LES CARACTERISTIQUES DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE MONDIALE
L’industrie pharmaceutique mondiale a amorcé ces dernières années un virage majeur face aux bouleversements du secteur. Un ensemble de facteurs incluant, la croissance dynamique des dépenses de soins des pays émergents, les besoins des pays développés qui restent toujours aussi importants, favorisent la mutation du secteur. D’autres viennent au contraire l’affaiblir : • Car un des problèmes du médicament, outre le fait qu’il s’agit d’un produit strictement réglementé, réside dans la longueur de son processus de production. On estime en moyenne à 10 à 13 ans le délai qui sépare la recherche sur de nouvelles molécules et la mise sur le marché d’un médicament. • Une pression croissante des génériques, avec la tombée des brevets des blockbusters1 dans le domaine public. les 10 premiers laboratoires mondiaux perdraient 0,6 points de marge par an2; • Autre facteur qui pourrait nuire à la « Big Pharma » réside dans les politiques de régulation mises en oeuvre par les pouvoirs publics en vue de rééquilibrer les comptes sociaux.
Les mesures qui s’inscrivent dans une stratégie globale de maîtrise médicalisée des dépenses de santé concernent au premier chef les médicaments avec en particulier la volonté affichée de promouvoir les génériques et les bonnes pratiques, les déremboursements ou encore le contrôle des prix. • productivité décroissante de la R&D. Aussi, assiste-t-on aujourd’hui à un déclin progressif de l’industrie pharmaceutique qui fut pourtant l’un des secteurs les plus rentables du siècle dernier, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que après des années fastes en termes d’innovation (les années 1980 et 1990 ont connu un renouvellement des médicaments dans tous les grands marchés), la capacité d’innovation de ces grandes firmes s’essouffle avec l’érosion de la productivité de la recherche3 .
L’industrie pharmaceutique mondiale en chiffres
Les ventes de médicaments dans le monde ont crû de 5 % pour un chiffre d’affaires de 675 milliards de dollars en 2007, 820 milliards de dollars en 2008 (l’International Medical Statistics IMS1 , Health, 2009). Mais on est loin de la croissance à deux chiffres enregistrée sur la période 1999-2003, car l’industrie pharmaceutique est sans doute la seule industrie qui n’avait eu à se soucier ni de ses clients, ni de ses concurrents , mais la décennie qui vient de s’écouler marque vraisemblablement la fin d’une période dorée, durant laquelle les meilleurs enregistraient même des progressions de l’ordre de 25 à 30% , également parce qu’elle reste le dernier secteur industriel dont le prix des produits est réglementé dans la plupart des pays. Figure 02 : vente et croissance du marché pharmaceutique mondial (marchés audités, prix fabricants et US$ constant).
Le marché américain
Pour 2007, le premier marché mondial du médicament, les Etats-Unis, a vu ses ventes avoisiner les 300 milliards de dollars 212 milliards d’euros, (IMS – Intelligence 360 – Juin 2008), en faible croissance pour ne pas dire qu’il pourrait même frôler la croissance zéro, à cause notamment de la pression des autorités américaines qui devait encore s’accroître sur les prix des anciens produits comme sur ceux des spécialités innovantes pour lesquelles la demande semble fléchir. Sans oublier le climat économique, pour le moins dépressif, qui a eu un impact certain sur les recours aux soins primaires comme, en général, sur les ventes de médicaments. Il reste désormais à savoir quels seront les effets sur le médicament de la réforme de la santé qui sera engagée par la nouvelle administration Obama.
Le marché européen
Sur le Top 5 des marchés de l’Union Européenne qui globalement marquaient une progression de 2% en 2007, les ventes devraient s’élever en 2008 à quelque 118-122 milliards d’euros, en croissance de 3 à 4 % en valeur, contre une progression faiblement positive (+ 1,3 %), sinon négative sur certains marchés, dont la France qui, affiche une augmentation négative du marché des médicaments remboursés (- 1 %), ( IMS – Intelligence 360 – Juin 2008)2 . Outre-rhin, sur un marché aux prix libres mais fortement régulés, l’Allemagne affichait en 2007 une croissance presque insolente, à (+ 4 %), moindre cependant que l’Espagne qui caracole sur l’année écoulée à (+ 5 %), loin devant l’Italie ou le Royaume Uni (respectivement à + 1 % et + 2 %). (IMS – Intelligence 360 – Juin 2008). En Europe, la croissance, poussée par le vieillissement de la population et la demande de soins préventifs, sera tempérée par l’impact croissant des évaluations conduites sur les produits de santé, le recours des payeurs à la contractualisation comme moyens de contrôler les coûts, et enfin par la décentralisation des budgets santé.