Les bio-indicateurs de la pollution marine
Beaucoup d’organismes marins accumulent des contaminants à de très fortes concentrations dans leurs tissus. Leur première utilisation dans le cadre de la surveillance des pollutions aquatiques a été, en 1963 par (Falsom et a.l,1963). La maîtrise des principes de base de la biologie des espèces est une condition essentielle à leur sélection comme bio-indicateurs. Des connaissances sur le mode de vie et la stratégie de nutrition sont nécessaires. Il doivent répondre a plusieurs critères de sélections (Butler et al., 1971 ; Phillips., 1980, Phillips et Rainbow., 1993). -Sessile ou sédentaire afin de représenter la région où ils se développent. -Robustes et tolérants aux variables physico-chimiques comme la salinité. – Des accumulateurs puissants. A ce jour, les mollusques bivalves sont les bio-indicateurs quantitatifs cosmopolites les plus utilisés. Le concept d’organisme sentinelle « Mussel Watch » s’est construit sur la base des modèles de métabolisme des contaminants chez les bivalves.
Les bio-indicateurs en Méditerranée
En avril 2002, un atelier de travail sur la fondation programme « Mussel Watch » méditerranée a été tenu à Marseille, sous l’égide de CIESM. Durant cette réunion 24 chercheurs provenant des pays du bassin méditerranéen et de la mer noire ont présenté leurs travaux sur l’inspection de la qualité de leurs côtes et ils se sont tous mis d’accord sur le principe d’utilisation de la moule méditerranéenne, Mytilus galloprovincialis comme bioindicateur de la contamination puisqu’elle est présente sur le littoral du bassin méditerranéen et de la mer noire (Fisher et al., 1987). Cependant, ils se sont vite rendu compte que cette espèce est devenue rare et même absente dans la partie Sud et Est de la méditerranée, elle a été remplacée par la moule africaine, Perna ou le Brachidonte variabilis qui appartient a la famille des mytilidae et qui a été admise comme solution alternative dans les conclusions de CIESM (2002). En Algérie on utilise surtout les moules Perna perna et Mytilus galloprovincialis quand elles sont présentes.
Description des bio-indicateurs
Les Moules sont des Mollusques appartenant à l’Ordre des Filibranches (en raison de la structure de leurs branchies constituées de filaments, réfléchis et unis par des touffes de cils) et rangés dans la classe des Bivalves ou Lamellibranches. Les moules font partie de la famille des Mytilidae. Les espèces qui composent, cette famille se distinguent par des coquilles ayant des valves égales, un ligament presque toujours externe, une charnière sans dents (ou avec dents très réduites), des branchies à filaments séparés, deux muscles adducteur (l’antérieur est rarement absent), un pied allongé et un byssus (Fig. 54). Espèce sessile (fixée à demeure), elle résiste aux courants, aux chocs des vagues et à l’arrachement grâce aux solides filaments du byssus qui sont soudés au rocher. Elle est pourtant capable de se déplacer après avoir rompu une partie des filaments du byssus et avoir déposé un peu plus loin sur le rocher une substance protéique qui s’écoule dans le sillon postérieur du pied et se solidifie au contact de l’eau en formant des filaments; elle se hale ensuite sur ces nouveaux filaments. Consommateur microphage omnivore, elle utilise son appareil branchial comme un filtre. En effet le courant d’eau inhalant passe à travers la branchie qui joue le rôle de tamis et qui comporte des sillons garnis de cellules muqueuses qui agglomèrent les particules en suspension dans l’eau; les microparticules consommables sont alors transportées jusqu’à la bouche alors que les particules non consommables sont rejetées à l’extérieur (pseudofécès). Suspensivore, la moule filtre jusqu’à 100 litres d’eau par jour; elle est capable d’opérer un tri concernant la nature et la taille des particules qui pénètrent dans la cavité palléale dont le diamètre est comprise entre 3 et 13 micromètres. Elle se nourrit de phytobenthos (diatomées), de phytoplancton et de débris organiques. Animal benthique grégaire fixé aux substrats solides dans les anfractuosités des rochers battus et éclairés de l’étage médiolittoral qui sont favorables à l’installation de moulières naturelles. Sensible à la pollution chimique et bactérienne, la moule concentre les polluants et constitue un bon indicateur de la qualité des eaux . La moule est capable de supporter une longue émersion grâce à une réserve d’eau entre les deux valves. (Franc, 1960 ; Seed, 1976 ; Darignac-Corbeil, 1976). Figure 54 : Structure et anatomie d’une moule. • Description de l’espèce retenue dans cette étude : o La moule Perna perna Elle est de forme allongée et de couleur noire violacée, on la rencontre comme l’a signalé Fischer et al, (1987) sur les fonds de l’étage infralittoral entre 3 et 5 m, elle se fixe par son byssus aussi bien sur des supports rocheux que sableux ou encore vaseux. C’est une espèce gonochorique avec émission de gamètes entre avril et juin. La couleur du manteau permet de distinguer les deux sexes en effet, elle est blanchâtre chez les mâles et rosé saumon à orange chez les femelles. Ce sont des organismes filtreurs qui ingèrent sans distinction toutes particules présentes dans le milieu, elles absorbent le phytoplancton ne retenant que les protozoaires, les microbes et les diatomées (Boyer, 1986 ; Dupray et al, 1999). Les moules Perna perna, filtrent jusqu’à 4 litres d’eau /heure. En méditerranée leur taille maximale est de 90mm, avec une taille moyenne de 50 à 60mm (Fisher et al, 1987). Elles sont largement rencontrées dans les eaux saumâtres des lagunes côtières. Ce sont des espèces caractérisées par une forte tolérance vis-à-vis des conditions du milieu, ainsi elles supportent des températures de 13°C en hiver et entre 27 et 28°C en été et des salinités comprise entre 7 et 40 % (Lubet et Chappuis, 1966). Position systématique de la moule Perna perna – Embranchement. Mollusques – Classe. Bivalves – Sous-classe. Ptériomorphia (beurlen,1944) – Ordre. Mytiloida(ferussac,1822) – Famille. Mytilidae(rafmesque,1815) – Genre. Perna (philipsson, 1788) – Espèce. perna (linnaeus,1758).