEME de la région. Ce village, autrefois bien organisé, prospère avec l’abondance des rizières et l’existence de marigots poissonneux a été détruit et brulé par des voisins jaloux de sa prospérité. C’est de là que vient la dispersion des DIEME; ils ont traversés le fleuve, quittant la zone des rizières du « Blouf » pour conquérir le « Combo » et le « Fogny ». Ces moments sont des occasions de rencontres, de retrouvailles de tous les membres d’une famille disséminés soit par la recherche de nouvelles terres, soit par des confits interfamiliales ou autres. A cet effet, les personnes du troisième âge rappellent l’historique du peuplement de laCasamance en général et de leur famille en particulier. Ces moments inoubliables, immortalisés par des photos et vidéos restent gravés dans leur mémoire. Ils s’organisent très souvent en grande fête.
LES ASSOCIATIONS D’ENTRAIDE : «EKEUFEUY »
Les associations de solidarité ou «ékeufeuy » sont des organisations d’entraide pour compenser les insuffisances des moyens et bien utiliser le calendrier hivernal. Les Diola ont opté non seulement pour la solidarité dans les cultures mais aussi dans d’autres activités qui demandentleur union. Tous les membres bénéficieront des œuvres de cette association car elle propose ses services à des concitoyens moyennant des prix accessibles. Les activités de cette structure ne se limitent pas seulement au village, mais également elles s’étendent aux villages environnants. Aujourd’hui cette pratique tend à perdre sa valeur car il ya des discriminations c’est-à-dire le favoritisme des nantis au détriment des pauvres qui en bénéficient toujours les derniers.
LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES DU VILLAGE DE SELETY (COMMUNAUTE RURALE DE KATABA1)
Les activités socio-économiques de Séléty sont dominées par les quatre principales branches du secteur primaire et l’économie de la communauté repose sur l’exploitation des ressources du terroir. Il s’agit de l’agriculture, de l’élevage, la pêche, l’artisanat, l’exploitation des forêts etc.
L’AGRICULTURE
L’agriculture passe pour être le principal secteur de l’activité économique. Elle occupe ainsi les 80% de la population active et se base sur les cultures vivrières et de rente en saison des pluies, et sur l’arboriculture et le maraîchage en saison sèche. Le village de Séléty a une vocation céréalière notamment avec la culture du riz, ce qui explique le besoin de l’augmentation régulière des surfaces cultivables. Ainsi le développement de l’agriculture contribue non seulement à la réduction des importations, mais surtout elle assure l’autosuffisance alimentaire. Toutes les conditions semblent réunies dans la communauté rurale de Kataba1 pour atteinte cet idéal. Ces dernières ont pour nom : une pluviométrie abondante 700 à 1250 mm/an des sols riches et variés qui favorisent le développement de différentes spéculations (riz, sorgho, maïs, arachide, maraîchage etc.…) des ressources humaines disponibles.
Cependant, en dépit de son importance et de ses nombreuses potentialités (bonne pluviométrie, disponibilité de la terre, fertilité des sols…) l’agriculture reste confrontée à d’énormes difficultés.
Le matériel utilisé est très rudimentaire. Il se résume pour l’essentiel à la houe, au « kadiandou » et à la « daba ». Dans ces conditions, les travaux (labour, sarclage, semis, récolte …) nécessitent beaucoup de temps et d’efforts physiques, notamment pour les femmes. En outre, la disparition des animaux de trait à cause des vols fréquents, des maladies et de l’absence de matériel lourd (tracteur, motoculteur…) rendent davantage pénibles les activités agricoles dans la communauté rurale. L’engrais minéral est faiblement utilisé dans le village de Séléty à cause de son indisponibilité et de sa cherté liée au coût d’approvisionnement. Les principales spéculations sont le riz, le mil, l’arachide, le maïs, le haricot, le sorgho ; mais parmi ces cultures, le riz inondé occupe une place très importante. Il concentre l’essentiel des terres emblavées durant l’hivernage. Mais les surfaces cultivées dépendent de la pluviométrie et de la disponibilité des semences. Les principaux problèmes qui se posent dans le secteur de l’agriculture sont : la salinisation et l’ensablement des vallées,la destruction des cultures par les animaux qui est à l’origine de nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs, l’attaque des cultures par les insectes, les difficultés d’accès aux intrants et au matériel agricole, L’inadaptation de variétés culturales au cycle pluviométrie actuel12 .
Le maraîchage quant à lui occupe une place non négligeable dans les activités agricoles, en raison des importants revenus monétaires qu’il procure à la population. Il est le plus souvent pratiqué par les femmes comme activité d’appoint. Toutefois, cette activité connaît aujourd’hui des difficultés, en dépit de son dynamisme. Au niveau de certains espaces maraîchers, l’accès à l’eau ralentit considérablement le maraîchage. En effet, l’absence de moyens d’exhaure performants et de bassins ne favorise pas l’accès à l’eau et sa conservation. L’insuffisance du matériel (arrosoir, plantoir, pelle …) accentue également les difficultés du secteur, particulièrement chez les femmes. En outre, l’absence de clôture constitue un sérieux obstacle, car elle favorise la divagation des petits ruminants qui exercent un effet dévastent les cultures. A l’image du maraîchage, l’arboriculture fruitière occupe une place importante dans les activités agricoles. Elle génère d’importants revenus aux producteurs, notamment lors de la récolte des mangues, des agrumes et des noix de cajou. Les producteurs rencontrent tout de même, des difficultés dans l’écoulement de leurs produits en raison de l’enclavement de certains villages et du mauvais état des pistes de production.
LA PECHE
La communauté rurale de Kataba 1 n’a pas une vocation de pêche très affirmée. La pratique de cette activité est limitée malgré l’existence de cours d’eau et d’une ouverture sur l’océan atlantique. On retrouve des points de débarquement à Koubanack, Niafrang, Katack, Kataba 1, Dombondir et Kataba 2. La pêche y est donc artisanale et son développement reste entravé par un manque d’organisation de la filière.
L’ARTISANAT
Divers corps de métiers existent dans la communauté rurale de Kataba 1. On y retrouve des menuisiers, des charpentiers, des tailleurs, des menuisiers métalliques, des maçons etc. La teinture et la fabrication de savons sont pratiquées par les femmes. Ces artisans, dans la plupart des cas, exercent ce métier comme étant une activité secondaire dont l’intensité est plus marquée en saison sèche. L’artisanat souffre de l’absence d’organisation de ses différentes filières, ce qui ne facilite pas l’accès à la matière première. Ce secteur souffre également des difficultés d’accès au crédit malgré l’existence d’institutions de micro finance. En plus, l’absence d’électricité dans la plupart des villages freine le développement du secteur.